Aller au contenu

satinvelours

Banni
  • Compteur de contenus

    3 006
  • Inscription

  • Jours gagnés

    1

Tout ce qui a été posté par satinvelours

  1. A l'époque de Kierkegaard l'hystérie est conçue comme une maladie de la simulation. L'hystérique est soupçonnée mimer, simuler des troubles pour attirer sur elle l’attention. Avant les travaux de Breuer et Freud on a conscience que dans l'hystérie il y a quelque chose qui intéresse la représentation c'est-à-dire l'hystérique n'est hystérique qu'à partir du moment où il y a un regard pour la voir. L'hystérique est la malade, car il a fallu attendre les travaux de Breuer et de Freud pour commencer à détecter des symptômes y compris chez les hommes. Auparavant même lorsque les hommes étaient hystériques on ne les postulait pas comme tels, puisque l'hystérie était censée provenir d'une humeur baladeuse de l'utérus. Mais on a compris que dans l'hystérie quelque chose d'un trouble intéresse la nécessité de se donner en spectacle, de se représenter, de faire en sorte que tous les regards convergent vers soi. Les hystériques vont être particulièrement punies de leur maladie puisqu'elles seraient de fausses malades, leur maladie serait imaginaire et elles se livreraient à cette débauche de cris et de gesticulations et autres comportements troublés et troublants que pour arracher une attention que dans la normalité on ne leur accorderait pas. Kierkegaard a peut-être compris intuitivement que le cœur même de l'hystérie n'est pas autre chose qu'une peur du face à sa propre jouissance. On sait maintenant d'une façon clinique, c'est la peur de sa propre jouissance puisque dans la jouissance il y a quelque chose de l'ordre du vide, cette mélancolie, hystérie de l'esprit qui ne parvient pas à se ressaisir. L'esprit n'a pas encore trouvé la voie qui va lui permettre d'émerger, de s'arracher à la chair dont il est tout à fait l'esclave. C'est cette existence emprisonnée qui aux yeux de Kierkegaard conduit à l'angoisse. L'esprit se manifeste d'une façon négative sous cette forme dégénérée qui est d'une part la mélancolie et d'autre part l'angoisse qui se saisit de Néron. Il arrive un moment où tout homme normalement constitué ne peut plus se satisfaire du mode de vie esthétique. Il ne peut plus se satisfaire de l'immédiateté. Il acquiert peu à peu au travers même de son expérience esthétique une forme de maturité qui réclame une forme de vie supérieure. Le mélancolique type Néron est celui qui masque au moyen de l'infinité de ses jouissances la finitude de la jouissance. Le mélancolique est celui qui aspire à l'infini mais qui se trompe d'infini. Il loge l'infini dans l'infinité des plaisirs, des jouissances en en variant la forme sans limite. Mais ceci n'est pas le véritable infini que l'on ne peut trouver qu'en Dieu dans le stade final.
  2. b) Deuxième élément plus complexe. Ce qui va permettre ce passage est un élément un peu paradoxal que Kierkegaard appellera plus tard le désespoir. Ces grandes figures sont des figures qui s'organisent autour de l'un de ces éléments qui devient l'élément principal permettant le passage. Le rôle du désespoir et de la mélancolie : désespoir de celui qui découvre sa finitude et les limites qui sont les siennes précisément dans sa prison de chair c'est-à-dire dans son corps. Découverte des limites propres à la sensualité qui ne parvient pas à se spiritualiser. Dans le cas de Johannes il y a un cheminement, la spiritualisation de la sensualité se fait. Dans le deuxième cas ce sera plus violent. On va faire l'épreuve d'une impossibilité de rencontrer l'esprit et c'est cette épreuve très douloureuse qui va permettre le bascul. Kierkegaard pense à la figure de Néron. « La mélancolie de Néron ». Pour Kierkegaard Néron incarne l'esprit qui ne parvient pas à s'élever au-dessus de la chair et qui meurt progressivement au travers des excès de cette dernière. Alors Néron halète, épuisé. « L'empereur n'a de repos que dans la jouissance mais voilà que l'angoisse le prend au cœur même de son plaisir. » La jouissance est ici simplement le masque de l'angoisse. Qu'est-ce qui suscite l'angoisse de Néron ? C'est le vide qui se creuse au sein même du plaisir. Néron s'angoisse face au vide laissé par l'esprit qui ne parvient pas à s'élever. Il est le plus seul des hommes, plus nu que ceux qui ne possèdent rien. « Il brûle la moitié de Rome mais son tourment reste le même. Bientôt les distractions de ce genre ne le réjouissent plus. » Puisqu'aucun plaisir n'est susceptible de calmer cette angoisse alors Néron va « répandre l'angoisse autour de lui ». A la fin de cette analyse Kierkegaard nous pose un diagnostic sur Néron. Néron est un mélancolique. Kierkegaard définit la mélancolie comme « une hystérie de l'esprit ». Cette définition nous éclaire et nous enténèbre à la fois parce que Freud n'a pas encore écrit sur l'hystérie. On ne peut plaquer sur le texte de Kierkegaard la conception moderne et contemporaine de l'hystérie. Il nous faut donc revenir en arrière.
