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J'ai perdu la recette...


casper2

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Membre, Posté(e)
casper2 Membre 85 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Je passais ici par hasard, j'ai vu de la lumière et je suis entré.

Mais il n'y a personne alors je me suis assis près de la cheminée, pour me réchauffer.

Après m'etre un peu reposé, il faut que je reprenne la route. Et pour vous remercier, comme je n'ai pas d'argent, je vous laisse ces quelques mots, ces quelques phrases que je vous jette en pature.

Désolé si je vous ai dérangé.

"

Autrefois, j'étais jeune et beau mais c'était il y a bien longtemps.

C'était le temps où il faisait bon vivre, la vie était si belle.

Elle me cajolait, elle prenait bien soin de moi.

Je brillais sous ses mains délicates qui me caressais amoureusement pour m'entretenir dans le meilleur état.

Souvent elle avait besoin de moi, car sa famille était bien grande et sa table très bien garnie.

La nourriture et sa cuisine faisait le régal de tout le monde après une longue journée de dur labeur, surtout les soirs d'hiver.

Alors imaginez dès que vous entrez dans la pièce, cette odeur qui vous fait immédiatement saliver.

Une simple odeur de soupe qui mijote doucement sur un feu léger qu'on entend à peine crépiter.

Comme l'odeur, ce feu vous réchauffe le coeur et une sensation de bien etre vous envahie autant que la fatigue qui vous terrasse maintenant, en prenant place à table.

Moi je me régale déjà, c'est le bonheur absolu, dans une atmosphère si paisible, je donne le meilleur de moi-meme.

Je sens le bouillon frémir sous la douce chaleur des flammes qui me chauffe lentement depuis plus d'une heure.

En effet, elle prenait bien le temps de faire cuire ses légumes cueillis dans le jardin ce matin, avec son petit morceau de lard.

Il faut peu de chose quand on sait où se trouve le bonheur.

Un petit feu dans une cheminée, un joli chaudron de cuivre et quelques légumes qui y mijotent doucement.

Mais malheureusement, à cause du temps qui passe, j'ai oublié et perdu la recette de cette magnifique soupe...

C'était il y a trop longtemps.

Car aujourd'hui, pour moi c'est la soupe à la grimace.

Je me sens vieux, usé, aigri par la vie.

Je ne brille plus, je suis cabossé de partout.

J'ai trop servi et je suis couvert de vert de gris.

Et avec la vie de nos jours, où tout va trop vite, je ne servais plus à rien et l'on m'a remisé au fond d'un placard pendant des années.

Il aura fallu qu'une fouineuse de grenier me ressuscite un jour de pluie.

Elle a du m'astiquer beaucoup pour que je retrouve quelques couleurs, que je redevienne un peu ce que j'étais.

Puis elle a eu une drole d'idée d'essayer de refaire la soupe d'antan...

Mais comme je vous l'ai déjà dit, j'ai perdu la recette.

En plus, le feu n'est plus là pour m'aider.

Elle m'a posé directement sur une plaque électrique qui me brule bien trop fort.

Alors en moi, sous le couvercle, bouillonnent les légumes qui commencent à bruler.

C'est une légère odeur de cramer qui va se répandre dans l'air de cette minuscule cuisine d'HLM mal aérée.

Je sens en moi le malaise s'installer.

Cela sent de plus en plus mauvais, pour ne pas dire que ça commence à puer.

C'est devenu une infame mixture qui me brule depuis le fond jusque sous le couvercle qui voudrait se soulever.

Mais il vaudrait mieux que celui-ci soit bien posé car ce qui pourrait s'en échapper est si écoeurant.

Cela s'est transformé en une bouillie purulente et nauséabonde digne d'une recette de vieille sorcière.

Quelle horreur, c'est immonde, mais c'est bien ce que je ressens en moi, maintenant.

Et il n'y a aucune soupape de sécurité, aucun moyen d'évacuer un peu de ce trop plein de dégout.

Au risque d'etre éclaboussé et brulé au troisième degré, personne ne peut plus oser s'approcher de cette vieille marmite abandonnée et prete à exploser.

L'odeur est devenue tellement forte et suffocante qu'il va falloir meme évacuer...

On est bien loin de ce bonheur d'autrefois.

Si seulement, je n'avais pas perdu la recette..."

Navré pour les nombreuses fautes.

L'essentiel est de se comprendre.

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Membre, Dingotte à plein temps !, 95ans Posté(e)
Evasive Membre 19 608 messages
95ans‚ Dingotte à plein temps !,
Posté(e)

Comme ton texte est touchant, un instant, j'ai cru voir réapparaître un temps, ce temps que l'on croyait perdu, de te lire, tu l'as un peu fait renaître....

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Invité château
Invités, Posté(e)
Invité château
Invité château Invités 0 message
Posté(e)

rien à voir bien sûr avec l'expression bien connue : c'est dans la vieilles marmites... euh bien sûr, expression tellement connue que je me rappelle plus la suite, par contre sinon sur un registre moins sérieux y a cette vidéo pas mal :

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Invité nonnina
Invités, Posté(e)
Invité nonnina
Invité nonnina Invités 0 message
Posté(e)

recette perdue pour moi aussi...

mais j'ai senti les effluves de cette soupe d'antan

faite par ma grand-mère lorsque j'étais enfant...

on peut s'en faire du souci...

personne, au grand jamais...

ne saura où la chercher

de Paris à Montpellier

ou de Nice à Rambouillet...

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Membre, nyctalope, 40ans Posté(e)
Criterium Membre 2 874 messages
40ans‚ nyctalope,
Posté(e)

Oh, j'aime bien. ¿ Dès que le petit jeu psychologique prend (le fait de croire au début que l'on parle d'un vieil homme qui se souviendrait de ses vertes années, ou quelque chose comme cela, de très anthropocentrique finalement), et permet de ressentir physiquement le moment où l'on réalise que l'on était induit en erreur, et la chute, et les odeurs évoquées, c'est que peu importe la faute au mot "cramé", c'est plaisant. L'essentiel est de se comprendre dès lors qu'il y a quelque chose à comprendre ¿ là il y en avait, donc j'ai apprécié la lecture.

:cray:

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Membre, 37ans Posté(e)
Ozmaestro Membre 413 messages
Baby Forumeur‚ 37ans‚
Posté(e)

J'ai apprécié également...Sauf cette expression qui me sort par tous les trous: Il fait bon vivre (même si c'était pour nous induire en erreur sur le sujet qui parle) Alors que le reste est si doux.

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Membre, Posté(e)
casper2 Membre 85 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bien, bien, bien...

Comme je vous aime bien, j'ai envie de vous en remettre une petite louche.

Enfin, plus exactement aujourd'hui, je devrais plutot dire une petite couche.

"

Touché encore à nouveau, mais cette fois en pleine face, je vacille doucement.

J'ai mis un genou à terre. Je suis saoulé de coups. J'ai la tete qui tourne.

Mes oreilles bourdonnent. Je n'entends plus rien, qu'un vacarme lointain en bruit de fond.

