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Rapprochement mythe de la Caverne et Facebook ?


LoneStar

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Membre, Posté(e)
LoneStar Membre 14 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

Bonjour à tous !

Pour mon examen de Noël de grec, j'ai du comparer le célèbre mythe de la Caverne de Platon au réseau social Facebook. Ayant reçu de plutôt bons points pour ma copie, je me suis dit qu'il serait intéressant de la partager et surtout d'ouvrir le débat sur les questions posées, à savoir :

Facebook dirige-t-il nos vies ?

Liberté nouvelle ou prison virtuelle ?

Le site de réseau social 'Facebook' ne cesse de prendre de l'importance depuis sa création en 2006 par un jeune étudiant américain. 500 000 000 de personnes y sont inscrites à ce jour. Pourquoi est-il si populaire ? Est-il aussi utile qu'il essaye de nous le faire croire ? Ou au contraire, n'est-il qu'une retranscription moderne du fameux 'Mythe de la Caverne' de Platon ? Quels parallèles pouvons-nous faire entre ces deux entités ?

Tout d'abord, présentons le contexte général du mythe. Selon Platon, les Hommes se trouvent, depuis toujours, dans une caverne souterraine et sombre (εν καταγειω οικησει σπηλαωδει). Surélevée par rapport à celle-ci, il y a une route (οδον), le long de laquelle est dressé un mur (τειχιον). Les 'Montreurs de merveilles' (θαυματοποιοσ), portent des objets (σκευοσ), de manière à ce qu'ils dépassent du mur. Au-dessus de la route se trouve un feu (πυροσ), qui va éclairer les objets dépassant et projeter leur ombre sur le fond de la Caverne.

Les Hommes, quant à eux, sont enchainés dans la caverne, et sont forcés, à cause de leurs liens (δεσμοσ), de regarder le fond ainsi que les ombres qui y sont projetées. Dés lors, « de tels hommes ne peuvent considérer le Vrai comme quelque chose d'autre que les ombres des objets façonnés ». Ces Hommes sont donc victimes deux fois : non seulement ils sont trompés - on leur cache le Vrai - mais en plus il ne le savent pas - ils pensent que ce qu'ils voient est Vrai -.

Ensuite, voyons comment se passe la libération (λυσισ) d'un prisonnier. Lors de sa libération et de son ascension, il est tiré de force. Il s'irrite et s'afflige (αλγεω, οδυναω, αγανακτεω). De plus, étant ébloui ¿ il était habitué à la Caverne sombre ¿ il ne peut accéder que petit à petit à la sortie de la Caverne et à la lumière (αυγη). Il lui faut donc un temps d'adaptation et il lui faut aussi fournir de grands efforts, car au début il regrette la Caverne et sa passivité facile. De plus, s'il revient dans la Caverne, il est 'ébloui' par son côté sombre et les autres prisonniers, s'il leur raconte sa libération et son ascension, ne le croiront pas et le tueront. Le prisonnier libéré doit accepter ce changement et plus que ça il doit, à partir d'un certain point, le vouloir.

Selon Platon, la libération de la Caverne est un processus éducatif naturel : tout le monde peut le faire grâce à la raison, le λογος grec.

Ensuite, décrivons globalement comment Facebook fonctionne et quelle est son utilité. Tout d'abord, l'inscription au célèbre réseau social créé en 2006 est simplifiée au maximum. Tout possesseur d'une adresse e-mail peut s'y inscrire en moins de deux minutes. Ensuite, le site permet de pratiquement tout faire : retrouver ses amis (anciens ou actuels), partager des photos, vidéos, intérêts, rejoindre des groupes, organiser des événements, ... Bientôt, les utilisateurs de smart phones pourront même dire où il se trouvent en temps réel et il sera aussi possible d'y rechercher des articles de Wikipédia. Cependant, beaucoup de progrès doivent encore être faits pour surpasser Google. Des enquêtes montrent que Facebook prend énormément de temps à ses utilisateurs ¿ 55 minutes par jour en moyenne -, notamment à cause des 550 000 applications disponibles. Si certaines sont pratiques, la plupart sont terriblement chronophages (ex: Farmville, Poker, Belote, etc.).

Au fur et à mesure donc, chaque utilisateur crée son propre réseau d'amis pour lesquels les photos, vidéos, intérêts, etc. sont consultables, à moins de faire des 'listes d'amis' afin de restreindre l'accès à certaines parties du profil.

