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Invité Quasi-Modo

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Un petit exercice auquel j'avais envie de me risquer et auquel je vous invite à vous joindre. Choisissez un lieu (Les supermarchés, le métro, le bureau, la rue, pôle-emploi, etc...) et faites en la description pour qu'en ressorte l'atmosphère et l'absurdité de notre condition moderne. Dans notre époque devenue obscène, la simple description, le simple témoignage est déjà subversif. Voici le thème et le texte que j'ai choisi :

Les supermarchés :

La grande enseigne lumineuse veillait sur les centaines de véhicules à crédit comme le berger sur ses moutons. La foule se pressait du parking vers les allées du magasin, hommes, femmes et enfants venus convoiter le produit miraculeux qui rendrait enfin leur vie un peu meilleure. La semaine fût laborieuse aux petites gens, comme toujours. Les vendeurs arguaient leurs sourires freedent, la poitrine gonflée d'arrogance et les narines fières, comme si ils pouvaient effectivement renifler l'odeur de l'argent. Entrant dans les rayons, ils vous tendaient la main dans leurs costumes endimanchés ; la main avec laquelle le boucher égorge son mouton. De temps en temps, en prise avec un client, le relâchement crispé de leurs zygomatiques laissait apercevoir leur bienveillance feinte par leur envie de conclure au prix le plus élevé.

Les vigiles prenant un air grave, comme s'ils compatissaient, viennent s'assurer que la mère célibataire ne pourra pas voler l'orange qui fournira un peu de vitamine C à sa progéniture dont le père manque tellement. Au fond du magasin, à travers des rideaux de plastique, on devine les palettes au garde à vous sur des étagères, amoncelées en constructions éphémères mais grandioses, insultant L'Etre au bénéfice de l'avoir comme jadis le fît la tour de Babel, du sol au plafond, si haut que le regard ne peut l'embrasser d'un seul coup d'oeil. Les visages blêmes, probablement sous antidépresseurs, les caristes hantent les lieux, saisis par la psychose de l'oeil omniprésent constitué par les caméras de surveillance, dans chaque recoin, sans aucun angle mort. Leur pas rapide et mécanique laisse entendre qu'ils connaissent tous leur rôle à jouer dans ce sinistre jeu.

Dans les rayons, les têtes de gondoles affichaient "PROMOTION" en caractères énormes avec un astérisque renvoyant à un texte quant à lui si minuscule qu'il fallait se pencher en avant et surmonter toute sa frustration pour les lire. Il y sont vantés des produits bientôt périmés, aux caractéristiques si mesquinement distinctes qu'il est difficile au consommateur de faire le comparatif à l'aide d'un simple rapport qualité-prix ; produits dont les invendus atterriront le soir même dans la benne à ordure, sous les yeux décontenancés du SDF qui guette dans l'ombre une aile de poulet à rogner. Le grondement sourd de la foule et la course folle des cadis provoquent un sentiment de vacuité et un à-quoi-bon-tisme chez tout protagoniste qui par miracle aurait conservé un minimum de chaleur humaine ; ça et là, un enfant en pleine éducation pleure désespérément le jeu qu'il a entendu vanter entre deux dessins animés, harcelant ses parents irrités.

Le tintamarre des bips frénétiques agressait les tympans à l'approche des caisses enregistreuses. Une file d'attente monstrueuse et docile comme un troupeau de vaches sacrées guettait l'instant où la caissière au regard absent leur déroulera le fameux tapis noir. Elle semble réduite à un ensemble de mouvements tout bêtes, automatiques, programmée aussi précisément qu'une horloge atomique. Le maquillage de cette employée modèle masquait avec peine, vestige d'heures supplémentaires, des cernes dessinées en forme de valises, à l'image de celles avec lesquelles elle rêve un jour de partir loin, très loin.