  3. ¡AY! El grito deja en el viento una sombra de ciprés. (Dejadme en este campo, llorando). Todo se ha roto en el mundo. No queda más que el silencio. (Dejadme en este campo, llorando). El horizonte sin luz está mordido de hogueras. (Ya os he dicho que me dejéis en este campo, llorando). Traduction A. Bial Ay! Le cri abandonne au vent l'ombre des cyprès. (Laissez moi dans cette campagne, en pleurs.) Tout est détruit dans le monde. Il ne reste que le silence. (Laissez moi dans cette campagne, en pleurs.) L'horizon sans lumière est dévoré par les incendies. (Je vous ai dit de me laisser dans cette campagne, en pleurs.) Traduction : Pierre Demangeat Aïe ! Le cri laisse dans le vent une ombre de cyprès. (Laissez moi dans ce champ, pleurer.) Tout s’est brisé dans le monde. Il ne reste que le silence. (Laissez moi dans ce champ, pleurer.) L’horizon sans lumière est mordu de brasiers. (Je vous ai dit de me laisser dans ce champ, pleurer.) « La douleur prend chair dans et par le chant. Qu’il soit cri, cordes frottées ou cordes pincées, le chant n’est donc pas seulement sonore : il est un corps. Il laisse une ombre derrière lui. À force de densification, il se mue en sujet, devient invisible, palpable. L’ombre portée du cri a, naturellement, à voir avec la mort : le cyprès, symbole mortuaire, n’apparaît pas ici de façon anodine. » ( La guitare fait pleurer les songes : Thomas Le Colleter. Université Paris IV–Sorbonne). https://www.youtube.com/watch?v=zhaasbl8L7c
  4. Lettre 48 9 janvier 2019 Samuel, Sous la domination des quatre premiers califes et de la dynastie des Omeyyades la condition des Juifs des territoires conquis par les Arabes va s’améliorer. En échange de leur sujétion politique et militaire qui implique certaines obligations : ne pas porter assistance aux ennemis de la vraie foi, payer tribut et aider à l’effort de guerre, les communautés juives se voient offrir la sécurité physique, la liberté religieuse et économique, et l’autonomie communautaire. Les communautés juives de Perse, de Palestine, d’Afrique du Nord et d’Espagne accueillent donc les Arabes favorablement car ceux-ci les délivrent des persécutions récurrentes exercées par le monde chrétien. En Espagne surtout, là où le pouvoir wisigothique interdisait toute manifestation du judaïsme et séparait les enfants de leurs familles pour les confier à des familles chrétiennes, les Juifs accueillent les Arabes en libérateurs. Mieux ils collaborent activement avec l’envahisseur qui va jusqu’à leur confier la garde des villes conquises. Autre changement significatif : la levée de l’interdit, païen aussi bien que chrétien qui fermait aux Juifs les portes de Jérusalem. Plusieurs dizaines de familles peuvent désormais s’y installer (voir lettre 47-2). Le calife Mu’awiya premier de la dynastie ommeyade installera aussi des Juifs en Syrie où il s’est établi, les considérant comme des alliés. Les Omeyyades favorisent aussi le retour des Juifs à Alexandrie. La conquête musulmane va bouleverser les structures économiques des communautés juives. Au moment de la conquête l’économie juive aussi bien en Palestine que dans l’ensemble de l’Orient était fondée pour l’essentiel sur l’agriculture. Le tribut foncier (tribut sur la terre et la production agricole) imposé aux Juifs va éloigner ceux-ci du travail de la terre et les inciter à se tourner vers les professions commerciales ou artisanales. Les Omeyyades tiennent à marquer la supériorité de l’islam sur le judaïsme. Ainsi, en 691, ils construisent sur l’esplanade de l’ancien Temple de Jérusalem le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa. En 716 ils fondent une ville arabe en Palestine, à l’ouest de Jérusalem, Ramleh mais ils réservent tout un quartier de la ville aux Juifs qui y pratiqueront le métier de teinturiers. En 750 les Omeyyades seront renversés par une nouvelle dynastie arabe : les Abbassides. Ceux-ci mettront en place une nouvelle culture musulmane sur les territoires conquis par les Omeyyades. Bon courage pour la reprise au lycée. Je te souhaite une belle année avec la perspective d’un départ conquérant en Russie ! Je t’aime
  5. C'est la figure la plus accomplie, néanmoins la plus éloignée de Don Juan, figure toute artificielle. Pour Johannes l'artifice est poussé à la limite de sa propre possibilité. On ne peut avoir être plus artificiel que ce personnage. Kierkegaard le fait apparaître dans « le journal du séducteur » comme un artifice dans l'artifice. Présentation de construction artificielle par le jeu littéraire et la fiction. Cela se présente comme laboratoire expérimental où s'élabore et s'éprouve en même temps ce qui parachève la posture de l'esthète. Le personnage de Johannes représente la séduction réfléchie, c'est-à-dire la séduction jouissant d'elle-même. La véritable jouissance et la véritable séduction se réfléchissant, ce faisant la jouissance s'épure puisqu'elle provient maintenant de la réflexion sur la jouissance. Il n'y a plus rien chez Johannes de la puissance démoniaque de la sensualité. Toute l'énergie vitale que l'on trouvait encore chez Faust est maintenant convertie en capacité réflexive laquelle n'obéit en rien à la spontanéité. Mais pour construire cette machine de la séduction, la réflexion aura besoin de la ruse et du cynisme, ces deux éléments qui rendent odieux le texte. Johannes se contemple en train de séduire Cordélia. Toute son entreprise vise à accomplir son art et à le porter à un degré ultime de maîtrise et de perfection. Ce moment atteint, la rupture figure la seule solution. Elle est nécessaire. La jouissance n'est plus que dans la quête réfléchie et la séduction devient un jeu avec soi-même. « Tout est image, je suis mon propre mythe » dit Johannes. L'objet est évacué. Trois éléments sont repérables dans l'œuvre de Kierkegaard qui permettent de passer de la sphère esthétique à la sphère éthique. La sphère éthique va se présenter comme un dépassement nécessaire de la sphère esthétique. Ces sphères ne sont pas indépendantes les unes des autres, ni extérieures. a) Le premier élément pourrait être représenté par le personnage de Johannes. C'est la sensualité mais qui est confrontée à l'esprit et qui va peu à peu être spiritualisée. Le plaisir le plus vif pour Johannes est de voir qu'il peut justement triompher de la sensualité pure. C'est la jouissance que l'on retire à voir l'esprit triompher de la sensualité pure, sorte d'alchimie qui lentement va transformer de l'intérieur la sensualité, la spiritualiser et
