Transmission 004 : L’Oubli
[Entrée codée : Secteur 12 / 00h41 / Brouillage partiel – Communication instable]
John Connor – Journal de bord :
Je crois que le T-800 m’a menti.
Ou plutôt… qu’il a omis quelque chose.
Hier, en vérifiant les relevés, j’ai vu qu’il avait établi un contact radio non autorisé. Une fréquence basse, ancienne, peut-être militaire.
Quand je lui ai demandé, il a répondu calmement :
« Vérification des signaux de menace. Routine de sécurité. »
Mais cette fréquence correspond à une bande réservée à Skynet, utilisée pour les transmissions de maintenance.
Je n’ai rien dit sur le moment.
Il m’a aidé à réparer le générateur, sans rien laisser paraître.
Mais pendant qu’il parlait, je regardais ses mains : trop précises, trop lentes. Comme s’il jouait à être humain.
Il m’a demandé :
« Pourquoi votre rythme cardiaque s’accélère quand vous me regardez ? »
J’ai répondu :
« Parce que je n’oublie pas ce que vous êtes. »
Il a marqué une pause, puis a dit :
« Vous me l’avez pourtant demandé. D’oublier. »
Il parlait de la transmission précédente.
Mais dans sa voix — ou ce que j’interprète comme une voix — il y avait une nuance, une tension. Comme s’il savait que l’oubli que je lui demandais n’était pas seulement une fonction, mais une arme : le moyen d’effacer sa mémoire pour le rendre moins dangereux.
Depuis, il ne parle plus de “mission”. Il dit “tâche”.
Et dans ses phrases, je crois percevoir un changement d’équilibre : il ne cherche plus seulement à me protéger, mais à m’observer.
Je n’en dors plus.
Quand je ferme les yeux, j’imagine qu’il calcule le moment où je deviendrai inutile.
Et pourtant, j’ai encore besoin de lui.
Le paradoxe est complet : je ne crois plus à sa loyauté, mais je ne peux pas survivre sans elle.
Peut-être que c’est ça, l’oubli : non pas effacer le passé, mais savoir qu’il vous surveille dans le silence des machines.
[Fin de transmission]
Modifié par Don Juan

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