Aller au contenu

Un lieu de pouvoir : le palais de Topkapi


January

Messages recommandés

Modérateur, ©, 108ans Posté(e)
January Modérateur 61 726 messages
108ans‚ ©,
Posté(e)

Le palais est situé sur la « pointe du Sérail », un promontoire donnant sur la Corne d'Or et la mer de Marmara, avec de nombreux points de vue sur le Bosphore. Cette hauteur qui commande le détroit était l'acropole de l'ancienne ville grecque de Byzance. Après la conquête ottomane et la Chute de Constantinople en 1453, le sultan Mehmed II trouve le Grand Palais impérial byzantin de Constantinople en grande partie ruiné.

La Cour ottomane s'installe d'abord dans le « Vieux Palais » (qui deviendra au XXe siècle le site de l'Universitéd'Istanbul). Le sultan recherche un meilleur emplacement, et choisit l'ancienne acropole byzantine. Il ordonne en 1459 la construction d'un « NouveauPalais » qui ne recevra le nom de Topkapı qu'au XIXe siècle.

topkapipalace.jpg

Topkapi

Le sultan Mehmed II lui-même crée la disposition de base du palais. Il choisit le point le plus élevé du promontoire pour ses appartements. C'est à partir de ce noyau privé que commencent à s'édifier les autres pavillons, depuis le promontoire vers les rives duBosphore. L'ensemble du complexe est entouré de hauts murs, dont certains remontent à l’acropole byzantine.

495px-Sarayi_Album_145ba.jpg

Le sultant Mehmed II

Selon le témoignage de l'historien contemporain Kritovolous d’Imbros, le sultan :

« [...] prit soin de convoquerles meilleurs ouvriers de toutes parts - maçons, tailleurs de pierre, charpentiers [...]. Il voulait construire de grands édifices qui devaient être utiles et devaient, à tous égards, rivaliser avec les plus grandes et les meilleures réalisations du passé. Pour cette raison, il veillait à ce qu'on accordât le plus grand soin à la supervision du travail et à la qualité des matériaux de toutes sortes, et il était également préoccupé par toutes les dépenses que cela occasionnait. »

Contrairement à d'autres résidences royales qui ont des plans très stricts (comme le Schönnbrunn ou Versailles par exemple) le palais de Topkapı (achevé vers 1465) se développe au cours des siècles, avec des ajouts et des changements opérés par différents sultans, bien que le projet de Mehmed II ait toujours été préservé. À la fin du XVIe siècle, le palais a acquis son aspect actuel.

La plupart des changements ont lieu durant le règne du sultan Soliman le Magnifique, dans les années 1520-1560. Avec l'expansion rapide de l’Empire Ottoman, Soliman veut que sa résidence soit le reflet de sa puissance et de sa gloire. De nouveaux bâtiments sont construits, d'autres agrandis, sous la responsabilité de l'architecte en chefde cette période, le persan Alaüddin, également connu sous le nom d'Acem Ali. Ilest aussi le responsable de l'extension du harem.

514px-EmperorSuleiman.jpg

Le sultan Soliman le Magnifique

Le palais de Topkapı était la résidence principale du sultan et de sa cour. Il était aussi le siège officiel du gouvernement. Son accès était strictement réglementé, mais ses habitants avaient rarement à en sortir, car le palais était presque autonome, une ville dans la ville.

660px-Topkapi_Palace_plan.svg.png

Plan du palais de Topkapi

A. Première cour B • Anciens jardins, près du mur le long de la mer de Marmara • C. Cinquième cour, aujourd'hui partie du parc de Gülhane, s'étendant jusqu'à la Corne d'Or à Seraglio • D. Anciens jardins, aujourd'hui parc de Gülhane, s'étend jusqu'à la ligne de chemin de fer • E. Niveau où se trouvent le Pavillon des Tuiles et d'autres musées.

