Chronique du Thatcherisme
Margaret Thatcher ... rien que dire son nom donne des éruptions "volcaniques" (rien que cela :smile2:) à pas mal de monde. Étrange ? je ne sais pas mais quelqu’un concentrant tant de haine à son égard.... c'est très exceptionnel !


Et pour quelqu'un comme moi, sensible à la pensée économique, c'est énormément intéressant : on peut alors se demander comment se fait la transition entre la pensée économique et la pensée politique qui va influencer l'acte politique (on est un peu dans de l'herméneutique économique :gurp:).
De la pensée économique à l'action économique
La pensée économique chez Thatcher est comme vous pouvez l'imaginer orienté vers le libéralisme et l'individualisme : l'individu est l'élément primaire de la société capable de distinguer le bien du mal, ainsi que responsable. Pour Thatcher, le bonheur, l'individu, et la solidarité ne sont pas du tout incompatibles mais ce n'est pas à l’État de décréter la justice sociale, c'est l'individu (être social dont la coopération doit être librement consentie entre hommes libres) qui va s’extraire de l’indigence et de difficultés : on retrouve ici
la conception religieuse de la charité chrétienne
. Alors on ne sera pas surpris de trouver, comme deuxième pilier de la société, la famille fondant le respect des valeurs. Ces valeurs familières sont très ancrées chez Thatcher :
Au tréfonds d'eux mêmes les gens sentent instinctivement que mes paroles et mes actes sont justes. Et je sais qu'il en est ainsi parce-que c'est comme ça que j'ai été élevée. Et je serais éternellement reconnaissante pour la façon dont j'ai été élevée dans un petite ville de province.
Vous avez donc d'un coté l'unité avec l'individu et de l'autre coté le groupe social avec la famille. Au-delà de cette philosophie, Mme Thatcher va entreprendre la libéralisation du Royaume-Uni qui se traduire sur le plan économique par
le désengagement de l’État
de la sphère économique grâce aux privatisations, baisse des dépenses de l’État, contrôle de l'inflation ect. Concentrons-nous dans un premier temps sur le contrôle de l'inflation par la gestion de la masse monétaire et dans un second temps nous allons avoir un regard sur l'indice des prix :
Fourchettes de prévision de croissance de la masse monétaire (M3) et en résultats (en %)
[table]
ObjectifRésultat[/table]
Source:
d'après C. Johnson,
The Economy Under Mrs Thatcher
On voit directement les grands écarts entre les objectifs et les résultats : ici on a sans doute eu le revers de la médaille de la libéralisation concernant la suppression des contrôles sur les transactions de capitaux et de l'encadrement des crédits.
La politique de privatisation va être le point central de la politique thacherienne : pour Mme Thatcher la privatisation des entreprises va obliger ces entreprises à se réajuster par rapport à la concurrence et va permettre d'augmenter la productivité mais aussi permettre de réaliser une autre promesse, la baisse des dépenses publiques :
Évolution des dépenses publiques (recettes de privatisation exclues)
[table]
[/th][th]Termes réels (milliards de £Part de PIB (%)1969-701975-761978-791982-831988-89[/table]
Ainsi en 1990, les deux tiers des entreprises nationales du secteur industriel et de services ont été privatisées représentant près d'un million d'emplois ! (privatisation d'autant plus importante qu'elle porte sur les monopoles dit naturels).
Les conséquences de l'action économique
Les résultats sont là ! la Grande-Bretagne s'est redressée économiquement : le libéralisme économique marche alors ! tout le monde est content ?

personne n'a de réclamation a part des mineurs bien gênants

Le graphique suivant montre bien cette réussite au regard des taux de croissance du PIB (en anglais
GDP
) entre 1979 et 1992 :
Des inégalités ? elles sont légitimés et il n'y a qu'a écouter Mme Thatcher :
Je vous préviens je vais dire mon avis sur ce point : c'est idéologiquement insoluble cette question ! encore aujourd’hui nous en sommes au même point et j’oserais même dire que les arguments sont les même à l'encontre des politiques socialistes :
"Ne donnez pas de leçons regardez ce que vous avez fait avec les communistes !"
. Oui parce-qu’en Angleterre Keynes n'est juste qu'un socialiste ... et cet argument n'est pas nouveau sauf que si on respecte la pensée économique c'est bien moins tranché que cela

