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Cinquante ans après sa mort, Franco bouge encore

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Marcuse

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Marcuse Membre 669 messages
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L’Espagne commémore cette année les 50 ans de la mort de son dictateur, le 20 novembre 1975, dans un climat électrique. Plongée dans les batailles mémorielles du pays, alors que les extrêmes droites, du parti Vox à l’influenceur Alvise Pérez, séduisent chez les nouvelles générations, en particulier les jeunes hommes en perte de repères.

Sur l’île espagnole de Tenerife, le passé franquiste continue d’être glorifié

C’est l’un des derniers monuments à la gloire de Franco érigés sur le sol de l’Espagne. La ville de Santa Cruz rechigne à le démanteler, malgré la loi de 2022 sur le sujet. Premier épisode de notre série sur les batailles mémorielles autour du franquisme, à l’occasion des 50 ans de la mort du dictateur.

SantaSanta Cruz de Tenerife (Espagne).– Depuis le centre touristique de Santa Cruz, il faut longer l’avenue du port pendant une quinzaine de minutes, et passer le long d’imposants paquebots de croisière qui y stationnent pour quelques heures à peine. On finit par le découvrir, érigé aux abords d’un rond-point bruyant : le monument à Franco montre le caudillo comme en lévitation, posé sur un ange doté de deux ailes massives.

Cette version de Franco tient des deux mains son épée, dirigée vers le bas. « Son épée ressemble à une croix. Franco est représenté comme un croisé, un sauveur », décrit María Isabel Navarro Segura, une historienne de l’art de l’université canarienne de La Laguna, spécialiste des vestiges franquistes sur l’île. Le jour de notre visite, le site portait encore les traces de jets de peinture violette, lancés quelques jours plus tôt par des militant·es du 8-M, le mouvement de grève féministe du 8 mars.

« Le monument symbolise un épisode fondateur du coup d’État à l’origine de la dictature franquiste : le “vol” de Franco qui prend la tête du soulèvement militaire en 1936 », explique Alejandro Pérez-Olivares García, lui aussi de l’université de La Laguna. Mais ce récit est un mirage, précise l’historien : « C’est une reconstitution. En réalité, Franco n’a jamais dirigé la conspiration contre la Seconde République [1931-1939 – ndlr]. Il n’a jamais coordonné les militaires qui se sont rebellés. Mais c’est ainsi qu’il s’est fait représenter par la suite : à l’origine d’un coup d’État censé avoir mis fin à l’anarchie de la République. »

Cet ensemble, d’une dizaine de mètres de haut, a été inauguré en 1966, à l’extrémité d’une artère baptisée, jusqu’en 2008, la « rambla du général Franco ». Il a été érigé dans le cadre d’une campagne de propagande du régime, vantant les « vingt-cinq ans d’une Espagne en paix ». Son sculpteur, Juan de Ávalos (1911-2006), est surtout connu pour avoir participé à l’édification de Valle de los Caídos, une basilique monumentale des environs de Madrid où les restes de Franco ont reposé jusqu’en 2019.

La sculpture est entourée de neuf colonnes, surmontée chacune d’un blason en marbre : ce sont les neuf districts judiciaires qui composaient Tenerife à l’époque. « Il y a l’idée de présenter la guerre civile comme une guerre juste, validée par la loi », commente encore María Isabel Navarro Segura. Sa construction a été financée par un système de « souscription populaire », qui revenait en réalité à procéder à des extorsions auprès de citoyen·nes de l’archipel des Canaries.

Sur cette île volcanique, le monument – qui n’est accompagné d’aucun panneau explicatif – fait depuis bientôt vingt ans l’objet de vives polémiques. Comme un révélateur des tensions mémorielles toujours aussi brûlantes, alors que l’Espagne s’apprête à commémorer en novembre les cinquante ans de la mort du dictateur.

« Cela prouve que la société espagnole continue d’avoir un problème avec les mémoires de la guerre civile [1936-1939 – ndlr] et du franquisme. Si cela n’était pas le cas, il serait facile de se séparer d’un monument pareil. Ou en tout cas de se mettre d’accord sur quoi en faire », constate l’historien Miguel Ángel del Arco Blanco, auteur d’un livre de référence sur les monuments du franquisme.

https://www.mediapart.fr/journal/international/200825/sur-l-ile-espagnole-de-tenerife-le-passe-franquiste-continue-d-etre-glorifie

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