Aller au contenu

Scénon

Membre
  • Compteur de contenus

    3 640
  • Inscription

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par Scénon

  1. C'est une vraie contradictio in terminis. C'est comme dire qu'un cercle évolue: qu'il peut être rond, mais devenir aussi, avec le temps, rectangulaire, triangulaire, etc. Je ne nie pas qu'il puisse y avoir, au sein d'une tradition, différentes manières d'exprimer les choses, liées à des époques ou à des lieux, mais le fond de toute tradition est par définition immuable. Le thème de la vierge mère, par exemple, n'est pas sorti de la bouche ou de la plume des théologiens ou des scribes chrétiens un peu comme par hasard, et comme n'ayant pas des assises antérieures jugées par eux comme fiables.
  2. Ce serait à nuancer. En réalité, ces “inventions” n'en sont pas et, comme toujours quand il s'agit de tradition, elles sont... traditionnelles, c'est-à-dire héritières de théologies antérieures, d'ailleurs pas nécessairement chrétiennes. On n'invente rien en matière de tradition. Le point principal sur lequel catholicisme et protestantisme diffèrent est précisément la définition de ce qu'est la tradition. Pour le protestantisme, c'est l'Écriture, et rien que l'Écriture; pour le catholicisme, c'est l'Écriture et la tradition apostolique, c'est-à-dire l'enseignement oral hérité des apôtres, qui ne se trouve pas dans les Écritures, que l'on retrouve entre autres chez les Pères de l'Église, et dont les racines remontent souvent à plus haut que les Évangiles et que Jésus même. En cela, le catholicisme rejoint parfaitement le judaïsme classique selon lequel il y a une Torah écrite et une Torah orale, héritées toutes deux par Moïse sur le mont Sinaï, dont l'orale est transmise de génération en génération par les rabbins: pour les juifs, interpréter l'Écriture sans tenir compte de cette tradition orale mène nécessairement à des conceptions erronées plus ou moins graves en matière d'Écriture.
  3. Tout ce que l'Église a fait de positif dans l'histoire est et reste indiscutable. La plus fondamentale erreur dont elle s'est rendue coupable, et dont proviennent essentiellement les autres dérives, regrettables et même terribles, c'est le rejet de la gnose. Une chose est de ne pas orienter les fidèles vers la gnose, une autre est de la nier, de la condamner et de la combattre. Aujourd'hui, l'Église le paie très cher.
  4. Parmi les personnes liées d'une façon ou autre aux Écritures, Abraham était riche, Jacob l'était, David, Mahomet, Cyrus, etc. Mais le Pharaon biblique l'était aussi. Enfin, comme disait le sage Solon: “En toutes choses, il faut voir la fin”. Et la fin, c'est le Jugement dernier.
  5. Des «mauvais» riches, précisons-le. Salomon, pour ne citer que lui, était l'homme le plus riche de son temps, il n'en était pas moins béni de Dieu.
  6. Vous semblez associer confort actuel et bienveillance divine. À ma connaissance, aucune religion ni aucune philosophie traditionnelle ne les associe, ou plutôt, ne les considère comme indissociables. De leur point de vue, on peut vivre une vie parfaitement confortable et, à la fin, se trouver devant un Juge implacable.
  7. Qui se pose encore la question pourquoi il y a colère divine? et quels en sont les effets? Vous avez parfaitement raison de rappeler qu'il n'y a aucune raison de la sous-estimer.
  8. Il y en a tout de même pas mal de ce genre qui mettent en garde, et ce dans toutes les religions sans distinction.
  9. Moi aussi, cela me met dans l'embarras. Cela me fait penser à cette personne à qui un médecin a dit: “Continuez à fumer comme vous le faites, et vous mourrez d'un cancer”, qui a haussé les épaules en répondant: “Vous ne parviendrez pas à me faire peur”, et qui est morte d'un cancer quelques années plus tard. On ne s'en réjouit pas, c'est sûr.
  10. Je n'ai pas trouvé de commentaire sur ce verset parmi les Pères de l'Église; il doit pourtant y en avoir. Par contre, j'ai lu, je ne sais plus où, le commentaire suivant, qui vaut ce qu'il vaut: Sont déclarés «ennemis» ceux qui ne veulent pas du sacrifice du Christ. Or seul ce sacrifice peut sauver l'homme déchu promis à l'abattoir et le racheter de la mort sanglante à laquelle il est naturellement destiné. Ceux, donc, qui refusent la rédemption opérée par le Christ, on leur donnera finalement ce qu'ils auront choisi: au jour du Jugement, ils seront égorgés devant le Juge.
  11. «Quant à mes ennemis, qui n'ont pas voulu que je règne sur eux, amenez-les ici et égorgez-les devant moi» (Luc 19, 27).
  12. Il ne ressort pas clairement de votre question où vous vous positionnez quant à l'article cité dans votre plus récent message. Par définition, toute église est un lieu d'asile. En principe, les pires criminels devraient pouvoir y trouver refuge. Augustin va même jusqu'à reconnaître que c'est de cette manière que l'Église s'est vue croître: en accueillant dans cet asile indistinctement bons et méchants, honnêtes gens et scélérats, vertueux et pécheurs, privilégiés et laissés-pour-compte, etc.