  6. Lettre 47-2 7 janvier 2019 Samuel, A Médine la révélation va devenir plus concrète, adaptée à la résolution des questions sociales et politiques. Comment organiser la justice, la vie en commun, l’héritage, etc. Le Prophète devient un chef d’État qui doit régler tous les problèmes qui se posent à un État, si petit soit-il. Il réunit sous l’autorité d’un seul Dieu, Allah (dieu qui faisait déjà partie des divinités préislamiques) toutes les tribus de Médine, lui-même se posant donc comme le messager d’ Allah. Il tente de réunir aussi sous son autorité les trois tribus juives de Médine : les Qaynuqa, les Banu Nadir et les Banu Qurayza. Pour cela il prend beaucoup au judaïsme : le monothéisme bien sûr, mais aussi des traditions judéennes : le shabbat, le carême du Kippour par exemple et il fait ses prières en se tournant vers Jérusalem. En tant que chef de la cité de Médine il se doit d’assurer la subsistance de ses administrés. L’économie locale n’est pas assez productive. Aussi Mahomet va se lancer dans une guerre de conquête pour s’emparer des biens de consommation dont il a besoin. Sa cible va être la riche cité de la Mecque. Mais les Judéens ne vont pas le suivre dans cette politique de conquête. D’abord ils ne supportent pas vraiment que Mahomet tente de leur imposer son autorité, mais ensuite ils préfèrent entretenir des relations d’échange commercial avec les maîtres de la Mecque. Mahomet ne peut pas accepter que dans la cité qu’il dirige des tribus lui fassent défaut. Aussi, en 624 il va obliger la tribu de Qaynuqa à quitter Médine. Elle émigrera dans l’actuelle Transjordanie. Puis en 625 il expulse la tribu des Banu Nadir qui se réfugiera à Khaybar, une oasis peuplée de Juifs et située à 150 kilomètres au nord de Médine. Quand la troisième tribu, celle des Banu Qurayza, prit parti contre lui dans sa lutte contre la Mecque il sera radical : il tuera les hommes et il vendra comme esclaves les femmes et les enfants. Du coup la révélation va changer. Mahomet fait maintenant les prières en se tournant vers la Mecque, il avance le shabbat au vendredi, il remplace le carême du Kippour par le ramadan mais surtout il va donner un autre sens à la nouvelle religion qu’il est en train de bâtir. Par la Révélation qui se déroule sur 20 ans et qui s’enrichit ou change dans ses attendus en fonction des événements, il va construire cette audacieuse vision : Allah est le seul Dieu depuis toujours et la Révélation est la seule parole vraie d’Allah, parole qui a toujours été et qui est maintenant révélée par le Prophète ; Abraham est le fondateur de l’islam, il est le premier musulman, en tant qu’il est le premier à avoir annoncé le monothéisme. Tous ceux qui sont nés après lui sont musulmans tandis que les Juifs et les chrétiens n’auront pas compris ou auront déformé la parole d’Allah.Mahomet est donc celui par lequel advient la seule vérité. Il établit l’antériorité de l’islam sur le judaïsme et le christianisme. Il continue sa politique de conquête territoriale. Ne parvenant pas à s’emparer de la Mecque il va s’attaquer en 628 à l’oasis de Khaybar. Les Hébreux résistent mais sont vaincus. Mahomet va inaugurer une politique qui sera plus tard institutionnalisée par ses successeurs : il offre aux Hébreux sa dhimma c’est-à-dire sa protection en échange de quoi ils doivent lui livrer la moitié de leur production agricole. Il poursuit sa marche vers le Nord, il occupe le sud de la Palestine. En 630 il soumet enfin la Mecque. Impressionnées par cette victoire même les tribus nomades les plus éloignées de Médine commencent à lui faire allégeance. Il meurt en 632. Son successeur, le Calife Abu Bakr (Calife signifie député, député du Prophète) qui régna de 632 à 634 poursuit l’œuvre de Mahomet en soumettant toute l’Arabie et en remportant des premières victoires contre les Perses et les Byzantins [l’Empire byzantin est l’autre nom donné à l’Empire romain d’Orient, par référence à Byzance qui était l’ancien nom de Constantinople]. De 634 à 644 Omar ibn al-Khattab succède en tant que deuxième Calife à Abu Bakr. Il s’attribue le titre de Commandeur des Croyants. C’est sous son règne que commence réellement l’épopée de l’islam avec les premières grandes conquêtes et la conversion de peuples entiers à la nouvelle religion. Il conquiert sur les Byzantins l’Égypte, la Palestine et la Syrie, sur les Perses la Mésopotamie et une large partie Est de la Perse. Omar va interdire l’Arabie aux non-musulmans. Les Hébreux doivent partir d’Arabie notamment la colonie juive de Khaybar. Mais il permet aux Juifs de revenir à Jérusalem (qu’il conquiert en 637-638) et il installera d’autres Juifs expulsés dans l’ancienne région de Babylone. Il va institutionnaliser la pratique de la dhimma. Moyennant le paiement de l’impôt les Juifs (et toutes les minorités non musulmanes) appelés les dhimmi peuvent garder leurs terres et pratiquer leur culte dans tous les territoires conquis par les Arabes (hors Arabie d’où tous les non-musulmans sont expulsés). Les deux Califes qui suivent, Othman ibn Affan (644-656) puis Ali ibn Abou Taleb (656-661) continuent la politique de conquêtes avec la prise de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan, de la Perse orientale, de la Tripolitaine, de Chypre et de Rhodes. En 661 le nouveau Calife Mu’awiya fonde la dynastie des Omeyyades qui régnera juqu’en 750. Il transporte le siège du pouvoir de Médine à Damas. En moins d’un siècle les Omeyyades vont édifier un pouvoir sans précédent dans l’Histoire. A l’Est ils vont conquérir tous les territoires jusqu’à la vallée de l’Indus et décident de s’arrêter aux confins de la Chine. A l’Ouest ils partent à l’assaut du Maghreb. En 670 le chef de guerre Uqba ibn Nafi part de l’oasis de Ghadamès en Libye. A la tête de 10 000 cavaliers il prend la Tunisie et fonde la ville de Kairouan. Puis il atteint l’Atlantique traversant l’Algérie et le Maroc actuels. Mais les Berbères qui habitent ces pays, menés par la reine des Aurès, Cahina (surnommée la Juive) résistent. Puis ils cèdent. Les Arabes les traitent avec tact et les assimilent. Tant et si bien que c’est un berbère, Tariq ibn Ziyad qui est chargé, en 709, d’organiser l’expédition d’Espagne. Il traverse le détroit en 711, débarque à Gibraltar et en octobre il occupe Tolède. En 714 il s’empare de Saragosse. Puis il occupe l’Andalousie et remonte vers la France. Charles Martel arrête sa progression à Poitiers en 732. A cette date l’Empire omeyyade s’étend des Pyrénées aux rives de l’Indus, du Sahara à la mer d’Aral. Jamais un empire aussi vaste n’avait encore été constitué. Toute la rive sud de la Méditerranée est désormais occupée par les Arabes musulmans. Ils ont un pied en Europe avec l’occupation de l’Espagne. Leur territoire s’étend largement à l’Est jusqu’aux confins de la Chine. En revanche ils ne parviennent pas à prendre Constantinople. Le noyau de l’Empire romain d’Orient résistera. La rive nord de la Méditerranée, l’Europe, ne sera pas non plus occupée.
