L'écho de la sagesse
Ce matin encore, cela me tracassait de me ressasser ce qu'il avait dit. Étais-je vraiment cet être morne et las, incapable de sortir de ma spirale par la tromperie d'un bien-être illusoire, ou simplement par lâcheté? Étais-je cette victime d'une vérité qui, pourtant, ne semble aucunement me correspondre? Je me préparais le plus consciencieusement possible à m'élancer dans une journée aussi nouvelle que banale. Les gestes mécaniques me revenaient sans peines, et je m'exécutais sans avoir à vraiment y réfléchir. "Vous êtes aspirés dans la spirale de vos habitudes", m'avait-il balancé en pleine face la première fois. J'avais du mal à accepter pareil jugement, au début. Seulement, le temps passait, et doucement, je prenais plaisir à me remettre en question. Ou non, les questions venaient à moi sans me demander si je souhaitais les écouter ou non. Elle s'imposait à moi comme des balles n'ayant pour but que de me blesser. Une blessure physique qui deviendrait moral par le constat désespéré de ma situation.
Oui, j'étais bien cette machine qu'il avait décrite. Oui, j'étais bien cet instrument de la réalité, ma réalité. Elle me transformait, me conditionnait, m'apprivoisait. Voilà pourquoi je n'étais plus que l'ombre de moi-même, un personnage caricatural et idéalement calibré pour suivre un chemin en particulier. Mais que pouvais-je faire contre? Et que pouvais-je vraiment espérer de meilleur? Rien ne me permettait de savoir si tout serait mieux en délaissant cette existence qui, finalement, n'était pas si difficile à vivre lorsque je l'ignorais. Bien sûr, je n'étais pas toujours emplis de joie. La volonté de sourire et de le partager ne fusait pas à toutes les occasions. Le constat n'était tout de même pas si affligeant pour autant. "Pourquoi vous poser la question, alors?" avait-il ajouté, l'air de rien. Et c'était vrai. Pourquoi en douter, si j'en étais convaincu? Décidément, il me mettait mal à l'aise, et je souffrais de ma position ridicule.
Néanmoins, je devais m'y préparer, à cette journée qui commençait tôt. J'avais mis une certaine croix sur les excès trop excessif, et j'avais abandonné l'idée de revivre ce que j'avais déjà vécu. Aujourd'hui, je me lançais à l'aventure, en espérant trouver un autre chemin qui me conviendrait un temps. Ensuite, il me faudra renouveler l'expérience. Parce que, vraiment, je sentais qu'il savait. Il n'avait pas tort. La vie restait une expérience nécessitant des risques, avec ses victoires et ses échecs. Nous n'avions pas à jouer un quelconque rôle pour satisfaire un monde qui paraissait nous plaire. La vie est ailleurs, non pas dans la distance, mais dans la recherche. Elle était, et restera un apprentissage perpétuel, une connaissance toujours originale et nouvelle de tout. Elle est une rencontre avec nous-mêmes. Et pour cela, il faut être capable de sauter dans le vide avec l'once d'espoir de chuter sur une pierre en bordure. Il n'y a que le sacrifice qui puisse rendre beau une vie ankylosée.
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