Je suis trempé de sueur. J'ai trop chaud. Je ne sens plus aucun de mes muscles car je suis épuisé. Il y a trop longtemps que je suis là à lutter de toutes mes forces. Mais là, je sens que je suis au bout, que je vais m'écrouler, épuisé et touché pour de bon.

J'ai mal, tellement mal que je vais me coucher, j'ai sans doute perdu.

Je suis un perdant car à cet instant, je souffre trop pour ne pas espérer que cela se termine enfin.

Mais soudain la foule se remet à hurler de plus belle bruillamment, huant et sifflant. Dans le brouillard complet, j'ai quand meme cru percevoir le bruit du gong de la fin de round retentir. Sauver par le gong, comme on dit si bien, alors que l'arbitre était en train de me compter...

Et là je me relève très péniblement pour rejoindre mon coin où je vais pouvoir un peu souffler. Voila, j'y suis enfin. Je m'affale sur le tabouret. Je ne suis plus en état de penser, je suis dans le cirage. On me passe sur le visage, l'éponge miracle.

Cela me fait beaucoup de bien, je savoure les yeux fermés.

En meme temps, j'entends une voix qui me parle. Je l'entends à peine, mais elle m'encourage. Elle me dit que je dois continuer à me battre. Elle me dit que je n'ai pas le droit d'abandonner, que ce serait stupide après avoir pris tous ces coups jusqu'ici. Elle me dit que je peux encore gagner si je résiste encore, qu'il faut que je crois en moi, toujours. Elle me dit que la victoire est au bout, mais qu'il faut que je serre les dents pour encaisser des coups encore et encore...

Elle me dit que je serais alors récompensé car ce sera la plus belle des victoires.

Les plus belles victoires sont celles obtenues dans les pires difficultés alors que l'on pensait les avoir perdues.Et que j'en serais fier tout le restant de ma vie...

Tout en me disant cela, elle me passe l'éponge humide sur mon visage qui est terriblement tuméfié. Je dois faire peur à voir. Mes pommettes, mes lévres, et mon nez sont déformés tellement ils sont enflés, probablement ensanglantés.

La fraicheur devrait me soulager mais l'éponge passe et presse chacun de mes bleus qui me rapellent aussitot à la dureté de ce que je viens de subir.

Et donc malgré cette voix, ma raison me crie de renoncer, d'arreter ce massacre, de ne pas y retourner.

Cette minute de repos m'a paru une éternité mais elle est terminée.

Car j'entends à nouveau le gong résonner et le public s'enflammer.

C'est le début du prochain round.

Je ne sais pas pourquoi ni comment mais je me lève et m'avance vers le centre du ring, à nouveau la tete baissée entre mes gants. Je ne sens plus mes jambes mais elles me portent encore et je retourne au combat...

Quelle est et d'où vient cette force qui me pousse ainsi?

Je ne sais pas.

Je ne saispasnon plus quelle sera l'issue de ce combat car il n'est pas terminé, mais je me battrais jusqu'à la dernière extrémité, porté par cette force insoupçonnée qui est en moi...

Dans la peau de ce boxeur au beau milieu d'un furieux combat acharné.

Mais je me pose la question de savoir où toi, tu te trouves dans cette histoire.

Quel est ton role, quelle est ta place?

Es-tu dans le public en train de hurler en me regardant me faire défoncer le portrait?

Es-tu en train de crier pour m'encourager?

Ou es-tu dans un coin de la salle pour pleurer en me voyant ainsi souffrir?

Ou était-ce toi qui me passais l'éponge sur le visage et qui me parlais afin de me redonner courage?

Es-tu l'arbitre qui va me compter si je finipar céder?

Ou est-ce toi qui etait là dressée face à moi sur ce ring?

Moi je le sais.

Sinon d'où proviendrait cette force...

"

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Invité nonnina
Invités, Posté(e)
Invité nonnina
Invité nonnina Invités 0 message
Posté(e)

Je n'ai pas ton talent, mais je vais essayer...de te réconforter...

Elle était là, dans le fond de la salle

Elle a souffert avec toi,

Elle a cru en ta victoire

Elle a crié en te voyant chanceler

Elle a pleuré en te croyant vaincu

Elle a espéré en voyant te relever

Elle a pensé si fort que tu l'as entendue...

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Membre, 35ans Posté(e)
leb106 Membre 40 messages
Baby Forumeur‚ 35ans‚
Posté(e)

C'est très touchant, j'ai aimé rien à ajouter ...

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Membre, Posté(e)
fille du peuple Membre 73 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)
Je passais ici par hasard, j'ai vu de la lumière et je suis entré.

Mais il n'y a personne alors je me suis assis près de la cheminée, pour me réchauffer.

Après m'etre un peu reposé, il faut que je reprenne la route. Et pour vous remercier, comme je n'ai pas d'argent, je vous laisse ces quelques mots, ces quelques phrases que je vous jette en pature.

Désolé si je vous ai dérangé.

Beaucoup aimé cette avalanche d'images et de douceur.

"

Autrefois, j'étais jeune et beau mais c'était il y a bien longtemps.

C'était le temps où il faisait bon vivre, la vie était si belle.

Elle me cajolait, elle prenait bien soin de moi.

Je brillais sous ses mains délicates qui me caressais amoureusement pour m'entretenir dans le meilleur état.

Souvent elle avait besoin de moi, car sa famille était bien grande et sa table très bien garnie.

La nourriture et sa cuisine faisait le régal de tout le monde après une longue journée de dur labeur, surtout les soirs d'hiver.

Alors imaginez dès que vous entrez dans la pièce, cette odeur qui vous fait immédiatement saliver.

Une simple odeur de soupe qui mijote doucement sur un feu léger qu'on entend à peine crépiter.

Comme l'odeur, ce feu vous réchauffe le coeur et une sensation de bien etre vous envahie autant que la fatigue qui vous terrasse maintenant, en prenant place à table.

Moi je me régale déjà, c'est le bonheur absolu, dans une atmosphère si paisible, je donne le meilleur de moi-meme.

Je sens le bouillon frémir sous la douce chaleur des flammes qui me chauffe lentement depuis plus d'une heure.

En effet, elle prenait bien le temps de faire cuire ses légumes cueillis dans le jardin ce matin, avec son petit morceau de lard.

Il faut peu de chose quand on sait où se trouve le bonheur.

Un petit feu dans une cheminée, un joli chaudron de cuivre et quelques légumes qui y mijotent doucement.

Mais malheureusement, à cause du temps qui passe, j'ai oublié et perdu la recette de cette magnifique soupe...

C'était il y a trop longtemps.

Car aujourd'hui, pour moi c'est la soupe à la grimace.

Je me sens vieux, usé, aigri par la vie.

Je ne brille plus, je suis cabossé de partout.

J'ai trop servi et je suis couvert de vert de gris.

Et avec la vie de nos jours, où tout va trop vite, je ne servais plus à rien et l'on m'a remisé au fond d'un placard pendant des années.

Il aura fallu qu'une fouineuse de grenier me ressuscite un jour de pluie.

Elle a du m'astiquer beaucoup pour que je retrouve quelques couleurs, que je redevienne un peu ce que j'étais.

Puis elle a eu une drole d'idée d'essayer de refaire la soupe d'antan...

Mais comme je vous l'ai déjà dit, j'ai perdu la recette.