  7. Kierkegaard insiste beaucoup sur le fait que contrairement à ce que l'on pense, l'esthète ne choisit pas. L'esthète n'est pas l'être du choix. Dans le stade esthétique on refuse le choix, ce qui en même temps, comme le dira Sartre, est un choix. Choisir de ne pas choisir est encore une façon de choisir. Mais ce n'est pas l'analyse de Kierkegaard. Au premier degré l'esthète refuse de choisir car il sait très bien spontanément que tout choix nous enferme. La dynamique du désir veut qu'il ne se ferme rien et que ne pas choisir c'est embrasser les possibles qu'offrent la vie, se confronter à la multiplicité des expériences possibles. L'esthète dit : je veux jouir de la vie. Mais qu'y-a-t-il dans cette expression se demande Kierkegaard, est-ce que cela va être une posture existentielle que nous allons pouvoir conserver ? Mais méfions-nous de cette expression car celui qui veut jouir de la vie fait de la vie une instance qui lui demeure extérieure. Tout se passe comme si la vie était une sorte d'objet à l'extérieur de moi que je veux m'approprier, posséder. Et bien entendu j'attends que cette position m'apporte du plaisir et de la satisfaction. Or je fais dépendre mon être et son devenir de quelque chose que moi je pense et je vis et me représente comme étant, non pas moi, mais quelque chose qui est extérieur à moi, c'est-à-dire la vie. Autrement dit l'esthète est celui qui n'a pas encore sa propre vie. Il n'imprime pas à la vie son propre sceau. Car s'il pouvait imprimer à la vie son propre sceau cela supposerait qu'il ait fait un choix. Or il ne peut et il ne veut pas choisir. Le choix constituera la marque privilégiée de l'autre stade, celui vers lequel lentement on s'achemine, c'est-à-dire le choix de l'éthique. Kierkegaard formule cela en disant que l'esthète ignore le « ou bien ou bien » c'est-à-dire la nécessité du choix. Dans le stade esthétique un plaisir en remplace un autre, il n'y a pas de choix, il n'y a pas d'alternative. L'esthète est prisonnier de sa jouissance dont il suit les exigences et les formes capricieuses. La seule activité qui lui soit possible c'est celle de la réflexion. Il pourra réfléchir peu à peu à la forme que pourra prendre son plaisir, c'est ce que fera le narrateur de la troisième figure de l'esthète, héros du « Journal du séducteur » Johannes qui représente la figure la plus accomplie du stade esthétique.
  8. Quand on s’intéresse à l’histoire de la physique on constate que son évolution ne provient pas d'un effort d'invalidation des théories en cours (là vous paraphrasez Popper). Elle provient de l'effort mis à dépasser des contradictions. Les deux grandes contradictions qui enfantèrent la physique quantique et la relativité sont le rayonnement supposé continu du corps noir et la constance de la vitesse de la lumière dans le vide quelles que soient les vitesses relatives des référentiels utilisés pour mesurer cette vitesse. C'est le dépassement de ces contradictions qui fit progresser la physique. Le processus de validation de la science n'est pas d'abord collectif. Ce qui valide une théorie c'est sa puissance prédictive (vérifiée par l'observation). C'est d'abord l’expérience qui amorce le processus de validation. Un homme seul finit par entrainer la communauté scientifique si sa théorie est vérifiée par l’expérience. Pensons à Boltzmann qui s'est suicidé tellement il fut esseulé. Pourtant sa théorie a fini par s'imposer grâce à la vérification par l’expérience. Enfin une théorie n'est jamais invalidée, elle est complétée. Newton n'est pas invalidé par Einstein, il est complété.
  9. Il y a deux hémisphères, ou encore il y a la raison et le sentiment, ou encore le réel et l’imaginaire, ou encore le masculin et le féminin, ou encore...C’est la volonté de vouloir tout soumettre à un seul principe qui conduit à des impasses. Il y a résistance aux sciences lorsque les scientifiques sortent de leur domaine de compétence, lorsqu’ils veulent transporter leurs règles, dont le principe est le plus souvent un déterminisme sommaire, à des champs d’études qui ne sont pas les leurs. Le monde religieux par exemple concerne les sociétés des hommes et des femmes. Or les principes qui règlent les rapports entre les humains, dans les sociétés qu’ils composent, ne sont pas les mêmes que ceux qui règlent le monde des objets inanimés. Un même homme peut affirmer une chose dans le monde scientifique et son contraire dans le monde religieux car les champs d’action sont totalement différents. C’est ainsi qu’il existe des scientifiques de haut niveau qui sont aussi des croyants. Transporter sur un niveau de complexité supérieur (les sociétés humaines) la complexité d’un niveau inférieur (les objets inanimés) est une entreprise absurde et inconséquente. Je me souviens de cette phrase de Jésus qui disait en gros ceci : « quand vous serez réuni en mon nom alors j’apparaîtrai ». Ce n’est pas exactement cela qu’il a dit mais ce qu’il voulait signifier c’est que, lorsque les hommes forment une communauté, il leur « apparaît » des réalités qui peuvent paraître absurdes aux scientifiques mais ces réalités n’en sont pas moins opératoires dans les dites communautés.