(pour ne pas dire n'importe quoi

), mais terminons là l'aparté...
L'un des meilleurs moyens que j'ai pu trouver pour illustrer ce problème d'inégalité est de savoir
ou la croissance est allé ?
En Grande Bretagne, on a assisté a deux inégalités :
- au niveau de l'évolution des revenus (vers quel catégorie les fruits de la croissance se dirige) et,
- au niveau géographique ce qui peut permettre de connaitre de façon empirique les orientations économie sur le plan national.
Dans ce cas, étudions comment les revenus ont évolué en Grande Bretagne pendant l'ère Thatcher :
Évolution des revenus nets (après impôt et cotisations sociales) entre 1978 et 1988 (en %)
[table]
Multiple du revenu moyenCelibataireCouple[/table]
Source:
Riddell, 154.
Un célibataire qui gagne 5 fois le revenu moyen a vu son revenu net augmenter de 70% contre environ 30% pour les autres cas exposés dans le tableau (2/3,1,2 fois le revenu moyen). Les plus aisées sont donc ceux qui ont eu la plus grosse part du gâteau de la croissance ce qui est en adéquation avec les discours de Mme Thatcher.
Cette courte analyse élaborée, nous pouvons nous tourner vers la disparité géographique que des personnes, comme Jean-Claude Sergeant, ont pu noter. En plus de cette inégalité mise en lumière va s'ajouter une inégalité géographique conséquence de la réforme de des administrations centrales et locales de la Grande-Bretagne :
La diversité régionale. Évolution du chômage et niveau comparé des rémunérations
Source:
Regional trends.
Bilan
Alors c'est sur je n'ai pas parlé pour l'instant des répercussions sociales de la réforme des syndicats, des administrations centrales et locales, de la fin d'une vision de l’État providence, de l'action internationale de Mme Thatcher. J'ai d'abord voulu mettre le doigt uniquement sur des concepts économiques et montrer la limite de ce type de politique (même s'il faut l'avouer il fallait un bon nombre de réforme pour redresser la Grande Bretagne qui avait peut-être une tendance au blocage).
Bien-sûr le passage à la moulinette du droit syndical opéré par Mme Thatcher est bien connu et ces conséquences sont assez impressionnantes : entre le moment de son arrivée au gouvernement et celui de son départ près de 150 syndicats avaient disparu. De plus en 1979, 53% des travailleurs appartenaient à un syndicat et ils n'étaient plus que 39% en 1989 (même s'ils avaient maintenant le soutien de l’opinion publique, ce qui n'était pas le cas lors de la prise de pouvoir de Mme Thatcher).
Au niveau international elle eut ses plus belles occasions de briller : être un général victorieux accroit sa popularité et sa légitimité, cette vieille morale de l’histoire c'est aussi confirmer avec Mme Thatcher avecla guerre des malouines. Mais aussi au niveau européen où elle réussit à négocier pour la Grande Bretagne un chèque de ristourne (preuve là aussi qu'elle était ferme et décidée).
Cette fermeté on l'a retrouve aussi dans la réforme de l'administration qui va transformer aussi l’État providence (le
Welfare State
) en un état plus restreint à la sauce néolibérale. Je continuerais à étudier cette époque atypique ...
Mais statistiquement que peut-on dire ?
Le tableau parle lui-même : le sud-est est particulièrement privilégié pour la raison qu'elle accueille près de la moitié des emploie dans la recherche et le développement (et près de 40% des emplois concernant la recherche sur les technologies de pointe), la même proportion des emplois du service et concentre le tiers de la population du pays.
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