Le Segway, véhicule de l'avenir?

Mis en ligne le 04.09.2003 à 00:00

Mobilité Cet «ascenseur horizontal» fait un tabac aux Etats-Unis. Il a désormais sa convention mais aussi ses détracteurs. Par Emmanuelle Richard.

L'Hebdo; 2003-09-04

Le Segway, avenir des transports urbains? Mobilité Cet «ascenseur horizontal» fait un tabac aux Etats-Unis. Il a désormais sa convention mais aussi ses détracteurs.Mobilité Cet «ascenseur horizontal» fait un tabac aux Etats-Unis. Il a désormais sa convention mais aussi ses détracteurs. Par Emmanuelle Richard.

Singapour La police teste l'appareil depuis juin dernier à l'aéroport.

«Dis, pourquoi y a pas de klaxon sur ton scooter?» Le garçon aux cheveux en brosse observe, fasciné, la trottinette du futur. Le Segway est là, sur le parking d'un célèbre restaurant de hamburgers de Los Angeles. Peter iNova, perché sur l'engin, n'est pas mécontent de son petit effet sur le rassemblement de curieux: «Pas besoin de klaxon! Ce n'est pas un véhicule mais un ascenseur horizontal pour piétons!», répond jovialement cet inconditionnel de l'engin et auteur du guide Les Secrets du Segway, en reculant lestement dans un mouvement de va-et-vient. Il n'a pas vu le piéton derrière lui bondir pour éviter un accrochage: le Segway n'a pas de rétroviseur non plus!

Surprenant, cet appareil électrique à deux roues, annoncé en fanfare sous le nom de «Ginger» et de «IT» il y a deux ans et demi, est disponible auprès du public américain seulement depuis le mois de mars. Il intrigue, sème la controverse et, à en croire de nombreux utilisateurs pionniers, devient vite indispensable. Des dizaines de fervents se réunissent ce week-end à Chicago, pour la première convention des propriétaires de Segway, organisée par... un couple d'antiquaires. Des forums sur internet comme Segway Chat reflètent l'enthousiasme des adeptes de ce mode de transport «révolutionnaire» dans un pays où la voiture est reine. «Segway incarne peut-être la réponse au problème des petites distances, entre le domicile et l'arrêt de bus ou de métro... ces petits déplacements de moins de 8 kilomètres qui représenteraient la moitié des trajets en voiture aux Etats-Unis», explique Susan Shaheen, directrice du groupe de recherche sur la mobilité innovante (IMR) près de San Francisco.

Une merveille d'ingénierie Linda Huffman, mèches blondes courtes, la cinquantaine, emmène chaque jour son engin au travail, dans une banque du centre de Los Angeles. Elle gare sa voiture au garage et parcourt les pâtés de maisons qui la séparent du bureau sur son deux-roues. «C'est ultra-facile à conduire, très instinctif. Je me sens beaucoup plus en sécurité que sur mon vélo», explique Linda. Elle rejoint souvent Peter iNova, créateur du site fédérateur des fans de Segway à Los Angeles, Glidewalk.com, pour des démonstrations improvisées. L'appareil mérite sa réputation de merveille d'ingénierie. On se tient dessus en équilibre et la machine devient un prolongement du corps. Pour avancer, on se penche en avant. Pour reculer, en arrière. Le moins naturel est, pour freiner, de devoir rester raide comme un piquet. Le conducteur s'arrête d'un coup, mais reste en équilibre, sans risquer de tomber sur les passants. «Pendant la récente panne électrique à New York, toute la ville était paralysée mais j'ai pu filer en Segway chercher des secouristes pour une passante évanouie», raconte Frank Tropea, un jeune converti de Brooklyn de 28 ans, créateur du forum SegwayChat. «D'habitude, les gens disent: "Sympa ta trottinette" mais ce jour-là, leur réaction était plutôt: "Je donnerais n'importe quoi pour en avoir un!" Ou: "Combien tu me le vends? Je te l'achète!"»

Le Segway reste plus facile à conduire qu'à vendre. Une porte-parole du fabricant dans le New Hampshire refuse de divulguer les chiffres de vente de l'engin, disponible uniquement aux USA et principalement sur le site du cybermarchand Amazon.com. Mais selon les estimations d'un spécialiste, le nombre de Segway en circulation ne dépasserait pas les 5000 unités. Bien en dessous des prédictions de son inventeur, Dan Kamen, qui rêvait d'un moyen de transport de masse, censé résoudre nos problèmes de congestion urbaine, de pollution atmosphérique et de dépendance au pétrole. Selon le magazine Wired, le plus gros client de Segway l'année dernière était Walt Disney, avec quatre douzaines de machines pour ses parcs d'attractions et ses bateaux de croisière. Les critiques fusent: trop cher (5000 dollars). Trop lourd (36 kilos). Trop lent (maximum de 20 km/h). Ou trop rapide et dangereux (en théorie seulement, faute de statistiques): sous la pression d'un groupe de piétons, la ville de San Francisco a préventivement banni le Segway des trottoirs l'année dernière, déchaînant la colère des fans. «Les gens de l'entreprise ne s'attendaient pas du tout à autant de résistance et de préjugés», précise Peter iNova.

Il est toutefois trop tôt pour parler de flop: déjà un tiers des Etats américains ont adopté des législations considérant les conducteurs de Segway comme des piétons. Les nombreux lobbyistes de la machine continuent leurs présentations auprès des municipalités, des compagnies d'assurances. Prêtent des appareils comme à New York, où des policiers patrouillent sur leur drôle de scooter et s'attirent quelques moqueries. La porte-parole de Segway ne se risque à aucune date de lancement en Europe. Il est possible d'en louer dans quatre villes françaises mais, en Suisse, ce n'est pas pour tout de suite. «Beaucoup de gens pensent qu'il décollera plus rapidement en Europe qu'aux Etats-Unis, estime Frank Tropea. Les Européens sont plus soucieux de l'environnement, les villes sont à taille humaine... Tout va dépendre de l'accueil que les législateurs européens réserveront au Segway.» |

Singapour La police teste l'appareil depuis juin dernier à l'aéroport.

les nouvelles sont fraiches :smile2:

> http://www.forumfr.com/sujet99343-reinventons-la-ville-en-nous-transportant-autrement.html