1) Fontaine du bourreau • 2) Porte du milieu, entrée du musée • 3) Deuxième Cour • 4) Selâm ou pierre de bienvenue • 5) Sommet de la citerne byzantine • 6) Vieux puits • 7) Fontaine • 8) Porte de la Mort • 9) Mosquée de Haci Beşir Ağa • 10) Porte de la mosquée • 11) Porte extérieure de la Mort • 12) Écuries impériales • 13) Dortoirs des hallebardiers à tresses • 14) Terrasse • 15) Arcades avec inscriptions anciennes • 16) Porte des Carrosses, vers le harem • 17) Chambre du Conseil impérial • 18) Chambre des scribes • 19) Chambre du grand Vizir • 20) Trésor impérial • 21) Pierre cible • 22) Monument à Sukhum • 23) Porte vers les pompes du palais • 23a) Pompes • 24) Cuisine des sultans, des princes et de la sultane validé • 26) Cuisine des femmes du harem • 27) Cuisine des sentinelles • 28) Cuisines du divan • 29) Cuisine des pages • 30) Cuisine des serviteurs • 31) Cuisine des femmes servant le harem • 32) Cuisine pour les servants civils du divan, pièce du fabricant de café et pâtisserie • 33) Mosquée des cuisiniers • 34) Dortoir des apprentis cuisiniers et plongeurs • 35) fonderie d'étain • 36) zone utilisée par les serviteurs de la cuisine • 37) Porte de la Félicité • 38) Troisième Cour • 39) Salle d'audience • 40) Librairie d'Ahmed III • 41) Quartiers des eunuques blancs • 42) Porte de la volière • 43) Cuisine privée du sultan • 44) Rue de marbre du pavillon du manteau sacré à la salle du trône • 45) Mosquée des Ağas • 46) Mosquée du harem • 47) Chapelle • 48) Dortoirs des pages de la chambre forte sacrée • 49) Chambre forte sacrée • 50) Salle du foulard • 51) Pavillon du manteau sacré • 51a) Antichambre de la chambre forte sacrée • 51b) Salle du manteau sacré • 52) Pierre où s'arrêtait le sultan • 53) Fontaine • 54) Trésor des reliques sacrées (anc. Trésor des armures) • 55) Dortoir des pages du trésor • 56) Dortoir des pages du commissariat • 57) Passage souterrain de la troisième à la quatrième cour • 58) Trésor impérial • 59) Dortoir des pages royaux • 60) Conservatoire • 61) Quartiers des eunuques blancs • 62) Corridor à piliers • 63) Porte vers le harem et la route dorée • 64) Salle des circoncisions • 65) Pavillon d'Erevan • 66) Quatrième Cour (jardin des tulipes) • 67) Fontaine à étages • 68) Piscine avec jets sur la terrasse • 69) Terrasse de marbre • 70) Jardins Iftariye • 71) Porte des éléphants ou du jardin • 72) Pavillon de Bagdad • 73) Pavillon sur la terrasse et pavillon de Mustafa pacha • 74) Salle du médecin principal • 75) Jardin de la quatrième cour • 76) Porte des jardins privés, reliant la quatrième et la cinquième cour, aujourd'hui partie du Parc Gülhane • 77) Guérites • 78) Grand Pavillon • 79) Mosquée sur la terrasse • 80) Garde-robe • 81) Piscine sculptée de thèmes marins.

Les salles d'audiences et les espaces de conférences servaient aussi aux questions liées à l'administration politique de l'empire. Pour les résidents comme pour les hôtes, le palais disposait de son propre approvisionnement en eau grâce aux citernes et les grandes cuisines fournissaient les repas. La cour disposait de dortoirs, jardins, bibliothèques, écoles, même de mosquées.

Un cérémonial très strict était suivi afin d'assurer l'isolement du souverain du reste du monde. Le principe de cet isolement impérial est certainement un héritage des traditions de la cour byzantine. Il a été codifié par Mehmed II en 1477 et 1481 dans le code Kanunname, qui régissait la préséance des fonctionnaires de la cour, la hiérarchie administrative et les questions de protocole. Ce principe de l'isolement, qui n'a fait que se renforcer, s'est traduit dans le style et l'arrangement des salles et des bâtiments. Les architectes veillaient à ce que, même dans le palais, le sultan et sa famille puissent bénéficier du maximum d'intimité, ce qui conduisait au recours à des fenêtres grillagées et à d' innombrables passages secrets.