Enfin, si l'inscription est facile et rapide, la suppression d'un profil ne l'est pas du tout, voire impossible. De nombreuses étapes sont nécessaires pour quitter (définitivement) le fameux réseau social.

Voyons maintenant les différents points qui rapprochent le mythe de la Caverne de Platon et le monde de Facebook.

Quitter la Caverne est aussi difficile que quitter Facebook : cela demande des efforts et des sacrifices et il faut être capable de défaire les liens qui nous y retiennent, d'un côté comme de l'autre. D'abord, quitter Facebook est difficile sur deux niveaux : au niveau psychologique, relationnel parce que ça implique de devoir se passer de certaines choses, telles que les photos, les vidéos, les discussions instantanées, des informations qui passent par le profil d'un groupe - exemple personnel : Les Pionniers, qui communiquent par Facebook les horaires de réunion -, et d'autres choses qui rendent Facebook presque indispensable pour certaines personnes. Ensuite, au plan purement pratique, il est très difficile de supprimer son profil ¿ de 'défaire les liens', en quelque sorte ¿ tellement les quatre étapes sont nombreuses et difficiles à trouver sur le site. Et encore, après ces quatre étapes, il faudra attendre encore quatorze jours avant que Facebook ne supprime définitivement le compte. Serait-ce un moyen de dissuader les utilisateurs de partir ?

Ensuite, quitter la Caverne est aussi une épreuve douloureuse pour le libéré. Il est tiré de force (αναγκαζοιτο), il s'afflige (οδυνασθαι), s'indigne (αγανακτει) et désire retourner dans la grotte, ce qui explique notamment pourquoi Facebook laisse quatorze jour d'attente. En effet, en laissant la possibilité au 'désinscrit' de se reconnecter, il y a grandes chances qu'il y retourne dans les deux semaines qui suivent.

Il faut donc beaucoup de volonté et d'assiduité pour arriver à sortir de ces deux mondes.

Facebook, comme les 'Montreurs de merveilles' (θαυματοποιοσ), montre à ses utilisateurs des choses fausses, que l'on est obligés de considérer comme vraies. Par exemple, lorsqu'on va voir les photos de quelqu'un, rien ne nous prouve qu'il n'a pas choisi uniquement celles qui le mettaient en valeur, ou son endroit de vacances, etc. Dés lors, nous voilà obligés de considérer ses vacances comme réussies, alors que si ça tombe, elles se sont bien passées un jour sur les dix. Il se passe la même chose avec les photos de profil : rares sont ceux qui en mettent une qui ne les arrangent pas physiquement. Facebook, ou plutôt les autres utilisateurs, nous 'trompent' donc en nous montrant une image d'eux-mêmes qui est choisie, programmée, idéalisée et donc éloignée de la réalité.

Les utilisateurs Facebook se font aussi manipuler d'une autre manière. Tout ce qu'ils mettent sur leur mur (photos, vidéos, intérêts, etc.) appartient légalement à Facebook, qui vend ces informations à des entreprises. Ces entreprises peuvent dés lors cibler très précisément leurs publicités. Résultat : sur chaque profil apparaissent des pubs personnalisées en fonction des intérêts de l'utilisateur. Un 'fan de ' Daft Punk se verra par exemple offrir des places de concerts, ou des t-shirts à leur effigie. Facebook fabrique donc des 'vérités' faites pour toucher celui qui les regarde (et seulement lui) qui vont apparaitre sur son profil, il impose ses vérités comme les ombres s'imposent comme étant vraies aux prisonniers de Platon. Le 'mur' d'un profil Facebook est une véritable copie du mur de la Caverne, sur lequel s'affichent les ombres.

De plus, on retrouve dans la Caverne et sur Facebook la même passivité voulue. Les prisonniers de la Caverne sont attachés, ils n'ont rien à faire sinon regarder les ombres, y voir la réalité et ne pas remettre cela en question. - « (...) ne diraient-ils pas de lui que pour être monté là-haut, il en est revenu les yeux gâtés, que ce n'est même pas la peine de tenter l'ascension ? » -. De plus, cette passivité est totalement voulue par les prisonniers, comme le dit Platon « et, si quelqu'un essayait de les délier et de les conduire en haut, et qu'ils pussent les tenir en leurs mains et le tuer, ne le tueraient-ils pas ? » Cette passivité intellectuelle se retrouve aussi sur Facebook. En effet, il est très facile de recevoir une masse d'informations sur une personne en regardant son profil pour s'en faire une idée. Malheureusement cela conduit aux préjugés, aux idées toutes faites et pour véritablement connaitre cette personne il faudra faire preuve d'esprit critique envers ce que sa page Facebook dit d'elle et surtout ne pas se baser uniquement là-dessus, mais bien sur l'expérience personnelle et la vie réelle.