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<La Poste>

C'est l'été et il règne une chaleur de tous les diables à l'intérieur du bureau de La Poste. Les gens se massent à l'entrée longtemps avant l'ouverture, Ligie une jeune employée épie le troupeau qui se divise entre les trois qui travaillent cette après-midi. Au début ça puait, c'est à dire après qu'elle eût passé le concours d'employée de La Poste. Comme chaque fois qu'elle avait occupé un nouveau poste, mais ce coup-ci c'était définitif, elle pouvait escompter une carrière au sein de l'administration postale, à l'instar des facteurs qui lui apportaient des bonnes nouvelles quand elle était toute petite fille et rêveuse. Au fil des semaines cette odeur désagréable de boîte à chaussure disparut pour laisser place à une certaine sérénité en son esprit. Jeune femme d'une vingtaine d'années dynamique, cette après-midi elle est revêtue d'une robe fine à travers le tissu de laquelle les gouttes de sueur se comptabilisent comme des fourmis, tandis que des aréoles s'arrondissent sur son chemisier qu'elle tente de dissimuler en serrant les bras au maximum.

Le comptoir accueille trois usagers simultanément, ils soufflent à la façon des phoques, et encore cette journée n'est pas la pire, les guichets étaient fermés jour pour jour la semaine précédente tant que l'administration n'installait pas au moins une ventilation à l'usage des employés. Une grogne au sein du quartier dont c'était l'unique bureau de poste avait forcé la main des responsables. Ligie est une jeune femme blonde au sourire naturel, elle constitue la seconde employée féminine du comptoir, et ses collègues ont pris l'habitude de l'appeler par ce surnom, parce que si elle était reine de France, plaisantait le doyen des employés, alors ils seraient contraints de marcher droit, tant son cri serait perçant. A la bonne humeur communicative, l'employée du guichet situé au milieu est une pépite pour le petit bureau de poste devenu au cours des années le repère du tissu social de la petite ville de T** .

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La gare.

C'est la période estivale. Toute la gare résonne des "le train numéro XXX en provenance de T. et à destination de R. va partir" ; même les noms des gares semblent rimer de la même façon et le parvis de la gare ressemble à la succursale d'un gigantesque hall commerçant. Des roulettes de valises à la forme de timbre poste émettent de petits "vroum" à la manière de minuscules voitures de course. Le sol est jonché des reliefs festifs d'un gigantesque repas festif auquel auraient été conviés les humains convives de quelque château ambulant et luxueux. Califourchon à l'ombre des costards d'hommes d'affaires, les positions prises par les corps sont adaptées à l'atmosphère d'impatience générale. L'on s'occupe comme on peut, depuis les salles d'attente jusque aux angles du hall de cette gare pareille à toutes les autres dans l'esprit de celui qui possède l'habitude de voyager. Des fils à papa en short, des filles à l'allure décontractées en dépit de leurs collants et diverses tenues moulantes mettant en valeur leurs chevelures sensuelles. Les canettes de coca et les emballages de kit-kat égayent la vision de l'archétype du consommateur occidental, les délais entre chaque départ blasent l'esprit même des plus empressé(e)s. Une population divisée entre la classe affaires et la classe touriste se livre ici à un grand mélange semblable à une orgie romaine, métaphorique. Les vendeurs et vendeuses ponctuant les mètres carrés des artères de la gare n'ont pas besoin de haranguer le chaland. Les gens se pressent autour de ces attractions qu'ils disposent ou non des moyens. Les rails des chemins de fer luisent sous un soleil de plomb à l'extérieur en plein cagnard, l'on n'emprunte qu'on dernier moment les directions des quais alanguis sous le ciel estival.

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Jardin public.

L'arrêté municipal numéro °°° réglementant les horaires du jardin public tenait compte de l'heure d'été et la liesse des citoyens sur les pelouses sèches en dépit de la présence proche d'un château d'eau se prolongeait tant que n'apparaissaient les premiers déclins de la lumière des rayons solaires. Le jardin public accueillait une foule hétérogène aux couleurs douces ou criardes dressant un voile d'empathie même en l'esprit de ceux qui votaient obstinément à droite à chaque élection municipale. Le parfum inodore des fleurs plantées en rangées serrées embaumait les songes de celles qui s'abandonnaient à une lascive sieste aux endroits ombragés chèrement conquis dès les primes heures de l'après-midi dominicale. L'unique marchand de glaces sur les trois cent mètres carrés de paradis faisait son "beurre" sur les centimes et des poussières taxés aux enfants sous l'oeil malicieux des caniches et chihuahuas frétillants sous la chaleur estivale. Le jardin public était fréquenté par tous les âges à la manière de ces "vieux" hantant dans les reportages télé les supermarchés à l'air conditionné dans le but avoué d'échapper à la canicule domiciliaire. Les vêtements fins des femmes laissaient voir à travers les formes de sous-vêtements aguichants, le taux de pudeur descendu d'un cran en raison de cette journée exceptionnellement chaude. Toute la scène revêtait un caractère idyllique volé à quelque démiurge en qui les arrêtés municipaux devenaient transparents. Le maire lui-même en cet instant eût scruté la scène avec un regard paternaliste.

