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Jéricho


Kégéruniku 8

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Je me lavais à l'encre de tes mots.

Forcément, j'en ai broyé du noir.

Tu me laissais, le diable dans la peau,

Avec mes cicatrices pour seul pochoir.

Tu connaissais de mon histoire, les infortunes,

Et tu savais de mes façades, toutes les failles.

Tu façonnais les miroirs taciturnes

Qui m'enclavaient comme autant de murailles.

Je ne me reflétais plus que dans tes yeux,

Comme si j'étais le produit de tes fusains.

Et comme de moi, tu savais tout mieux,

Tu te dressais, maîtresse de mon destin.

Fallait-il qu'il n'y ait plus la moindre goutte d'eau dans les chutes du Niagara ?

Plus le moindre grain de sable sur les dunes du Sahara ?

Plus une braise, même aux enfers,

Plus une brise sur les sept mers,

Plus le moindre morceau d'orge pour mon être vermisseau

Pour que tu régisses mon coeur mort comme si c'était Jéricho ?

Isolé, désolé, comme ville fantôme

Je t'ai laissé, esseulée, diriger mes errements.

Et j'ai mené, malmené, existence monochrome

Tandis qu'en tendresse tu soignais tes pigments.

Pacifiste comme la dépression,

Tu ne me frappais que lorsque je ne pouvais plus me défendre.

Passéiste comme la régression,

Tu me flattais quand il ne me restait plus que des cendres.

C'était là le paradoxe de cet amour en dents de scie,

Tantôt la danse, tantôt la boxe forgeait tes désirs indécis.

Entre les roses et les bleus, tu m'inondais par tes couleurs

Jusqu'au moment silencieux où ne restait que la froideur.

On ne m'avait jamais aimé auparavant.

A vrai dire, on ne m'avait même pas haï.

De tous ces subterfuges, j'étais ignorant

Et je t'offrais ma confiance sans me savoir trahit.

Je connaissais l'inconstance,

En son sein j'avais été nourri.

Mais je croyais, plein d'innocence

Que ces voltes-face ne pouvaient être que subis.

Toi tu en jouais. Parfois enjouée, parfois sans joie,

Tantôt fragile ou sûre de toi,

Tu m'as fait croire au désarroi

Tout ça pour mieux te jouer de moi.

Fallait-il qu'il n'y ait plus la moindre goutte d'eau dans les chutes du Niagara ?

Plus le moindre grain de sable sur les dunes du Sahara ?

Plus une braise même aux enfers,

Plus une brise sur les sept mers,

Plus le moindre morceau d'orge pour mon être vermisseau

Pour que tu m'enfermes dans un décor pareil aux murs de Jéricho ?

Après sept tours, après sept jours, après sept ans,

J'ai détourné le regard de ces lumières artificielles.

Jeté au diable tous les adieux de satin

Pour m'en aller, enfin sortir de cette étrange citadelle.

Enfant de l'ombre, le coeur noircit à force

De me laver à l'encre de tes mots.

C'est ton nom qui fend l'écorce

Des ébéniers qui poussent au coeur de Jéricho.

Un nom caché par les arabesques

De la passion qu'on idéalise.

Une idée qu'on oublierait presque

Et qui n'est autre que l'emprise.

Modifié par Kégéruniku 8

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