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Elfière

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Tout ce qui a été posté par Elfière

  1. Elfière

    Malle à portraits

    J'aime tes interprétations. J'aime à croire que, malgré certains de tes écrits (volontairement?) morbides, tu as une vision plutôt joliment positive du monde en général. Cependant, pour une fois, dans ce poème, je ne dépeins pas des enfants (le tyran aurait pu s'amender en grandissant...), ce sont malheureusement des adultes. C'est un tableau qui m'a profondément touchée et s'est heureusement terminé, cette fois là. Elle est partie, s'est libérée du joug toxique, et je sais qu'il lui a fallu un courage surhumain parce qu'il y avait de l'amour, immense, tragique entre ces deux-là. Tu as raison! Ils sont forts, heureux et invincibles, ensemble. Je ne sais pas encore quelle est leur quête mais ils détiennent déjà leur Graal.
  2. Elfière

    Malle à portraits

    PIRATES Les nuages, sans prévenir, s’amoncellent Croquant dans leur colère, d’un seul coup, tout le ciel Menaces qui se rassemblent, en troupeau, qui s’emmêlent Au dessus du navire, sous le vent qui harcèle. Nulle crainte dans les yeux des marins aguerris, Une sorte de paix, même, les envahit Et un soulagement dans les regards se lit…. L’aventure… enfin ! Et adieu à l'ennui !... Vibrant, soudain, Capitaine sur le pont, Invite l’équipage, fermement, à faire front, En offrant aux cieux qui crachent leurs grêlons Son rire éclaboussant, rugissement de lion... Le Bosco, en lieu sûr, a rangé sa guitare Et souriant aussi, il s’accroche à la barre, Se moquant sans vergogne de l’absence d’un phare, Il chante… et sa chanson sonne comme un rempart. Les matelots ravis ont affalé les voiles, Laissant le vent furieux épuiser tous ses râles Aux flancs du bois craquant jusqu’au fond de la cale… Et leurs rires mêlés étonnent les étoiles. Dans la hune,les gabiers sous la pluie, se défient Et levant le menton,ils aspirent la vie. La tempête n’effraie que ceux qui s’en méfient. Elle peut hurler sa rage, elle sait être une amie. Je me laisse glisser jusqu’au pont, apaisé. Dans la nuit de furie, les liens se sont noués. L’équipage a senti tous les fils s'enlacer Pour dessiner la trame de la complicité.
  3. Elfière

    Malle à portraits

    LE JALOUX L'est tombée dans la boue L'est salie de partout De la boue jusqu’au cou Beaux coups, beaucoup. L'était déjà tombée Pasqu’i l’avait poussée Mais l’était si navré ! « Même pas mal », qu'elle a crié ! Pis, il l’a nettoyée « Ma puce, mon bébé... Plus jamais, j’te pouss’rai J’suis méchant, j’suis benêt » Alors, elle l’a consolé Ses blessures, les a cachées Elle n'y a plus pensé A dit "faut pas pleurer!" A ajouté, « c’est ma faute Quand j’suis bien, faut que j’saute Que j’ gamberge, que j’ tressaute Ma raison, ça me l’ôte. » L’était rassuré, rénamouré Du moins elle le croyait. Mais il l’a encore poussée Plus fort, sans pitié. Certain dans sa déveine Qu'elle voulait, vilaine D’autre peau que la sienne Pour poser son haleine. Comme elle ne disait rien I l’a jetée très loin L’a traitée pas très bien Mais alors pas très bien. Il s’est calmé enfin. Il a mal ,elle a froid Douleur et chagrin La mort au bout du chemin? Il l'aime d'un Amour Tout Tout d'Elle et v'là tout Il dit que, non, du tout, L'est pas du tout jaloux. Elle a pas mal au genoux Mal à l'âme partout Que son amour si doux Au fond ne soit que fou... De la boue, noyée Elle est sortie, épuisée De l'infâme, de l'autre côté Survivre, pleurer, soigner... L'a vu, de l'autre côté Courageux, lui pleurer un baiser En adieu de bonheur crucifié. « Je t'aime. T'as bien fait »
  4. Elfière

