Le petit train dans la prairie
J'ai oublié de dormir. D'écrire. De vivre.
A trop manger arrive l'opulente satiété. Les bons mets amènent bien souvent à l'excès : la panse se remplit d'une faim de bonheur, sans jamais cesser. Comment ne pas se sentir mal, après?
J'aurais aimé avoir les dés en main, pouvoir les jeter comme je jette dans ma vie le doute.
Placer des phrases ne diffère pas tant de nos existences : il nous faut placer, placer, placer encore, afin d'être en position de force, avoir nos pions prêts à écraser ceux des autres, l'idéal étant de ne pas le laisser penser.
J'ai eu vent d'une philosophie de vie, d'un besoin de logique qui rendrait l'ensemble à la fois supportable et cohérent. Elle ne résolvait cependant pas ce qui, à mes yeux, était essentiel : pourquoi?
Certains sont affamés : ils sautent sur les occasions, deviennent des gens importants, laissent leurs empruntes sur la face de l'humanité. Ils éclipsent complètement le reste, ce petit monde des hommes ordinaires.
Puis-je simplement croire possible que chaque balle lancée amène à son revers, que le jour précède immuablement la nuit?
Un esprit retord comprendra que rien n'empêchera ce qui ne peut être empêché. Il faut être optimiste ou fou pour se laisser berner par l'idée que le dé finit immanquablement par tomber sur l'autre face, la bonne face. L'espoir est le poison du coeur car l'espoir est penser ce qui n'est pas. Une pensée, aussi juste soit-elle, est toujours fausse.
Je ne pense plus, je n'écris plus, mais me perds.
Ce texte est un non sens. Il affiche sa présence pour dénoncer son existence. Aucun lien ne glisse dans les méandres de ces mots, hormis une folie : le besoin d'exprimer l'ineffable, celui-là même qui reste inconnu à l'intuition et la raison. Peu importe sa qualité, sa longueur, sa réception ou sa puissance. Quel que soit le texte, il ne cherche jamais à être compris. Il se contentera d'avoir été lu. S'en satisfera.
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