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Cycle Baudelairien 1


Liutprande

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Envie de remettre au goût du jour ce poète qui a bercé mon adolescence tortueuse...des poèmes en prose qui m'ont touché...voici le premier : le Fou et la Vénus, bonne lecture à vous

Quelle admirable journée ! Le vaste parc se pâme sous l'oeil brûlant du soleil, comme la jeunesse sous la domination de l'amour.

L'extase universelle des choses ne s'exprime par aucun bruit; les eaux elles-mêmes sont comme endormies. Bien différentes des fêtes humaines, c'est ici une orgie silencieuse.

On dirait qu'une lumière toujours croissante fait de plus en plus étinceler les objets ; que les fleurs excitées brûlent du désir de rivaliser avec l'azur du ciel par l'énergie de leurs couleurs, et que la chaleur, rendant visibles les parfums, les fait monter vers l'astre, comme des fumées.

Cependant, dans cette jouissance universelle, j'ai aperçu un être affligé.

Aux pieds d'une colossale Vénus, un de ces fous artificiels, un de ces bouffons volontaires chargés de faire rire les rois quand le remords ou l'ennui les obsède, affublé d'un costume éclatant et ridicule, coiffé de cornes et de sornettes, tout ramassé contre le piédestal, lève des yeux pleins de larmes vers l'immortelle déesse.

Et ses yeux disent : "Je suis le dernier et le plus solitaire des humains, privé d'amour et d'amitié, et bien inférieur en cela au plus imparfait des animaux. Cependant je suis fait, moi aussi, pour comprendre et sentir l'immortelle beauté ! Ah ! déesse ! Ayez pitié de ma tristesse et de mon délire."

Mais l'implacable Vénus regarde au loin je ne sais quoi avec ses yeux de marbre.

1 Commentaire


Commentaires recommandés

ô surprise , un rendez vous avec le poète maudit !

Dualité du bien et son contraire , quête infinie ...

A ses cotés le voyage est "long" , tourmenté , enivrant , parfois presque choquant dans tout les sens du terme .

Il a secoué la "bonne morale" , révolutionné la perception de la beauté , mais que dire encore , si ce n 'est :

Élévation

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,

Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,

Par delà le soleil, par delà les éthers,

Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,

Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,

Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde

Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ;

Va te purifier dans l'air supérieur,

Et bois, comme une pure et divine liqueur,

Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins

Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,

Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse

S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,

Vers les cieux le matin prennent un libre essor,

- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort

Le langage des fleurs et des choses muettes !

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