Adoland

Je songeais initialement à poster ce sujet en philo, mais en fait , c'est un sujet de société et finalement il est intéressant de voir les réactions de ceux qui la composent.

A cheval entre la société du spectacle et la culture du narcissisme, qu'on lise ou qu'on observe, un élément marqueur, un socle, détermine l'actualité de ces deux livres : le maintien de l'être humain dans une perpétuelle adolescence.

Car qu'est ce qu'un adolescent ? C'est un humain au seuil de sa vie, sans beaucoup de culture ni de recul, mais plein d'énergie donc rempli d'orgueil.

L'ado réagit en fonction du groupe, de ce qu'il croit être le bon comportement à adopter, de l'humeur collective, il est très sensible à l'humour et à la dérision parce que ces deux traits se substituent facilement à l'intelligence conceptuelle dont il manque.

Or, comme il est plus facile de ridiculiser une idée que de chercher à la comprendre, l'adolescent adopte ce mode d'appréhension des choses.

Il est sensible à l'humour dérisoire , le petit journal par exemple, dont le concept consiste à prendre une actualité et à en grossir les traits ( par le biais de sketchs) pour la ridiculiser.

La volonté de l'ado de s'intégrer dans un groupe tout en faisant mine d'avoir une personnalité propre le poussera naturellement vers des concepts à la foi relativement simples de rébellion ET de soumission. ( rebelle mais pas trop)

Par exemple, si le NPA compte si peu de membres et que la majorité de ses adhérents sont des ados, c'est parce que le concept "lutter contre les méchants" parlent à tout le monde, mais qu'au delà de 20 ans, on reste rarement assez con pour croire que ça suffit à faire de la politique.

Outre l'aspect rébellion à deux balles, l'adolescent cristallise son existence autour de l'autre. Or si l'autre est médiocre, l'adolescent se situera par rapport à quoi ? Comment pourra t-il s'éprouver lui-même au monde ?

En tournant en dérision le principe de responsabilité, de civisme, l'importance du fonctionnement d'une société et les valeurs qui l'animent, vers quel modèle de société nous dirigeons-nous ? Et finalement, est-ce que la pire ruse du pouvoir n'est pas de créer une société d'adolescents irresponsables, agressifs, égocentriques, narcissiques et incultes, afin de verrouiller complétement tout outil critique vis à vis du pouvoir pour que ce dernier ne soit jamais remis en question sérieusement ?

Tout d'abord je n'ai pas lu la société du spectacle ni la culture du narcissisme, tu m'excuseras de mon inculture. :smile2:

Car qu'est ce qu'un adolescent ? C'est un humain au seuil de sa vie, sans beaucoup de culture ni de recul, mais plein d'énergie donc rempli d'orgueil.

Probablement, mais la culture, ça se cultive.

Qu'est-ce que ça veut dire "sans beaucoup de culture" il y a un quota ? Une culture précise à avoir pour être qualifié de personne cultivée ?

L'ado réagit en fonction du groupe, de ce qu'il croit être le bon comportement à adopter, de l'humeur collective, il est très sensible à l'humour et à la dérision parce que ces deux traits se substituent facilement à l'intelligence conceptuelle dont il manque.

Comme Monsieur tout le monde au bureau, devant la machine à café, avec les collègues.

En tournant en dérision le principe de responsabilité, de civisme, l'importance du fonctionnement d'une société et les valeurs qui l'animent, vers quel modèle de société nous dirigeons-nous ? Et finalement, est-ce que la pire ruse du pouvoir n'est pas de créer une société d'adolescents irresponsables, agressifs, égocentriques, narcissiques et incultes, afin de verrouiller complétement tout outil critique vis à vis du pouvoir pour que ce dernier ne soit jamais remis en question sérieusement ?

Est-ce réellement une ruse du pouvoir ? Personnellement je n'y crois pas. Ce qui crée cette société d'adolescents irresponsables, agressifs etc. c'est les médias (tous les médias ne sont pas contrôlés par le pouvoir) et ces dernières années la révolution des réseaux sociaux, cette drogue composée d'idiotie, de détresse sociale, de violence et de narcissisme. Un cocktail détonant qui est consommé régulièrement par des millions de personnes. Tous déconnectés de la vie réelle, préférant retranscrire des banalités de la vie quotidienne toute la journée créant ainsi sa petite vie 2.0. Préférant liker la page "Si toi aussi tu aimes le Nutella" et retwetter la dernière vidéo trash de Miley Cyrus plutôt que de s'intéresser à la réalité quotidienne trop fade, ennuyeuse et triste.

afin de verrouiller complétement tout outil critique vis à vis du pouvoir pour que ce dernier ne soit jamais remis en question sérieusement ?

Il y aura toujours des personnes pour critiquer le pouvoir. Le problème, selon moi, c'est qu'une majorité, moi y compris, ne nous identifions pas à la politique et aux hommes politiques. Par exemple aucun parti ne défendra mes intérêts quand il sera au pouvoir alors à quoi bon essayer de faire changer les choses ? Ma vie, mon quotidien reste le même que ce soit la droite ou la gauche au pouvoir. La politique je laisse ça aux idéalistes.

Tout d'abord je n'ai pas lu la société du spectacle ni la culture du narcissisme, tu m'excuseras de mon inculture. :smile2:

En fait, je ne t'inclue pas dans le portrait que je fais via ma critique ( de ce que j'ai pu lire de toi jusqu'à présent). Et j'étais moi-même très ado à 20 ans.

