Humeur acqueuse
Voyez, l'esprit c'est un point d'eau.
Alors, on ne pense jamais trop.
Qu'importe l'ampleur de la chute ou le débit,
Tant qu'il y a flux, il n'y a pas de dommages pour l'esprit.
Ils peuvent tourner tous les moulins de ton ombre,
Quand danse la pluie qui nous inonde,
Même dans les nuits les plus sombres,
Rien n'entrave la grâce de l'onde.
Qu'importe la puissance de la cru
Ou la terreur du tsunami,
Aussi furieusement qu'elle soit apparue,
La rivière s'en retourne toujours dans son lit.
Qu'importe l'ampleur de la chute ou le débit,
Tant qu'il y a flux, il n'y a pas de dommages pour l'esprit.
Alors bien sûr, parfois l'on voudrait se vider la tête.
Mais en vérité, ça n'arrive que lorsque le courant s'arrête.
Quand c'est de plaisir que l'on s'abreuve,
On accepterait volontiers que le ruisseau devienne fleuve.
Ce sont les flaques inertes et rances
Qui sont la source de nos souffrances.
Les regrets et remords revêches
Qui nous font boire la tasse.
C'est la matière grise qui s'assèche
Et devient matière grasse.
Parce qu'une eau qui s'écoule
C'est la vie qui décolle
Les impureté qui collent
Ce qui souvent nous coule.
Qu'importe l'ampleur de la chute ou le débit,
Tant qu'il y a flux, il n'y a pas de dommages pour l'esprit.
Le problème, ce sont les eaux stagnantes.
Quand le courant s'arrête et que les mêmes idées deviennent lancinantes.
Quand l'eau croupit à force de sédentarité,
Que s'embourbe l'esprit dans un monde sans altérité.
Quand c'est à force de solitude que se forge l'inertie,
Quand l'absence de mouvement noie toute possibilité d'éclaircie.
Quand le silence prend notre eau et la change en boue,
Quand on ne trouve plus la force de se tenir debout.
Au point que l'absence totale de fluctuation,
On lui donne même le nom de dépression.
Qu'importe la force et le courage,
Tout s'arrête de façon abrupte.
Délesté de son flux, l'esprit n'est plus que dommages
Et le débit cède la place à la chute.
Le courant de nos pensées
Se laisse peu à peu syphonner
Par des relents au goût amer
Et le vague à l'âme devient mal de mer.
Plus rien n'est agréable,
Plus rien n'est nécessaire.
Même les plaisirs deviennent détestables
Quand tous les verres se prennent en solitaire.
isolé, apathique, le mouvement laisse la place au vide.
L'étang que l'on pensait placide s'en devient marais putride.
A ce stade, cela fait longtemps qu'il n'y a plus de remède
Car l'enlisement est trop fort pour s'en sortir sans aide.
Les idées noires, que le flux chassait autrefois,
Changent l'esprit en mer morte.
Et si d'alcool, il arrive que l'on se noie,
C'est dans l'espoir que son onde puisse nous prêter main forte.
Quand plus aucun flux ne nous parvient
On s'en remet même aux débits de boisson,
Pour assurer son simple maintient
On doit se saisir de toutes les putains de diversions.
Et on prie, on implore le ciel de bien vouloir nous donner sa pluie
Pour enfin se délester du fiel qui dans notre tête à fait son lit.
Tous les affluents sont les bienvenus
Pourvu que les idées semblent nouvelles.
Et loin de la craindre, on implore la cru
Qui pourra enfin nous laver la cervelle.
Finalement, toutes les eaux sont bonnes à prendre, des plus troubles aux plus louches
Tant qu'elles peuvent chasser le goût métallique que laisse un flingue dans une bouche.
Qu'importe l'ampleur de la chute ou le débit,
Tant qu'il y a flux, c'est qu'il y a de la vie.
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