  10. Ce refuge dans le présent, dans l'instant se retrouve chez Don Juan, chez Faust sur des modes différents. Chez Don Juan, éparpillement des conquêtes. Don Juan n'existe vraiment que dans le pur moment de la rencontre qui aboutit chez lui à une abolition du passé et une abolition du futur. La légèreté et le poids insupportable de Don Juan, c'est de se ramasser dans l'instant, non pas au terme de cette aptitude que seule l'existence nous apprend à pouvoir assumer notre passé et le réinvestir dans le présent et s’y reconnaître, et en dégager les lignes futures. Le « bon » investissement du présent est celui qui semble le plus susceptible de nous apporter du bonheur parce que là nous nous reconnaissons pour ce que nous sommes. La source profonde du malheur c'est cette incapacité à laquelle nous sommes de profondément nous reconnaître. Nous pouvons avoir la lucidité de bien analyser ce que l'on a fait, d'en comprendre les mécanismes, de bien cerner les finalités auxquelles nous avons obéi à tel moment de notre vie qui pouvaient par ailleurs nous demeurer obscures au moment où nous avons agi, et sachant cela une autre partie de nous ne passe pas. Cette absence là de reconnaissance c'est le déchirement profond. C'est vraiment la source du malheur profond. Habiter l'instant c'est habiter l'instant avec cette connaissance de soi liée à son passé, son histoire. A partir de cela dégager un futur et un possible pour nous et une fois que le passé débouche directement, court-circuitant le présent sur le futur, revenir sur notre présent. C'est à cette condition que nous pouvons habiter notre présent. Ce n'est pas du tout ce qu'accomplissent Don Juan et Faust. Ils sont dans cette adhésion à l'instant comme ultime bouée qui les préserve de l'horreur, du désespoir. On est dans une valeur refuge. Éparpillement des conquêtes chez Don Juan, au contraire concentration sur un seul objet chez Faust, l'amour porté à Marguerite, mais qui est un amour jouissoire. C'est moins Marguerite en tant que telle qui intéresse Faust que ce qu'elle est capable de lui apporter en terme de consolation, de réparation. Abolition du passé comme du futur également chez Faust qui tente dans le retour à la sensualité et à l'amour d'annihiler la brûlure du savoir. Mais dans les deux cas ce que l'esthète fait comme épreuve, c'est l'épreuve d'une aliénation fondamentale. Son existence ne dépend jamais de lui.
  11. Arbolé, arbolé seco y verdé. La niña del bello rostro está cogiendo aceituna. El viento, galán de torres, la prende por la cintura. Pasaron cuatro jinetes sobre jacas andaluzas con trajes de azul y verde, con largas capas oscuras. «Vente a Córdoba, muchacha». La niña no los escucha. Pasaron tres torerillos delgaditos de cintura, con trajes color naranja y espadas de plata antigua. «Vente a Sevilla, muchacha». La niña no los escucha. Cuando la tarde se puso morada, con luz difusa, pasó un joven que llevaba rosas y mirtos de luna. «Vente a Granada, muchacha». Y la niña no lo escucha. La niña del bello rostro sigue cogiendo aceituna, con el brazo gris del viento ceñido por la cintura. Arbolé arbolé seco y verdé. Traduction: Bernard Lorraine Arbrisseau, arbrisseau. La jeune fille au beau visage Est là, à ccueillir des olives ; Le vent qui courtise les tours Vient à la prendre par la taille. Ont passé quatre cavaliers Sur petits chevaux andalous, Habillés d’azur et de vert Sous leurs vastes capes foncées. « Pour Cordoue , mets-toi vite en route ! » Mais la fille ne les écoute. Ont passé trois toréadors Tout jeunes, et la taille fine, En costume couleur d’orange Avec épées de vieil argent. « Pour Séville, mets-toi vite en route ! » Mais la fille ne les écoute Lorsque le soir tourne au violet Dans une lumière diffuse, Passe un jeune homme qui portait Des roses, des myrtes de lune. « Pour Grenade vie, mets-toi vite en route ! » Mais la fille ne les écoute. La fille au visage charmant Continue à cueillir l’olive Tandis que le bras gris du vent Par la taille la tienne captive. Autre traduction : Pierre Darmangeat Arbrisseau sec et vert arbrisseau. Elle cueille les olives la fillette au beau visage. Le vent, vert-galant des tours, l’a saisie par la taille. Passent quatre cavaliers sur des juments andalouses en costumes bleus et verts avec leur cape en velours. – La belle, viens à Cordoue. Mais elle ne les écoute. Passent trois torerillos minces de taille et pimpants. Leurs habits sont orangés leur épée en viel argent. – La belle, viens à Cordoue. Mais ça ne les écoute. Et lorsque le soir violet pâlit dans le jour diffus, vint un garçon qui portait roses et myrtes de lune. – La belle, viens à Grenade. Mais elle n’écoute pas. Elle cueille les olives la fillette au beau visage avec le bras gris du vent serré autour de sa taille. Arbrisseau sec et vert arbrisseau. « Le vent comme recours poétique dans l’oeuvre de Lorca présente une série de facettes et de variantes dont l’intérêt jusqu’à maintenant a été peu étudié. Nous pensons que cela est en partie dû à la popularité de certains poèmes dans lesquels le vent apparaît dans un contexte erotique ; ce qui a contribué à fixer l’élément comme symbole de la libido. » ( Autre aspect du vent dans l’oeuvre de Federico García Lorca- Ruth Hyéndez Alder).
