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L'étape du Tour... ou presque


Pierre-de-Jade

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Membre, 45ans Posté(e)
Pierre-de-Jade Membre 1 910 messages
Forumeur alchimiste ‚ 45ans‚
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A la veille de l'arrivée à Paris, voici un texte de circonstances...aggravantes.

L’étape du Tour

Bonjour à tous. Nous sommes aujourd’hui en direct de la route du Tour de France pour cette 3ème étape entre Moux dans la Nièvre et Mouthe dans le Doubs.

Moux-Mouthe, une étape très attendue, au cours de laquelle les coureurs auront des cheveux à se faire.

D’ordinaire à cette heure matinale, il n’y a pas un chat à Moux. Mais aujourd’hui, la place de la mairie est noire de monde depuis l’aube.

Les chiens ont aboyé et la caravane est passée avec son cortège de casquettes, de porte-clés, et d’objets publicitaires en tous genres.

Au départ ce matin, le peloton est au complet, aucun abandon n’est à déplorer. De bon matin, il y avait Fernand, il y avait Firmin, Francis et Sébastien. Il ne manquait que Paulette, la fiancée de Fernand, qui n’avait pas digéré les paupiettes de la veille à l’hôtel, mais ça ne nous regarde pas et elle n’avait qu’à prendre de la blanquette comme tout le monde.

Tout juste avons-nous pu noter quelques concurrents victimes d’un léger coup de mou après l’étape de la veille qui a marqué les organismes.

Le maillot jaune est toujours sur les épaules du 1er au classement général par respect de la tradition.

J’en profite pour rappeler à cette occasion que le maillot vert n’est pas le maillot récompensant le meilleur cultivateur du peloton comme certaines rumeurs le laisseraient entendre.

Ce matin, c’est donc Marcel Pignon qui prend le départ revêtu de la tunique jaune, qu’il devrait selon toute vraisemblance conserver jusqu’à l’arrivée de cette étape.

Le départ est donné par Monsieur le Conseiller Régional, qui ne manque jamais une occasion de tirer un coup, mais ça ne nous regarde pas non plus.

C’est reparti pour un Tour, comme aimait à le dire le regretté Jacques Goddet, en s’en resservant un.

Dès le coup de pistolet, la course part sur les chapeaux de roues, les casquettes restant quant à elles vissées sur la tête des coureurs.

A peine sorti de Moux, le peloton est déjà dans le dur.

Les équipiers de Marcel Pignon, dont François son frère qui déteste être pris pour un con, sont sur les dents. Il faut bien souligner que l’équipe du leader du Tour, La Française des gueux, bien que manquant singulièrement de moyens, ne s’en laisse pas compter.

Déjà 50 Km de parcourus sur les routes vallonnées de Bourgogne et aucun fait marquant à signaler, si ce n’est une crise de colique du Directeur sportif de l’équipe Fuca Sport qui avait un peu forcé sur la prune la veille au soir, même si je suis un peu hors sujet.

Comme on le dit dans le jargon cycliste, quand on le boyau trop gonflé, ça pète.

Enfin, voici la première échappée du jour. Il a fallu attendre le Km 100 pour voir sortir du peloton Roberto Granbi, de l’équipe Pastaga Rosse, accompagné d’André Railleur, dit Dédé Railleur, de l’équipe Crédit à Nicole.

Ils creusent rapidement un écart de 30 secondes sur le peloton.

Seul un gendarme mal renseigné se lance à la poursuite des échappés, en se rendant vite compte de son erreur : ce n’est pas un imbécile puisque c’est un gendarme. Les échappés ne sont pas repris et ce n’est que justice.

Ce n’est pourtant que partie remise car, en dépit de leurs efforts conjugués, ils sont vite rattrapés sous l’impulsion de l’équipe Le Scalpel à Jacky du grimpeur hollandais Jos Sandal. Celui-ci ne tient apparemment pas à se laisser décramponner avant le Col de la Faux, un vrai casse-pattes, placé au Km 200, à moins de 60 Km de l’arrivée à Mouthe.

Marcel Pignon est nerveux, ça se lit sur son visage. Comme sa femme nous l’a confirmé avant le départ, il n’a jamais été un bon grimpeur et serait plutôt à ranger dans la catégorie des sprinteurs.

Attention ! Dès les contreforts du Jura, attaque surprise d’Hector Boyau, surnommé le gibier de potence par ses coéquipiers, de part sa pratique assidue de la chasse en saison. Mais cette fois, c’est lui qui est pris en chasse par la meute.

Malgré tous ses efforts, et tout le monde connaît les aptitudes d’Hector Boyau à se sortir les tripes, il ne parvient pas à creuser l’écart et le peloton fond sur lui. Ce qui confirme une nouvelle fois le dicton « qui va à la chasse, perd sa place ».

Nous arrivons maintenant au pied du col de la Faux, et comme nous le fait remarquer notre consultant avec son humour coutumier, si le col est ouvert, nous ne devrions pas tarder d’accoucher d’un beau vainqueur ; ça fait du bien de rire un peu.

Les coureurs, eux, n’ont pas envie de rire.

Dès les premiers lacets, Sandal appuie sur les pédales et oblige Pignon à se mettre en danseuse. Et comme nous le disait encore sa femme ce matin, il a horreur de se déguiser. Vous vous doutez bien qu’il n’est pas à son affaire et ça se voit à l’écran.

Coup de théâtre ! Pignon décroche. Il a un problème avec son dérailleur.

Est-il en train d’offrir sur un plateau l’étape à Sandal ? C’est la question que tous les observateurs se posent.

Au sommet du col, Jos Sandal passe en tête, suivi par André Railleur qui s’est refait une santé après le ravitaillement, où il en avait plein sa musette.

Le maillot jaune pointe à 2 minutes mais pas encore au chômage.

Comme sa femme nous l’a confirmé juste après le départ, il a plutôt une bonne descente. Il peut donc espérer combler son retard dans le long final sinueux qui nous conduit à l’arrivée.

Le duo de tête se relaie parfaitement à moins de 20 Km de la banderole.

Jos Sandal, qui est un chasseur de primes notoire, discute avec Railleur. Pour on ne sait quel marché inavouable.

Mais Pignon revient : ce n’est pas terminé !

L’écart se réduit comme le salaire moyen de son équipe qui mène la chasse.

Nous sommes à la flamme rouge du dernier kilomètre. Ça sent le roussi pour les deux fuyards et pour la prime de Sandal. Pignon les aperçoit et emmène un braquet énorme.

Les coureurs sont maintenant portés par plusieurs rangées de spectateurs venus de toute la région, voire même des régions environnantes, sait-on jamais.

Cette chaîne ininterrompue de supporters ne peut qu’entraîner Pignon qui vient dans un ultime effort coiffer tout le monde sur la ligne !

Sa femme avait raison, il est bien meilleur au sprint.

Au terme de cette étape mouvementée, Pignon conforte un peu plus sa position au classement.

Il reçoit son nouveau maillot jaune des mains de Monsieur le Conseiller Général, qui ne manque jamais une occasion d’offrir un bouquet à un homme, ce qui n’intéresse en aucune façon nos téléspectateurs.

C’est sur ces images que nous rendons l’antenne dans l’état où nous l’avons empruntée. A demain pour l’étape suivante qui devrait être la 4ème.

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Membre, forumeur éclairé, 56ans Posté(e)
Lugy Lug Membre 10 224 messages
56ans‚ forumeur éclairé,
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