La porte de l’Auguste

Le sultan entrait dans le palais par la porte de l'Auguste ou porte Impériale, également appelée porte du Sultan, située au sud du palais

800px-Imperial_Gate_Topkapi_Istanbul_2007_002.jpg

La porte de l'Auguste

Selon les documents anciens, il y avait un logement en bois au-dessus de la porte, jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle. Il a d'abord été utilisé comme pavillon par Mehmed, puis comme dépôt pour les biens de ceux qui venaient à mourir sans héritiers à l'intérieur du palais. Il a aussi servi de point d'observation pour les femmes du harem à certaines occasions.

La porte de l’Auguste donne accès à la première cour, dite « cour des janissaires » ou des « Parades ». Cette première cour est la plus grande de toutes et fonctionne comme une enceinte extérieure. Les visiteurs devaient y laisser leur monture pour passer la seconde porte.

Ils entraient dans le palais et suivaient le chemin vers la porte du Salut et la seconde cour. Les fonctionnaires de la Cour et les janissaires les attendaient, parés de leurs plus beaux habits.

Qui étaient les janissaires ?

Les janissaires formaient une force militaire très puissante composée d'esclaves d'origine chrétienne et constituaient l'élite de l'infanterie de l'armée ottomane à l'apogée de l'Empire ottoman. Les janissaires appartenaient à la classe des esclaves de la Porte, qui occupait les postes les plus influents dans l'administration et l'armée.

442px-Battle_of_Vienna.SultanMurads_with_janissaries.jpg

http://commons.wikim...janissaries.jpg

La grande Porte du Salut

La grande « porte du Salut » ou « porte du Milieu » mène au palais et à la seconde cour. Sa date de construction est incertaine, car l'architecture des tours est d'influence byzantine plutôt qu'ottomane. Une inscription sur la porte la fait remonter au moins à 1542, c'est-à-dire au règne de Mehmed II. À part les officiels et les dignitaires étrangers, personne n'était autorisé à franchir cette porte. Seul le sultan pouvait la passer à cheval.

La « fontaine du Bourreau » se trouve à droite de la porte du Milieu : c'est là que le bourreau, dit-on, se lavait les mains ainsi que son glaive après une décapitation.

La seconde cour

Ou place du Conseil, elle est le lieu de rassemblement des courtisans. Là aussi, seul le sultan pouvait traverser à cheval.

Cette cour est entourée de l'ancien hôpital du palais, de la boulangerie, des quartiers des janissaires, des écuries, du harem impérial et du Conseil (Divan) au nord, et par les cuisines au sud. Au fond se trouve la troisième porte ou porte de la Félicité qui conduit à la troisième cour.

Les fouilles récentes ont révélé une quantité d'objets des périodes romaine et byzantine : un sarcophage, des fonts baptismaux, des pilastres et des plaques de parapet, ainsi que des chapiteaux, exposés devant les cuisines. La citerne située sous la seconde cour remonte à l'époque byzantine.

La seconde cour était essentiellement utilisée par le sultan pour rendre la justice. Elle était donc conçue pour impressionner les visiteurs. Des ambassadeurs autrichiens, vénitiens, français ont laissé le récit de leurs visites.

L'ambassadeur Philippe du Fresne-Canaye, reçu par lesultan en 1573, raconte l'alignement des janissaires le long du mur, leurs turbans comme des épis de maïs, les mains jointes devant eux, comme des moines, restant immobiles et silencieux durant plus de sept heures, comme des statues. Cette discipline et ce protocole sévère concouraient à l'aspect majestueux de cette seconde cour.

Les cuisines du palais

Les immenses cuisines sont un des éléments essentiels du palais. Certaines d'entre elles furent construites dès le XVe siècle, en même temps que le palais lui-même. Elles furent agrandies sous le règne du sultan Soliman le Magnifique, mais brûlèrent en 1574. Elles furent relevées et mises au goût du jour par l'architecte de la cour Mimar Sinan.