En plus, le feu n'est plus là pour m'aider.

Elle m'a posé directement sur une plaque électrique qui me brule bien trop fort.

Alors en moi, sous le couvercle, bouillonnent les légumes qui commencent à bruler.

C'est une légère odeur de cramer qui va se répandre dans l'air de cette minuscule cuisine d'HLM mal aérée.

Je sens en moi le malaise s'installer.

Cela sent de plus en plus mauvais, pour ne pas dire que ça commence à puer.

C'est devenu une infame mixture qui me brule depuis le fond jusque sous le couvercle qui voudrait se soulever.

Mais il vaudrait mieux que celui-ci soit bien posé car ce qui pourrait s'en échapper est si écoeurant.

Cela s'est transformé en une bouillie purulente et nauséabonde digne d'une recette de vieille sorcière.

Quelle horreur, c'est immonde, mais c'est bien ce que je ressens en moi, maintenant.

Et il n'y a aucune soupape de sécurité, aucun moyen d'évacuer un peu de ce trop plein de dégout.

Au risque d'etre éclaboussé et brulé au troisième degré, personne ne peut plus oser s'approcher de cette vieille marmite abandonnée et prete à exploser.

L'odeur est devenue tellement forte et suffocante qu'il va falloir meme évacuer...

On est bien loin de ce bonheur d'autrefois.

Si seulement, je n'avais pas perdu la recette..."

Navré pour les nombreuses fautes.

L'essentiel est de se comprendre.

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Membre, Posté(e)
casper2 Membre 85 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

"

Casper, tu connais?

C'est un fantôme, mais un gentil fantôme.

Il n'est pas là pour te faire peur.

Il préfèrerait disparaître plutôt que de te faire peur.

Alors comme tous les fantômes, il est nulle part et partout à la fois.

Il peut être là, tout près de toi, tu dois pouvoir parfois ressentir sa présence.

Il te suffit de fermer les yeux et de penser fort à lui et il apparaîtra sous n'importe quelle forme autour de toi.

Il se transformera à partir des volutes de fumée qui émane du feu qui brûle en toi et qui se consume lentement mais sûrement.

Et tant que ce feu ne sera pas définitivement éteint, il sera toujours là, quelque part près de toi...

Alors, regardes bien, c'est peut-être lui qui te fixe avec les yeux de ton chat.

Car il adore venir se blottir dans tes bras et ronronner sous tes douces caresses.

Ou alors, c'est encore lui là, le papillon qui batifole autour de toi et qui s'éloigne tranquillement, volant de fleur en fleur.

A moins que même parfois, tu le sentes directement quand il se transforme en courant d'air.

Ainsi il peut effleurer ta peau ou passer ses mains dans les mèches de tes magnifiques cheveux blonds.

Mais le moment qu'il préfère, c'est quand il vient s'allonger à tes cotés lorsque tu dors.

Tu es si belle à ce moment là, tu as l'air si heureuse, si paisible.

Parfois, on dirait que tu souris.

Si ça se trouve, c'est avec lui que tu es dans tes rêves aussi...

Il ne voudrait surtout pas te réveiller mais son ardent désir de venir te toucher devient si fort que c'est encore lui, cette mouche ou ce vilain moustique qui viennent t'agacer en bourdonnant autour de tes oreilles.

Il est donc là qui rôde autour de toi et qui attend sagement que tu lui demandes de réapparaître définitivement.

Mais il a tout son temps, il a l'éternité car c'est un fantôme et qu'il t'aime pour toujours.

Alors, n'ais pas peur, ni de lui, ni du temps qui passe car si l 'amour est grand, si l'amour est fort, alors l'amour vaincra.

Rien, ni personne ne pourra l'empêcher de rester à tes cotés si tu le veux vraiment.

Il est là, tu le sais...

Mais toi, qui cherches sans doute à l'oublier, tu l'as peut-être déjà esclaffer comme une merde qu'il est...

"

Désolé pour vous, mais je m'incruste, somme toute logique pour un fantôme.

Et en plus il fait de l'esprit, pffffffffff...

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Membre, Posté(e)
casper2 Membre 85 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

"

Cela fait des jours qu'il n'a pas plut. L'été tant attendu, est enfin revenu. Il fait très chaud maintenant. Du coup, cette chaleur torride arrive jusqu'à elle et la tire de son sommeil. Elle se réveille, en se disant aussitôt que le grand jour est là.

Ce jour dont elle a rêvé depuis des années est arrivé. Elle est si heureuse, si excitée à l'idée de ce qui va se passer. Elle va enfin pouvoir sortir de sa prison, libre d'aller s'éclater, de profiter de sa nouvelle vie, sans aucun doute merveilleuse, qui l'attend désormais. Elle est pressée de s'échapper d'ici mais ces derniers instants vont être vraisemblablement les plus difficiles. Mais elle sait exactement ce qu'il lui reste à faire, elle s'y prépare depuis si longtemps. Elle est prête...

Le sol est sec, dur mais aussi craquelé de petites crevasses qui vont l'aider à s'extirper de son petit trou où elle se cache. Ce trou qui la protégeait mais qu'elle ne supporte plus maintenant, sortir de cette prison au plus vite. Mais il va falloir creuser quand même longtemps avant d'atteindre la surface. Après des heures d'efforts, la voila qui perce la terre. Elle s'arrête immédiatement, bloquée à la fois par cette lueur brillante qui jaillit en l'aveuglant. Mais aussi, par la peur qui l'envahie car elle se souvient juste à cet instant, des mises en garde que l'on n'a pas cessé de lui prodiguer durant toutes ces années. Le monde est truffé de tous ces dangers...

Elle reste là, immobile, n'osant plus franchir le seuil de ce nouveau monde. Mais cela ne durera que le temps pour ces yeux de s'adapter à cette luminosité inhabituelle et d'observer discrètement les alentours. La peur s'est vite estompée, remplacée par l'envie de partir à l'aventure, découvrir ce gigantesque monde qui s'ouvre devant elle. Conquérir le monde, elle sent qu'il lui pousse des ailes. Doucement, la voilà qui sort...

Rien ne bouge autour d'elle, heureusement car il n'y a aucun témoin pour ce qui ressemble à une naissance, sa naissance.

Lentement, elle se dirige et grimpe sur la première tige qui se dresse devant elle. Ce sera une grande tige de fenouil déjà un peu sèche et jaunie. Alors elle grimpe, grimpe encore, car il faut qu'elle monte au plus près du soleil. C'est lui qui l'a tiré de son si long sommeil et c'est lui dont elle a tant besoin, la chaleur de ses rayons...

Elle est en place, elle va pouvoir se débarrasser de cette peau qui la serre et qui l'étouffe telle une camisole qui lui rappelle sa géôle dont elle vient à peine de se libérer. En ôtant cette peau, pour elle, c'est aussi une façon de jeter définitivement son passé si noir, si triste, dont elle veut tout oublier. Renaître à la vie, sans rien sur le dos, nue...

Entièrement nue.

Voila, elle s'oriente et s'expose au soleil, maintenant entièrement nue..., et verte.

