Aller au contenu

Scénon

Membre
  • Compteur de contenus

    3 629
  • Inscription

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par Scénon

  1. Je vous l'accorde, en cela vous avez parfaitement raison. L'histoire témoigne certes d'époques où la société semble régie par des lois globalement “de bon sens”, mais ne garantissant évidemment jamais une justice omniprésente et totale. Toutefois, la justice n'était jadis jamais poursuivie comme un bien suprême, mais comme un moyen commode pour pallier à une anarchie totale. Même les plus grands juristes, romains ou autres, n'accordent au droit qu'une valeur toute relative, plus ou moins efficace, jamais absolue. Pour eux, il est essentiellement destiné à protéger, dans la mesure du possible, les hommes définis comme bons contre les agissements des mauvais. De nos jours, beaucoup d'hommes rêvent de “plus de justice”, en plaidant presque systématiquement pour des réformes qui contribuent à saper ce qui en reste... De toute façon, si vous accordez au mot «égalité» le sens traditionnel du mot «justice» (mais d'abord voir comme une justice que chacun ait à sa naissance un “patrimoine” égal, puis prétendre qu'«égalité» n'a pour vous pas le même sens que le mot «équité», ensuite tout de même accorder au mot «égalité» celui d'«équité», enfin attribuer à «équité» le sens réservé normalement à «justice», cela paraît franchement abracadabrant...), nous sommes d'accord sur le fait qu'il est souhaitable de viser une certaine justice. Je maintiens cependant que supprimer l'héritage est une atteinte profonde à la justice, plus qu'un élément y contribuant, puisqu'on supprime une inégalité (au sens premier et naturel du mot).
  2. Pour ceux qui voient dans le travail et dans le neg-otium, le «négoce», l'«affairisme», c'est-à-dire dans les entraves (réservées en principe aux esclaves), le «boulet» ou «boulot» des forçats, et dans la négation du otium (ou de l'«oisiveté», du «loisir»), les valeurs suprêmes de l'homme, cela peut certainement paraître anormal. Pour ceux qui mettent la valeur suprême dans la liberté, l'indépendance et les loisirs littéraires, artistiques, scientifiques, en dehors de toute contrainte liée au fait de «devoir gagner sa vie», c'est absolument normal. Entre les deux, beaucoup d'hommes choisissent souvent en connaissance de cause. Tout est dit: il est inutile, absurde et même nuisible de vouloir mettre en pratique un idéal par définition «utopique dans les faits».
  3. J'ai beaucoup de mal à vous suivre. D'une part, «égalité» et «équité» sont étymologiquement synonymes (aequitas, «égalité»); «inégalité» et «iniquité» aussi (in-iquitas, «in-égalité»). C'est la justice qui, depuis toujours, est définie comme le principe selon lequel on attribue à chacun ce qui lui est dû. D'autre part, même en acceptant la distinction que vous proposez, il reste que, dans votre message initial, vous vous insurgez bien contre les «inégalités (non les iniquités) liées à la naissance»; vous cherchez un système qui permette «à chacun de partir sur un pied d'égalité»; et le sous-titre de votre sujet est: «pour un monde plus égalitaire (et non plus équitable)». Nulle part! Où serait le mérite d'être né plus intelligent que son voisin? ou plus beau? plus athlétique? plus artistique? Pour dénoncer le principe de l'héritage, ce n'est pas même un argument logiquement valable. S'opposer aux riches héritages, donc à une caste héréditaire, en invoquant comme raison qu'il y aurait, sans cette opposition, une caste héréditaire, c'est comme s'opposer, par exemple, à une plus grande capacité physique chez certains sportifs, en argumentant que, sans cette opposition, ces sportifs risquent d'être plus performants que d'autres.
  4. Bien que ce point soit certainement secondaire dans le débat, je me permets d'y réagir. Si des parents sont prêts à inscrire leurs enfants dans des écoles supposées meilleures que celles proposées par l'État, cela ne prouve qu'une seule chose: leur volonté d'offrir à leur progéniture ce qu'il y a de meilleur en matière d'enseignement. Cela pose aussi le problème de la qualité des écoles créées par l'État: si elles étaient bonnes ou amplement suffisantes, pourquoi des personnes ou des associations sentiraient-elles le besoin de créer des écoles privées? et pourquoi des parents sont-ils disposés, ou se sentent-ils même contraints malgré eux, à dépenser des sommes d'argent peut-être élevées pour que leurs enfants bénéficient d'un enseignement de qualité? Il se peut toutefois que je n'ai pas bien saisi votre remarque sur ce point, faite comme en passant. Pour rester dans le sujet principal: si l'État pouvait priver de son héritage tel riche héritier présumé qui voudrait inscrire ses enfants dans une bonne école privée, il contribuerait sans aucun doute à l'égalité des chances, c'est-à-dire au sempiternel nivellement par le bas.
  5. On peut en discuter à l'infini, je maintiens exactement le contraire. L'initiateur du sujet en parle assez clairement.
