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15 mars 44 avant JC : «Tu quoque, mi fili»


Invité David Web

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15 mars 44 avant JC : «Tu quoque, mi fili»

Jules César est assassiné le 15 mars de l'an 44 avant JC.

En cinq courtes années, nanti de tous les pouvoirs, il a réussi à moderniser l'administration de l'empire romain. Aussi son souvenir va-t-il rester gravé jusqu'à nos jours dans la mémoire des hommes, malgré sa mort prématurée à seulement 55 ans.

Jean-François Zilberman.

Cesar_mort_VCamuccini1793.jpg

L'assassinat

Fort de son prestige de conquérant des Gaules, Jules César a franchi cinq ans plus tôt le Rubicon. Nommé dictateur à vie, il n'a de cesse de combattre ses ennemis tout en modernisant l'administration de l'empire (extension du droit de vote, octroi de terres aux combattants....).

Mais, au sommet du pouvoir, César songe à se doter d'un titre royal qui assure la pérennité de son oeuvre au-delà de la mort. Avec sa jeune maîtresse, Cléopâtre, reine d'Égypte, il envisage un moment de se faire consacrer fils d'Amon, à l'image d'Alexandre le Grand.

Le 15 février de l'an 44 avant JC, à l'occasion des Lupercales, le fidèle Marc Antoine pose sur la tête de César le diadème des rois grecs. Mais la foule proteste et le dictateur ôte lui-même la couronne et l'envoie au temple de Jupiter.

Cesar_mort_detail.jpg

Qu'à cela ne tienne, Jules César projette d'accepter le titre de roi pour la partie orientale de l'empire romain à l'occasion de la prochaine réunion solennelle du Sénat.

Celle-ci doit avoir lieu le jour des Ides de mars en un lieu appelé «portique de Pompée», qui remplace la Curie, incendiée huit ans plus tôt. Ses proches, y compris sa femme Calpurnie, avertissent César d'une grave menace et lui font part de mauvais présages mais il n'en a cure.

Or, pas moins de soixante sénateurs trempent dans un complot contre sa personne. Ils craignent pour l'avenir du régime sénatorial et oligarchique, aujourd'hui qualifié par anachronisme de «républicain» ... Parmi eux, Cassius, l'ancien chef de la flotte de son ennemi Pompée, qui est déçu que son ralliement à César ne lui ait pas rapporté plus d'honneurs.

À peine installé dans la salle, sous la statue de Pompée, son ancien rival, César est provoqué par un sénateur du nom de Tullius Cimbre. Celui-ci, rejoint par d'autres sénateurs, lui soumet une requête et, feignant la colère, agrippe la toge de César et l'arrache.

A ce signal, c'est aussitôt le hallali. Selon le récit de l'historien Suétone, Jules César est frappé de 23 coups de poignard par les sénateurs qui l'entourent.

Brutus

Parmi les conjurés qui s'en prennent à César figure Brutus. Le dictateur a placé toute sa confiance en ce jeune sénateur qui est le fils de sa maîtresse Servilia (et peut-être de lui-même).

En le voyant, il lui lance en grec (la langue de l'élite romaine): «Kai su teknon», ce que les chroniqueurs latins ont traduit par un mot de dépit : «Tu quoque, mi fili» (Toi aussi, mon fils). Il pourrait s'agir au contraire d'une malédiction à l'adresse du traître au sens de : «Qu'il t'arrive à toi aussi le même sort !».

Là-dessus, César se recouvre de sa toge et cesse d'espérer.

Les comploteurs s'enfuient, leur forfait accompli, tandis que le corps de la victime se vide de son sang. Trois esclaves le ramènent à sa demeure.

Les assassins songent à jeter le cadavre dans le Tibre mais le peuple, qui garde un excellent souvenir de César et de sa générosité, se révolte. Il exige que, selon la tradition, son corps soit incinéré en place publique. C'est ce qui est fait le 20 mars... et le bûcher flambe si haut qu'il s'étend aux maisons alentour.

Malgré sa fin tragique et prématurée, après cinq années à peine de pouvoir, Jules César reste étonnamment vivant dans les mémoires et jusque dans le langage commun. Les titres de Kaiser et de tsar sont des déformations de son nom pour désigner le souverain en allemand et en russe.

Difficile succession

Quelques jours seulement après la mort du dictateur, son petit-neveu Octave, le futur Auguste, entreprend de le venger. Contre Marc Antoine, qui tente d'instaurer la paix à Rome, il se prévaut du testament de César pour réclamer son héritage. Les guerres civiles se prolongeront encore une quinzaine d'années avant que ne s'établisse la «pax romana», la «paix romaine».

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Membre, Artisan écriveur , 57ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
57ans‚ Artisan écriveur ,
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Il semblerait que la fameuse phrase, (d'après Léandri), n'aurait pas été prononcée en latin ""Tu quoque mi fili".

Car étant donné que les nobles romains, patriciens, parlaient entre eux le grec ancien, délaissant le latin au profit de la plèbe, César aurait prononcé cette phrase en grec ancien.

Avec notre alphabet cela donne en gros :"Kaï sû teknon".

Ce qui signifierait : "Toi aussi fiston".

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Invité David Web
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Merci pour la précision, les avis divergent et j'ai choisi de laissé le titre tel quel...

Il semblerait, d'après la tradition, que les dernières paroles de César fussent « Tu quoque, [mi] fili », ce qui signifie « Toi aussi, mon fils » puisqu'il considérait Brutus, son assassin, comme un fils adoptif. D'aucuns prétendent que le cri que César prononça d'une voix défaillante fut en fait en grec : « Kai su teknon ! », lorsque, le jour des Ides de mars 44, Tillius Cimber saisit sa toge, donnant ainsi le signal pour que lui fussent portés vingt-trois coups de poinçons.