Oui, totalement verte, d'un très beau vert comme celui d'une pomme pas encore mure. Sa peau est verte mais toute fripée, encore chiffonnée par ce carcan trop étroit dont elle s'est enfin sortie. Elle s'épanouie maintenant, en déployant doucement ses grandes ailes nervurées. Elle est si jolie. Elle est si belle qu'elle attire toutes les convoitises telle une grosse pépite d'or qui brille sous le soleil...

Mais c'est précisément à ce moment qu'elle est si fragile, sans aucune défense. Elle ne peut pas encore s'envoler, elle n'est pas prête. Ainsi exposée, alors qu'on sait qu'il y a tous ceux qui rodent autour, prêt à nous tomber dessus, quelle angoisse, ce doit être horrible à vivre. Il est pourtant difficile de savoir ce qu'on doit vraiment ressentir lorsqu'on est si vulnérable et à la merci de n'importe qui. Savoir que l'on ne pourra rien faire, aucun moyen de fuir, et subir si par malheur...

Alors elle se fait toute petite, ne bouge plus, aussi discrète que possible et elle attend que le soleil finisse son oeuvre. Elle change de couleur, brunie enfin. Elle va bientôt pouvoir prendre son envol. Et même si c'est vers un monde inconnu qui l'effraye aussi, comment ne pas profiter de sa nouvelle vie après une telle angoisse. D'autant qu'elle sait qu'elle sera de toute façon éphémère, n'allant pas au-delà de l'été. Elle sait que le bonheur est là qui l'attend et c'est maintenant. Soudain, elle s'envole vers l'inconnu, mais enfin libre...

Elle est libre mais seule au monde. Elle se sent seule et ne sait pas comment se démarquer de toutes ses semblables qui sont des milliers, des millions. Comment se faire remarquer, sortir de l'anonymat?

Et comme toutes les autres, elle fait la seule chose qu'elle sait faire. Elle se met à chanter. Elle chante, comme toutes les cigales en été...

Mais chanter sera-t-il suffisant pour attirer à elle le prince charmant dont elle a toujours rêvé?

Sans aucun doute, car elle a une voix certes peu ordinaire et qu'elle n'aime pas, mais qui fait d'elle une cigale extraordinaire et unique, dont le destin sera inévitablement différent.

Un destin différent mais qui, je l'espère, sera surtout merveilleux car elle le mérite...

Et c'est grâce à sa voix, qu'il la reconnaîtra et la retrouvera n'importe où qu'elle soit.

"

Vivement que l'été revienne!

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Membre, Dingotte à plein temps !, 95ans Posté(e)
Evasive Membre 19 608 messages
95ans‚ Dingotte à plein temps !,
Posté(e)

Oh ben....je suis sans voix, merci toi !.

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Membre, Posté(e)
casper2 Membre 85 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

"

Comment je suis arrivé ici?

Je ne comprends pas.

Depuis combien de temps, je suis là?

Je ne sais pas.

Je n'ai aucune notion du temps qui passe. La seule chose que je sais, c'est que ça doit faire assez longtemps car je suis mort de faim. Je mangerais n'importe quoi. Par moment, je ne pense plus qu'à ça. Manger...

Le reste du temps, je me demande pourquoi et comment, je me retrouve dans cet endroit que je ne connais pas, sous cet arbre. Au début, de toutes mes forces, j'ai hurlé et tiré sur cette corde qui m'étrangle atrocement. Je me suis presque étouffé de rage. Mais comprenant que je ne pouvais plus rien faire, je me suis effondré, puis couché, recroquevillé sur moi-même. Je n'ai plus bougé. J'ai juste écouté le lourd silence qui m'entoure. Je n'entends rien, aucun bruit familier, autre que celui d'une petite brise irrégulière. Je suis seul dans un endroit inconnu, attaché à un arbre...

Pourquoi?

Je ne comprends pas.

Je rumine tout ça. Tout s'embrouille dans ma petite tête. Je repense à toute ma vie, plutot tranquille et paisible jusqu'ici. Mais rien qui puisse justifier d'en arriver là, ça ne colle pas du tout. Quelque chose m'échappe, c'est certain, mais quoi?

Qu'ai-je donc pu faire de si terrible pour être puni ainsi?

Car je dois être puni pour que tu m'ais ainsi attaché à cet arbre. Toi qui m'a emmené ici, pourquoi tu ne m'as rien dit en partant, presque en courant et sans te retourner une seule fois?

Pourquoi tu m'as laissé là sans rien dire?

Qu'as-tu à me reprocher pour me faire ça?

Pourquoi me punir ainsi, si je ne le mérite pas?

J'ai le sentiment d'avoir été condamné sans avoir été jugé, d'avoir commis une faute sans même savoir laquelle. C'est une horrible impression qui me ronge de l'intérieur.

Qu'as-tu donc à me reprocher?

Moi qui t'aime et qui te le prouve chaque jour. Tu n'auras jamais quelqu'un d'aussi fidèle que moi. Tu sais à quel point je t'aime et que je donnerais ma vie pour toi. Sans toi, je ne suis plus rien et je suis totalement perdu. Alors aimer est-il un crime pour que je me retrouves ici?

C'est impossible, on ne m'a jamais dit qu'aimer était condamnable.

Je ne connais personne dans ce cas-là.

Il doit y avoir autre chose, mais quoi?

Je ne comprends pas...

A moins que tu m'ais attaché là pour être sure de me retrouver quand tu reviendras. Tu es partie, je ne sais où et tu viendras me rechercher à ton retour, c'est surement ça. Tu avais l'air si pressée en partant. Il ne faut donc pas que je quitte cet endroit coûte que coûte. Et si quelqu'un me trouve et me libère, je ne devrais surtout pas le suivre même si c'est pour qu'il me donne à manger.

Finalement cet endroit n'est pas si mal, le coin est ombragé pour la journée et la nuit, l'arbre me protège un peu du froid. Je n'ai plus qu'à attendre patiemment ton retour qui ne tardera pas. J'ai entièrement confiance en toi. Je te connais, tu es si gentille. Comment ai-je pu imaginer que tu puisses m'avoir trahi et abandonné ici?

J'ai tellement honte de moi d'avoir seulement penser à cela. Je vais pouvoir me reposer et m'endormir en étant certain que tu seras là à mon réveil.

Si j'arrive à m'endormir car j'ai si faim...

_ Dis maman, t'as vu, là, il y a un chien couché sous l'arbre.

_ Restes ici, ne t'approches pas!

_ Pourquoi y bouge pas? Il est tout maigre. C'est quoi cette odeur? Heuuurk ça pue.

_ Allez viens ici, surtout ne le touches pas, il est mort.

_ Il est mort de quoi?

_ Je sais pas, il est mort de faim sans doute, on dirait un chien abandonné.

_ Oh le pauvre. Pourquoi on l'a abandonné?

_ J'en sais rien, comment tu veux que je le saches, c'est comme ça, c'est tout.

_ Je comprends pas.

_ Moi non plus, je comprends pas...

