Nuit d'adieux
Le futur n’existe pas. Rien n’est éternel. J’ai beau te l’avoir dit mille fois, perdu au milieu de nos rêves, je suis revenu sur mes pas pour faire durer la brève. J’ai pris le temps à rebours, pour que les moments passés deviennent les présents de l’avenir. J’ai détruit notre monde, l’ai démuni de ses atours, l’ai ravagé, dans l’espoir que demain soit à la hauteur. Et tandis que je pensais construire ce qui n’existe pas, je nous privais de ce qui est. J’aurai dû savoir que demain ne peut se faire au détriment d’aujourd’hui.
J’ai détroussé le bonheur pour enrichir le bonheur. L’esprit sans dessus dessous, ce que je fais n’a aucun sens et je ne parviens plus à diriger mes pensées. J’ai voulu m’approcher de ton feu pour me fondre en toi, mais une fois l’esprit enfumé, frivole, j’ai créé des espaces espérant réduire la distance. J’ai pris l’amer et désormais l’âme erre loin de l’aimée et de ses messages. Douce mésange brûle mes anges. Présente excuses et soudain exige que je laisse cure pour son exquise lumière obscure. Mais quand l’aube darde au travers des ombres, c’est un gris terne et morne qui se dévoile. A terre et mort, mon esprit, encore, obombre les couleurs fragiles que promettaient nos langues agiles.
Aux cendres la chance et ses choix, puisqu’il me faut choir, je veux choyer les dernières braises du foyer. Aux cendres les ardeurs, c’est la brûlure du froid qui du haut de son beffroi me transit d’effroi.
Nous n’étions pas si puissants, et le temps passant, nos corps s’épuisant, nous nous sommes lassés des caresses enlacées et nous sommes laissés comme deux diables glacés.
Si tu me hantes, mon art tique. Mais si je prends le chemin des airs, ça ira. Adieu blizzards et tempêtes, mon souffle instable s’éloigne de vos paysages et prend la route des décors de sable. Puisque le futur n’existe pas, je m’en retourne au doux sirocco des beautés baroques. Pour la princesse, le prince cesse et s’en retourne vers d’autres poétesses.
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