Mais non ! Il s'agit d'une rumeur de Suétone. Le seul cri de César était en latin, et non en grec, et s'adressait à Casca : « Maudit Casca, que fais-tu ? »

Et ce Casca, après avoir frappé César, s'écria en grec « Au secours, mon frère ! »

Rappelons que Brutus n'est pas le fils de César, mais un orphelin élevé par Caton d'Utique. Brutus est le fils de Servilia, sœur de Caton d'Utique, qui fut aimée par César et à qui il acheta une perle d'une valeur de six millions de sesterces. Il voulait en fait surtout éviter de peiner Servilia, mère de Marcus Brutus en ayant le sang d'icelui sur la conscience. C'est pourquoi, alors que Marcus Brutus était dans les rangs de Pompée et qu'icelui fut battu par César, ce dernier ordonna qu'on ne le tuât pas, se croyant peut-être le père de Brutus – quoiqu'il aimât bien Marcus Brutus, il n'était sûrement pas naïf sur sa paternité : il aimait davantage l'autre Brutus, Decimus Brutus, qu'il fit héritier en second juste après Octave/Auguste.

Pour l'anecdote, ceci est précisé dans le testament fait par César de son vivant ; en revanche, lors de la distribution des biens de César entre les vautours après son assassinat, une fois les biens distribués pour Auguste, il ne restait plus qu'un quart de l'héritage, lequel quart est principalement revenu à Lucius Pinarius et à Quintus Pedius. Decimus Brutus, « maréchal » de César, participa aussi aux Ides de Mars et fut massacré sur une perfidie de Marc Antoine dès 43 av J.-C. Il n'eut pas le loisir d'hériter de son illustre victime et il va de soi qu'Auguste prit la partie de l'héritage qui incombait à Decimus Brutus.

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Membre, Artisan écriveur , 57ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
57ans‚ Artisan écriveur ,
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Mais vous avez entièrement raison, cette locution latine est passée à la postérité.

C'est elle qui appelle notre esprit à faire immédiatement référence à l'assassinat de César.

Gardons "tu quoque mi fili".

C'est rentré dans le domaine public.:bo:

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Invité David Web
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Invité David Web Invités 0 message
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C'est le titre que je garde, pas ce qui aurait vraiment été dit, comprenons nous bien. Le contenu est plus important que l'emballage et de nouveau merci pour la précision : "le diable est dans les détails". ;)

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Membre, Artisan écriveur , 57ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
57ans‚ Artisan écriveur ,
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Il y a une certaine symbolique à avoir décidé de supprimer César aux Ides de Mars.

Une fin de cycle, un renouveau...

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Oui !

Le peuple romain détestait l'idée de royauté, ceci par tradition, mais aussi vis-à-vis d'une vérité historique travestie par une légende royale: Rome avait été, fut un temps, sous la domination de rois étrusques, jusqu'à ce que les Latins reprennent le pouvoir sur la Cité.

Ainsi, presque trois siècles plus tard, Rome tua de nouveau son roi par le biais de son illustre libérateur, Brutus, faisant se répéter l'histoire dans l'acte régicide fondateur qui, ironie du sort, ouvrit la voie à Octave Auguste, premier empereur réel de la civilisation romaine.

Lien.

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Membre, Artisan écriveur , 57ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
57ans‚ Artisan écriveur ,
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Et donc les Ides de Mars...? Le printemps peut-être... La renaissance de la nature associée à celle espérée de la société ?

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Invité David Web
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Invité David Web
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J'ai rajouté le lien... au dessus...

C'est aux ides de Mars que Caius Iulius Caesar, investi du pouvoir dictatorial à vie, fut assassiné, le 15 mars 44 avant J.-C.

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Membre, Artisan écriveur , 57ans Posté(e)
Bran ruz Membre 8 737 messages
57ans‚ Artisan écriveur ,
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David il y a un bouquin qui va vous plaire, si vous ne l'avez pas déjà lu :

La civilisation romaine, par Pierre Grimal, éditions Arthaud.

Il doit y avoir une réédition, j'ai celle de 1962, et je ne sais pas si on la trouve encore.

Enfin c'est un livre passionant pour ceux que ça interesse.

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Invité David Web
Invités, Posté(e)
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Posté(e)
Le printemps peut-être... La renaissance de la nature associée à celle espérée de la société ?

Chacun son opinion... ;) l'important c'est de réfléchir un peu et de se dire que bien souvent l'histoire se répète, différemment certes, même si rien ne change vraiment...

David il y a un bouquin qui va vous plaire, si vous ne l'avez pas déjà lu :

La civilisation romaine, par Pierre Grimal, éditions Arthaud.

Il doit y avoir une réédition, j'ai celle de 1962, et je ne sais pas si on la trouve encore.

Enfin c'est un livre passionant pour ceux que ça interesse.

J'aime beaucoup l'antiquité, je chercherai ce livre et te contact en mp si je ne trouve pas. Merci.

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Membre, 64ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 64ans‚
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A voir (en VO si possible) : "Jules César", de Joseph Mankiewicz; avec Marlon Brando, James Mason. Magnifique.

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Membre, 64ans Posté(e)
pila Membre 18 571 messages
Baby Forumeur‚ 64ans‚
Posté(e)

A voir (en VO si possible) : "Jules César", de Joseph Mankiewicz; avec Marlon Brando, James Mason. Magnifique.

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