Saez - Messina

le 11 janvier 2013

Un chanteur solitaire et engagé, qui refuse toute forme de compromission.

"Nous sommes coincés entre culture et consommation "Damien Saez

" Pour un gamin de 16 ans, aller, sans téléphone, à une terrasse de café ou juste s’asseoir sur un banc avec un bouquin, ça paraît presque impossible…" Damien Saez/ Novembre 2012

Damien Saez à Besançon le vendredi 23 novembre 2012 est venu me parler,à moi et quelques autres, clope éteinte aux lèvres,stylo en mode "je suis bien avec vous" qui me griffonne "A la lune.Damien" , un rire qu'on n'oubliera pas, quelques vannes aigres douces comme il aime, un bisou pour moi,avec une gentillesse incroyable...Et un regard qui parle, qui raconte, qui crie en silence tout ce qu'il n'a pas encore chanté...

Bon diou que je l'aime, ce chanteur hors cadre qui déverse dans ses chansons sa prose poétique, sous haute influence des grands anciens, hantée par l'état d'un monde rongé par l'économie et la consommation. Et s'accroche au frêle salut puisé dans quelques pages d'amour.

Aussi révolté qu'obstiné, aussi passionné que désespéré,aussi sensible qu'incendiaire,on l'aime ou on le déteste mais il ne laisse personne indifférent, car il dérange...Lui qui a surgi, à 22 ans, avec un hymne, "Jeune et con", celui de sa génération,n’a jamais cessé d’enregistrer et de remplir les salles, tout en fuyant les plateaux télés (On n'oubliera pas ses rares interventions comme aux Victoires de la Musique 2009, ni"Ce soir ou jamais"sur France 3 en 2010... ),en toute indépendance.

Ce type plus si jeune – 35 ans – et loin d'être con, est devenu producteur après avoir largué "Universal" et a pu continuer à enregistrer avec le soutien financier d'un homme et ami, le tourneur Jules Frutos (président du Prodiss " Union du spectacle musical et de variété" depuis 2006).

Il accuse, dénonce, gifle et rêve d'un autre monde, Damien, politiquement incorrect,symbole d'un malaise qui trouve écho dans plusieurs générations confondues,et imprime son empreinte de chanteur engagé, dans une société en perdition, dont il se veut le miroir...

Messina, son dernier triple album ambitieux, dense, fragile, emporte par sa rage à fleur de peau, sa théâtralité assumée – cette diction si particulière –, ses orchestrations maîtrisées. Damien Saez y a travaillé un an durant, seul ou presque, en artisan, avec toujours la même obsession : avancer, sans compromission, en restant en accord avec ses idées.

Ce concert a été magique : Première partie acoustique, Damien seul sur scène avec sa guitare ou son piano. En plus des plus belle du triple, il nous a joué ses plus belles perles : Il a commencé par Que tout est noir.

Alors oui, j'ai craqué et j'ai pleuré toutes les mers du monde parce qu'il fallait bien que j'évacue. Il a enchaîné sans nous laisser le temps de sécher nos larmes avec Ceux qui sont en Laisse. Pas besoin de kleenex, ça continue. Tellement d'émotions, une voix qui porte, une belle gueule comme on l'aime. Un sourire à craquer, des yeux brillants, serais-ce des larmes? On ne saura jamais. Allez, on enchaîne avec Rois demain, pour redonner un peu d'espoir à nos nuits. Pour nous assurer que l'amour, il existe, qu'il se cache là quelque part, mais qu'il est partout en même temps. Après, Bal des Lycées, ... Ma préférée du triple, elle ne pouvait qu'être magique en live ... Un petit On a pas la Thune superbe également avant de passer au piano, et c'est là que commence le carnage dans nos cœurs : A nos amours, au piano. Imaginez une seconde. A nos amours, en live dans une salle remplie de fans de Saez, au piano. Juste avant, il nous dit "Bon, au cas où vous l'auriez pas remarqué, ça va pas être la soirée gaîté hein."... Ouais, on sait Damien, fais-nous pleurer, comme le crie quelqu'un dans la salle. On repart avec un thème avant de passer à Aux encres de nos amours, pour bien nous remplir. Et là, surprise : Saint-Pétersbourg. Qu'es ce qu'elle fait là? On ne sait pas. Mais elle y est, et c'est magique. Impressionnant, à couper le souffle. Des frissons.

Fin de la première partie, on sèche nos larmes pendant qu'ils embarquent le piano et laissent place au groupe, au hard, au rock'n'roll façon Damien. Messine, magique, sauf quand on entend plus ta voix Damien... Mais franchement, des frissons aussi. Les échoués, Fin des mondes, Betty, tout ça d'une traite, dans l'élan, mythique, magique, impressionnant. Le public est en ébullition. En transe. Eh puis une autre surprise, un intermède très bizarre avec "La musique qu'il aime", comme il nous dit. Un morceau de Il y a ton sourire, puis des j'Hallucine avec une tête trop drôle ... Un délire... Et un magnifique déhanché dos au public ! Ah Damien, ne change pas... On enchaîne avec Ma petite Couturière, Margueurite, Into the wild (Soit dit en passant,superbe Franck, la guitare!).Marie ou Marilyn, et Damien qui nous regarde d'un de ces regards fou en se tenant l'entrejambe... mdr... Hop, un inattendu Fils de France ! Superbe! Trop rapide! Et un J'accuse ! On n'entendait pas assez la voix ,dommage ! Il s'en va, mais finit par revenir avec un "J'sais plus quoi chanter...." Alors j'ai crié "TU Y CROIS!!" et il m'a regardé et a dit "Bah je sais plus, je sais plus..." La salle entière riait avec lui!