    Les poèmes à se pendre

    LA METAMORPHOSE DU VAMPIRE Mon cœur s'est embrasé Sous ton lacis Sortilège Et ma fièvre est montée Incendie sur la neige, Sans bruit. Les éclairs de Mercure Cliquetis De folie Transfigurent Ma nuit. Leur pluie En torture Crible ma peau meurtrie De frissons chuchotis. Je délire Mes rêves En rayons dépravés Et déchire La trêve Des songes refusés. Je roule et vire Et brûle et transpire. Morsure Dans la rosée. Et je fonds et j'expire Je me noie, je soupire... Murmure Proposé. Et reviens mendier Un souffle de sursis En goulées Rafraichies Pour me miraculer Et t'aliéner ma vie A ma bouche posée En offrande adoucie A tes paumes rosies.
  5. Elfière

    Les poèmes à se pendre

    Oui, oui! Je confirme! Il dort et il rêve des rêves gentils. M'est avis qu'il n'est plus maître en sa demeure. Amène-moi un "pas beau" et je te le convertis en deux coups de cuillers à pot! C'est l'énorme avantage de ma petite créativité littéraire.
  6. Elfière

    Les poèmes à se pendre

    Plus rien ne tient debout La citadelle hésite, bannie Muette dans l'acte qu'elle joue Sur une scène au parquet gris Plantée dans un décor factice La citadelle nue frémit D'être fondue aux artifices D'une tragique comédie Plus rien n'est tangible La citadelle floue blêmit Perçoit le verdict inaudible D'un cruel évident inédit. Son Prince, au matin, s'est assoupi Repu du sang enivrant De jouvencelles trop hardies Offertes à son dédale de temps Il est heureux, le rêve est doux Ses lèvres froides au satin de leur cou Tiédissent encore de l'aimable tabou : Elles lui ont souri jusqu'au bout... Qui sont-elles vraiment? (Les photos sont-elles de toi?)
  7. Elfière

    Malle à portraits

    Ça me fait plaisir. Pour en finir (ou non?) avec la tourmente marine, le portrait d'un esquif en perdition... L'ESQUIF Brisures de bleu trempé D'embruns roulés Aux voiles mouchoirs de poche Gros grain De chagrin Grêlé Sur l'esquif choqué Qui ricoche Sur des buées crachées Du creux des précipices. Au mât brisé des mots Un glas glacé glisse une encoche, Gémissement minuscule, Accroc qui s'effiloche Au froid fracas De l'effroi D'une coque ridicule Éventrée par les dents D'un orage outrageant Qu'un éclair acidule.
  8. Elfière

    Malle à portraits

    NAUFRAGEUR Ce soir sourit au naufrageur. Dans le ciel déjà, s’épaissit la fureur Qui sourd aussi sous la noirceur Étrange et lancinante du clapotis trompeur… La nuit déchainera l’orage, Et des lames, la rage Dressera les brisants En de tranchantes dents. Il suffira d’espoir, D'un brasier dans le noir, Pour guider jusqu'ici Les matelots transis. Ils ne maîtrisent plus Leur frégate perdue Et mènent leurs trésors Vers l'aura de la mort... Ils croiront, pauvres fous, En tombant à genoux, Voir l’œil jaune du fauve Du phare qui les sauve... La confiance est un leurre. Ce soir sourit au naufrageur…
  9. Elfière

    Malle à portraits

    Merci. Pour la tempête, c'est un autre portrait... Il faut que je fouille au fond de la malle.
  10. Elfière

