Don Juan

Bienveillance, veiller au bien d'une ou plusieurs personnes. Bienveillance extrême, il se pourrait fort que ce ne soit que de la malveillance.

Une dernière chose pour être sûr que je te comprends bien, le néant n'existe donc qu'au niveau des pensées ?

Cette coquille vide existe t-elle ailleurs que dans les pensées ? A t-elle une existence ou une apparence devant laquelle on peut se tenir physiquement ?

Faut-il comprendre que le néant est la fin de la vie ?

Pour qui n'a pas lu tous ces philosophes, et de plus, pour quelqu'un de terre à terre, quelqu'un qui sent sa vie toujours aux prises avec ce qu'il considère le plus souvent comme "le réel", quelqu'un qui échange avec la matière, qui la touche, la sent, et se sent lui-même à partir de cet échange avec la matière, comment peut-il faire l’expérience du néant ? Comment ce terme peut-il résonner avec tout ce qu'il sait du monde par expérience ?

Parle-nous du non-être stp...

Oui. Quelle part, tu viens de les sonner.

Le fait de dire le "soleil se lève" c'est une erreur (à savoir une erreur de quoi), mais si tu dis : "il apparaît", ce n'en n'est pas une.

Ben non, il ne se lève jamais, c'est une apparence.

Oui j'étais en train de le retrouver, mais c'est de l'ironie, comment une telle merveille pourrait naître d'une telle misère, c'est que cette misère n'en est pas une !! Et de plus c'est un évangile apocryphe..........

Où est-ce qu'il a dit cela ? La matière ne peut pas être moins riche que l'esprit (dans mon monde à moi) la matière, c'est de l'esprit dans une autre apparence et vice versa. On ne peut dire qu'une apparence est plus riche qu'une autre, c'est, pour moi, ou un effet de poésie ou une absurdité.

Ou tu emploies les termes esprit et conscience d'une façon qui ne m'est pas connue, ou nous ne sommes effectivement pas d'accord. Mais je ne peux pas imaginer le sens de ce que tu dis si tu emploies ces termes tels que je les emploie moi-même. Sachant que tout le monde ou presque peut accepter deux trois sens voisins.

La seconde.

Non, il n'y a pas d'"en soi vrai", il y a l'herbe telle qu'on la voit et l'herbe telle qu'elle apparaît en utilisant un autre moyen que la sue directe et ordinaire, mais c'est encore l'herbe telle qu'on la voit, quelle que soit sa couleur.

Je préfère penser que tu plaisantes lorsque tu dis cela ! lol

Il est sûr que tout ne vient pas de nous, ou plutôt tout ne commence pas en nous. Quand je regarde un arbre fruitier dans mon jardin, ce qui me semble le plus facile à observer, ce sont les fleurs. C'est comme si elles (toutes ensemble) constituaient un miroir et me renvoyaient mon image. Pourtant l’histoire de l'arbre est plus large et plus riche que ce que je parviens à saisir au niveau des fleurs ou des terminaisons de branches. L'arbre se remonte comme un fleuve, des branches au tronc, du tronc aux racines qui disparaissent dans la terre, comment atteindre le noyau qui l'enfanta et qui n'est plus ? N'est-il vraiment plus ou a t-il seulement changé d'apparence ? Alors, est-ce qu'on ne peut plus parler de conscience sans paraître irrationnel ?