  13. Aucun; mais vous donnez l'impression de ne pas trop savoir non plus, tant pis.
  14. Je n'ai pas le moins du monde compris le rapport entre votre message et le mien auquel il est censé répondre, désolé...
  15. Moïse a été éduqué dans la religion égyptienne; Jésus, dans la tradition juive; Mohammed, on le suppose, dans un des nombreux courants de tradition chrétienne. Au début du christianisme, il y a eu un extraordinaire foisonnement d'écoles chrétiennes reliant, à l'enseignement de Jésus, celui de la tradition égyptienne, de la tradition païenne, surtout pythagoricienne, et de la tradition juive. Malheureusement pour ces écoles, qui étaient d'une générosité étonnante, la Grande Église a commencé, à partir d'Irénée de Lyon (IIe siècle), à les combattre. Elles ont disparu dans l'anonymat les unes après les autres, mais leur enseignement s'est parfois perpétué d'une manière surprenante. Ainsi, l'enseignement des kabbalistes Luria (XVIe) et Hayyim Vital (XVIIe) est très proche de celui des antiques écoles chrétiennes. Il existe d'autres exemples étonnants. Quoi qu'il en soit, la chrétienté est devenue dès le deuxième siècle anti-juive, anti-païenne et anti-gnostique, et ce jusqu'à ce jour; avec son habitude d'être anti-tout, elle est devenue aussi anti-islam. Mon expérience est qu'un juif un tant soit peu instruit comprend tel ou tel passage des Évangiles d'une manière bien plus percutante qu'un chrétien, même qu'un chrétien plus ou moins instruit, parce qu'il comprend immédiatement les allusions multiples à ce qui est propre à sa tradition. Le chrétien, lui, ignorant tout de la tradition juive, n'en comprend pas «le quart de la moitié du commencement d'une». Donc, oui, les chrétiens devraient au moins se tourner vers la tradition juive pour approfondir l'enseignement de Jésus; mais on ne refait pas le monde, n'est-ce pas?
  16. Il faut bien le dire : l'idée d'une «nouvelle» tradition n'est pas... traditionnelle du tout. Quand on regarde bien les fondements d'une religion, celle-ci ne prétend jamais révéler des choses non révélées auparavant. Ce n'est que parce que les hommes sont naturellement sectaires que l'on fait quelques concessions pouvant leur faire croire que la religion à laquelle ils appartiennent représente une sorte de “progrès”; qu'ils sont dans le bon, alors que les autres sont sur la mauvaise pente. Le Prophète, si j'ai bien compris, n'a jamais prétendu faire autre chose que remettre les choses à leur place en revenant à la pureté initiale de la religion d'Abraham. En cela, il n'était pas très original – ou plutôt, si ! en cela il était original au sens premier du mot.
  17. C'est vrai, ou plutôt : la volonté d'imposer telle ou telle réponse ; je suis très loin de prétendre que ces questions n'ont aucun intérêt. Elles sont souvent débattues, hélas! par des gens qui sont plus pressés d'avoir raison que par des gens qui savent très exactement de quoi il s'agit. Les seconds acceptent d'avance de passer pour des ignorants aux yeux des premiers, dont ils se retirent assez vite pour les laisser avec leurs préjugés. Il est certain que c'est cela qui s'est passé dans les premiers siècles du christianisme. Assez vite, l'Église s'est retrouvée sans École.
  18. Même faire affirmer à Jésus sa divinité selon chacun des quatre Évangiles canoniques est déjà sujet à caution. Comme vous le dites, la question a fait débat et la chrétienté était très divisée sur le sujet; non que certains chrétiens doutassent de la qualité éminente de Jésus, mais la question est et reste en effet épineuse: à partir de quel moment, et comment, et dans quelle mesure, Jésus est-il ou devient-il Dieu, ou Fils de Dieu? Si mes souvenirs sont bons, Paul, par exemple, semble dire que Jésus n'est Fils de Dieu que par et à partir de sa résurrection. En tout cas, les musulmans se sont montrés peu enclins à adopter les conclusions du concile convoqué par Constantin; mais il reconnaissent toujours et encore un statut exceptionnel à Jésus, ainsi qu'à Marie.
  19. Je réagissais simplement à votre message qui définissait l'islam comme «antichrist», ce qui me paraît complètement erroné. Je reste toujours un peu rêveur devant l'attitude de nombreux chrétiens qui n'hésitent pas une seconde à attaquer l'islam, mais qui se montrent plutôt complaisants vis-à-vis de l'athéisme ambiant, alors qu'ils ont très peu en commun avec les athées et une affinité énorme avec les musulmans. Les chrétiens devraient donc plus voir les musulmans comme des frères que comme des ennemis. Les musulmans me semblent souvent, et inversement, beaucoup plus indulgents vis-à-vis du christianisme que vis-à-vis de l'athéisme occidental.
  20. Pas d'accord, il vient d'au-delà du Nord. Du Nord viennent les puissances maléfiques.
  21. Certainement pas une voix de fausset, non. Vous l'appelez comme vous le voulez.
×