    Malle à portraits

    Le Vieil Homme et l'Enfant - "Raconte-moi, Grand-Père, dis, raconte-moi... - "Dis-moi, petite fille, que je raconte quoi? - "La princesse Lumière Et le Prince Barbare - "Berbère, enfant, berbère On ne dit pas barbare Tu veux encore? Je te l'ai racontée cent fois. - "Je veux encore Dis, encore une fois - "Elle, elle était Lumière Mais ne le savait pas. Dans son palais de verre Elle vivait sans éclat. Puis de ce froid repaire Un jour elle s'échappa, Parce que dans le désert Elle avait vu des pas... - "Des pas, grand-père? Des pas de loup? - "Des pas poussière Et des cailloux. Et de sa main légère, Elle toucha ces cailloux Aussitôt, flamme claire Les changea en bijou, En poème, en oiseau, En chanson, en odeur... Qu'elle suivit jusqu'à l'eau D'une oasis en fleurs, Qu'un lumineux éclair Changea en océan D'où un Prince Berbère Émergea en riant... - "Dis-moi Grand-Père, Dis-moi, je veux savoir... La Princesse Lumière Et son Prince barbare! - "Berbère, enfant, berbère Leur histoire n'est qu'un rêve... Et tes jolis yeux verts Me demandent une trêve. - "Tu dis toujours ça Grand-Père! Juste à cet endroit là... Tu sais très bien y faire, Et je m'endors déjà... - "Tu ne dors pas, Mon Ange, car tu n'existes pas... Tu es l'enfant mystère Qui me parle parfois D'une Princesse Lumière Et d'un Prince barbare... Tu es l'enfant solaire Qu'ils auraient du avoir Pour qu'un jour tout entière Je puisse conter l'histoire...
  11. Elfière

    Le suicide

    Bah, si : La Mort et le Bucheron (J. de La Fontaine) ... "Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur, Il met bas son fagot, il songe à son malheur. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? En est-il un plus pauvre en la machine ronde ? ll appelle la Mort. Elle vient sans tarder. Lui demande ce qu'il faut faire" ... Mais elle est révocable. (Toujours Jean, toujours la même fable) "C'est, dit-il, afin de m'aider à recharger ce bois, Tu ne tarderas guère" ... (*) Je me suis arrêtée à la première affirmation. (Je suis un peu paresseuse) mais toute ta démonstration est une suite d'affirmations, non? Ça m'embête toujours un peu. Comme une porte hermétiquement fermée au doute. Moi, je suis fan du bénéfice du doute. Ainsi, le reproche qui est fait plus haut aux suicidés d'avoir méprisé la valeur de l'Espoir. Peut-être, au contraire, en font-ils la démonstration ultime. ESPERANT une amélioration définitive de l'autre côté inconnu. Le suicide semble un choix "inédit" quand toute alternative disparait. C'est digne de respect, à mon avis. Simplement. Que reproche-t-on aux suicidés (aux morts, en général)? De faire souffrir les vivants? Le vivant ne pleure que sur lui, qu'il l'admette ou non, je crois. Je suis donc pour qu'on foute la paix aux morts, qu'elles que soient les circonstances du trépas. La mémoire peut conserver les traces d'existence. A chacun la responsabilité de "vivre" avec... ou pas. *L' évocation de la fable de Jean est une pirouette, bien sûr. Mais quand-même, il n'a pas dit que des conneries, l'ancien...
  12. Elfière

    Malle à portraits

    AL ZHEIMER (ou Le dormeur du Valse-Ame-Y-Meurt) Un instant, Il a pu le sentir, Ce souffle retenu, ce soupir… Une inquiétude, une question… ? Écho, accroc, intonation... Incertitude… ou illusion ? Dans l'eau si sage, un rond Bleu grain d'espoir en déraison Tressaillement infime, frisson, Onde volage d’un unisson, Frêle mouvement, Gracile vibration... Rupture d’assoupissement forcé ! Réveil en déchirure affolée ! Brèche dans la clôture Du charnier des enterrés! Evasion d’une respiration, Bribe d’amour ou de chanson, Secret d'ailes... De vie... D'envie D'envol D'Elle...! Hors la prison Où tous les sons s’entassent, Mélasse, Se concassent, Se fracassent!... et puis... s’effacent. Regret vain ou limpide pensée? Moment béni? Revers de cruauté? Tout est fini. Le mur est réparé. Une larme-corde, seule, de l’évadé Marque la trace de ce côté. L'instant a-t-il vraiment existé?
  13. Elfière