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Documentaire Documentation

Par rapport à la bibliothèque nationale, du nom éponyme du vieux président qui abolit la peine de mort, la médiathèque de la municipalité compte trois succursales en ville au total, et accueille de façon journalière une population hétéroclite, tous âges et catégories de la ville confondus, aux objectifs entre ses murs très variés. De longs couloirs relient chaque pièce que comporte le bâtiment principal, agrémentés de l'odeur des feuilles photocopiées ainsi que d'une climatisation dont jouit l'ensemble, étés comme hiver, ce qui permet aux gens de ressentir une sensation de liberté en se déplaçant, éloignés du regard professionnel des assistants et assistantes qui s'évertuent à rendre le plus accessibles possible les ouvrages. Ici la bibliothécaire en chef ne vous foudroie des yeux si par mégarde vous renversez le contenu d'une canette de pepsy sur une des tables. Comme si la modernité commandait un peu moins de solennité malgré que la loi du silence régnât en maîtresse comme partout dans les bibliothèques de France et de Navarre. L'on peut consulter des magazines les plus récents aux plus anciens, s'égarer au milieu des bandes dessinées trônant dans la pièce contigüe aux rayons scolaires, ou bien visionner les médias audio-visuels de la même façon que dans un home cinéma, à l'abri d'une porte fermée garantissant votre intimité. Le mercredi après-midi accueille surtout des étudiants et des étudiantes occupant les trois tables vastes disposées de façon à faire carrefour des rayons histoire-géographie, sciences de la vie et de la terre, politique et littérature générale, afin de citer les principaux. La forme parallélépipédique de tout le bâtiment posé sur la place dite place de la médiathèque, située face au commissariat et non éloignée de la mairie, offre à la vision des piétons et des automobilistes une impression de confort et de convivialité qui fait la réputation de cette petite partie du centre-ville. Une machine à café, dés l'ouverture à dix heures du matin, réchauffe l'hiver les premiers désireux/euses de s'absorber dans la lecture ; baptisé "prince littéraire" par ses collègues en raison de son savoir et ses connaissances, l'assistant Morphée...

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Dans la mythologie grecque, les Naïades (du grec Ναιάδες / Naiádes ou Ναίδες / Naídes ou Νάιτιδες / Náitides de νάειν / náein, « couler »), étaient les nymphes qui présidaient aux fontaines, aux rivières et aux fleuves. Elles étaient l'objet d'une vénération et d'un culte particulier. Elles passaient pour les filles de Zeus, et sont parfois comptées au nombre des prêtresses de Dionysos. Quelques auteurs en font les mères des satyres.

Des chèvres et des agneaux, avec des libations de vin, de miel et d'huile sont offerts en sacrifice ; plus souvent, du lait, des fruits et des fleurs étaient déposés sur leurs autels. Elles étaient des divinités champêtres, leur culte ne s'étendait pas aux villes.

Elles sont peintes jeunes, jolies, habituellement les jambes et les bras nus, appuyées sur une urne qui verse de l'eau, ou tenant à la main un coquillage et des perles dont l'éclat relève la simplicité de leur parure ; une couronne de roseau orne leur chevelure argentée qui flotte sur leurs épaules. Elles sont également couronnées, parfois, de plantes aquatiques.

loin très loin au loin,

coule une petite rivière, s'érigent des massifs, poussent des arbres, s'épanouissent des créatures sans nom mais dont la simple évocation forme le miroir inversé en mon esprit de la vapeur condensée de chaque seconde passée retenue encore à la branche de quelque une de mes neurones lorsque je songe à la fameuse piscine municipale des étés d'une certaine époque....

chaire des jolies filles, un grand plongeoir dans mon imagination est sacré comme un lingot d'Or.....

la piscine...