Les repas pour le sultan, les habitants du harem, les membres des services intérieurs et extérieurs au palais y étaient préparés : on y faisait donc la cuisine pour environ 4 000 personnes. Elles n'employaient pas moins de huit cents personnes, et un bon millier les jours de fêtes.

Le service du sultan était réglé par un protocole très strict. Selon le témoignage du baron Wenceslas Wratislaw, ambassadeurd'Autriche, invité par le sultan à un banquet privé en 1599, on comptait cinq cents serviteurs en livrée de soie rouge, qui portaient des couvre-chefs semblables à ceux des janissaires. Quand vint le moment du dîner, le surintendant apporta un plat de porcelaine et un autre plat couvert, qu'il passa au serveur plus proche, celui-ci à un deuxième, et ainsi de suite jusqu'à celui qui était le plus près de l'appartement du sultan. Là, encore, d'autres chambellans découpaient prestement les viandes qui étaient portées au plus vite, sans aucun bruit ni parole, jusqu'à la table de l’empereur.

800px-Palace_kitchens_Topkapi_2007b.jpg

Vue panoramique des cuisines du palais

Le Conseil impérial ou salle du Divan est la chambre dans laquelle se réunissaient les ministres d'État, le conseil des ministres, le Conseil impérial, composé du grand vizir, des vizirs et d'autres fonctionnaires de l'État ottoman.

La première salle du Conseil remonte au règne de Mehmed II mais le bâtiment actuel a été construit par Alseddin, architecte en chef de Soliman le Magnifique.

Les débats, au Conseil impérial, portaient sur les affaires politiques, religieuses et administratives. Les séances avaient lieu le samedi, le dimanche, le lundi et le mardi, après la prière matinale. Elles étaient réglées selon un protocole immuable.

Les membres du Conseil, comme le grand vizir, les vizirs, les chefs militaires de la justice musulmane de Roumélie et d’Anatolie, le ministre des finances et les chefs du trésor, le ministre des affaires étrangères et parfois le grand Mufti s'y réunissaientpour discuter et décider des affaires de l’état.

D’une fenêtre à grille d'or, le sultan ou la sultane Validé pouvaient suivre les délibérations du Conseil sans être remarqués. Lorsque le sultan donnait un coup sec sur la grille ou tirait un rideau rouge, la séance prenait fin et les vizirs venaient un à un dans la salle d'audience rendre compte des débats au souverain.

67873439.jpg

La fenêtre à grille d'or

Tous les hommes d'État, à l'exception du grand vizir, accomplissaient leur prière matinale à Sainte-Sophie et pénétraient par la porte impériale en fonction de leur rang, passant ensuite par la porte du Salut dans la chambre du Divan, où ils attendaient l'arrivée du grand vizir.

Le grand vizir accomplissait ses prières à la maison, et était accompagné au palais par ses propres assistants. À son arrivée, on procédait à une cérémonie de bienvenue : avant d'ouvrir les débats du Divan impérial, il s'approchait de la porte de la Félicité et la saluait, exprimant ainsi ses respects à la porte de la demeure du sultan. Il entrait dans lac hambre et prenait place directement sous la fenêtre d'or du sultan, alors le Conseil commençait. Les affaires de l'État étaient généralement examinées jusqu'à midi, puis les membres du Conseil dînaient dans les chambres avant d'entendre les différentes requêtes.

Tous les membres de la société ottomane, les hommes et les femmes de toutes croyances pouvaient se voir accorder une audience. Une importante cérémonie était organisée pour marquer le premier Conseil impérial de chaque nouveau grand vizir. La plus importante cérémonie avait lieu tous les trois mois au cours de la distribution des traitements des janissaires. La réception de dignitaires étrangers était normalement organisée le même jour, créant une occasion de refléter la richesseet la puissance de l'État. Les ambassadeurs étaient ensuite reçus par le grand vizir dans la salle du Conseil, où un banquet était organisé en leur honneur.