    Les poèmes à se pendre

    Est-ce si sûr?... Au fronton de l'abîme où ma raison chancelle Le démon proposait son offrande cruelle Et mes lèvres rêvant d'une eau qui désaltère Hésitaient cependant à l'ourlet du cratère L'alcool s’épanchait violemment péremptoire Embrasant en grondant les flocons dérisoires Qu'il faisait grésiller à bout de résistance En gouttelettes d’or pleurées sans violence J'aurais du en mourir, outragée de détresse Drapant d'indignité ma coupable faiblesse Je gémis simplement en vœu expiatoire L'aveu de ma défaite dans une aura de gloire.
  14. Elfière

    La pièce à vies.

    Du moment qu'ils ne sont pas exigeants sur l'hyper-sociabilté avec tout un chacun, ça me va. Nous avons la fertilité de l'imagination en commun, je crois bien. Nos territoires diffèrent mais je pense que nous nous sentons très à l'aise et bienvenues l'une chez l'autre. C'est ce que je ressens. Et ça me plait bien cette connivence fluide et naturelle inter-overspaces.
  15. Elfière

    La pièce à vies.

    Ah là, moi, je veux faire partie de l'équipe!!! Et si je peux choisir, je veux être l’Éclaireur! On parlait ailleurs de "sur qui fantasmez-vous?", demande-moi plutôt "sur QUOI fantasmes-tu?". File-moi des bouquins... Et là, ta pièce à vies, c'est juste un de mes "paradis" fantasmés! Bon, en vrai, je m'en fiche un peu de ce qu'on (tu) y cherche(s) vraiment, mais je suis assez intuitive pour le dégotter vite fait. Donnant-donnant, après, tu me laisses avec les journaux. OK?
  16. Elfière

    Les poèmes à se pendre

    Excellente idée! Démon, tu restes dans ton antre. Je sais que tu es là... Redoutant que tu entres, Tu me laisses le choix : "Tombe ou non dans mon piège"... Si je fais une erreur, je devrais affronter Ton sourcil satisfait Ta lippe sortilège Tu me laisses le choix : "Tombe ou non dans mon piège"...
  17. Elfière

    Les poèmes à se pendre

    Elle a jeté sa plume, a déchiré sa feuille Un trait d'encre violette tombe encor de son œil. Elle a pu d'un seul coup faire sombrer le soleil L'engloutir dans le fond d'un puits noir de sommeil. Au coffre des désirs, emprisonne l'envie, L'enlace de ses poings, en éloigne la vie. Caressant doucement la barrière de brume Elle défroisse sans peur le voile aux amertumes... Sans plus d'hésitation, avance sans regret Pour pénétrer l'ailleurs du caveau des secrets.
  18. Elfière

    Le pacha.

    J'aime bien choper le sourire dès le début et qu'il soit entretenu par des banderilles d'humour tout au long du texte. Gamine, Ika et Grichkor me foutaient la pétoche. J'suis bien contente de me venger en te lisant. Merci
  19. Elfière

    Malle à portraits

    L’ARAIGNÉE ZÉLÉE Une araignée zélée De la lune est tombée. Malicieuse, a tiré Un fil de soie léger Autour des mats serrés. Longtemps, elle a tourné. L'un d'abord, l'autre après, Au suivant revenait, Tombait et remontait, Tissait, tissait, tissait... Mélangeait, emmêlait Dans sa toile éthérée Tissus et bois dressés. Et puis est remontée Sur sa lune observer Au tout matin frisquet Les embruns de rosée Sur sa toile accrochés : Gréements endiamantés Par un soleil discret Qui laissent bouche bée Les marins stupéfaits...
  20. Elfière

    Vipérine. (1)

    Style clair et limpide! Pffou, ça repose après le smartphone et the message in the bottle! Je ne sais pas où va m'emmener Florence, mais elle, j'ai bien envie de la suivre. Merci!
  21. Elfière

    La bouteille.

