Serguei Zoubatov

Votre intervention est une caricature de l'Histoire. Notamment parce qu'elle exonère de leurs actes et responsabilités l'ensemble des autres "races" de la planète. On remarquera au passage que vous n'avez pas parlé "d'européens" ou "d'occidentaux" mais de "blancs". Le choix du mot est tout de même assez révélateur. Seriez-vous raciste sans le savoir? Le sentiment de supériorité de sa propre culture sur les autres a été unanimement partagé sur toute la planète. Voulez-vous que je vous enseigne comment les arabo-musulmans considéraient et traitaient les africains et les noirs? Des siècles de "racisme" et d'esclavage. Plus de 18 millions de victimes. Rien que pour l'Afrique. Et la traite des "blancs" par les mêmes, c'est 11 millions. Les chinois ne sont pas beaucoup mieux placés dans l'affaire. Déjà entendu parler de la supériorité de l'Empire du Soleil Levant? Idem chez les japonais, qui ont longtemps développés un très fort sentiment de supériorité vis-à-vis de tous leurs voisins. Et les africains ne sont pas exonérés des mêmes défauts, loin de là. On aurait demandé l'avis du public sur Alain Delon il y a 6 mois, tout le monde aurait clamé son admiration pour le Guépard.

Qui peut bien être ce "nous" dont parle Debbouze?

Vous inversez le processus. C'est aux autres d'adopter ma culture chez moi. Si j'allais chez eux, ce serait à moi de m'adapter. A Rome, fait comme les romains. Mais encore?

Non-culture post-moderne, peut-être. Mais qui trouve ses racines dans les Lumières et jusqu'au protestantisme. Les racines du mal sont profondes, hélas. A quelle culture? La culture française, bien sûr. Et je ne parle pas de cette non-culture qui règne aujourd'hui de façon superficielle, mais de la vieille culture. Ca ne consiste d'ailleurs pas à agresser les femmes, vu que la culture française est une culture qui prône la courtoisie envers elles. Mais le refus d'un mode de vie étranger est nécessaire à toute culture qui souhaite survivre.

Qui parlait d'éluder, déjà? Où est passé le reste de mon commentaire? Pour "détailler", un grand nombre de "français" actuels ne le sont que sur papier. Il suffit de voir comment ils vomissent le passé de la France et sa vieille culture.

Ca tient plus de la culture américaine, cela. Et de la non-culture moderne.

Encore faudrait-il commencer par définir ce que vous entendez par "peuple". En parlez-vous comme d'une simple communauté culturelle vivant sur un territoire? Comme d'une communauté politique souveraine? Comme l'ensemble des citoyens de basse origine, de condition modeste? Comme d'une classe sociale (utilisation du mot peuple en remplacement du mot prolétariat)? Si l'on prend la première définition, alors je suis du peuple. Avec la troisième aussi, dans une certaine mesure. En revanche, quand l'on parle du peuple dans une approche politique, c'est la deuxième définition qui prévaut. Dans ce cas, je n'en suis pas sachant que je ne crois pas en l'existence d'une communauté politique unifiée qui serait "le peuple". Quand à ce que les 65 millions de gens qui peuplent la France, ils ne sont pas tous français. Loin de là.

Si, il y a un souci: ce type de vêtement n'est pas conforme à notre culture.

Un semi-nain-elfe-unijambiste, cela vous va? Ce que je suis? Un français.

Je n'appartiens pas au peuple si l'on considère le peuple comme un tout cohérent et unifié apte à définir ce qui est bon. Ce qui est le cas dans une approche démocratique. En revanche, si l'on se contente de prendre le peuple comme la communauté vivant et ayant une culture commune, je peux être compris dedans. Quoique... La rhétorique est l'art de discourir. Art noble, s'il en est. Contrecarrer des propos anti-démocratiques? Vous n'avez fait que taper dans l'eau. L'ensemble des régimes politiques de l'Histoire ne sont pas réductibles au régime soviétique. Churchill n'est pas le plus grand de tous les penseurs politiques. Ce n'est pas opinion, c'est un fait. Fait logique, vu que les régimes démocratiques n'existent pas depuis longtemps, et que la production culturelle remonte à la nuit des temps.

Et un régime où le peuple est écouté mais où ce n'est pas lui qui décide, ça vous va? Tout dépend de quel gouffre on parle. Et non, je n'ai pas tout lu. Mais en ce qui concerne les idées, la science politique, je suis assez qualifié pour en parler. Sans être un maître non plus. J'ai mes propres domaines de qualifications, et d'autres où je n'y connais rien. En ce qui concerne l'économie, je ne vaux pas grand chose. Voilà une autre différence entre moi et la plèbe. La plèbe a une opinion sur tout et se prétend qualifié pour parler de tout. Moi pas. Vous êtes sûr de vivre en France? Parce que la pensée dominante actuelle (moderne) consiste exactement en cela: aucune opinion n'est supérieure aux autres. Posture qui découle justement de ce refus d'une mesure supérieure et qui fait de l'homme la mesure de tout. Si l'homme est la mesure de tout, et sachant que tous les hommes sont vus comme égaux, toutes leurs opinions se valent. Du moment, en tous cas, que l'on accepte ce présupposé. Vous savez ce qui distingue les classiques des modernes? Si vous trouvez que ma manière de réfléchir est moderne et qu'elle se fond parfaitement dans la pensée dominante, c'est que vous ne m'avez pas lu.