  12. C'est pour cela que Bergson définit, aplatit la conscience, comme étant du temps.Qu'est-ce que la conscience chez Bergson ? C'est notre perception intime, cela commence dans le vécu du corps donc de la sensation, l'émotion, puis cela se prolonge intellectuellement parlant. La conscience pour Bergson est cette saisie intérieure du temps. Cette saisie intérieure du temps ne peut se passer que comme saisie de ce temps privilégié sur la conscience qu'est la durée. Ce que la conscience éprouve en permanence au travers de l'expérience c'est la durée, durée des choses, durée de son être propre, durée du monde, durée des autres. Un temps intérieur est un temps tout à fait subjectif. Cette infinité d'instants c'est ce qui constitue la réalité objective avec laquelle par ma conscience je triche. Cet éparpillement je l'ordonne et je lui substitue un ordonnancement que j'appelle la durée avec sa succession. Le réel objectivement parlant n'a rien à voir, n'a rien à faire de cet ordonnancement et de cette succession. Ceci n'intéresse que les exigences de ma conscience. Alors l'esthète malgré ses raffinements, malgré ses postures de dandy ne doit pas nous abuser. Car il cache un être archaïque, tel qu'on le voit évoluer chez Kierkegaard. Pas l'esthète en général, mais celui qui est englué dans la matière, traversé par ce chaos, ce désordre du monde, et il triche puisque son « jeu » est d'arriver à ce masquer cela à lui-même. Comment ? En réfléchissant sur sa posture.
  13. Kierkegaard énonce en termes hégéliens l'impossibilité de la quête faustienne car l'esprit est par excellence le lieu où s'accomplit le long et laborieux travail de la médiation. Il y a là quelque chose frappé d’impossibilité de sorte que toute l'histoire de Faust ne peut conduire qu'à la destruction, à la mort. Il faut que Faust découvre qu'elle est la contradiction monstrueuse dont il est l'expression pour que, l'ayant enfin découverte, cette contradiction s'annule, traduction littéraire, le personnage meurt. Pour Kierkegaard la figure faustienne s'incarne tout à fait dans le penseur qu'est Hegel et dans tout penseur hégélien lequel est tout occupé à abstraire, a subsumer. Le penseur abstrait, le philosophe, celui que rejette Kierkegaard c'est celui qui constamment part du réel, du particulier, ne le fait que pour l'arracher le plus rapidement possible à cette particularité, le subsumer sous la catégorie de l'universel de sorte qu'en réfléchissant la vie, le penseur nécessairement oublie de vivre. De la même façon Faust a oublié de vivre dans les livres et lorsqu'il cherche à réparer cela il comprend que c'est irréparable et forcément ce retour à la sensualité ayant raté ce travail dialectique qui doit se faire au départ, ne peut ouvrir que sur un échec et particulièrement sur la mort. Si l’on fait le point sur l'esthète, qu'a-t-on appris ? Vivre pour l'esthète c'est vivre sur le mode de l'immédiateté et si Faust a commencé à explorer la médiateté, son caractère décevant le ramène à l'immédiateté. L'immédiateté est l'horizon sur lequel évolue l'esthète, sur lequel il déploie sa vie. Vivre sur le mode de l'immédiateté c'est être dans l'instant. Mais attention cette formulation est ambiguë. Cela ne veut pas dire être dans l'instant sur le mode de celui qui, conscient de son passé, assumerait son histoire et enfin étant conscient de son passé, sachant un minimum assumer son histoire, serait capable d'habiter l'instant pour ce qu'il est, de s'y reconnaître, de l'y faire sien. Cela c'est la jouissance de l'instant éclairé par la totalité de ce que je suis jusqu'à maintenant. Ce n'est pas cela. L'esthète n'est pas ainsi dans l'instant. Il est dans l'instant, dans l'oubli de soi non pas dans la ferveur gidienne de l'instant, mais dans l'oubli de soi. Il est dans l'instant sur le mode de la perte, perte de soi. Il est dans l'instant sur le mode de la jouissance qui n'est que le masque du désespoir. C'est pour cela que la vie de l'esthète est nécessairement dispersion, éparpillement. Comme de l'autre côté sont éparpillés l'ensemble des instants qui constituent ce que nous appelons par anthropomorphisme aigu le temps et plus particulièrement la durée. Car c'est notre conscience qui exige pour se repérer que le temps ait un ordre. C'est nous qui relions l'instant et l'après. C'est notre conscience qui synthétise cela.
  14. Je ne crois pas qu’il y ait une résistance accrue aux sciences. C’est aussi une question de générations. Les jeunes par exemple sont dans leur majorité ouverts aux sciences tandis que les plus anciens y sont plus hostiles. Les sciences permettent d’avoir une vision plus large du monde. Je regarde un paysage, je le vois ceinturé par des frontières que je crois naturelles alors qu’elles ne sont que mentales. Les sciences brisent les frontières et permettent d’embrasser dans notre vision des étendues plus vastes. Cette vision plus vaste détermine la nature de nos actions. Les pus jeunes, ceux qui n’ont pas encore bâtis de châteaux peuvent encore choisir toutes actions possibles. Les sciences non seulement élargissent leur champ d’intervention mais elles leur offrent aussi de nouveaux moyens d’action. Les autres, en avançant dans la vie, bâtissent des mondes assis sur des hypothèses prises pour des certitudes. Les sciences tendent à éroder ces certitudes et à ne plus leur laisser que le caractère de simples hypothèses parfois irrationnelles. Certains s’en trouvent insécurisés d’autres n’en sont pas pour autant troublés, capables qu’ils sont d’avancer sans avoir besoin de certitudes. Les sciences s’opposent surtout (bien malgré elles) aux religions qui s’adressent aux personnes qui ont un besoin intense de sécurité spirituelle. Ceux-là il leur faut des certitudes. Aussi regardent-elles les sciences avec méfiance. Mais tous ne recourent pas aux religions par besoin de sécurité. Certains savent harmoniser science et religion. Un savant juif peut bien savoir que le monde est vieux de plusieurs milliards d’années et fêter quand même Roch Hachana parce qu’il sait que Roch Hacahna est un mythe nécessaire à la construction d’un imaginaire qui est tout autant nécessaire, en tant qu’imaginaire, à l’éclosion de sa raison scientifique. Opposer science et imaginaire, science et poésie révèle une culture occidentale troublée par le mythe de l’unité. D’autres cultures, certaines cultures orientales, comme aussi la culture ashkenaze acceptent et se nourrissent même de cette dualité réalité-imaginaire parce qu’elles en éprouvent chaque jour la puissance créatrice. Gödel peut élaborer une vision du monde jugée délirante par le rationalisme occidental européen et se révéler l’un des plus grands logiciens de tous les temps.
