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Correa réélu à la présidence en Équateur


latin-boy30

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Membre+, Jeteur de pavés dans les mares, Posté(e)
latin-boy30 Membre+ 9 575 messages
Jeteur de pavés dans les mares,
Posté(e)

http://www.lefigaro.fr/international/2013/02/17/01003-20130217ARTFIG00229-correa-reelu-a-la-presidence-en-equateur.php

Correa réélu à la présidence en Équateur

Le chef de l'État sortant obtient un nouveau mandat dès le premier tour.

coeur-.gifRafael Correa a été réélu à la présidentielle dimanche dès le premier tour avec environ 60% des voix, selon trois sondages sortie des urnes.

L'un de ses principaux objectifs est désormais de «changer la matrice productive, un changement qui sera financé par la concession de nouveaux puits de pétrole et de nouvelles mines», explique Fander Falconi, à la tête du très puissant secrétariat à la Planification et au Développement, le Senplades. Un onzième appel d'offres pétrolier a été lancé il y a plus d'un an sur 7 des 21 blocs situés dans le sud-ouest de la forêt amazonienne, encore totalement inexploité. Les appels d'offres pour les mines sont en cours d'élaboration.

Si l'objectif est clair, sa réalisation risque d'être compliquée par la résistance des populations autochtones. Les opposants à ces projets estiment qu'ils sont en contradiction avec la Constitution voulue par Rafael Correa, qui a inscrit dans le marbre les «droits de la nature» et les «droits des peuples indigènes». Avant toute exploitation, une consultation est organisée auprès des populations. Ce n'est pas un référendum mais une négociation entre les autorités des communautés concernées, qui se transforme parfois en simple marchandage: combien d'emplois, de terrains de football, de bâtiments collectifs.

L'exploitation pétrolière en forêt engendre beaucoup de pollution. La construction des routes et des oléoducs bouleverse totalement le milieu naturel, où des populations vivent souvent isolées. Les mines qui devraient s'ouvrir dans la Sierra Central suscitent encore plus de résistances. «C'est un sujet tabou, explique Jorge León, sociologue et professeur à la Flacso (Facultad latinoamericana de ciencias sociales) de Quito. Correa a décidé de passer outre.»

Ambition écologique

Mais cette résistance est parfois ambiguë. Ainsi, en mars 2012, une grande marche a été organisée de Zamora à Quito pour protester contre les projets miniers du gouvernement. Mais, très vite, le discours des marcheurs a dû évoluer: ils ne protestaient plus contre les mines, les communautés exploitant elles-mêmes des mines artisanales, mais contre le fait d'accueillir une multinationale pour exploiter le riche sous-sol de la région. «Ces mines artisanales sont beaucoup plus polluantes que les grandes mines», a justifié Rafael Correa.

Les mouvements indigènes sont regroupés au sein de la Conaie. Celle-ci a soutenu le candidat à la présidentielle Roberto Acosta, qui demande un retour au strict respect de la Constitution. «La Conaie a longtemps défendu des valeurs universelles, mais maintenant ils sont dans une attitude parfois très corporatiste»,déplore Matthieu Le Quang, enseignant chercheur à l'IAEN (Instituto de Altos Estudios Nacionales) de Quito.

Rafael Correa a tenté un temps de s'allier le mouvement indigène, notamment en proposant au président de la Conaie, Luis Marcas, d'être son vice-président en 2006. Les résistances au sein du mouvement ne l'ont pas permis. Correa affiche pourtant une grande ambition écolo­gique. Il avait fait forte impression en présentant en 2007, lors de l'Assemblée générale de l'ONU, le projet ITT Yasuni, qui propose de renoncer à 20% des réserves pétrolières du pays situées dans l'une des réserves de biodiversité les plus importantes de la planète. Il demande en échange au monde entier de financer la moitié des revenus ainsi perdus.

Son adversaire à la présidence et ancien allié Roberto Acosta, concepteur du projet, ne croit pas à la sincérité écolo­gique du président équatorien. «Une fois réélu, il va annoncer la mise en exploitation d'ITT Yasuni en prétextant que les Occidentaux n'ont pas voulu participer au projet», avait-il déclaré au Figaro.

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Membre, 31ans Posté(e)
RaphStaf Membre 2 937 messages
Baby Forumeur‚ 31ans‚
Posté(e)

Désolé mais je ne connais pas bien ce président, est il un bon président ?

Je pense que la réponse est oui mais on sait jamais biggrin.gif

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Membre, 44ans Posté(e)
carnifex Membre 5 710 messages
Baby Forumeur‚ 44ans‚
Posté(e)

En 2008, vous avez mis sur pied une commission dans le but de réaliser un audit public de la dette, qui avait atteint 10,3 milliards de dollars au début de votre mandat, soit un peu plus du quart du PIB. Quelle était votre intention, et quelles ont été les répercussions de cette mesure ?