Et si vous commenciez par définir ce qu'est le racisme, histoire que tout le monde parle de la même chose?

Ce que je ne comprend guère, c'est ce que vous cherchez avec vos critiques de mes propres écrits.

Se dresser contre la démocratie moderne, c'est donc obligatoirement vouloir "fermer la gueule du peuple"? Si votre "liberté" d'expression est liée intrinsèquement au régime politique démocratique, vous en êtes l'esclave. Pas génial, comme position. Par ailleurs, vu les conneries que le "peuple" sort depuis des décennies, mieux vaudrait qu'il apprenne à la fermer. Parce que la situation intellectuelle n'a en rien changé (sinon en pire). La logique à l'oeuvre derrière l'époque n'a pas changée. Nous sommes toujours qui remplace l'intelligence par l'imagination. Ce que décrit Marcel De Corte est transposable aujourd'hui. Que viennent faire les 30 Glorieuses ici, alors que nous parlons de l'intelligence? Vous liez l'économie à l'intelligence, vous? On en revient une fois encore à l'unité de mesure du monde. Dans une société où il n'y a aucune mesure supérieure à l'homme, tous les goûts se valent. Pour quelqu'un qui refuse cette posture, il en va autrement. Votre raisonnement achoppe sur une grosse pierre. Soit ma propre position intellectuelle. Techniquement, je suis de la génération actuelle. Intellectuellement, je n'en suis pas.

Vous n'êtes pas des plus clairs dans votre prose.

"Autre chose" n'a pas sa place en France. Il existe un mode de vie français, une culture française. Si certains ne veulent pas l'adopter, libre à eux. Mais dans ce cas, qu'ils aillent dans une autre contrée, là où leur mode de vie sera en adéquation avec la culture locale. Je suis parfaitement d'accord. La laïcité, en France, a été construite comme une arme anti-religion.

J'ignorais que le régime politique soviétique avait été le seul régime existant en dehors de la "démocratie".

Vous le dites-vous même: la démocratie exige (théoriquement) un certain degré de maturité. Ce degré n'est absolument pas atteint par la population, et tout est d'ailleurs fait pour qu'il ne l'atteigne pas. A partir de là, quelle est la logique de conserver ce régime quand l'un des présupposés de son bon fonctionnement n'est pas remplit? Par ailleurs, contrairement à ce que vous affirmez, le régime démocratique actuelle repose essentiellement sur la bêtise et l'imaginaire des gens. Et non sur leur culture. Au demeurant, la maturité intellectuelle n'est pas fonction du régime. Les régimes non-démocratiques ont vu naître autant de génies que les régimes démocratiques. Plus, même, en raison de la faible durée des régimes "démocratiques".

Pourquoi? Quand on appartient au "peuple", on devrait être démocrate? Maîtriser les concepts, peut-être pas. Les comprendre, si. DE CORTE, Marcel, L'intelligence en péril de mort, Editions du Club de la Culture Française, 1969. Mes goûts culturels n'ont pas à entrer en considération? Qu'est-ce qui doit entrer en considération, alors? Quand à dire que mon intelligence est inexistante, c'est un sujet que je laisse aux autres.

Je crois surtout que la France ne méritait pas ce fléau qu'est la République. Economiquement, peut-être bien. A vrai dire, je n'ai jamais porté un grand intérêt pour l'économie. Le fric et moi... En revanche, culturellement, intellectuellement, nous ne sommes pas non plus au bord. Nous sommes au fond et on continue de creuser.

Je trouve particulièrement intéressant que vous pointiez du doigt l'infantilisme de la population et que vous continuiez, dans le même temps, à être démocrate. La droite n'a jamais fait que mener une politique de gauche. Hollande mène une politique de gauche. Notre époque a cela de nouveau qu'elle a réussi à tuer l'intelligence en la remplaçant par l'imagination. Chose complètement inédite dans l'Histoire. Parmi ces 95%, combien souhaitent la même chose? Pourquoi ne pas renverser la République, carrément? Toujours cette idée fausse de la primauté de l'économique sur le politique...

Parce que l'Europe n'est pas les USA. Le contexte n'est pas le même. La population n'est pas la même. La culture n'était pas la même. L'Histoire n'est pas la même.

C'est sans doute pour ça que plus d'un million de gens ont défilés à plusieurs reprises. Enfin bon... Apparemment, non. Ca fait hurler pas mal de monde. A commencer par des footballeurs. Même remarque. Des manifestations, il y en a déjà. Mais elles sont contre la gauche, alors ça vous gêne. La MPT, les Bonnets Rouges, etc... Ca rassemble bien plus de monde que toutes vos promenades habituelles. Je suis d'accord.

Pas besoin de sortir Staline pour savoir que le communisme est une horreur. Evidemment. Si on ne défile pas avec les fous syndicaux, c'est que l'on est forcément instrumentalisé.

Même remarque qu'au dessus. Vous faites preuve d'une belle inculture quand vous prétendez que l'Eglise ou la monarchie prétendaient tout contrôler.