"

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Membre, Posté(e)
casper2 Membre 85 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

"

Je suis en train de vivre les pires heures de ma vie. Je ne leur pardonnerais jamais ce qu'ils nous ont fait. J'ai la haine et la rage comme jamais. Je suis devenue complètement hystérique et ils m'ont enfermée dans cette petite cellule merdique. Coincée ici, je suis totalement désespérée. Oh, ce n'est pas tant d'être assise sur cette planche qui fait office de lit, ni ces odeurs acres d'urine et de vomis, qui m'accablent, car ce n'est pas la première fois que je me retrouve ici, mais c'est surtout ce qui vient de se passer...

Qui pourrait me comprendre?

Qui pourrait savoir ce que je ressens depuis cet instant?

Certainement pas eux, ils ne sont pas là pour me comprendre, ce n'est pas leur boulot. Eux, ils me méprisent sans doute autant que moi je les méprise. En principe, je me mords la langue, je ferme ma gueule. Je suis docile car je ne veux pas perdre trop de temps et surtout d'argent si durement gagné. Mais cette fois, je n'ai pas pu me retenir, je leur ai craché à la figure, je me suis débattue, je les ai insultés de tous les noms d'oiseaux que je connaissais. Une vraie furie, ils n'en revenaient pas tous ces cons, moi si tranquille habituellement. Maintenant, ils vont en profiter pour se venger. Ils vont me le faire payer au prix fort. Pour eux, je ne suis qu'une trainée, qu'une sale petite pute. Je le vois dans leurs yeux. Pourtant ce ne sont pas les derniers à venir nous voir...

Oui c'est vrai, je me prostitue. Et ce depuis que je suis partie de chez mes parents. Enfin, plus exactement depuis que mes parents m'ont foutue à la rue quand ils ont su. Alors je n'ai pas trop eu le choix avec ce que j'avais, enceinte, à peine à 18 ans. Il a bien fallu que je me démerde.

Comment auriez-vous fait avec bientôt un marmot sur les bras, seule, à la rue, sans un sou, sans travail, sans ami pour vous aider?

Il fallait bien survivre. Je n'allais pas l'abandonner. Alors oui, je l'ai fait...

Inutile de dire que ce ne fut pas facile. C'est horrible évidemment. Pourtant ça fait déjà plusieurs années que ça dure. Mais même encore aujourd'hui, parfois de sentir l'haleine d'un de ces gros porcs qui me passe dessus, je sais que je ne m'y ferais jamais. C'est pour cela que j'ai aussi fini par plonger dans la came. Et oui, je me drogue. Comment supporter cette vie sans ça?

Je le fais pendant que mon petit bout de chou dort, ou quand il est à l'école. Comme ça, il ne me voit pas dans cet état lamentable. Quand je suis défoncée, je ne pense plus à tout ça. Mais la drogue ça coûte cher alors...

C'est un cercle vicieux, dans lequel je suis tombée. Ca a fini par se voir. Il a fallu que ces cons de voisins s'en mêlent. On ne leur avait rien demandé à ceux là. Après, ç'a été au tour d'une assistante sociale que j'ai mise direct dehors. Et puis un beau jour elle est revenue, avec eux. Ce matin...

Ils sont venus le chercher. Mon petit homme, mon amour, mon bébé. Ils me l'ont arraché des bras. Dans des hurlements atroces, il s'est accroché à moi et je me suis accrochée à lui tant qu'on a pu. Mais ils me l'ont arraché des bras comme on vous arrache le coeur. Il criait, il hurlait, il pleurait. Je criais, je hurlais, je pleurais...

Imaginez ce que vous avez pu ressentir la première fois que vous avez laissé votre enfant à l'école. Sauf que là, on ne vous le prend pas juste pour une petite journée et surtout pas comme ça, pas de force. Je crois qu'il y a des choses que l'on ne peut comprendre que si on les a vécues. On ne peut pas imaginer la douleur, le mal que ça peut faire. Nul besoin de barbares et de guerres pour faire souffrir...

Alors qui peut savoir et comprendre ce que j'ai pu ressentir à cet instant?

Certainement pas eux. Sinon, ils me l'auraient laissé. Eux, ils se cachent derrière leurs bureaux avec leurs textes de loi qu'ils appliquent en fermant les yeux. Comment font-ils pour rester sourds et aveugles devant une telle souffrance?

N'ont-ils pas de conscience? Comment font-ils pour se regarder dans une glace après ce qu'ils ont fait? Qui sont-ils et de quel droit peuvent-ils juger que je ne suis pas une bonne mère? Alors pourquoi enlever un enfant heureux des bras de sa mère contre leur gré? J'ai beau être qu'une pute camée, je préfère être à ma place qu'à la leur...

Moi, qui me sacrifie pour lui, mon enfant, mon amour. La seule chose qui m'importe sur cette terre. Il est ma chair, je lui ai donné le sein. Depuis le premier jour, il a reçu tout mon amour. C'est un enfant heureux. C'était un enfant heureux...

J'ai envie de tous les tuer. A commencer par mon père, et ma mère, sans qui tout ça ne serait pas arrivé. Je suis une bien meilleure mère qu'elle finalement. Et puis tout ceux que j'ai déjà cités. J'ai la haine et la rage contre eux, et je suis désespérée.

Voilà à quoi je pense dans ma petite cellule...

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casper2 Membre 85 messages
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Je me suis fait réveiller par des cris que j'ai cru entendre au loin. Ces cris longs déchiraient la nuit par intervalles réguliers, entrecoupés de terribles silences. Impossible de définir d'où ils venaient. Cela paraissait tellement irréel que je pensais que j'étais encore dans mes rêves. Je ne suis même pas certain de les avoir vraiment entendus. Je crois pourtant avoir essayer d'y répondre mais sans succès. Je n'ai pas crié assez fort cette fois là...

Mais depuis, je suis tel un loup solitaire dans une immense forêt au fin fond de l'Alaska, qui hurle dès le crépuscule venu. Et je hurle de toutes mes forces à la lune qui brille tout là-haut sans sourciller. Je hurle afin de me soulager du mal qui me ronge depuis trop longtemps. Mais elle reste sourde et ne me répond pas. Alors je continu de crier...

Je crie que je l'aime comme un fou. Oui, je suis un fou. Je le sais. Je le crie aussi au monde entier que j'emmerde royalement. Je suis fou, complètement fou d'elle, je l'aime, et je vous emmerde. Je voudrais que le monde entier le sache. Alors voilà, ce que je crie jusqu'à en perdre la voix, à en perdre haleine. Puis je m'effondre accroupie, les coudes sur les genoux et la tête entre les mains, et je pleure. Je sanglote en silence maintenant...

Car comme pour ce loup, mes cris qui se perdent en déchirant la nuit, ne servent à rien. Puisque personne ne les entend car je suis isolé dans mon trou perdu, loin de tout. Personne ne les entend, ou personne ne veut les entendre. Et si par hasard quelqu'un venait à les entendre, ses hurlements lugubres dans la nuit froide, il en aurait irrémédiablement peur. Car depuis toujours et dès tout petit, on a peur du grand méchant loup, ce monstre sanguinaire qui hurle le soir dans le noir. On a peur du noir, on a peur du loup, ce monstre, pourtant on ne l'a jamais vu...

