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17 juin 1939 : Le guillotiné Weidmann est le dernier condamné à perdre la tête en public.


Invité David Web

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17 juin 1939 : Le guillotiné Weidmann est le dernier condamné à perdre la tête en public.

Après avoir tourné la tête à des milliers de femmes, le "tueur au regard de velours" perd la sienne dans un panier.

Il est 4 h 30 du matin, le jour commence à se lever. Des centaines de Versaillais et de Parisiens s'agglutinent depuis la veille au soir devant la prison Saint-Pierre de Versailles, pour ne rien rater du spectacle : la mise à mort du ténébreux Eugène Weidmann. La foule, en majorité composée de femmes, se bouscule autour de la guillotine pour apercevoir une dernière fois le beau mâle. À 2 h 50, elle a pu déguster l'installation de la guillotine, mais c'est la tête de Weidmann qu'elle veut voir sauter comme un bouchon de champagne ! Même les journalistes, pourtant pourchassés par la police depuis des heures, ont réussi à se trouver des places de choix dans les arbres ou dans les immeubles avec vue plongeante sur la "Veuve".

Il y a du retard. Weidmann devait être exécuté voilà déjà plus de trois quarts d'heure ! Enfin, la lourde porte de la prison s'ouvre, le jeune condamné allemand de 31 ans apparaît, il a vraiment une belle tête, c'est presque dommage qu'il faille la lui couper. Le simili Clark Gable porte une chemise bien échancrée, d'un blanc immaculé qui ne va pas le rester. Il est soutenu par deux assistants de l'exécuteur en chef, Jules-Henri Desfourneaux. La foule retient son souffle, les aides installent le condamné sur la plate-forme de la guillotine sous l'oeil de "Monsieur de Paris", ainsi qu'on surnomme le bourreau, puis le poussent légèrement pour mettre la tête en position. Et en moins de temps qu'il ne faut pour se couper un ongle, l'exécuteur lâche la lame de 7 kilos. Un son lourd et sec retentit. La tête tombe. Le sang gicle. Le corps étêté roule dans la grande corbeille en osier destinée à l'accueillir.

Tremper dans le sang

Il est 4 h 32. Emballé, c'est pesé. Tout s'est déroulé en un éclair. Les assistants rangent le matos sous les gémissements de femmes. Certaines, paraît-il, trempent leur mouchoir dans le sang du supplicié au pied de l'échafaud pour conserver un sympathique souvenir mortuaire. Mais ressaisissez-vous, mesdames, ça n'est que Weidmann, pas Louis XVI ! Pendant ce temps, d'autres badauds sablent le champagne, le service d'ordre, lui, est complètement débordé. Une vraie fête à neuneus, cette exécution. Que tout le monde en profite, c'est la dernière ! Quand le président du Conseil Édouard Daladier va voir les photos de tout ce chambard demain dans la presse, il fera interdire les exécutions capitales en public, et fissa.

Délinquant médiocre dans sa jeunesse, enchaînant quelques peines de prison au Canada et en Allemagne, Weidmann arrive en France en avril 1937. Avec un ancien codétenu, Roger Million, il s'invente un nouveau commerce : enlever des individus nantis et les séquestrer dans une maison louée à La Celle-Saint-Cloud, en banlieue parisienne, la villa Voulzie, le temps que leurs proches livrent les rançons. Weidmann est grand, bel homme, cite Goethe à tout bout de champ, et surtout, c'est un charmeur hors pair. Un clin d'oeil lui suffit à exciter les dames.

Charme et strangulation

C'est ainsi qu'il attire sa première victime à la Voulzie, une danseuse américaine, Jean de Koven, venue à Paris en touriste. Elle tombe sous le charme instantanément, il est si doux, chaleureux, courtois, attentif, et surtout si prévenant. Prévenant, c'est le moins qu'on puisse dire, car le 21 juillet 1937, au lieu de garder la danseuse prisonnière comme prévu, il ne peut pas se retenir de lui serrer le cou entre ses deux mains et de la tuer. Le contenu de son sac à main était bien trop tentant. Dès lors et durant les deux mois suivants, Weidmann se met à tuer comme il respire. Après la danseuse, il rectifie cinq autres personnes choisies presque au hasard. Un chauffeur de taxi, une gouvernante, un impresario, un petit escroc et un agent immobilier. Les sommes qu'il leur dérobe sont tellement dérisoires qu'on a peine à croire que sa motivation principale est l'argent. Serait-il poussé par un instinct meurtrier ?