Il y a une discipline d'attention qui porte sur "l'observation" assidue des phénomènes qui se déroulent dans le corps et l'esprit, donc ceux que l'on reconnaît comme de la pensée volontaire et involontaire, comme l'ensemble de ce qui se passe dans la "maison" corporelle, de la respiration au pet. Les pensées viennent toujours du passé, il n'y a pas de pensée qui viennent de l'avenir. Je vais prendre une image si tu le veux bien... La personne, du-moins tout ce que l'on en connaît séjourne sur le radeau qui flotte à la surface du lac, en temps calme, elle se prélasse ou s'active à toutes les occupations utiles à son confort et à sa survie. Puisque le temps est calme, elle prend son temps, elle pense, elle songe, elle imagine des choses aussi simples que :" quel appât vais-je choisir pour mettre au bout de ma cane à pêche ?". Ou peut-être qu'à l'occasion d'un souvenir de son enfance qui aura "décidé" de se pointer à ce moment là, elle s'attardera à passer et repasser le fil des images constituant la matière de son souvenir. À Chaque fois qu'elle repasse le fil ou le film, de nouvelles images sont remontées et enrichissent encore le film? Le souvenir s'éclaircit et se complète en fonction de temps et de l'attention que cette personne va lui accorder. Il y a peu de chance ou de raison que cette personne, aux prises avec toutes ses activités, pensent soudainement à empoigner son masque de plongée et enfouisse sa tête en dessous de la surface du lac, histoire de contempler les poissons qui s'animent sous son radeau. Cette discipline consiste en cela précisément, observer la profondeur du passé, plonger la tête dedans et regarder à 360°, la vie y est pleine et dense, l'agitation est complète, c'est un véritable trésor.

Dois-je comprendre que tu trouves mon propos pas assez rationnel ? Ce "je" est de toutes façons toujours multiple même en absence d'une pathologie telle que la schizophrénie, ce n'est jamais vraiment le même "jeu" qui est au volant et il ne peut y avoir d'unité durable et totale entre eux.

Je n'ai pas trop de temps ce matin mais je reviens pour te et vous répondre dans l'après-midi.

Lorsque je parle des pensées qui nous font, il doit être évident que je ne veux pas parler de celles que le conscient manipule afin de construire et mener tous les processus intellectuels dont il a besoin, mais que je fais allusion à une activité cérébrale et organique qui est la source de l'énergie biologique, l'énergie du vivant. Le fait que nos organes soient constitués et parcourus de cellules qui contiennent des informations et les font voyager dans tout le corps est, selon moi, un tremplin pour considérer que ma digestion est dirigée par une forme de pensée. D'ailleurs, cette forme de pensée n'est pas isolée de ce que nous appelons l'acte de penser et la nature de ma digestion (ou de tout autre processus organique) dépend de mon acte de penser comme celui-ci dépend de la nature de ma digestion. La pensée, quelle qu'elle soit se fonde sur des systèmes de langage. Dans certains cas, les plus courants, ces langages ne se pénètrent que d'une façon diffuse, mais parfois plus rarement, les langages se traduisent jusqu'à se chevaucher et se confondre, ils se pénètrent. Non, ce n'était pas une approche analytique, mais plutôt une approche "yogique". Merci, c'est très gentil!

Faut-il assimiler l'ensemble organique appelé "le corps" comme faisant partie du "sujet", ou comme étant une autre forme de sujet, ou autre chose ?

Je pense que l'imaginaire est encore de la pensée, cela donnerait donc : "quand la pensée conduit la pensée". Et c'est vrai que l'on peut observer cela, la pensée conduit la pensée, comme l'eau d'un torrent conduit l'eau tout autour d'elle, en elle, avant ou après elle. Penser n'est pas agir comparablement à agir avec ses membres, mais penser est un acte de notre cerveau, et cela a ses causes comme ses effets, comme tout acte, qu'il soit produit à l'extérieur ou qu'il soit dans notre intimité. Ce que tu appelles un instinct de survie est encore de la pensée dans une forme voilée pour le conscient, il y a des processus de pensée dans toutes les couches conscientes, préconscientes et non-conscientes. Parce que nous parlons de l'activité des neurones et des synapses, des réseaux et des connections....

On s'est déjà rencontré maintes fois...

Oui pour l'acte de penser, il n'a que cette solution, transformer pour lui-même le réel. L'acte de penser, ou ce que j'appelle le "penser avec sujet" représente un petit pourcentage de l'activité penséelle, je me suis étonné qu'on ne creuse pas davantage la question de ce qui se pense malgré nous.

Oui, d'autant que la pensée qui se pense sans sujet n'a que faire du mensonge.