On a peur de lui simplement parce qu'on ne le connait pas et surtout parce qu'on ne le comprend pas. Ou bien, c'est parce qu'on refuse de le comprendre. On ne sait pas pourquoi il crie si fort, au loin, on ne comprend pas et on a peur. Du coup, on se réfugie au fond du lit et on se cache la tête sous l'oreiller pour ne plus l'entendre. On veut l'oublier. Et même si le sommeil vient difficilement, quand on se réveille au petit matin, on est soulagé de ne plus l'entendre et de voir que le soleil brille à nouveau. Et surtout on n'en parle pas, à personne car on veut l'oublier, lui et surtout notre propre peur...

Et oui,on n'en parle pas aussi parce qu'on a honte de ses propres peurs. Pour les autres, on est un faible puisqu'on a eu peur. Alors on se réfugie dans la vie qui nous emmène dans son tourbillon et on l'oublie. Mais au fond de nous, quelque part dans la conscience ou dans le coeur, il est toujours là qui résonne avec notre peur. Et de temps en temps, on a l'impression de l'entendre au loin qui hurle encore et toujours...

Alors pourquoi criait-il ainsi? Appelait-il au secours? Avait-il mal quelque part? Ses cris étaient-ils des plaintes? Ou voulait-il simplement que l'on sache qu'il est là, qu'il existe, pour marquer uniquement son territoire?

Une chose est sure, c'est qu'on ne hurle pas ainsi sans raison. Mais si on ne le comprend pas, on ne peut rien y faire. Mais on a quand même des regrets de n'avoir rien fait pour le savoir, ou du moins pour qu'il arrête enfin de crier car il nous fait peur. Mais il est sans doute trop tard, il est trop loin, inaccessible. On ne peut plus l'atteindre, on ne peut plus rien pour lui, le mal est fait. Seul le temps qui passe pourra effacer tout ça...

On se raccroche à ça, on se raccroche à ce qu'on peut quand on a plus rien à faire, plus rien à dire. Oublier grâce au temps qui passe. Celui qui broie tout sur son passage, même les cailloux. Le temps qui passe...

Allié ou ennemi?

Je ne sais pas...

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casper2 Membre 85 messages
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Certains ont dit de moi que j'étais le plus grand, le plus beau et le plus vieux chêne de la région. Ils se sont battus pour moi, pour me sauver. C'est pour ça que je suis encore là, seul maintenant au milieu de ce très grand lotissement qui se construit. Les autres ont tous été rasés. Il ne reste rien de cette petite forêt où je suis né, il y a longtemps, c'est bien vrai.

Je ne me souviens plus très bien, ma mémoire est bien diffuse à mon age avancé. Issu d'un petit gland, j'ai lentement poussé. Il a fallu faire ma place entre les ronces et les fougères qui envahissaient cette terre non cultivée. Depuis, j'ai bien grandi pour atteindre le ciel et me rapprocher au plus près du soleil. J'ai déployé largement mes grandes branches en faisant de l'hombre tout autour de moi. Ainsi plus rien d'autre qu'un peu d'herbe rase n'a plus poussé sous moi. Le temps faisant le reste, je me suis retrouvé au centre d'une magnifique clairière très appréciée par les promeneurs.

Depuis ce temps là, j'en ai vu tant que je ne m'en souviens même plus. Cela allait de ceux qui faisaient une simple halte pour se reposer, les chasseurs pour déjeuner, les petites familles pour pique-niquer et bien sur les rendez-vous de jeunes amoureux. Alors je connais tous les gens d'ici et leurs petites histoires sur plusieurs générations. C'est peut-être pour cela qu'ils ont voulu m'épargner de ce massacre. Dommage...

En effet, malgré mon grand age, je suis encore robuste et la mort n'est pas prête à s'occuper de mon cas. Et même si ma mémoire est souvent défaillante, il y a des choses que je ne pourrais jamais oublier. Comme ces deux-là qui venaient se retrouver ici tous les Jeudis après-midi. Ils s'aimaient, bien évidemment, comme tous les autres, à cela rien d'exceptionnel. Mais je me souviens surtout d'elle car j'ai cru qu'elle m'aimait aussi. Je sais que ça parait complètement fou, je vous l'accorde. Mais alors, pourquoi ce jour-là, elle était venue seule, pour me voir? Elle m'avait d'abords enlacé puis embrassé et était restée à mes cotés pendant des heures sans me lâcher. Je m'en souviens comme si c'était hier, c'était un beau jour de printemps de l'année 1915. Par contre, je n'ai jamais compris pourquoi elle n'était jamais revenue et pourquoi ses yeux étaient mouillés en me quittant. Elle était sans doute venue pour me dire adieu...

Et puis, il y a eu ces deux autres-là. Ils étaient bien jeunes. Je m'en souviens très bien, là aussi. Mais c'étaient beaucoup plus récent. Eux venaient tous les Mercredis, dès qu'il faisait beau temps. Ils se donnaient aussi rendez-vous sous le grand chêne. Ils restaient là tout l'après-midi. Ils s'aimaient beaucoup aussi. Ils étaient adorables et si attendrissants tous les deux surtout au début. Timides, ils osaient à peine se toucher, s'embrasser. Ils sont venus pendant longtemps. Lui, était d'ici, elle non. Elle devait venir de très loin, d'un autre pays. Comment je le sais? Depuis le jour où elle lui a demandé de graver leurs prénoms sur mon écorce, comme le font souvent tous les amoureux. Il l'a fait dès le mercredi suivant, avec application et son petit canif. Il a sculpté un bien joli coeur, dans lequel il y a inscrit son prénom et le sien. Elle avait un prénom que je ne connaissais absolument pas et qui ne ressemblait à aucun autre prénom de par ici. Un si bien joli prénom, unique, inoubliable comme elle, elle était si belle. Alors comment j'aurais pu l'oublier quand bien même il ne me l'aurait pas gravé sur la peau au couteau...

Comme je me rappelle aussi de la dernière fois que je l'ai vue. C'était un soir d'été. Il faisait chaud et lourd, un soir d'orage. C'est lui qui est arrivé le premier, une bouteille à la main. Il était très heureux. Je ne m'attendais pas à le voir car il était bien tard, mais cela ne m'avait pas dérangé après tout ce vacarme et le feu dans le ciel. Ce n'était pas encore l'orage, mais simplement en Juillet, le 14, je crois. Elle, n'est pas arrivée de suite, elle avait eu beaucoup de retard. Elle avait eu du mal à s'échapper de chez elle, en cachette. Il avait donc eu tout le temps de boire et finir sa bouteille qu'il avait finalement jetée dans le fourré d'à coté. Il commençait à s'impatienter et à croire qu'elle ne viendrait pas. Sa colère montait en lui mais retomba aussitôt dès qu'il l'aperçue arriver. Inutile de se faire pardonner car ils s'étreignirent et s'embrassèrent immédiatement. Ils étaient si gais et joyeux. Ils riaient, ils piaffaient. C'était un soir de fête. Et comme bien souvent dans ces cas-là, ils se retrouvèrent enlacés et allongés sur l'herbe, et puis...

Et puis...

