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January

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 250 messages
108ans‚ ©,
Posté(e)

Bonjour tous/toutes :)

J’ai rédigé ce topic d’après le passionnant dictionnaire de l’architecture française du XIème au XVIème siècle, écrit par Eugène Viollet le Duc en 1856.

Ce que nous appelons plafond aujourd'hui dans nos constructions, c'est-à-dire ce solivage de niveau latté et enduit par-dessous, de manière à présenter une surface plane, n'existait pas, par la raison que le plafond n'était que l'apparence de la construction du plancher, qui se composait de poutres et de solives apparentes, plus ou moins richement moulurées et même sculptées.

Ces plafonds figuraient ainsi des parties saillantes et d'autres renfoncées, formant quelquefois des caissons ou augets que l'on décorait de profils et de peintures. Il ne nous reste pas en France de plafonds antérieurs au XIVe siècle, bien que nous sachions parfaitement qu'il en existait avant cette époque, puisqu'on faisait des planchers que l'on se gardait d'enduire par-dessous. Les enduits posés sur lattis sous les planchers ont, en effet, l'inconvénient grave de priver les bois de l'air qui est nécessaire à leur conservation, de les échauffer et de provoquer leur pourriture. Des bois laissés à l'air sec peuvent se conserver pendant des siècles; enfermés dans une couche de plâtre, surtout s'ils ne sont pas d'une entière sécheresse, ils travaillent, fermentent et se réduisent en poussière.

Mais alors ? Plafond ou plancher ?

Le plafond n'était donc, pendant le moyen âge, que le plancher. C'était la construction du plancher qui donnait la forme et l'apparence du plafond. Il ne venait jamais à l'idée des maîtres de cette époque de revêtir le dessous d'un plancher de voussures, de compartiments et caissons en bois ou en plâtre, n'ayant aucun rapport avec la combinaison donnée par la construction vraie. Il serait donc difficile de traiter des plafonds du moyen âge sans traiter également des planchers, puisque les uns ne sont qu'une conséquence des autres, aussi nous confondrons ces deux articles en un seul (attention il va falloir suivre).

Ceci est un plafond :

816961MaisondeschevaliersCourroyaledejustice.jpg

Ceci est un plancher :

123988MaisondeschevaliersSalledapparatrdc.jpg

Et aujourd’hui encore, en 2013, il est d’usage dans l’architecture lorsqu’on étudie des plans, de parler de plancher bas et de plancher haut. Le plancher bas du troisième étage est donc le plancher haut du deuxième (Je vous avais prévenu faut suivre).

Reprenons :

Si les pièces étaient étroites, si entre les murs il n'existait qu'un espace de deux ou trois mètres, on se contentait d'un simple solivage dont les extrémités portaient sur une saillie de pierre, ou dans des trous, ou sur des lambourdes; mais si la pièce était large, on posait d'abord des poutres d'une force capable de résister au poids du plancher, puis sur ces poutres un solivage. Cette méthode était admise dans l'antiquité romaine et elle fut suivie jusqu'au XVIe siècle. Lorsque les poutres avaient de très grandes portées, les constructeurs ne se faisaient pas faute de les armer pour leur donner du roide et les empêcher de fléchir sous le poids des solivages. Il est clair que ces sortes de planchers prenaient beaucoup d’épaisseur, mais nos devanciers ne craignaient pas les saillies produites par les poutres, et les considéraient même comme un moyen décoratif.

Une « poutre de chez poutre » :

636391Salledapparat1ertage.jpg

Sur cette photo, on peut comprendre le principe. Les poutres soutiennent les solives qui elles-mêmes accueillent les lambourdes (ou directement peut être, le parquet – c’est-à-dire le plancher de l’étage au-dessus. Vous suivez toujours ?)

Les poutres avaient en général peu de portée dans les murs, mais au cas où, étaient soulagées par des corbeaux de pierre plus ou moins saillants.

Ici nous avons des corbelets, un profil continu et des solives qui soutiennent probablement le parquet du dessus :

350308MontrottierCorbeauInt.jpg

Il resterait beaucoup de technique à expliquer, mais voilà pour l’essentiel. La technique va évoluer tant et si bien qu’elle donnera naissance à de vrais « plafonds » ornementaux, entre autre un système d'embrèvements à queue-d'aronde donnera beaucoup de rigidité au plancher, empêchera l'écartement et le chantournement des bois. Les pièces moulurées formeront une suite de caissons d'une apparence très riche et très agréable. Ces plafonds, en beau chêne ou même en sapin, seront décorés de moulures, les architectes les enrichiront encore de sculptures.

On se préoccupait d'abord des combinaisons des pièces de charpente, puis on cherchait à les décorer en raison même de cette combinaison.

Dans les provinces méridionales de France, on employait aussi les plafonds rapportés et cloués sur les solives, c'est-à-dire que sous le solivage on clouait des planches, et sur ces planches des moulures formant des compartiments décorés de peintures. Ces sortes de plafonds étaient d'une grande richesse, et en même temps présentaient la légèreté que l'œil aime à trouver dans les parties supérieures d'une pièce. Ce procédé a été encore employé pendant la renaissance, et le plafond de la galerie de François 1er, à Fontainebleau, en donne un charmant exemple:

850757GalerieFrancois1erFontainebleau02.jpg

Notre siècle (c’est Viollet-Leduc qui parle et nous sommes en 1856), qui est un peu trop pénétré de la conviction qu'il invente chaque jour, ne doute pas que les plafonds composés de voutains en brique posés sur des solivages en boisou fer sont une innovation : pas du tout.

Un autre modèle, du XVe siècle, entièrement en bois qui présente des solives refendues suivant leur diagonale :

420800sap91mh00129287p.jpg

La mode du majestueux (car le majestueux est une des modes les plus durables en ce pays, qui en change si volontiers) a détruit ou recouvert de lattis beaucoup de ces plafonds du moyen âge ou de la renaissance. Il faut être à la piste des démolitions de nos plus vieux hôtels pour découvrir sous des plâtrages des combinaisons souvent très ingénieuses. C'est ainsi, par exemple, que lors de la démolition de l'hôtel de la Trémoille, à Paris, il a été trouvé sous des lattis recouverts de moulures de plâtre, des solivages très délicatement travaillés, posés sur des poutres et formant une suite de gracieux caissons carrés.

Comme on se fatigue de tout, même des choses qui ne sont justifiées ni par la raison ni par le goût, nous pouvons espérer voir abandonner un jour les lourds plafonds à voussures et à gros caissons, à figures ronde bosse et à draperies entremêlées de guirlandes et de pots, si fort en vogue depuis le règne de Louis XIV, et revenir aux plafonds dont la forme serait indiquée par la structure, qu'elle soit en bois ou en fer.

Il ne fait aucun doute que Viollet le Duc a du se retourner dans sa tombe le jour où nous avons commencé à utiliser le BA13 !

Et vous ? Vous avez de beaux plafonds (ou de beaux planchers) à faire partager ?

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Membre, Posté(e)
Heisenberg Membre 247 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Euu....non malheureusement je n'ai pas ce genre de plafond ou de beau plafond à faire partager ... :s

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Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 62 250 messages
108ans‚ ©,
Posté(e)

Mais si mais si, voici le plafond de la galerie de la Reine, château de blois (XVème siècle) :

800px-SchlossBloisGaleriederKoenigin.jpg

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