Antony Kavanagh: "Le Québec est une méritocratie, la France reste une aristocratie"

Antony Kavanagh: "Le Québec est une méritocratie, la France reste une aristocratie"

L'Express a rencontré Antony Kavanagh. Deux heures d'échanges hauts en couleur, où le comique s'amuse à renverser tabous et préjugés. Et livre ses conseils aux Français tentés par l'émigration.

"Je suis un quart français", lance-t-il en boutade, dans un rire tonitruant. Le ton est donné. Antony Kavanagh, né à Montréal de parents haïtiens ayant fui la dictature de Baby Doc, a désormais passé le quart de sa vie en France. Dans son dernier spectacle, le Québécois se lâche: "Cela fait dix ans que je suis ici, je dis tout, j'assume tout." Cet humoriste multicarte -animateur télé, chanteur, acteur a gardé un pied de l'autre côté de l'Atlantique. Il porte un regard caustique sur sa terre natale, avec laquelle il a pris ses distances, et sur son pays d'adoption, qu'il n'hésite plus à critiquer.

"Je suis l'interprète parfait entre les deux", ose-t-il, sans rire cette fois. C'est bien pour cela que L'Express l'a rencontré. Deux heures d'échanges hauts en couleur, où le comique s'amuse à renverser tabous et préjugés. Et livre ses conseils aux Français tentés par l'émigration.

L'express

Ce mec je l'aime pas ...

Je savais meme pas qu'il parlait, pour moi il est comme diam's il sert a rigoler

Pourquoi tu ne l'aimes pas ?

D'accord avec lui. J'aime bien ce gars là. Ce qu'il dit sur la couleur et l'intégration du style:

" Pour s'intégrer, il ne faut se placer ni au-dessus ni en dehors. "

est totalement juste.

Intéressant et assez juste, à part pour ce qui est de l'Indépendance du Québec, mais bon, chacun a droit à son opinion sur cette épineuse question. J'aime bien cet extrait;

On dit souvent que le Québécois est un Américain élevé en France ou un Français élevé aux états-Unis. C'est faux. Les Français croient que nous partageons la même mentalité. C'est aussi faux

C'est tellement vrai. Quand j'échange avec des français-es, on nous appelle souvent les cousins, et pourtant, nous avons une mentalité tellement différente sur différentes questions, je le constate d'ailleurs sur le forum, nous n'avons pas les mêmes "codes".

J'ajouterai aussi votre rapport à l'autre ou aux "étrangers", c'est aussi quelque chose qui m'a étonné (disons le comme cela) et m'étonne toujours..

Bonjour,

mon idée, mon ressenti envers les québecois et les canadiens (en général) est qu'ils sont comme nous mais "américanisés".

En effet, le Québec n'est pas une province française, ils sont francophone, mais pas "francisés".

Je m'explique... On ne partage que la langue avec les Québecois, rien d'autre dans ce qui est du quotidien.

Cependant il n'est pas ici question de racisme, puisque les français (sous couvert de volonté) sont très bien accueillis au Canada, ainsi que nous sommes fiers d'avoir de la parenté outre-atlantique.

Mais nous sommes différents, c'est indéniable.

Bonjour :)

Il faut faire une distinction entre "américanisation" et "américanité". L'américanité est souvent d'ailleurs confondue avec l'américanisation des Québécois. L'américanité n'est pas l'influence culturelle qu'ont subie ces Québécois à travers la diffusion massive chez eux de produits culturels américains (U.S.A.); ce processus, c'est l'américanisation dont maints peuples donnent un exemple aujourd'hui. L'américanité, au contraire, est un caractère que les Québécois partagent avec les autres habitants de l'Amérique du Nord : les États-Uniens les Canadiens les Mexicains etc...Ainsi même si oui, nous sommes des Américains au sens du continent et non États-Uniens, du fait que nous parlons français, ce presqu’isolement culturel du Québec donne une juste idée de sa relation avec la culture francophone dans le monde et aussi avec la culture nord-américaine.

Bonjour Lucy :)

Merci pour tes explications que je trouve claires et sensées.

Pour nous français, quand nous venons au Québec, c'est vrai que la langue commune nous fait dire être "cousins" mais aussi que dans vos expressions , nous n'arrivons pas toujours à tout saisir

Dans nos différences d'accent aussi, souvent

Moi, j'étais pliée quand à l'aéroport , un grand québécois nous a dit pour plaisanter qu'on avait un accent

Supers souvenirs pour moi.

Le stop, "sur le pouce", non?, comme ça que ça se dit?, à l'époque, a très bien marché

Salut Ella, oui pour la langue, il est vrai que notre syntaxe est souvent différente et il m'arrive aussi de ne pas bien saisir vos propos. Sinon, "sur le pouce" c'est quand on mange vite fait, pour le "stop", ici on dit "faire du pouce".

Je ne comprends pas bien la différence entre ces mots "américanisation" et "américanité" .

Je comprends que l'américanisation passe par un truc "commercial", mais les moeurs quels sont ils au Canada (et en particulier au Québec)?

Se rapprochent ils plus des Etats Unis ou de la France (protection sociale, "devise" ou du moins ses principes : liberté, égalité, fraternité)?