Elle avait un peu crié, et beaucoup gémi. Une fois terminé, il s'était relevé en rajustant son pantalon, l'air satisfait de lui. Puis il était reparti, un peu en titubant, la laissant là, à moitié nue. Recroquevillée, elle ne bougeait quasiment plus, secouée par quelques soubressauts provoqués par ses sanglots. Elle était restée là une longue partie de la nuit à pleurer, jusqu'au début de l'orage. Le ciel aussi pleurait si fort que mon feuillage transpercé, ne l'avait pas abritée très longtemps.

Ce n'est qu'une fois trempée et transie de froid qu'elle s'était enfin relevée pour rentrer. Elle, je ne l'ai jamais revue. Je ne sais pas ce qu'elle est devenue...

Lui, il est revenu deux ou trois jours plus tard. Cette fois, ce n'était pas une bouteille qu'il tenait à la main, mais une corde. Il l'a accrochée à une de mes grandes branches et il s'est pendu. Depuis ce jour et pendant plus d'une décennie, je n'ai plus vu personne venir ici. J'étais banni. Je suis resté seul avec mon secret si lourd à porter. Moi qui jusque là dressais fièrement toutes mes branches vers le ciel, ce fardeau accablant, les a faites pliées irrémédiablement vers le bas. C'est si dur de vivre avec ça. Si lourd...

C'est sans doute pour cela que quand les amoureux ont commencé à revenir, ils ne se donnaient plus rendez-vous sous le grand chêne mais sous le vieux chêne.

Et à chaque fois maintenant, j'ai peur, je frémi. Un tel souvenir, ça vous marque à vie, comme marqué au fer rouge. Cette marque au canif me brûle un peu plus chaque jour. Je ne pourrais jamais l'oublier. Il y a des choses que l'on n'oublie jamais. Le temps qui passe ne peut rien. Ce n'est pas un allié, c'est certain. Alors quand je les ai vus arriver armés de leurs tronçonneuses, je me suis dit, enfin...

J'aurais préféré finir dans les flammes d'une cheminée, l'enfer pour certains. Mais ils ont choisi de m'épargner et de me laisser pourrir sur cette terre. Avec mon secret, ce souvenir, c'est mon enfer. Mon enfer est ici sur cette terre. Il est inscrit là, sur mon tronc. Il porte leurs prénoms dans un petit coeur. Ils s'aimaient. Pourquoi alors, lui a-t-il fait ça? Je ne sais pas. Je ne comprends pas. Mais je n'oublierais jamais. Dommage qu'ils m'aient épargné...

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casper2 Membre 85 messages
Baby Forumeur‚
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Je suis bien. C'est étrange comme je me sens bien. Il faut que je savoure chaque seconde qui passe car cela ne dure jamais assez longtemps. Tout est si calme et paisible autour de moi. Ce n'est pas la première fois que je ressens une telle sérénité ici. Il faut dire que c'est l'endroit que je préfère et que j'ai toujours adoré. Heureusement d'ailleurs car quand j'y pense, c'est l'endroit où j'ai passé au moins le tiers de ma vie, soit plus d'un quart de siècle. Mon lit, j'adore mon lit. Combien de fois il m'a fallu le quitter avec regrets? Si souvent...

Bien au chaud, allongé sous les couvertures qui pèsent en hiver, alors que je sentais la fraîcheur de l'air ambiant dans le froid de la nuit, c'était si bon. Je n'aime pas le froid, je n'aime pas le noir de la nuit. C'était si difficile d'en sortir le matin. Mais le réveil qui sonne est là pour vous rappeler à la réalité. Il faut se lever, fini de rêver. Enfin, je dis ça, mais curieusement je ne rêve pas quand je dors. Ou plutôt, je rêve comme tout le monde mais je ne m'en souviens que très rarement en me réveillant. J'ai toujours trouvé cela très frustrant. C'est peut être pour ça que lorsque je me réveillais avant elle, je la regardais dormir. Je n'osais plus bouger pour ne pas la sortir de ses rêves. Son visage semblait si détendu. Parfois on aurait dit qu'elle souriait. Le simple fait de la voir, là, à mes cotés, respirer lentement sans bruit, était un pur délice. Elle est si belle. Sa peau est si blanche. Ses longs cheveux blonds sont éparpillés dans un désordre si naturel sur ses épaules nues et éclairées par les premiers rayons d'un soleil d'été. Des rayons qui transpercent la moindre fente des volets pour entrer dans la chambre, sont emplis de ces milliers de petits grains de poussières en suspension et qui scintillent. Pas question pour moi de rompre un tel instant de quiètude et de volupté. Je la laissais dormir en me disant que j'avais une chance incroyable de pouvoir profiter ainsi d'un tel spectacle. Je l'ai regardé ainsi des heures durant, jusqu'à ce que à chaque fois elle quitte enfin les bras de Morphée. Son réveil a toujours était un peu difficile. Souvent, émergeant lentement, après m'avoir fait un petit et timide sourire, elle venait se blottir contre moi, posant sa tête sur mon épaule. Je ne lui parlais pas tout de suite, son esprit étant encore trop embrumé. Quelques douces et tendres caresses la ramenaient lentement à moi. Je pouvais alors lui demandait de me raconter les rêves qu'elle avait pu faire. C'était amusant car ses rêves étaient toujours un peu bizarres, souvent sans queue ni tête. Mais au moins elle, elle en fait des rêves...

Cela dit, ne pas rêver a un certain avantage, c'est qu'on ne fait pas non plus de cauchemars. Ce n'est pas négligeable. D'autant que je crois que je ne rêve pas la nuit car je n'en ai jamais eu besoin. Car moi, je rêve tout éveillé. Dès que j'ai un moment de tranquillité, mon esprit s'évade et je rêve sans arrêt. Je rêve en marchant, au volant de ma voiture, en mangeant, au travail. Il suffit que je me retrouve seul un petit moment et ma machine à rêver se met en route. Inutile de préciser que je ne rêve que de belleschoses, jamais le moindre cauchemar à l'horizon évidemment. Que du bonheur en boite crânienne...

Pourtant, j'adore mon lit. C'est le début ou la fin de mes rêves. Entre les deux, je dors. Et quand je dors, je dors. Un peu comme un appareil ménager que l'on a débranché, même pas en veilleuse. Plus rien. Mon sommeil est sans doute comme une petite mort temporaire. Mort et temporaire sont deux mots qui pourtant ne vont jamais ensembles. Mais je me délecte de savoir que je vais le temps de cette petite mort temporaire, déconnecter mon esprit de cette réalité. Cette vie réelle est parfois si dure, si cruelle, si brutale, que je cherche sans cesse à m'y soustraire par mes rêveries. Alors rejoindre mon lit, et attendre ma petite mort en continuant mes petits rêves, est toujours un agréable moment. Jusqu'au réveil...

Je me sens bien, dans mon lit. Tout est calme autour de moi. Elle est là, je le sais. Elle a toujours était là. Je la sens, je la devine. Je fais semblant de dormir. Je l'entends qui marche à pas feutrés, qui chuchote. Je sais qu'elle a peur que je comprenne ce qu'ils se disent. Elle a peur que je le sache. Mais je le sais déjà depuis longtemps. Je le sais et je n'ai pas peur. C'est sûrement pour ça que je me sens si bien maintenant. A moins que ce soit à cause de cette dernière piqûre qu'ils m'ont faite. Depuis je ne sens plus rien, plus aucunes douleurs. Je ne sens même plus mon corps. J'ai l'impression de n'être déjà plus qu'un esprit sans corps. Ou peut être, avec juste une tête qui pense encore et avec des oreilles qui écoutent. Je sais que ma dernière heure est proche. Mais je n'ai pas peur de la mort. La mort n'est qu'un sommeil unpeu plus prolongé, un peu moins temporaire...