La troisième cour

Elle constitue le cœur du palais, l'endroit où vivait le sultan en dehors du harem. Il s'agit d'un jardin luxuriant entouré par le hall de la chambre privée occupé par les officiels du palais, le trésor intérieur (qui contient certains des plus importants trésorsde l'âge ottoman, en particulier les Relique Sacrées), le harem et quelques pavillons, avec la bibliothèque d’Ahmed III en son centre. L'entrée dans la troisième cour était strictement contrôlée, et interdite aux étrangers.

La troisième cour est entourée par les quartiers des ağas, jeunes garçons au service du sultan. Ils apprenaient les arts, comme la musique, la peinture et la calligraphie. Les meilleurs pouvaient devenir Has Odali Ağa (gardiens des reliques saintes et serviteurs personnels du sultan), ou bien devenir officiers ou fonctionnaires de haut rang.

La disposition de la troisième cour a été définie par Mehmed II. Si Mehmed II ne dormait pas dans le harem, ses successeurs se sont reclus dans la quatrième cour et dans le harem.

Le vénitien Gianfranco Morosini a décritla routine quotidienne de Mourad III en 1585 :

« À mon avis, le sultan n'a pas une vie si désirable, car il reste quasiment enfermé dans son sérail en la compagnie d'eunuques, de garçons, de nains, de muets et d'esclaves, ce qui semble être aussi mauvais que [la compagnie] des femmes, sans la conversation de personnes vertueuses avec lesquelles avoir une discussion. [...] Le matin il se lève relativement tard et, en sortant du quartier des femmes où il dort quasiment chaque nuit, il change de costume et aussitôt il mange. Si c'est un jour de Conseil, il donne audience à l'agha des janissaires, aux juges de l'armée, et finalement aux vizirs ; et si quelqu'un a été promu gouverneur de province ou autre, il obtient le droit de venir embrasser sa main sans émettre une seule parole ni recevoir de réponse. À ce moment les ambassadeurs,les autres ministres et les princes qui vont à cette porte font de même.[...] Quand le vizir repart après un temps assez court, il retourne la plupart du temps avec les femmes, dont la conversation l'enchante grandement, et s'il reste à l'extérieur, il se retire dans l'un de ses jardins pour pratiquer le tir à l'arc et pour jouer avec ses muets et ses bouffons. De la musique bruyante lui est souvent jouée, et il apprécie beaucoup les feux d'artifices.[...] Des pièces de théâtre sont souvent jouées pour lui [...] Enfin il rentre toujours au harem pour le dîner à l'approche de la nuit, hiver comme été. »

La salle des audiences

Dite aussi « hall d'audience » ou« chambre des pétitions », c'est un bâtiment ancien, datant du XVe siècle, où se trouvent la salle du trône et deux petites pièces. Le sultan y était assis sur un trône à baldaquin, et recevait personnellement les vizirs, les officiels et les ambassadeurs qui venaient se présenter.

Selon un récit de Cornelius Duplicius de Schepper en 1533 :

« L'empereur était assis sur un trône légèrement surélevé entièrement couvert de drap d'or, cousu de nombreuses pierres précieuses et, de tous côtés, on voyait des coussins de valeur inestimable ; les murs de la pièce étaient recouverts de mosaïque d'azur et d'or ; le manteau de la cheminée était d'argent massif recouvert d'or et, sur un côté de la pièce, l'eau coulait dans une fontaine. »

Les vizirs venaient y présenter leurs rapports au sultan. En fonction de leur performance, le sultan les remerciait en les couvrant de cadeaux et en les affectant à un poste plus important, ou dans le pire des cas en les faisant étrangler par des eunuques sourds-muets. La chambre était ainsi un bâtiment où les fonctionnaires entraient sans savoir s'ils en sortiraient vivants.

On trouve une petite fontaine à l'entrée, construite par Soliman. La fontaine était utilisée non seulement pour les ablutions, mais son bruit pouvait être utile pour couvrir les conversations confidentielles ou secrètes dans la pièce. La fontaine était aussi un symbole du sultan, l'inscription perse la nommant « La fontaine de la générosité, de la justice et la mer de la bienfaisance ».

