Aller au contenu

Passions d'aujourd'hui


cl4dou

Messages recommandés

Membre, 43ans Posté(e)
cl4dou Membre 20 messages
Baby Forumeur‚ 43ans‚
Posté(e)

La passion, en tant que mouvement violent de l’âme résultant d’un désir intense, d’un penchant irrésistible, ne saurait se limiter au sens trop écorché de « souffrance » que le latin impérial lui incombe : la passion implique joie ponctuelle dans ses impulsions tout autant qu’elle rencontre peine dans son cheminement. Mais, en réalité, ce qui intéresse vraiment, c’est de savoir en quoi une passion serait-elle plus inaliénable, plus robuste, plus imprescriptible qu’une autre ? Cherchons à distinguer les différentes classes de passions, leurs causes et par-là leurs consistances.

D’abord, dans une société matérialiste comme la notre, nous ne pouvons échapper à la catégorie des passions qui est la plus fragile et la plus dépendante de toute : celle des passions matérielles extrinsèques *. Sa cause est, avant tout, systémique : le retour à un stade primitif. Dans cette optique passionnelle, on ne vit que pour son désir propre : cupidité, passion pour la mode, l’automobile, le plaisir sexuel (en considérant qu’il s’accomplisse à 2, au moins…), les équipements technologiques… même l’écologie obsessionnelle pourrait être classée ici car elle a, en premier lieu, un dessein matérialiste avant d’être humain (arrêtons de croire à cette illusoire altruisme de la primauté de l’Homme dans l’écologie ponctuelle… ce sont initialement des matérialistes purs en ce qu’ils défendent la matière qui existe avant et en dehors de nous). Le danger des passions matérielles extrinsèques reposent en ce qu’elles existent de manière totalement indépendante : si on nous en prive, la passion s’effondre et le désir – contenu en elle d’après la définition qu’on en donne – s’estompera brutalement lui aussi (d’où l’amour que l’on qualifie de passionnel car si l’on nous coupe de l’être aimé, la folie remplie le vide affectif aussi vite que la passion s’est effondrée…). Dans cette catégorie de passion, la privation d’apport extérieur à nous se traduira par une perte d’initiative cinétique d’où une intertie pulsionnelle et donc une mort affective certaine…

Ensuite, viennent les passions matérielles propres *. Ces dernières se trouvent en nous : passion pour la musique (qui demande une haute maîtrise des mains, des pieds, du souffle…), pour la cuisine (maîtrise des papilles gustatives), le parfum (maîtrise olfactive), etc. Ici, la consistance se durcit car il devient plus difficile de supprimer toute plante, toute odeur, tout objet (la création d’un son se faisant en réalité avec n’importe quel objet). De plus, l’imagination, l’entendement et donc l’intellect est – en parti – utilisé : même enfermé, il peut être aisé de repenser à une couleur (mémoire visuelle), une odeur (la fameuse mémoire olfactive), une mélodie (mémoire auditive). Néanmoins, ce type de passion possède un problème fondamental, c’est que si l’on perd un de nos membres, le temps fera oublié le souvenir du plaisir que procurait son utilisation (perte de la voix, d’un membre, etc.). Cette passion n’est que « semi-matérialiste » car elle ne dépend pas exclusivement du monde extérieur : une partie est hors de nous, une autre est en nous. Elle trouve une robustesse vis-à-vis d’une passion uniquement matérialiste, mais son essence reste fragile.

Enfin, nous considérerons le type de passion le plus dur et le plus sûr de lui : les passions dîtes immatérielles *. Ces dernières font appel uniquement à l’entendement et plus généralement à l’intellect : quelque soit la privation que l’on nous impose, la passion reste vivace. Même si l’on devient cul-de-jatte, sourd, muet, ligoté, séquestré… malgré un état psychologique affaiblit – et même a forciori – le désir ardent d’exercer cette passion persistera et c’est même vers elle que l’on se tournera pour tenter de trouver un échappatoir à la situation. Certains joueurs d’échecs me diront que leurs disciplines, malgré un matérialisme pratique, fait partie de cette catégorie mais je leur répondrai qu’en ayant pratiqué, je peux confirmer que notre capacité calculatoire et mémorielle n’est pas infinies, même pour les virtuoses. D’autres ajouteront « qu’en est-il pour les maladies comme Alzheimer et plus généralement celle qui détériore une partie de l’intellect ? ». Je pourrai seulement le répondre que la passion implique l’identité, or, lors de maladies comme Alzheimer, beaucoup de penseurs s’interrogent sur la persistance d’une identité propre chez ses malades…

Je me permet de mettre le lien vers le blog où est publié cet article : :snif: (je précise que ce n'est en rien une pub' mais bien la citation d'une source... qui devrait d'ailleurs être faite plus souvent ici!).

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×