Enfin, celui qui se libère de ces deux mondes est irrévocablement mis à l'écart du système. Le prisonnier libéré revenant dans la caverne est « aveuglé par les ténèbres en venant brusquement du plein soleil ». En revenant, il se rend compte de son erreur passée, que ce qu'il voyait auparavant n'était qu'une illusion. Ses anciens compagnons ne le croient pas, se moquent de lui et feraient tout pour qu'ils ne leur arrivent pas la même aventure (voir dernière citation). De la même manière, celui qui quitte Facebook est mis à l'écart, il n'a plus accès à certains événements ¿ les invitations passant par Facebook -, à ses photos, etc. et il peut aussi être marginalisé par ses amis, lorsque ceux-ci parlent de choses qui se sont passées (la veille) sur Facebook. De plus, il n'est pas compris par ceux qui restent sur le réseau, et qui ne voient pas pourquoi il faudrait se désinscrire - « Après tout, on ne fait rien de mal » - .

Le mythe de la Caverne de Platon et le monde Facebook présentent donc de nombreuses similitudes. Facebook est-il une liberté nouvelle ou une prison virtuelle ? Je dirais que c'est un outil de communication formidable et qui ne manque pas de qualités pratiques. Il ne faut pas nier ses qualités. Cependant, il peut tout-à-fait devenir une 'prison virtuelle' s'il devient indispensable, si on ne limite pas l'accès de certaines choses plus privées et surtout si on manque d'esprit critique et qu'on commence à considérer Facebook comme étant aussi (voire plus) réel que la réalité elle-même.

Certes, il faut utiliser Facebook, mais il faut aussi prendre garde à ce que ce ne soit pas lui qui nous utilise.

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Membre, Maman brioche, 36ans Posté(e)
Melie- Membre 4 255 messages
36ans‚ Maman brioche,
Posté(e)

Je trouve ton sujet très intéressant :cray:

Après, c'est un peu flippant aussi, car certaines choses sont vraies :p nottament sur le fait que, pour certains, ne pas utiliser facebook nous marginalise, nous exclut de certains évènements.

j'en ai un petit exemple personnel :

Dans mon école, presque tout le monde a facebook, et nous avons presque les facebooks de tous nos camarades.

Nous sommes pas mal d'étudiants et je n'ai pas ajouté tout le monde à mes amis.

or, l'autre jour, il y avait une réunion de prévue, 1 étudiant a donc mis l'évènement sur son mur. Malheureusment il n'est pas dans mes amis, et donc j'ai loupé cette fameuse réunion et j'ai eu le droit à des commentaires du genre "ba, t'as pas vu sur facebook ou quoi???", genre, c'était évident !! Je me suis sentie à l'écart quelques secondes...

Même en admettant que cette personne soit un de mes amis, je suis obligée d'y aller régulièrement pour me tenir au courant ? :o

Tout ça pour dire que facebook peut avoir plus d'impact qu'on ne le pense sur nos vies, et qu'il est difficile de s'en détacher.

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Invité David Web
Invités, Posté(e)
Invité David Web
Invité David Web Invités 0 message
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17 / 20.... :cray: , bon argumentaire, j'ajoute simplement que sur facebook ou ailleurs on s'attache soi même, ça fait une grande différence.

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Membre, Posté(e)
LoneStar Membre 14 messages
Baby Forumeur‚
Posté(e)

@Melinda85

Eh oui malheureusement, grâce à ce genre de chose (organisation d'évènements, etc.) Facebook se rend tout à fait indispensable, et nous oblige à être continuellement aux aguets si on veut 'rester dans le coup'. Mais cela ne fait que refléter le mode de vie de la plupart des jeunes/de la société aujourd'hui : soit tu t'adaptes et tu suis, soit tu es largué(e) et marginalisé(e).

@David Web

Effectivement, les Hommes de Platon naissent dans la Caverne, alors que nous, nous y allons de notre plein gré, ce qui ne fait malheureusement qu'aggraver notre cas :cray:

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