Mon observation se fait tout âge confondu, c'est bien le problème : je vois des types de 50 balais écrire comme un ado de 15 ans, même culture , même référence, même instinct narcissique. "Ado" c'est une façon d'être plus qu'un age aujourd'hui..

Probablement, mais la culture, ça se cultive.

Qu'est-ce que ça veut dire "sans beaucoup de culture" il y a un quota ? Une culture précise à avoir pour être qualifié de personne cultivée ?

Ben par exemple, aborder un sujet avec un minimum de connaissance du sujet, ou sinon le fait en questionnant afin de s'instruire. On voit ça de moins en moins : l'intelligence critique vient de la remise en question et naît de l'humilité. Or c'est vrai que la plupart de cette populace entretenue à l'adolescence éternelle surjoue ce genre de caractère faussement rebelle (parce que le rebelle serait forcément jeune ) ou sarcastique (parce que le jeune serait forcément moqueur) , et du coup devient conformiste.

Regarde la manière dont tu as été reçu sur l'autre topic parce que tu t'autorises un trait d'humour sur un sujet qui devient une religion. La culture c'est pas juste la connaissance, c'est ce qu'on en fait, c'est aussi le rapport qu'on entretient au monde ( " j'apprends plus rien ou je fais jouer mon esprit critique ?" )

C'est là dessus que j'élabore l'adolescence perpétuelle. (Et ça s'imbrique dans une suite de constats dont je fais des topics, le minoritarisme, la micro-actu, etc.. Tout cela fonctionne ensemble)

Comme Monsieur tout le monde au bureau, devant la machine à café, avec les collègues.

L'humour collectif devant la machine à café est un comportement transitoire dans un but de décompression, pas un mode de vie ou d'expression.

L'ado n'utilise que la dérision pour communiquer, parce qu'il en sait peu et que son humilité , qui devrait à le forcer au silence en attendant d'en savoir plus, est biaisée par l'idéologie du " la connerie est un droit " ou du relativisme façon " la connerie est une forme d'intelligence comme une autre".

Est-ce réellement une ruse du pouvoir ? Personnellement je n'y crois pas. Ce qui crée cette société d'adolescents irresponsables, agressifs etc. c'est les médias (tous les médias ne sont pas contrôlés par le pouvoir) et ces dernières années la révolution des réseaux sociaux, cette drogue composée d'idiotie, de détresse sociale, de violence et de narcissisme. Un cocktail détonant qui est consommé régulièrement par des millions de personnes. Tous déconnectés de la vie réelle, préférant retranscrire des banalités de la vie quotidienne toute la journée créant ainsi sa petite vie 2.0. Préférant liker la page "Si toi aussi tu aimes le Nutella" et retwetter la dernière vidéo trash de Miley Cyrus plutôt que de s'intéresser à la réalité quotidienne trop fade, ennuyeuse et triste.

C'est tout ça qui compose la culture dans laquelle on vit, et derrière cette culture il y a le capital. (je sais que le terme est vieilli, mais comment je pourrais le définir autrement? ) c'est à dire de faire de tout citoyen responsable un consommateur, et pour ça de lui fixer des buts minimes et donc une conscience du monde très superficielle. Sans profondeur, pas de but, sans but, pas de paradigme de rechange, sans paradigme de rechange, pas de révolution, pas de changement, et sans changement : bienvenue en dictature.

Il y a internet partout dans le monde, mais l'usage que le monde en fait n'est pas le même en France qu'en Russie, au Japon qu'en Roumanie. Internet traduit notre rapport au monde, il contribue à le grossir pour qu'on en voit mieux les imperfections.

Quand j'étais ado, les ignorants avaient honte de l'être, ils ne prenaient pas la parole pour étaler leur point de vue sur le monde, ils restaient amène et à leur place. En fait, le con avait recours à la force physique. Je connaissais un type, sympathique mais beauf absolu, sorti du foot et de la picole il en savait pas lourd, et quand il se faisait charrier: c'était baston.

Aujourd'hui, je l'imagine bien me dire fièrement " non, je ne suis pas con. J'ai une intelligence différente :) " et voir applaudir une flopée de gogos à cette fabuleuse émancipation de la "bêtise relative" ...

Il y aura toujours des personnes pour critiquer le pouvoir. Le problème, selon moi, c'est qu'une majorité, moi y compris, ne nous identifions pas à la politique et aux hommes politiques. Par exemple aucun parti ne défendra mes intérêts quand il sera au pouvoir alors à quoi bon essayer de faire changer les choses ? Ma vie, mon quotidien reste le même que ce soit la droite ou la gauche au pouvoir. La politique je laisse ça aux idéalistes.

Mais en fait, c'est un des problèmes. La politique, c'est :

1) identifier le pouvoir

2) s'organiser en réseau pour le combattre

Or comment combattre un pouvoir non-identifié ?

Par exemple ; tu parles ici de politique en faisant référence à ceux qui sont au pouvoir. Ca veut dire qu'implicitement tu leur reconnais la légitimité de leur rôle. Alors que moi, par exemple, je sais qu'ils sont des imposteurs. Que la politique n'est pas ce qu'ils en font ( c'est à dire du débat ampoulé du sucre contre l'aspartame )

En te persuadant que c'est toi le problème et pas eux, ils gagnent et tu perds. Tu t'isoles politiquement alors que tu aurais tout intérêt à t'associer à tous les pandaboys de la Terre pour former l'élite de demain, qui chasserait ces imposteurs et réintégreraient un système où l'ado ne serait pas glorifié.

que tu es modeste savonarol.........