  6. L'inégalité liée à la naissance est un fait naturel. Ainsi, certains enfants naissent doués intellectuellement, d'autres non: aucune loi d'invention humaine ne parviendra jamais à supprimer ce phénomène. Pauvreté et richesse sont elle aussi inhérentes à ce monde. L'erreur, c'est de penser que le monde serait “plus juste” si l'on supprimait, par exemple, les avantages liés aux héritages, ou si l'on diminuait considérablement le contraste entre pauvreté et richesse. Si, je le vois. Je vois aussi que vous, comme presque tout le monde de nos jours, confondez iniquité, qui signifie «inégalité», et injustice. La justice consiste à donner à chacun ce qui lui est dû: de ce fait, la justice et l'inégalité, ou l'iniquité, vont ensemble. L'injustice la plus criante et la plus révoltante serait de donner à chacun la même chose. Pour ma part, je ne rêve pas d'un monde parfait, loin de là. Par contre, je crains au plus haut point celui où l'on tenterait, par tous les moyens imaginables, d'éliminer l'inégalité.
  7. Cela me rappelle ce qu'un jour, un philosophe disait à un de ses amis: «Ne profitez pas de votre pauvreté pour maudire les riches!»
  8. «Éliminer les inégalités liées à la naissance: utopie en vogue surtout au XXe siècle, abandonnée comme absurde et fondamentalement opposée au statut de valeur inaliénable reconnu au privilège (voir privilège).» (Dictionnaire historique des idées, s.v. inégalité)
  9. La réponse de Hdbecon est impeccable. J'ajouterai seulement que la tradition juive n'hésite pas, elle non plus, à insister sur plusieurs erreurs ou bévues de Moïse, sans pour autant remettre en cause sa mission prophétique. Bref, il ne faut pas confondre messager et message.
  10. Merci de la référence.
  11. Il me semble d'ailleurs que, parmi les témoignages considérés comme authentiques, quelques-uns parlent d'erreurs ou de défauts humains reconnus par le Prophète lui-même, non?
  12. Cet enseignement n'est pas propre à l'islam, mais cela n'en incite que davantage à une certaine prudence, n'est-ce pas?
  13. Merci de votre réponse. Je subodore cependant un enseignement beaucoup plus profond, mais pour en avoir la confirmation, il faudrait avoir accès aux grands commentateurs traditionnels de l'islam.
  14. Remarquez que vous reconnaissez implicitement que ce ne sont donc pas ces préceptes religieux ou moraux qui posent en soi un problème, mais bien les hommes qui ne les appliquent pas. À propos de “il est rapporté”, c'est simplement une des formules classiques qui introduisent un hadîth, parole du Prophète reconnue comme authentique par tout musulman.
  15. Merci! :blush: C'est plus clair ainsi, et prête mieux à la réflexion. La question que je me pose: Que voulait dire le Prophète par “parfaire” (لأتمم) le noble comportement?
  16. Ma réponse n'était pas ironique. Pour la définition, j'avoue ne pas en connaître assez pour vous la donner. Il faudrait quelqu'un qui connaisse bien la langue arabe et la tradition musulmane. La traduction proposée est très littérale. En français, “comportement généreux” ou “disposition noble”, par exemple, conviendrait mieux; mais cela ne répond sans doute pas encore à votre question. Personnellement, je ne regarde quasi jamais les vidéos postées en guise de réponse. Un forum de discussion est un lieu public où l'on discute. On peut constater que dans la section Philosophie, on ne poste presque jamais de vidéo: les intervenants s'expriment et débattent avec des mots, et c'est ce que pour ma part, j'attends de mes interlocuteurs.
  17. Sans vouloir offenser Pila, il faut savoir, Contrexemple, que Pila ne lit jamais les topics par où il passe, encore moins les messages qu'on lui adresse directement, qu'il n'y répondra donc pas, et que ses propres interventions en Religion et Culte sonnent comme un disque rayé. C'est au moins la trentième fois (sans exagérer) que je le vois écrire littéralement ces mêmes mots: «Qui a vu Dieu? Personne!» À croire qu'il n'est toujours pas tout à fait convaincu lui-même de sa propre réponse.
  18. Vous n'avez sans doute pas fréquenté les mêmes musulmans que moi.
  19. Merci, Noureddine. Il s'agit des deux derniers mots : makârima al-ahlâqi, «la générosité des mœurs». J'avais vu que les deux mots sont riches en sens et que la traduction proposée est sans doute imparfaite. Ce qui est sûr, et pour rester dans le sujet, ce n'est pas un tel hadîth qui peut déranger, pas plus que bien d'autres.
  20. Tant que votre intervention se limite à un raisonnement du genre qu'on peut suivre en ce moment, elle ne dérange pas. Le seul bémol c'est ce besoin de l'étaler sur un forum généraliste, ce qui la rend éminemment suspecte.
  21. Je suis contrarié: je ne trouve plus le texte arabe sur le net, alors qu'il y a une heure ou deux, je suis tombé dessus immédiatement... Avez-vous un lien à proposer?
  22. Et la traduction est correcte; je me suis entre-temps amusé à vérifier.
  23. Là, je m'incline. :blush: C'est un hadîth, je suppose.
  24. Loin de moi de contester que l'islam encourage le bon comportement, mais c'est un peu court pour définir l'islam.
  25. Non, l'islam ce n'est pas cela. Ce que fait le monsieur est peut-être très gentil (je laisse de côté la question si le tout n'est pas une belle mise en scène...), mais cela n'a rien à voir avec l'islam, pas plus que les gentilles chansons d'Yves Duteil ou de Franc Sinatra n'ont à voir quoi que ce soit avec le christianisme.
×