La p'tite facile...
Le Delphin avait un bon ékipage ; non pas des marins de combat, des matelos d'abordage, mais des hommes man¿uvrant bien. Il ne lui en fallait pas plus. Ces gaillards là étaient tous des gens déterminés, mais tous plus ou moins négociants. Ils courraient après la fortune, non après la gloire. Ils n'avaient point de pavillon à montrer, point de couleurs à appuyer d'un coup de canon, et d'ailleurs, toute l'artillerie du bor constituait en deux petits pierriers propre seulement à faire de signaux.
Le Delphin filait rapidement ; il répondait aux espérences des constructeurs et du capitaine, et bientôt, il eu dépassé la limite des eaux britaniques. Du reste, pas un navire en vu ; la grande route de l'Océan était libre. D'ailleurs, nul batiment de la marine fédérale n'avait le droit de l'attaquer sous pavilon anglais. Le suivre, bien ; l'empecher de forcer la ligne des blocus, rien de mieux. Aussi, James Playfair avait-il tout sacrifié à la vitesse de son navire, précisément pour n'être pas suivis.
Jules Verne, Les forceurs de blocus, Librio, 1995.