Je vais quitter cette réalité sans grands regrets. Je crois qu'on dit que l'on réalise si l'on a vraiment été heureux seulement au moment de mourir. Et je n'ai pas grand chose à regretter, j'ai bien vécu. J'ai eu beaucoup de chance, car j'ai rencontré l'amour de ma vie. Elle. Mon seul regret est de l'abandonner. Elle, qui est toujours restée à mes cotés depuis que je suis si malade. Elle, qui m'a rendu si heureux toute ma vie. Elle, qui m'a aimé si fort. C'est l'amour dont j'avais toujours rêvé qui est devenu réalité. Ma réalité, ma vie, et bientôt maintenant ma mort...

On aurait dit qu'il dormait. On dirait même qu'il souriait. Mais à son teint livide et blême, elle a comprit. Elle prit sa main froide, si froide. La froideur de la mort. Ses yeux rougis ne pouvaient quitter cet étrange sourire. Des larmes coulèrent sur ses joues puis tombèrent sur les draps du lit. Ce lit qu'il aimait tant...

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casper2 Membre 85 messages
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Me voilà enfin arrivé au bout du chemin. Cela n'a vraiment pas été facile de venir jusqu'ici. J'ai besoin de faire une pause. Dès lors, mon esprit semble se remettre à raisonner. Et une évidence m'apparaît. Je crois que je suis complètement devenu fou. Je déraille totalement, sinon pourquoi être venu ici, surtout aujourd'hui? Cet endroit au bout de nulle part, que peut-il donc m'apporter? Certes, c'est très joli et ça mérite le coup d'oeil, mais j'étais déjà venu auparavant. C'est un endroit que je connais. Mais je me demande ce qui m'a amené là maintenant. En temps normal, jamais cette idée ne m'aurait traversé l'esprit. Non, ce n'est qu'un coup de folie. Je suis fou. J'essaye de comprendre. Comment être descendu aussi bas, aussi loin...

Mon parcours fut si tortueux et dangereux. Il m'a fallu faire très attention tout le long de ce chemin sinueux. J'ai souvent glissé et failli tomber à plusieurs reprises. J'ai malgré tout réussi à éviter et à franchir la plupart des embûches rencontrées. Rien ne m'a arrêté, j'ai continué à avancer, tête baissée. Je me suis concentré sur mon objectif au point de ne plus réfléchir à tout ce qui m'entoure. J'ai fait le vide autour de moi. J'ai fait le vide dans ma tête. J'ai tout oublié. J'ai oublié le passé mais aussi le présent. Je n'ai même plus pensé au futur. J'ai juste marché, en me concentrant sur chacun de mes pas, pour ne pas chuter. Et j'ai avancé...

Mais maintenant que j'y suis et quand j'y repense, c'était de la pure folie que de venir ici. Je suis fou. Bien évidemment, je n'ai rencontré personne d'autre depuis que je suis parti. Je suis le seul fou dans le coin. Il n'y a que moi, je suis seul. Je suis le seul. Ca me rassure. Personne ne pourra plus m'arrêter, si je décide d'aller un peu plus loin, au bout...

En pensant cela, je suis debout et je regarde. Juste au dessus, creusé par les eaux, se dresse l'arc de pierre qui fait la fameuse réputation de ce site naturel très fréquenté en été. Le ravin des arcs. Je suis droit comme un I, sur le plus gros rocher qui surplombe la plus grande des vasques. Je regarde l'eau marron de boue qui gronde et qui emporte tout dans sa furie. Des tourbillons, de l'écume, tout ce bruit, je ne m'attendais pas à découvrir un tel spectacle, si hallucinant, qui me fascine. Mes yeux sont éblouis, j'en ai le vertige. A cette vision, je comprends que rien ne résiste à ces eaux déchaînées, même pas tous ces rochers. Rien ne résiste, rien...

Elle m'attire. Toute cette eau qui tombe depuis ce matin. Il pleut. Il tombe des cordes, des trombes d'eau. C'est un jour de tempête. Le ciel est gris. Il est si bas. On ne sait plus distinguer et faire la différence entre le ciel et la terre. Tout est gris. La pluie cinglante sous les rafales de vent me fouette le visage. Je suis trempé de la tête aux pieds. J'ai froid. Pourquoi suis-je venu ici par ce temps pourri? J'ai marché dans la boue. J'ai à peine évité les flaques, simplement parce que je ne voyais pas où je mettais les pieds. Chaque rocher tellement glissant était un piège à déjouer. J'ai avancé prudemment et très lentement. Tout ça pour en arriver là. On dirait que toutes ces eaux qui ruissellent de partout, se sont données rendez-vous ici. Et moi aussi. Je regarde l'eau qui tourbillonne. Suis-je venu ici pour ça? Un seul pas en avant et ...

Cela semble si facile maintenant. Un petit saut et en moins de deux minutes, c'est fini. Emporté comme ce simple morceau de bois qui flotte et qui passe devant moi. Cette idée est séduisante. Alors, pourquoi je reste là, planté sans bouger, à hésiter? J'essaye de comprendre les raisons qui m'ont amenées ici. Le pire, c'est que je n'en vois pas. Aucune. Juste une envie soudaine de sortir de chez moi et d'aller m'aérer en me promenant. Sous la pluie. Juste un gros coup de folie...

Mais maintenant, je suis là. Je suis bel et bien face à cette envie qui me vient parfois et là qui me reprend sans crier gare. Cette fois cela semble si simple. Un seul pas en avant...

Un seul pas en arrière et je retourne de là où je viens. Non, je ne le ferais pas. Ce n'est pas que je manque de courage. Je ne suis sans doute pas très courageux, c'est vrai, mais ce n'est pas ça. Non, c'est parce qu'un jour, je me suis juré de ne pas le faire. Pour elle. Je ne veux surtout pas qu'elle apprenne ma mort comme ça. Alors chaque fois que cette envie me vient, je pense à elle et j'y résiste sans aucun mal. C'est elle qui me retient, même si elle n'est pas là...

Voilà, avant de repartir sur mes pas, je regarde une nouvelle fois les eaux troubles qui m'appellent. Un dernier regard et je me dis que c'est sans doute pour ça que je suis venu ici. Je suis venu défier la mort et pour me prouver que je lui resterais fidèle. J'ai résisté. Mais je reconnais que c'était de la pure folie. Je suis fou...

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Invité Cosette 2
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Invité Cosette 2
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Bonjour gentil fantôme. Je viens de lire tes écrits et je voudrais te dire que je les trouve superbes. Tu as beaucoup de talent et je ne peux que te conseiller de continuer et, même, pourquoi pas, de les publier? Il sont criants de vérité, de réflexions justes! Je te dis bravo et te souhaite bonne continuation :cray:

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