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L'indigène


Pierre-de-Jade

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Pierre-de-Jade Membre 1 884 messages
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Histoires courtes mais brèves : L’indigène

De tous temps, l’homme en se déplaçant de son lieu d’origine, communément appelé « chez soi », « maison », « home, sweet home » ou « Ker Ozen (la maison d’Eugène, pour les ignares qui ne parleraient pas le breton) », s’est très vite trouvé confronté à l’étranger, ou pire, à l’indigène.

L’indigène, parfois dénommé autochtone lorsqu’il est d’origine germanique, est très différent de l’homme dit évolué en ce sens qu’il a des racines, des coutumes, des traditions, propres à sa contrée. Sauf que, vous l’aviez déjà deviné en qualité de membre d’un monde civilisé, reconnaissable à son aptitude sans cesse démontrée à laisser mourir de froid quelques uns de ses représentants n’ayant pas encore le chauffage central dans leurs cartons, ces racines, ces coutumes et ces traditions ne sont pas les nôtres.

Ce qui prouve sans aucun doute que l’indigène a l’esprit rebelle.

L’indigène est aussi, à l’exception notoire de Bison fûté, très mal informé.

Vous allez rire, mais il n’a jamais entendu parler du café de la gare de Bécon les Bruyères, pourtant très proche de la gare de même nom ! C’est pourtant universellement reconnu depuis des années, certainement par manque d’esprit d’initiative ou par facilité, l’homme civilisé s’ingénie à installer des gares au plus près des cafés de la gare.

Autre preuve de son ignorance, l’indigène ne connaît même pas les premières mesures de la 9ème symphonie de Beethoven : il vaut mieux entendre ça que d’être sourd mais tout de même ! D’autant que ça perdure depuis des siècles, les conquistadors espagnols avaient déjà fait le même constat.

En plus de ses coutumes atypiques, l’indigène s’affuble très souvent d’une tenue indécente et n’est qu’exceptionnellement habillé par Jean-Paul Gauthier. Là où l’homme civilisé porte une plume sur son chapeau, l’indigène, lui, porte la plume dans les cheveux : c’est à ce genre de détail que l’on mesure l’écart de civilisations.

Et entre nous, c’est ridicule ! Comment voulez-vous présenter vos papiers à un contrôle routier alors que vous vous trouvez en tenue d’Adam ?

L’indigène, pour vivre, à la fois par habitude et par un manque criant de supérettes à proximité, est amené à recourir à la chasse avec les moyens du bord, même s’il n’a pas d’embarcation. Et comme le dit le dicton : qui va à la chasse perd sa place. C’est ce qui expliquerait la colonisation pour certains ethnologues ayant fourbi leurs premières armes dans l’œnologie. En d’autres termes, il s’agirait d’une colonie de vacance.

Mais en dépit de tous ces constats et en fin de compte, c'est-à-dire aux alentours du 20 du mois, on éprouve une certaine tendresse pour les indigènes. On passe même nos vacances chez eux.

On se dit qu’il sont un peu nos frères. Personnellement, je trouve qu’ils ressemblent plutôt à mon beau-frère.

Et si le monde tournait plus rond le jour où les indigènes civilisés trouvaient que les autres indigènes ressemblaient tous un peu à leur beau-frère ?

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