    Jusqu'à la lecture du message, j'ai accroché. Mais bon, à part que l'auteur a les mêmes initiales que le héros, mon esprit pragmatique n'arrive pas à prendre son contenu au sérieux. Un peu comme dans "Le Haut-Lieu" le discours du "gourou". C'est rempli de vocabulaire pompeux et anachronique avec 1936 (an de grâce, taxe et dime...) . Apprenant à te connaitre, c'est surement voulu et je trouverais ça cohérent si c'était une supercherie destinée à leurrer le Samuel d'ici-maintenant. Ça a l'air de marcher, puisque ça l'empêche de dormir...
  22. Elfière

    T** va tuer.

    J'suis bien contente d'avoir conservé mon Nokia 3210 (en cachette pour ne pas froisser la gentille donatrice de smartphone rutilant...) Bon de toute façon, je n'avais pas prévu de tuer dans l'immédiat. Un de tes textes qui me ... largue! Dont je n'ai pas envie de suivre le héros qui se perd bien trop dans des circonvolutions techniques pour mon esprit simple et simpliste.
  23. Elfière

    Malle à portraits

    Ouvre plutôt un fil dédié. Si je me souviens, y en avait un paquet. XIXème donc. J'étais un peu loin...
  24. Elfière

    Malle à portraits

    Non, je lui ai demandé un peu plus haut parce que "Le Papillon et le Reptile" faisait aussi partie du lot. Je n'ai "adapté" que ces deux fables. Si je me souviens bien, l'ancêtre écrivait au 17 ou 18è siècle et les manuscrits n'étaient pas commodes à déchiffrer. Il nous le dira quand il passera par là.
  25. Elfière

    Malle à portraits

    Cette "adaptation" d'une autre fable de l'ancêtre de Blaquière n'est pas très bonne mais je n'ai pas retrouvé le texte initial pour pouvoir (peut-être...) le retravailler. Mais la trame reste sympathique. La Guêpe et l'Abeille Au tout premier rayon d’un soleil balbutiant Une abeille zélée taquinait le printemps Le thym, le serpolet, la blanche marjolaine Tout lui était douceur, rien ne lui faisait peine. Mais s’approche, en vibrant une guêpe curieuse : « Cousine, je vous prie, en bête laborieuse Aux questions que je dis, si vous voulez me plaire Donnez m'en votre avis, j'ai besoin de lumières : En voyant dans nos traits si peu de différence Dites-moi pourquoi l’homme a choisi d’évidence, Même s'il est coutumier de peu de clairvoyance, De vous faire l’octroi d’une telle préférence ? Mes couleurs émerveillent Mon noir est rehaussé d'un jaune qui l'ensoleille, Et pour être précis, votre habit Qui peluche est beaucoup moins joli Comme vous, fruits et fleurs Me comblent de bonheur. Je pique, c’est certain, mais vous piquez aussi Si vous fuyez l’humain, moi je le divertis Je sillonne en tous sens cuisines et salons, Du privé aux communs, j’investis tous les lieux. Je charme les oreilles au son de mon bourdon, Et malgré tout cela, on vous aime bien mieux. On me chasse, on me hait, on m’assassine enfin! Tandis qu’on vous cajole et vous bâtit maison Où pendant le grand froid, la cruelle saison On dispense tiédeur à vos rêves sereins. » A l’envieux discours qui, enfin, fit relâche L’abeille répondit , ne rompant pas sa tâche : « Ma couleur et mon chant pour vous ont moins d’attraits, Ils esquissent dans l’air un chemin bien discret, Mon aiguillon ne sert que d’ultime rempart : Son usage me cause une fatale blessure Si je blesse, je meurs en me servant d’un dard Qui n’est qu'ultime armure. Au langage entêtant sans grande profondeur, Je préfère de loin le langage des fleurs. Si l’homme, plus qu’à vous, me rend un tel hommage En m'offrant le confort qui parfait mon ouvrage, C'est qu'en restant modeste, je lui donne en partage, Chacun d'échange utile, tirant son avantage. Vous pourriez, ma cousine et n’y point voir ombrage Butiner la leçon, en goûter le message. Ni le bruit, ni l'éclat ne sont droits de péage Au calme des prairies qui préfèrent les sages.
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