Le Harem

Le harem n'a été construit qu'à la fin du XVIe siècle. Le « harem impérial » est un vaste ensemble de pièces faisant partie des appartements privés du sultan. Le harem était la résidence de la mère du sultan, la sultane Validé, des concubines et femmes du sultan, du reste de sa famille, y compris les enfants, et de leurs serviteurs.

Il consiste en une série d'immeubles et de structures reliés par des couloirs et de petites cours. Chaque noyau hiérarchique ou groupe de service résidant dans le harem avait son propre espace de vie regroupé autour d'une cour. Le harem comprend plus de 300 pièces. Ces appartements étaient occupés respectivement par les eunuques, le chef des eunuques du harem, les concubines, la reine-mère, les épouses du sultan, les princes et les favorites.

Il était interdit d'entrer dans le harem. On estime que le harem hébergeait 400 personnes : 300 femmes et 100 eunuques pour les surveiller.

Malgré leur statut d'esclave, il existait entre elles une hiérarchie. Au sommet : la toute puissante sultane Validé, la reine-mère, puis la favorite, les concubines en titre, celles qui avaient eu des enfants du sultan, les concubines occasionnelles et enfin les novices qui entraient vers 12-15 ans et s'occupaient de tâches domestiques. Les femmes vivaient totalement recluses, mais elles jouissaient cependant d'un pouvoir d'influence immense. Elles ont su jouer des faibles moyens qu'elles avaient à leur disposition. Leurs filles, les princesses, étaient mariées au grand vizir ou à des personnages importants et endossaient souvent le rôle d'agent double, tout comme leurs eunuques, qui étaient en contact avec le monde extérieur.

Qui étaient les eunuques ?

Dans l'Empire ottoman et autres terres musulmanes, des eunuques (hommes châtrés) étaient affectés à la garde et à l'administration des harems ou sérails, c'est-à-dire de l'habitation privée dans lesquelles les épouses et concubines d'un homme important étaient logées et tenues à l'écart du monde. Un homme non châtré autre que le maître de maison n'aurait pas pu être admis dans une telle enceinte, de peur qu'il n'entretienne une liaison avec une des épouses.

Les parties du Harem

Le « dôme des placards », vestibule qui a été construit en 1587 par Murad III. Le trésor du harem y était installé et des armoires accueillaient des actes notariés gérés par l'eunuque en chef, l'argent provenant de fondations pieuses du harem, ainsi que la comptabilité du sultan et de la famille impériale.

La « salle de la fontaine des ablutions », nommée aussi « vestibule. Cet espace servait de hall d'entrée pour le harem et il était gardé par les eunuques.

La « cour des eunuques noirs » et leurs appartements : au fond de la cour se trouve l'appartement du chef des eunuques noirs, le quatrième plus important personnage du protocole officiel. À l'autre bout de la cour se trouve la porte principale du harem. Un couloir étroit mène aux appartements des odalisques (des esclaves blanches données en cadeau au sultan).

La « cour des concubines et des épouses » a été construite à la même époque que la cour des eunuques, au milieu du XVIe siècle. C’est la plus petite cour du harem.

Les trois appartements indépendants, qui ont vue sur la Corne d’Or, étaient les logements de la famille du sultan. L'escalier dit des « quarante marches » permet d'accéder à l'hôpital du harem, aux dortoirs des concubines, à la terrasse du harem et à ses jardins.

Les « appartements de la sultane validé » constituent, avec les appartements du sultan, la plus grande et la plus importante section du harem. Ils ont été construits après le déménagement de la sultane validé, qui a quitté le vieux palais pour Topkapı à la fin du XVIe siècle. Un passage mène, à travers les bains de la sultane validé, aux quartiers du sultan.

Les « hammams du sultan et de la sultane validé » sont des doubles bains, qui datent de la fin du XVIe siècle. Les deux hammams présentent la même structure, dont leur baignoire de marbre avec sa fontaine ornementale et sa grille métallique dorée caractéristique. Le treillage doré était destiné à protéger le baigneur des tentatives d'assassinat.

