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La menace de l'exemple


carnifex

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Membre, 42ans Posté(e)
carnifex Membre 5 710 messages
Baby Forumeur‚ 42ans‚
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Le Honduras a connu un coup d'état militaire le 28 juin 2009.

Un certain nombre de pays d'Amérique latine, après qu'ils se sont engagé, de leur propre chef, de façon radicale ou modérée, sur la voie de la justice et de l'égalité, ont eu à subir très rapidement une agression militaire plus ou moins directe ou indirecte de la part d'un grand pays voisin d'Amérique du nord. Les autres ont eu à affronter un coup d'état militaire bénéficiant du soutien diplomatique sinon technique et financier de ce même voisin.

On citera parmi les premiers :

Cuba en 1961.

Le Nicaragua de 1982 à 1989.

Et parmi les seconds :

Le Guatemala en 1954.

Le Brésil en 1964.

Le Chili in 1973.

Le Venezuela en 2002.

Dans quatre de ces six pays, l'agression a été couronnée de succès. La fraction la plus consciente du prolétariat a été supprimée. Le cours « normal » de l'histoire a repris. Pour de longues années.

[...]

Les stratèges américains, depuis le secrétaire d'Etat Dean Acheson à la fin des années 40 jusqu'à nos jours, ont toujours averti qu' « une pomme pourrie gâte le baril » [traduction littérale du proverbe ¿ NDT]. Le danger était la pourriture ¿ le développement social et économique ¿ qui pouvait se transmettre.

Cette « théorie de la pomme pourrie » est présentée en public sous le nom de la théorie des dominos. Elle est destinée à faire peur à l'opinion publique et lui expliquer comment Ho Chi Minh pourrait monter dans un canoë et pagayer jusqu'en Californie, ce genre de choses. Il se peut que quelques responsables américains croient à ces bêtises, c'est possible, mais pas les stratèges. Ces derniers comprennent parfaitement que la véritable menace est celle d'un « bon exemple ». Et il leur arrive parfois de l'énoncer clairement.

Lorsque les Etats-Unis planifiaient le renversement de la démocratie guatémaltèque en 1954, le Département d'Etat a déclaré officiellement que « le Guatemala représente un danger croissant pour la stabilité du Honduras et du Salvador. Sa réforme agraire est un puissant outil de propagande : son vaste programme social d'aide aux travailleurs et paysans dans une lutte victorieuse contre les classes aisées et les grandes entreprises étrangères exerce un fort attrait auprès des populations voisines en Amérique centrale, où les conditions sont similaires ».

En d'autres termes, les Etats-Unis veulent la « stabilité », c'est-à-dire la sécurité pour « les classes aisées et les grandes entreprises étrangères ». Si cet objectif peut être atteint par des mécanismes démocratiques, tout va bien. Sinon, la « menace contre la stabilité » que représente un bon exemple doit être détruite avant que le virus ne se répande. C'est pourquoi même le plus petit des pays peut représenter une menace et doit être écrasé.

Noam CHOMSKY

http://www.legrandsoir.info/La-menace-d-un-bon-exemple.html

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Invité Lucy Van Pelt
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Invité Lucy Van Pelt
Invité Lucy Van Pelt Invités 0 message
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Merci, interessant.

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