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Le métro :

Plus jamais je n'irai à Paris. Je ne raconterai mon voyage à personne.

Les métros s'engouffrent de façon monotone dans leurs galeries obscures où seules les lumières artificielles se font voir. Les parisiens au teint qui n'inspire par la santé usent de cette façon privilégiée de se déplacer lorsqu'ils ne sont pas d'humeur à affronter la circulation automobile du périphérique devenue infernale. Pour trouver la bonne ligne, il faut aussi trouver son chemin dans un système labyrinthique de couloirs fléchés, chacun prenant un air emprunté si il ne veut pas donner la charité aux musiciens improvisés et démunis qui oeuvrent le long des murs, où ils pourront sans gêner la circulation donner le rythme, mais pas l'ambiance. Car dans un tel lieu, symbole du désenchantement nihiliste, ces quelques notes de musique prennent un aspect dérisoire.

Avant d'atteindre les quais, il faut valider son ticket pour activer les tourniquets de métal, éternellement alignés côte à côte comme une ligne Maginaux qui vous barre la route, transformant instantanément le passant en client de la RATP, à l'image d'une usine qui transforme sa matière première en produit commercial. La dalle de macadam le long des rails ne laissera pas transpercer une fleur, car ici où le soleil est absent, aucun espoir ne semble permis. Les badauds forment des groupes indépendants qui se distancent de façon homogène et raisonnable, pour conserver une sorte d'intimité dans les discussions. Une bonne distance est également laissée entre le bord du quai et le bon citoyen, parce qu'on ne sait jamais, un pousseur de rails pourrait survenir dans notre dos en prise à sa pulsion de mort.

Enfin, un bruit se fait entendre du fond des entrailles de la Terre. Le métro va arriver. Il fait son entrée à grand fracas, rien ne semble pouvoir l'arrêter mais il freine toujours méticuleusement et de façon très calculée. Les clients se précipitent dans les rames, convoitant les places assises avec avidité, mus par un égoïsme sans faille vis-à-vis des vieilles dames qui ne peuvent suivre le rythme et qui devront attendre que cesse le tumulte. Elles se contenteront des barres de métal ou des sangles qui offrent une bien maigre sécurité. Ca et là, les pickpockets travaillent en profitant de l'harassement général qui pousse à lever les yeux au plafond et attendre que ça passe, comme un malade attend patiemment de recouvrer la santé. Parfois, un touriste enthousiaste tente un 'Bonjour', mais il est vite découragé par l'indifférence qu'on lui renvoie. Il repartira avec un vague souvenir du mépris que lui auront porté ses compagnons d'infortune.

Plus jamais je n'irai à Paris. Je ne raconterai mon voyage à personne.

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Voyage au bout de l'Enfer... (périphérie et hôpital)

Beaucoup de grandes villes comportent des rues ou des avenues baptisées avec le nom de ce poète des temps passés : Victor Hugo. La ville de T** ne fait pas exception, la grande avenue fait partie des voies principales remarquables sur une carte locale par le relais qu'elle constitue entre plusieurs quartiers stratégiques, dont les habitants n'éprouvent pas pour la plupart le besoin d'utiliser leur voiture afin de pouvoir s'approvisionner sous les multiples enseignes qui garnissent l'artère de la ville. La grande Avenue Victor Hugo fait le fleuve dont l'embouchure au niveau des boulevards permet de pénétrer dans un tout autre univers, la partie bourgeoise de la ville, où les parcmètres sont payants et les commerçants spécialisés en produits de marque. Là où l'altitude crée une apesanteur semblable à celle de la mer morte ;

L'hôpital situé davantage au Nord, en surplomb du tissu vivant de l'urbanisme, compte à chacun de ses étages des services et des chambres qui ne font oublier aux malades leur quartier natal, du moins où ils vivaient en grande partie. Les infirmières maniaques de la propreté et du bruit se distinguent avec peine des machines et outillages caractérisant l'endroit. Elles sont diplômées.

C'est marche ou crève..

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