  15. Autre traduction du Sonnet : André Belamich Spectre d’argent aux franges qui frémissent la brise de la nuit en soupirant rouvre ma vieille plaie de sa main grise et s’éloigne : je reste pantelant. Douleur d’amour d’où rejaillit la vie, puits éternel de lumière et de sang, retraite où Philomèle muette et triste trouve son nid, ses bois et son tourment. Ah, quelle douce rumeur dans ma tête ! Je m’étendrai près de la fleur naïve où flottera sans âme ta beauté, et là, tandis que blondira l’eau vive, mon sang se répandra par la jonchaie humide et odorante de la rive.
  16. Soneto Con alas y flechas Largo espectro de plata conmovida el viento de la noche suspirando, abrió con mano gris mi vieja herida y se alejó: yo estaba deseando. Llaga de amor que me dará la vida perpetua sangre y pura luz brotando. Grieta en que Filomena enmudecida tendrá bosque, dolor y nido blando. ¡Ay qué dulce rumor en mi cabeza! Me tenderé junto a la flor sencilla donde flota sin alma tu belleza. Y el agua errante se pondrá amarilla, mientras corre mi sangre en la maleza olorosa y mojada de la orilla. Traduction : Lionel- Édouard Martin Spectre considérable agité d’argenture la brise de la nuit venue dans un soupir d’une main grise ouvrit mon ancienne blessure et puis s’en fut ; m’allait emplissant le désir. Meurtrissure d’amour qui me donnera vie sang jamais épuisé, source de clarté pure. Fissure où Philomène amuïe de tout cri aura forêt, douleur et câlines ramures. Quelle douce rumeur s’empare de ma tête ! Je me tiendrai tout près de cette fleur discrète où d’âme dépourvue ta vénusté louvoie. Et l’eau des rus errants se teindra de doré tandis que coulera mon sang dans les sous-bois empreints d’odeurs et de mouillure de l’orée.
  17. Lettre 47-1 30 décembre 2018 Samuel, La communauté juive en Arabie et la naissance de l’Islam Les Hébreux se sont implantés très tôt en Arabie, probablement au moment de l’exil à Babylone soit au sixième siècle avant l’E.C. Après la destruction du Temple en 70 après l’E.C. d’autres israélites se réfugièrent en Arabie. Ils s’installèrent principalement dans la région du Hedjaz autour des oasis de Yathrib et de Khaybar. Le Hedjaz est une région de l’Arabie qui longe la mer Rouge. C’était une voie de communication très fréquentée entre la Méditerranée et l’Orient, via les ports du Yémen, région du sud de l’Arabie. Ce sont les Arabes qui assuraient les échanges par le biais de leurs caravanes de chameaux qui transportaient les produits échangés. Les Hébreux introduisirent dans les oasis l’irrigation, la culture des dattes, de la vigne, la production du miel, le tissage, l’orfèvrerie et la métallurgie. Les Arabes sont d’origine sémite comme les Hébreux. La tradition biblique hébraïque les fait descendre d’Ismaël, fils d’Abraham et de Agar, une esclave d’origine égyptienne au service de Sara, la femme d’Abraham. Comme Sara se révéla stérile, elle proposa à son mari de se rapprocher de son esclave afin d’avoir une descendance. Ainsi naquit Ismaël. Mais Sara finit par tomber enceinte et donna à Abraham un fils : Isaac. Du coup Sara exigea de son mari qu’il renvoie Agar et Ismaël car dit-elle : « Le fils de cette esclave n’héritera point avec mon fils Isaac ». Abraham s’exécuta non sans que Dieu n’intervint pour le réconforter et lui assurer qu’Ismaël « engendrera douze princes [douze tribus] et je le ferai devenir une grande nation ». Mais l’Alliance de Dieu avec Abraham sera confirmée avec Isaac et non avec Ismaël. « Je [Dieu] maintiendrai mon pacte avec lui [Isaac] comme pacte perpétuel à l’égard de sa descendance [les Hébreux] » Les Arabes étaient principalement des bédouins c’est-à-dire des nomades vivant de l’élevage de caprins (chèvres), d’ovins et de camélidés (chameaux et dromadaires) et de commerce caravanier. Cette spécialisation dérivait de la nature du territoire qu’ils occupaient, essentiellement des terres désertiques avec quelques points d’eau (oasis). Cette géographie difficile ne favorisait pas le développement de l’agriculture ni celui de la sédentarité. Leur société s’organisa autour de la vie nomade. L’unité sociale était la tribu. Pas de propriété privée, droits collectifs sur les pâturages, les sources et les troupeaux. A la tête de la tribu : le sheikh, chef élu. La vie de la tribu était réglée par la coutume : la sunna. Ils étaient polydémonistes c’est-à-dire qu’ils croyaient dans plusieurs divinités qui vivaient dans les arbres, près des sources ou dans des bétyles (pierres sacrées). Leur culture était orale et reposait sur la mémoire. Seules exceptions à la vie nomade : les oasis. L’oasis la plus importante était la Mecque également située dans le Hedjaz. Là des Arabes sédentarisés avaient créé une économie développée, assise sur l’agriculture. L’organisation sociale s’était construite autour de petites royautés. Les Hébreux et les chrétiens avaient largement diffusé leurs mythes dans la population arabe grâce aux brassages commerciaux. Beaucoup d’Arabes connaissaient le monothéisme hébraïque et le messianisme chrétien. Leur culture orale les rendaient perméables à l’écrit. La culture écrite les impressionnait. Tant et si bien que certains finirent par faire leurs tous ces mythes allant jusqu’à se les approprier. C’est ainsi qu’ils associèrent Abraham au culte païen de la Mecque, Ismaël selon eux ayant indiqué à son père le lieu de pèlerinage où était conservée un bétyle (demeure d’un dieu) appelée la pierre noire, déposée au sein d’une construction cubique : la Kaaba. Mahomet (ou Muhammad, ou Mohammed), le père de l’islam, naquit à la Mecque en 570 ou 571 après l’E.C. Islam signifie : soumission, en l’occurrence soumission à Dieu. Il était issu d’une branche pauvre de la puissante tribu des Qurayshites qui régnait sur la ville. Enfant il perd son père et sa mère et