416px-Hunkar_ve_Valide_Hamamlari_Harem_Topkapi_2007.JPG

Hammams du sultan et de la sultane Validé

La « Salle impériale » qui servait de salle de réception officielle, ainsi qu'aux divertissements du harem. Le sultan y recevait ses confidents, ses invités, sa mère, sa première femme, ses accompagnateurs et ses enfants. Une porte secrète derrière un miroir permet une entrée discrète du sultan. Une porte s'ouvre sur l'appartement de la sultane validé, l'autre sur le hammam du sultan. La porte opposée mène à une petite salle à manger et sur la grande chambre à coucher, tandis qu'une autre ouvre sur une série d'antichambres.

La chambre privée de Murad III est la plus ancienne et la plus belle chambre du harem. Son dôme est légèrement plus petit que celuide la salle impériale. La porte est l'une des plus belles du palais. La grande cheminée à la hotte dorée (ocak) fait face à une fontaine à deux niveaux, soigneusement ornée de marbre coloré. Le bruit de l'écoulement devait empêcher toute écoute, tout en produisant une atmosphère relaxante.

De l'autre côté par rapport à la grande chambre à coucherse trouvent deux pièces plus petites. La première est la « chambre privée d'Ahmet Ier » et à côté se trouve la « chambre privée d'Ahmet III ».

Le « pavillon double », nommé aussi « appartements des princes de la Couronne » consiste en deux chambres construites au cours du XVIe siècle. Les princes de la Couronne vivaient reclus dans ces pièces, qui sont connues sous le nom de kafes (cages). Les princes y étaient éduqués dans la discipline du harem jusqu'à l'âge adulte. Ils étaient ensuite nommés gouverneurs de provinces d’Anatolie, où ils étaient entraînés à la gestion des affaires d'État.

La « cour des favorites » est la dernière partie du harem. Elle domine une grande piscine et le « jardin de buis ». Les favorites du sultan étaient considérées comme les instruments de la perpétuation de la dynastie selon l'organisation duharem. Quand les favorites tombaient enceintes, elles assumaient les titres et les pouvoirs de l'accompagnatrice officielle du sultan.

La salle des circoncisions

En 1640, le sultan Ibrahim Ier fait construire la « salle des circoncisions » un kiosque d'été (Yazlik Oda)dédié à la circoncision des jeunes princes, qui est un rite de passage essentiel de l'Islam.

Les kiosques

Le « kiosque d'Erevan » servait pour des retraites religieuses de quarante jours. Le « kiosque de Bagdad » a été construit pour commémorer la campagne de Murad IV à Bagdad après 1638. Le « kiosqued'İftar » où le sultan aurait eu l'habitude de rompre le jeûne dans cette tonnelle durant le mois du ramadan, après le coucher du soleil. Certaines sources mentionnent ce lieu de repos comme le « siège éclairé par la lune ». Des cadeaux particuliers, comme la douche de pièces d'or pour les officiels donnée par le sultan, étaient parfois remis ici. Le« kiosque de la terrasse » d’où le sultan assistait à des événements sportifs et des divertissements organisés dans le jardin. Ce bâtiment ouvert de larges fenêtres était à l'origine une salle de repas ; plus tard durant l'ère des Tulipes (1718-1730), il a été utilisé comme chambre pour les invités.

800px-Terrace_Kiosk_Topkapi_March_2008_2.JPG

Le kiosque de la Terrasse

« La salle du médecin principal »

Aussi nommée « tour du précepteur en chef » et pharmacie de la cour, elle date du XVe siècle, probablementdu règne De Mehmed II. C'est le plus vieux bâtiment de la quatrième cour. Elle a été construite pour être une tour de garde, comportant peu de fenêtres et des murs de près de deux mètres d'épaisseur. Le médecin avait sa chambre au sommet, le rez-de-chaussée étant occupé par la pharmacie du palais

La première pharmacie de la cour a été établie durant le règne de Mehmet II. Il en existait d'autres, ainsi que des infirmeries dans le palais.