En décembre, Weidmann finit par être arrêté, suspecté de deux meurtres. Sans trop insister, pourtant, les policiers lui en font avouer six en tout ! Après un procès particulièrement sensationnel et médiatisé, Weidmann est jugé coupable de ces effroyables crimes et condamné à la peine capitale le 31 mars 1939, tout comme Million, qui l'a bien aidé. Tueur ou pas tueur, le dandy allemand continue de fasciner les femmes. Jour après jour depuis son arrestation, elles sont de plus en plus nombreuses à lui déclarer leur flamme. À la prison, chaque matin, c'est le même cinéma, des montagnes de lettres d'amour arrivent, dans lesquelles les demandes en mariage sont récurrentes. On lui fait aussi livrer des fleurs pour décorer sa cellule et même des chats pour lui tenir compagnie ! On croit rêver. Elles sont folles, il le dit lui-même, aussi folles que l'une de ses avocates, Renée Jardin, qui succombe à son tour à son charme.

Hystérie

Pas étonnant qu'on frise l'hystérie ce 17 juin 1939 à l'aube, devant la prison de Versailles, au moment où sa tête tombe. La veille, tout était pourtant parfaitement calme à la prison. Eugène Weidmann venait d'apprendre que son pourvoi en grâce avait été rejeté par le président Albert Lebrun, alors qu'il l'avait accordé à ce salaud de Million. Le bourreau de ces dames reste néanmoins serein, caresse ses chats et relit L'Imitation de Jésus-Christ. Il est prêt à mourir. À 3 h 50, il s'étonne même qu'on ne soit pas déjà venu le chercher, il devrait déjà être mort. C'est que Henri Desfourneaux, l'exécuteur en chef, s'est disputé avec le procureur de Versailles au sujet de l'heure de la mise à mort, ils ne sont pas d'accord entre l'heure légale et l'heure solaire. Moralité, tout a pris du retard.

Les photographes s'en réjouissent : grâce à ce désaccord, le soleil est déjà assez haut dans le ciel quand Weidmann entre en scène. Ils peuvent shooter et même filmer ! Jamais auparavant on n'avait eu une série de photos aussi claire, aussi nette, ni aussi terrible d'une exécution. Jamais on n'avait eu un si beau film ! Édouard Daladier, alors président du Conseil, est furieux ! La France frémit d'horreur en voyant ces images étalées dans la presse. Elles font même le tour du monde en ternissant l'image du pays à seulement quelques mois de la guerre.

Quelques jours plus tard, le 24 juin, Daladier promulgue illico un décret-loi pour que les exécutions se passent à l'abri des regards, dans les cours intérieures des prisons. Voilà comment un privilège vieux de 150 ans de faire la fête autour d'une guillotine est aboli. La récréation est terminée, fini les exécutions-spectacles. Tout ça à cause d'un idiot d'Allemand. Quelle idée aussi de venir flinguer sur le territoire français en 1937 ! S'il avait attendu juste un peu, son sport favori ne lui aurait pas valu la guillotine.

Voir la vidéo (Le Point)

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Membre, 40ans Posté(e)
MEDINE Membre 463 messages
Baby Forumeur‚ 40ans‚
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salut David

non tu te trompe, la France a continué la guillotine bien après 17 JUIN 1939 toi qui aime bien les dates,

mai bon si tu joue avec les mots ta peu être raisons

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Membre+, I. C. Wiener, 33ans Posté(e)
konvicted Membre+ 26 925 messages
33ans‚ I. C. Wiener,
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Le 17 juin 1939 est la date de la dernière décapitation publique.

Quelques jours plus tard, le 24 juin, Daladier promulgue illico un décret-loi pour que les exécutions se passent à l'abri des regards, dans les cours intérieures des prisons.
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Membre, 40ans Posté(e)
MEDINE Membre 463 messages
Baby Forumeur‚ 40ans‚
Posté(e)

autant pour moi

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Membre, 32ans Posté(e)
Blackie Membre 28 messages
Baby Forumeur‚ 32ans‚
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Idiot d'Allemand, pas exactement. Je dirais, les idiots qui se disputaient l'heure, plutôt que de se dire qu'il faut se dépêcher. Mais le récit reste tout de même édifiant, je n'avais pas lu quelque chose d'aussi précis dans mes recherches sur la peine de mort. Bon, elles sont plus souvent personnelles que scolaire, mais c'est le genre d'affaire sur lesquelles j'aime bien m'appuyer pour convaincre les gens qui sont contre la peine de mort. Que les exécutions soient publiques ou privées, au fond ça revient au même... Quoi que, pour certains ça permettait de faire la fête. Plutôt glauque, mais bon, il faut bien s'amuser de tout.

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Membre, 60ans Posté(e)
alcina Membre 5 752 messages
Baby Forumeur‚ 60ans‚
Posté(e)

Sage décision que celle prise par M. Daladier.

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