il échappe à la misère grâce à la protection de son grand-père puis de son oncle Abu Talib. Il apprend le métier de marchand en accompagnant les grandes caravanes chamelières qui parcourent le désert. A 25 ans il entre au service d’une riche veuve commerçante, Khadija, de 15 ans son aînée, avec laquelle il se mariera. Mahomet sait à peine lire et écrire, il est influencé par le discours oral, principalement celui des Hébreux. Les maîtres judéens vont le captiver avec leurs récits bibliques et les principes de leur foi, le monothéisme. Mahomet y voit la possibilité de fédérer sous un seul Dieu toutes les divinités des tribus nomades. Il a une ambition de chef : réunir sous son autorité toutes les tribus bédouines. Il ne cherche pas à prendre le pouvoir sur les branches régnantes des Qurayshites de la Mecque. Ceux-là sont trop sûrs d’eux, riches entrepreneurs, dirigeants du commerce international. Il va viser les bédouins, nomades prolétarisés vivant au service des riches Qurayshites. En 610 commence la prédication de Mahomet. Selon lui, alors qu’il méditait dans une grotte, l’ange Gabriel (Djibril) lui apparut et lui annonça qu’il allait lui transmettre la parole de Dieu. C’est le début de la Révélation coranique [Coran signifie : la récitation]. Au début le discours est simple : affirmation de l’unicité de Dieu (principe hébraïque) et annonce de la fin prochaine du monde (principe messianique chrétien). Puis le message se radicalise : nécessité d’aider les pauvres et les déshérités, refus de l’ordre social existant. Comme Mahomet ne sait pas écrire il répète les mots de la révélation à Khadija et à ses amis qui les mémorisent ou qui les écrivent sur divers matériaux. Le message diffusé par Mahomet finit par déplaire aux maîtres de la Mecque qui y voient une contestation de leur autorité. Après la mort de Khadija puis d’Abu Talib Mahomet perd ses protections et doit partir en 622 à Yathrib, à 400 km au nord de la Mecque. La-bas des tribus se font la guerre et cherchent un arbitre. Elles s’en remettront à Mahomet dont le discours novateur, en opposition avec celui des dominants de la Mecque, plaît aux bédouins. Le départ de la Mecque est appelé hégire (qui signifie immigration, exil). Le calendrier musulman commence au moment de ce départ, soit le 16 juillet 622. Ce départ symbolise la rupture de Mahomet avec les logiques claniques de la Mecque. A Yathrib il commence une autre vie, celle d’un chef qui va se placer au-dessus des clans et des tribus, créant une communauté ouverte à tous : l’umma. Yathrib changera de nom et s’appellera Médine « medinat al-nabi » ce qui signifie : la ville du Prophète.
  18. Aucune année ne saute : l’enseignement des maths va continuer en seconde générale. C'est après que l'option va être généralisée comme c'est déjà le cas pour la section L. Le niveau seconde est un bon niveau. Avez-vous ce niveau ? Si vous ne l'avez pas arrêtez de stigmatiser notre jeunesse. Je sais bien que ça fait "mode"ou "genre" mais c'est franchement ridicule cette façon de sans cesse dévaloriser nos jeunes. N'ayez pas toujours l’œil rivé sur ce qui ne va pas ! soyez un peu plus généreuse et positive. Comment nos jeunes peuvent-ils prendre leur envol si sans cesse les vieux viennent lester leurs ailes avec leur ressentiment et leur mauvaiseté ? Et si vous rencontrez un jeune qui ne sait pas bien écrire , et bien prenez-le en charge, aidez-le.
  19. L'envie ou le désir de réussite, l'envie ou le désir de faire de sa vie une œuvre, une histoire ne participe pas de l'intellect ni de entendement. Ce n'est pas conceptuel. Ce désir-là soit l’enfant le porte en lui dès sa naissance soit son environnement le plus direct, sa famille, le lui transmet. L'une des caractéristiques de la culture française actuelle c'est l'oubli de cet impératif : transmettre à partir du sein même de la famille et ne pas déléguer cette transmission à d'autres, prof, grands-parents, etc. Ce sont d'abord les parents qui doivent transmettre. Car ils ont en eux cette puissance émotionnelle et affective (dont ils n'ont pas conscience parfois) propre à rendre la transmission opérationnelle, propre à la rendre effective.
  20. Je n'avais pas bien étudié cette réforme. En fait l’enseignement des maths en seconde générale va rester. Il faudra surveiller le contenu de cet enseignement. S'il est identique au contenu actuel c'est un bon niveau. A tel point que ceux qui passent en ES ont le sentiment de faire des maths plus faciles à partir de la première ES que celles qu'ils faisaient en seconde générale. Donc le changement c'est à partir de la première. Actuellement dans la filière générale il y a trois sections, L, ES et S. Pour L rien de changer puisque les maths sont déjà en option. En revanche je pense que les filières ES et S vont disparaitre et être plus finement différenciées. Pour les scientifiques avérés ou pour les "grosse têtes" rien de changer, ils choisiront la section la plus corsée, celle qui ouvrira toutes les portes. Pour les autres il faudra faire attention. Car il est possible que les voies proposées, apparemment faites pour le confort de l'ado, soient en fait l'occasion de pratiquer une présélection. Il faudra que l'ado détermine son futur métier ou son futur champ d’études supérieures à la fin de la seconde. Car il est possible que certains choix rendent impossible l’accès à certaines prépa ou à certaines fac. Surtout que le contrôle continu va accentuer cette presélection dans la mesure où de plus en plus d'écoles et de fac s'appuient ou vont s'appuyer sur le livret scolaire pour opérer une sélection.C'est déjà le cas pour les formations les plus prestigieuses mais cela risque de se généraliser. Le problème ce n'est pas l’obtention du bac qui sera toujours aussi aisée, ce sera le choix des études supérieures.
×