Le coût de la dette extérieure constituait l’un des principaux obstacles au développement de l’Equateur. Le service de la dette avait fini par engloutir 40% du budget, c’est-à-dire trois fois les dépenses sociales – éducation, santé, etc. L’allocation des ressources montrait qui était aux commandes de l’économie : les banquiers, les créditeurs, les institutions financières internationales. […] Nous avons réussi à racheter notre dette à 32-33% de sa valeur, ce qui a représenté plusieurs milliards de dollars d’économies pour le peuple équatorien, à la fois en capital et en versements d’intérêts. Ce rachat nous a permis de dégager une quantité considérable de ressources que nous avons pu consacrer à la sphère sociale. Nous avons ainsi dépensé trois fois plus de fonds dans l’éducation, la santé et le logement que dans le service de la dette.

Quelles politiques votre gouvernement a-t-il mis en oeuvre afin de réduire les inégalités ?

[…] A présent, nous nous efforçons de réduire les inégalités et la pauvreté au moyen de quatre piliers. Premièrement, nous imposons davantage les riches. Nous avons établi un système fiscal bien plus progressif, et les citoyens paient leurs impôts. Résultat : les recettes ont doublé. Ces ressources, associées aux revenus du pétrole et aux fonds économisés en réduisant le fardeau de la dette, peuvent être consacrées à l’éducation, à la santé, etc.

Deuxièmement, nous avons mis en place l’égalité des opportunités. La population n’a plus à payer pour accéder aux soins ou à l’éducation, qui étaient autrefois un luxe pour les pauvres – l’inscription à l’école coûtait 25 dollars par enfant, alors qu’elle est entièrement gratuite aujourd’hui (certains enfants reçoivent même des livres et des uniformes).

Troisièmement, nous avons repris les rênes du marché et amélioré le monde du travail. Le marché est une réalité à laquelle on ne peut échapper, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faille le laisser s’auto-réguler. Il doit au contraire être régi par l’action collective. Nous entendons mettre fin à toutes les formes d’exploitation telles que la sous-traitance. Nous avons augmenté le salaire réel – nous avons réussi à combler le fossé entre le revenu d’une famille et un panier moyen de biens de consommation. Environ 60-65% des familles pouvaient s’acheter ce panier moyen au début de notre mandat : elles sont 93% aujourd’hui, le pourcentage le plus élevé de l’histoire du pays. Nous avons battu en brèche la théorie économique orthodoxe, selon laquelle pour créer de l’emploi, il est indispensable de baisser le salaire réel. En Equateur, ce dernier a fortement progressé, et nous affichons l’un des taux de chômage les plus faibles de la région (sous la barre des 5%). Nous avons également prêté attention à la qualité de l’emploi en nous assurant que les entreprises respectaient le droit du travail. […]

Enfin, nous distribuons notre patrimoine social de manière appropriée. Autrefois, notre pétrole faisait l’objet d’un gaspillage : avant le gouvernement Palacio, les sociétés transnationales accaparaient l’équivalent de 85 barils sur 100. Aujourd’hui, nous avons renégocié les contrats et le rapport a été inversé. Autre exemple : suite à la crise économique de 1999-2000, de nombreuses entreprises utilisée comme garanties d’emprunts auraient dû atterrir dans le giron public ; or c’est nous qui les avons nationalisées. Dans le cas du groupe Isaias, détenu par la famille du même nom, nous avons récupéré environ 200 entreprises en 2008. D’autres gouvernements les auraient sans doute à nouveau privatisées pour qu’elles reviennent aux mains des mêmes propriétaires. Nous avons choisi de recourir au système bancaire public pour permettre aux travailleurs de racheter une partie ou l’intégralité de ces entreprises.

[…]

Dans le domaine de la politique étrangère, l’Équateur a pris une position remarquable, c’est qu’il ne participerait pas à l’Organisation des États Américains, sauf si Cuba était réadmis. Quelle était l’idée derrière cette politique ?

Comment peut-il être appelé un Sommet des Amériques sans Cuba ? Cuba a été délibérément exclue de l’OEA « parce qu’il n’y a pas de démocratie dans ce pays ». Il n’y a pas de démocratie libérale telle que les États-Unis l’entendent. Mais le Chili de Pinochet, une dictature militaire sanglante qui a renversé un gouvernement démocratique- n’a jamais été exclu. Il s’agit d’une loi à deux vitesses. Comme Fidel Castro l’a dit, l’OEA a servi de Ministère des Colonies pour les Etats-Unis. Et en ce jour et à cette époque, nous ne pouvons pas continuer à permettre cela en Amérique latine. C’est pourquoi l’Équateur a déclaré que nous n’assisterons à aucun Sommet des Amériques, tant que Cuba n’y serait pas présent. […]

Entretien avec Rafael Correa, Président de l’Equateur

La Voie de l’Equateur (New Left Review)

Cet entretien a été initialiement publié dans le numéro 77 (septembre/octobre 2012) de la revue britannique New Left Review (NLR).

http://www.legrandso...eft-review.html

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