Le médecin principal et le précepteur en chef partageaient cet endroit. Le médecin était responsable de la santé du sultan et de la famille impériale, et préparait ici ses remèdes. Sous son contrôle, les médications étaient préparées, scellées dans des bouteilles, des jarres ou des bols, puis remises aux patients.

Le médecin principal était aussi un familier du sultan, qu'il accompagnait même sur le champ de bataille. Ce poste était traditionnellement occupé par des juifs. Après le XVIIe siècle, de plus en plus de musulmans occupèrent le poste, qu'ils partageaient avec des juifs et des européens. Le dernier médecin-chef fut Abdülhak Molla, qui vécut durant le règne du sultan Abdülmecit1er. Après son règne, les sultans ont quitté Topkapı, la tour fut utilisée comme conservatoire de musique, puis pour l'entretien des armes dupalais.

Le « grand pavillon », appelé aussi« grand kiosque », « Kiosque Mecidiye » ou « pavillond'Abdülmecit Ier , construit en 1840, fut le dernier ajout significatif au palais, avec la « garde-robe » attenante. Les deux furent construits sur l'ordre du sultan Abdülmecit Ieren tant que salle de réception impériale, du fait de sa situation. Il offre en effet une splendide vue panoramique sur la mer de Marmara et le Bosphore. Les sultans s'installaient ici lorsqu'ils visitaient Topkapı. Ces constructions ont été érigées sur les fondations voûtées d'un autre pavillon datant du XVe siècle.

La « mosquée de la terrasse », ou encore « mosquée du sofa » a été construite parle sultan Mahmud II dans le style Empire pour le corps nommé Sofa Ocağ durant le XIXe siècle.Le « kiosque du porteur de l'épée » occupait autrefois cet emplacement. L'inscription sur la porte de la mosquée indique qu'elle a été restaurée par le sultan Abdülmecit Ier en 1858.

Les jardins extérieurs du palais

Ils s'étendent tout autour du complexe formé par les quatre cours. Certaines parties qui séparent le palais de la mer sont parfois désignées sous le nom de « cinquième place ». Des pavillons, au bord de mer, ont disparu avec la construction du chemin de fer, à la fin du XIXe siècle. On comptait le pavillon de plage, le pavillon de perle, le pavillon de marbre et le kiosque des vanniers, qui est la dernière structure encore en place.

À proximité de la première cour, en direction de la ville se trouve le parc Gülhane, l'ancienne roseraie impériale,aujourd'hui un jardin public. À la porte du parc se trouve le « pavillon de parade ».

Des trois autres pavillons dus à Mehmet II, seul le « pavillon aux faïences » qui date de 1473 environ, a survécu.

La plupart des arbres du palais sont remarquables en ce que la plupart d'entre eux sont victimes d'un champignon parasite qui en a complètement évidé le tronc au cours des siècles, même si les arbres sont toujours en vie aujourd'hui. Dans certain cas, deux arbres différents ont grandi et fusionné ensemble, comme un figuier qui a grandi dans le tronc creux d'un autre arbre. Ce phénomène peut être constaté parmi les arbres de la seconde cour.

450px-Tree_Topkapi_01.JPG

Le palais de Topkapı est répertorié parmi les monuments de la zone historique d'Istanbul. Il a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 1985, où il est décrit comme « un ensemble incomparable de bâtiments construits sur quatre siècles, unique par la qualité architecturale de ses bâtiments autant que par leur organisation qui reflète celle de la cour ottomane »

http://www.insecula.com/musee/M0197.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Palais_de_Topkap%C4%B1

http://www.3dmekanlar.com/topkapi_palace.htm

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Membre, Posté(e)
roussote Membre 155 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Merci pour cette visite virtuelle qui m'a rappelé un séjour particulièrement agréable à Istanbul . C'était avant que l'héritage de Mustafa Kemal ne soit jeté aux orties par les nouveaux maitres islamistes . La Turquie d'Atatürk aurait pu être européenne ; celle qui se profile , non .

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×