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Comment Marion Maréchal-Le Pen joue les sirènes du FN pour séduire l’UMP.


PASDEPARANOIA

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Membre, In girum imus nocte et consumimur igni , 52ans Posté(e)
PASDEPARANOIA Membre 27 326 messages
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Dans une interview au quotidien d’extrême droite "Présent", la nièce de Marine Le Pen raconte comment elle a été "séduite" puis "déçue" par le sarkozysme. Pour l'ancien journaliste Thierry de Cabarrus, la députée de la 3e circonscription du Vaucluse tente d’attirer certains militants à la droite de l’UMP.

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C’est une technique tellement usée que personne n’est dupe. Pour autant, cela ne signifie pas qu’elle n'est pas efficace : le Front national continue son entreprise de banalisation pour tenter de pêcher de futurs élus et de futurs électeurs dans le vivier de la droite classique… en envoyant Marion Maréchal-Le Pen sa benjamine en première ligne.

Alors que Jean-Marie Le Pen mène un combat d’arrière garde contre l’entreprise de sa fille Marine "la petite bourgeoise" qui, pour faire grossir le FN, serait à ses yeux en train de le défigurer, c’est sa propre petite-fille de 22 ans, qui monte à son tour au créneau. Voilà qu’elle part (en service commandé) à la conquête de l’UMP avec le charme et la fougue empoisonnés de sa jeunesse.

"J’ai été séduite par Sarkozy"

Ainsi, la jeune femme vient d’être élue à Carpentras grâce au maintien irresponsable de la candidate socialiste qui a refusé le front républicain malgré les consignes du PS. Et elle a accordé une interview à la fois maligne et édifiante au quotidien catholique et traditionnaliste d’extrême-droite "Présent".

Elle y raconte sa jeune expérience en politique qui, dit-elle, l’a fait choisir en 2007 non pas son grand-père qui se présentait à la présidentielle mais… Nicolas Sarkozy !

Marion Maréchal-Le Pen, étudiante en droit en master de droit public à la faculté parisienne d’Assas (Paris-II), donne des détails difficiles à croire pour qui n’accepte pas les discours du FN, mais pourtant crédibles pour une partie de la droite aujourd’hui déboussolée :

"J'ai commencé, dit-elle, à avoir de l'intérêt pour la politique vers l'âge de 16 ans" et "j'ai suivi d'abord un peu de loin la campagne présidentielle de 2007 de mon grand-père (…) J'ai eu mon petit parcours en marge du FN et j'ai été séduite, comme beaucoup je crois, par le personnage Sarkozy. J'ai commencé à fréquenter certains milieux de jeunes UMP, je voulais en connaître plus, j'étais intriguée. Puis comme beaucoup de déçus du sarkozysme, j'ai réfléchi".

C’est alors, raconte-t-elle, qu’elle s’est présentée en 2008 aux municipales à Saint-Cloud puis en 2010 aux régionales d’Ile-de-France. Et enfin aux législatives de 2012 à Carpentras.

Elle s’adresse aux "déçus du sarkozysme"

De nombreux sympathisants ou membres de la droite républicaine auront lu ou entendu parler de ce témoignage. Or, que nous dit Marion Maréchal-Le Pen dans le quotidien d’extrême droite et qui leur est à l’évidence destiné ? D’abord que contrairement à ce qu’affirment les leaders les plus modérés de l’UMP, comme François Fillon, il ne doit pas y avoir de tabou à voter FN ou à s’allier avec lui : on peut, tout comme elle affirme l’avoir fait elle-même, abandonner la droite classique quand on a été déçu, pour aller rejoindre les rangs du Front national.

En sirène du FN, Marion Maréchal-Le Pen encourage ni plus ni moins, et de manière très explicite, les "déçus du sarkozysme" à plonger dans le Rubicon et à enfreindre ainsi la loi de Rome ; bref, comme César, à franchir le fleuve interdit.

Elle leur dit en substance : "vous pouvez le faire, puisque je l’ai fait moi-même quand je n’étais qu’une gamine… Et me voilà aujourd’hui députée Front national".

Des mots pesés

Ce témoignage n’est à l’évidence pas du tout spontané. Chaque mot, chaque phrase ont été pesés avec une précision toute machiavélique par les conseillers en communication du Front national. Ce n’est pas un hasard si la jeune femme dit qu’elle a d’abord été "séduite" par Sarkozy en 2007, avant d’être "déçue" en 2008, comme sans doute de nombreux membres de la droite traditionnelle.

Ce n’est pas un hasard non plus si Marion Maréchal-Le Pen parle d’alliance nécessaire entre toutes les droites alors que Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé ont sciemment utilisé les thèmes du FN pendant la campagne de la présidentielle : "Il y a quelque chose à jouer dans le sud de la France", dit-elle. (…) "Là-bas, les principaux partis politiques sont le Front national, la Ligue du sud [le mouvement de Jacques Bompard] et la Droite populaire", l'aile droite de l'UMP.

Enfin, la jeune députée ose dire tout haut ce que certains à droite pensent tout bas :

"Les électeurs là-bas réclament l'union des droites. Le clivage politique est quasi inexistant. Les lignes bougent. De jeunes UMP sont venus militer pour moi. S'il y a une reconquête politique de la droite française, elle partira du sud".

Marion, l'héroïne

Dès lors, la démonstration est limpide et l’encouragement sonne comme un appel. Pourtant, au départ, il y a évidemment un "hic" : personne ne peut croire sérieusement que Marion Maréchal-Le Pen a un jour été réellement tentée de rejoindre l’UMP ou Nicolas Sarkozy.

N’oublions pas qu’elle a été élevée au château de Montretout à Saint-Cloud(Hauts-de-Seine) comme sa tante Marine, qu’elle a fait ses études de droit à Assas comme elle, qu’elle a été formatée par son grand-père Jean-Marie, et qu’elle a sans doute, elle aussi, été élevée dans la haine de l’UMP et de ses leaders.

Pourtant, le procédé qu’utilise Marion Maréchal-Le Pen est dangereux. On le connaît depuis l’Antiquité et la mythologie autour des Argonautes : c’est le chant des sirènes destiné à attirer au fond de la mer les pêcheurs, compagnons de Jason dans sa quête de la Toison d'or. Le bateau UMP va-t-il abandonner le cap républicain et se laisser séduire par la sirène Marion Maréchal-Le Pen ?

Le procédé risque d’être d’autant plus efficace que la jeune femme qui l’utilise est mignonne, souriante et a priori plutôt sympathique. Les éditorialistes de la presse conservatrice (et même au delà) en ont déjà fait une héroïne. Depuis le soir du 17 juin, ils se sont extasiés sur son âge, sur son nom, sur sa personnalité et ils ont construit, en quelques semaines, un storytelling très efficace autour de la "plus jeune députée de la Ve République".

Par Thierry de Cabarrus

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/591118-comment-marion-marechal-le-pen-joue-les-sirenes-du-fn-pour-seduire-l-ump.html

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Invité Imanouèl
Invités, Posté(e)
Invité Imanouèl
Invité Imanouèl Invités 0 message
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Si Sarkozy avait appliqué la moitié de ce qu'il annonçait en 2007, je lui baisais les pieds...

C'est pas la seule à avoir été séduite par le programme de Sarkozy en 2007.

Je peux même citer des "personnalités" de "gauche" plutôt conquises par le verbiage sarkozyste à cette époque.

Pis c'est de bonne guerre, sachant qu'une partie de l'électorat frontiste (le vote "ethnique" du Front)a été détournée par Sarkozy.

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