Je sais que depuis peu les Etats Unis mettent en oeuvre une certaine solidarité entre les citoyens (à savoir une couverture maladie pour chacun), mais quid de la "solidarité et de la "liberté"? (aux Etats Unis, certains abus sur des procès me choquent, genre attaquer en justice le fabricant de lave linge, parce qu'il n'a pas précisé sur l'appareil que le lavage des chats n'est pas possible)

Et c'est là que je m'interroge en fait sur la "condition" du Canada.

Après, j'ai eu envie, à un moment donné, de m'exiler au Québec, cependant je n'en n'avais ni les moyens, ni une vraie volonté.

J'ai de l'admiration pour ces gens qui me paraissent presque irréels. :blush:

D'abord, il y a une réelle différence entre le Québec et le ROC (rest of Canada) pas en ce qui a trait aux conditions de vie, mais à la mentalité. Pour l'assurance santé universelle, les États-Uniens n'en bénéficient pas encore, c'est ce que Obama est en train de changer, ils ont beaucoup de difficultés avec ce principe car ils ont une idéologie plus libérale que démocrate. Ils ont le culte de la liberté individuelle et de la propriété privée comme droits inaliénables.Alors qu'ici, c'est plutôt la social démocratie qui prime. Soins de santé universelle, éducation gratuite,valeurs d'égalité des chances pour tous....Enfin, étant paresseuse, :D (et aussi occupée)J'ai cherché une définitions sur le net et donc, en voici une d'un français pris sur le site 'immiger.com" , on ne m'accusera pas de chauvinisme..

Au Québec, nous ne sommes ni dans un système ultra-libéral à la façon États-Unienne ni dans un système purement social franco-français par exemple. Et encore moins dans un modèle extrémiste socialement, sauce marxisme-léninisme. Pour tenter de le comprendre, il faut peut-être déjà en commençant par sortir de cette vision manichéenne qui cherche à opposer nécessairement capitalisme et communisme dans ses extrêmes. Un de mes professeurs en marketing avait ce mot amusant concernant le fossé culturel qui sépare les états-uniens et les européens :"un américain qui a besoin d'eau dans le désert va y aller de manière pragmatique : suffit juste de construire un pipeline pour amener l'eau là où j'en ai besoin, point. Un européen, confronté au même problème, va y aller de manière plus abstraite : pourquoi construire un pipeline ? Quelles sont les autres alternatives ? Quels seront les impacts sur le milieu ?"

Voici une petite mise en situation qui amorce bien la tentative de compréhension du modèle économique québécois. D'une façon très réductrice, on pourrait dire que la pensée états-unienne (et même nord-américaine dans une certaine mesure) va au plus simple : j'ai un problème, quel est la solution. Sans se poser plus de questions (toute autre considération devenant en effet très secondaire par rapport à l'objectif qui, lui, est essentiel). La pensée européenne se différencie par l'importance qu'elle semble accorder aux impacts, conséquences voire dilemmes moraux ou éthiques reliés à la résolution d'un problème. La social-démocratie au Québec semble être la réponse ou le compromis entre ces deux approches. En voici la définition qu'en donne le sociologue Jean-Marie Tremblay dont s'inspire d'ailleurs le Parti Québécois sur son site web :

"On appelle "sociale démocratie" cet ensemble d'idées sociales attribuant à l'État au sein d'une société de type capitaliste le rôle non seulement d'arbitre social mais de promoteur et de défenseur des plus démunis. La sociale démocratie vise à modifier l'organisation sociale d'une société capitaliste dans le but d'atténuer les inégalités sociales, d'améliorer le sort des moins nantis. Par opposition aux courants néolibéraux ou conservateurs, la sociale-démocratie préconise une répartition équitable de la richesse, des droits, des devoirs et des opportunités entre tous les citoyens en favorisant un partenariat entre l'État, les entreprises, les syndicats et la société civile ,

Par ailleurs, le Québec a les frais de scolarité les moins élevés au Canada continuant ainsi de faciliter l'accès aux études universitaires [2]. Mais si ces mesures relèvent essentiellement des gouvernements, le mouvement social est régulièrement initié par la population elle-même de diverses manières et sur différents sujets : mouvement de grève des étudiants pour maintenir l'accessibilité aux études, manifestation de solidarité envers les immigrants illégaux menacés d'expulsion, haut taux de syndicalisation au Québec (le plus haut en Amérique du Nord [3]). Le Québec est d'ailleurs souvent le premier de la classe dans la confédération à titre de précurseur dans les avancées sociales (abstraction faite de l'argument électoraliste, le Québec investit d'ailleurs massivement dans l'énergie éolienne, énergie non polluante).

http://www.immigrer...._au_Quebec_Quon

Voilà!

Merci beaucoup

(du coup je comprends mieux le discours entendu hier soir de la part d'un Américain sur la communication.... en gros selon lui on doit avoir seulement 3 points essentiels quand on veut communiquer une idée, et ne jamais en démordre, ne pas s'égarer dans des tergiversations, etc.... c'est le même concept que celui du pipeline dans le désert).

Merci Lucy