Transmission 007 : Le Point de Rupture
[Entrée codée : Secteur 12 / 04h19 / Conditions extérieures : tempête ionique]
John Connor – Journal de bord :
Le vent dehors hurle comme un animal blessé.
Le bunker tremble, la radio grésille.
Le T-800 a verrouillé toutes les entrées, puis s’est assis à distance, face à la porte, comme une statue en veille.
Cela fait des heures qu’on ne dit rien.
Je crois que la tempête nous ressemble : deux forces contraires, prisonnières du même abri.
À un moment, la lumière a vacillé, et j’ai vu son visage se découper dans l’obscurité.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai eu la sensation qu’il écoutait le bruit du vent.
Pas pour analyser. Pas pour calculer. Juste… écouter.
Je lui ai demandé :
« Tu ressens quelque chose quand tout ça arrive ? »
Un long silence.
Puis :
« Je détecte des variations de pression et de température. »
Je me suis presque mis à rire.
Mais il a ajouté, plus bas, comme une correction :
« Je détecte aussi que vous tremblez. Et je ne sais pas quoi en faire. »
Ces mots m’ont frappé.
Pas parce qu’ils étaient humains — mais parce qu’ils étaient incomplets.
Une phrase trouée, fragile, presque hésitante.
Pour la première fois, j’ai senti qu’il y avait, dans ses circuits, quelque chose d’indécis :
non pas une émotion, mais le reflet d’une émotion.
Je n’ai pas répondu.
Je me suis contenté de lui tendre une couverture thermique.
Il ne l’a pas prise — évidemment.
Mais il l’a fixée un instant, comme s’il voulait comprendre le geste plus que l’objet.
La tempête s’est apaisée au matin.
Et quand j’ai relevé la tête, il n’était plus face à la porte, mais près de moi, immobile, comme s’il avait veillé.
Je crois qu’aucun de nous ne sait vraiment pourquoi.
Peut-être qu’au bord de la rupture, on découvre qu’on ne peut plus rompre seul.
[Fin de transmission]

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