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Nuits de colère


Kégéruniku 8

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Quel que soit le chemin emprunté, quelle que soit l'issue, parfois il n'y a que la colère.

Je me souviens les chaudes nuits passées dans la torpeur la plus profonde et réconfortante, où l'absence se changeait en oxygène faisant de chaque inspiration un souffle béni. Blotti dans l'obscurité silencieuse, je goûtais les plaisirs de l'isolement et de la déréliction, avide de vacuité, comme une chance de s'extraire d'un brouhaha quotidien et continu. Errant paisiblement, libéré de toutes les contraintes que nous peuvent imposer une simple présence, je me voyais déjà aspiré, absorbé, englouti par la plus exquise des inerties. Las, le plaisir n'était jamais que de trop courte durée puisqu'il fallait que je sois assaillis de messages, d'appels, d'informations superflues, de questions superficielles et d'autres importunes notifications en tout genre. Que je m'efforce de répondre ou d'ignorer, rien n'y faisait, l'invasion se poursuivait avec force dans un flux qui semblait ne jamais devoir se tarir. Et la colère grondait, sans que je ne la laisse être perçue, elle tonnait en mon sein, me déchirant et réduisant à moins que rien les saveurs du paradis pré-existant. Et même lorsqu'il semblait que le calme était à nouveau à portée de main, je me trouvais désormais dans l'incapacité d'oublier l'emprise du temps et ne voyait plus que l'impératif qui suivrait, prisonnier de l'existant comme si l'on m'avait encore forcé à naître. Diable! Que je l'ai maudite pour n'avoir su m'ignorer.

Le temps a passé, les choses ont changé, les choses m'ont changé. Et me voilà maintenant souffrant de la morsure du froid. L'absence, la plus fidèle de mes amours, n'est plus que cet espace vide entre deux moments de vie. Et si l'absence d'absence ne me réjouit pas outre mesure, il est certain que cette absence en demi-teinte ne m'est plus ni désirable ni confortable. Je ne sais plus que faire de tout ce vide et j'en viens à guetter le moindre indice, le moindre signe de présence. Je vérifie ma messagerie avec la régularité d'un métronome et m'inquiète de ne pas la voir se remplir. Les espaces qui m'étaient si précieux ne sont plus qu'instruments de torture m'infligeant des souffrances aux motifs sans reliefs et sans couleurs qui m'auraient autrefois d'avantage poussé au rire. Parce que, de ma liberté, il a été fait une geôle, là encore, la colère me gagne. Du fait de ce silence imposé, des raisons que je lui donne et surtout du triste état dans lequel il me plonge, je m'enfle de rage et d'amertume, amassant les combustibles afin de prolonger l'ardeur de mon ire sachant pertinemment qu'une fois que tout sera consommé, il ne me restera rien. Si bien que son retour n'aura plus que le goût des cendres, me privant du plaisir des retrouvailles comme j'ai été privé des plaisirs de la solitude. Diable! Que je l'ai maudite pour n'avoir su m'ignorer.

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