La Charte de Biderman : une grille de lecture du harcèlement au travail.
Les 8 principes de la Charte de Biderman et leurs manifestations en milieu professionnel.
1. Isoler la cible
L’isolement est une technique visant à réduire ou supprimer les contacts sociaux afin d’affaiblir la cible et de limiter son accès au soutien extérieur.
Exemple : Un employé est systématiquement exclu des réunions, isolé de son équipe ou relégué à un poste sans interaction avec ses collègues. Il peut également être victime de ghosting de la part de sa hiérarchie ou de ses collègues.
2. Monopoliser la perception
L’agresseur contrôle l’environnement et les informations de la cible pour l’empêcher d’avoir une vision objective de la situation.
Exemple : Un supérieur impose une surcharge de travail qui empêche l’employé de prendre du recul. Il peut aussi alterner critiques incessantes et injonctions contradictoires, instillant ainsi un doute constant chez la cible.
3. Induire la fatigue et l’épuisement
L’épuisement physique et mental réduit la capacité de résistance de la cible.
Exemple : Un employé est contraint à des horaires excessifs, à des délais intenables ou à des tâches irréalistes qui le maintiennent en état de stress permanent.
4. Menacer la cible
La peur est utilisée comme un levier pour soumettre la victime.
Exemple : Un salarié se voit menacé de licenciement, de rétrogradation, ou encore de diffamation s’il ne se conforme pas aux exigences déraisonnables de son manager.
5. Alterner abus et indulgences
Des moments de « répit » alternent avec les abus, rendant la dynamique toxique plus difficile à identifier.
Exemple : Un manager toxique oscille entre compliments et humiliations, créant un climat de confusion et de dépendance psychologique chez la cible.
6. Démontrer sa toute-puissance
L’agresseur met en scène son pouvoir et son contrôle total sur la situation.
Exemple : Un manager impose des décisions arbitraires, manipule les évaluations de performance ou bloque toute possibilité d’évolution pour une personne ciblée.
7. Dégrader la cible
L’humiliation et l’atteinte à l’estime de soi empêchent la victime de réagir.
Exemple : Une employée est ridiculisée en public, critiquée de façon disproportionnée ou relégué à des tâches humiliantes, indépendamment de ses compétences.
8. Exiger des actions stupides et insensées
L’obéissance est testée par des demandes absurdes ou contradictoires.
Exemple : Un salarié doit refaire inutilement des tâches, respecter des consignes incohérentes ou répondre à des injonctions changeantes sans justification.
Comment la charte de Biderman permet de mieux prévenir le harcèlement au travail ?
Les huit stratégies décrites dans la charte de Biderman créent un climat de soumission, de peur et de confusion, rendant difficile toute réaction de la victime. En reconnaissant ces mécanismes, il devient possible de :
Identifier rapidement les situations de harcèlement et d’emprise psychologique.
Sensibiliser l’ensemble du personnel aux dynamiques toxiques.
Mettre en place des politiques de prévention et des dispositifs de signalement efficaces.
Encourager une culture inclusive fondée sur le respect de l’intégrité des individus et la bientraitance.
Comment agir ?
La prévention est essentielle pour faire face au harcèlement au travail. Voici quelques pistes d’action :
Sensibiliser et former : Organiser des ateliers pour aider les employé/es à reconnaître les signaux d’alerte et à développer des stratégies d’autoprotection.
Mettre en place des dispositifs de signalement : Offrir des canaux sécurisés pour permettre aux victimes de témoigner sans crainte de représailles.
Encourager une culture de bientraitance : Former les managers à des pratiques de leadership respectueuses et inclusives.
Accompagner psychologiquement et juridiquement : Proposer un soutien adapté aux victimes et aux témoins de harcèlement.
Origine de cette charte:
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