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Comment la science économique pense la croissance ?


Docteur CAC

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Quel sujet prometteur et distrayant ! La simple évocation de la croissance a l'effet de réveiller des coutumes tribales telles que les danses d'invocation ou les rites initiatiques (comme un mystérieux rite dentaire :gurp:) non pas pratiqués par un chaman mais par nos politiques allant chacun de leurs petites théories... Mais souvent les résultats ne sont pas à la hauteur des espérances. C'est ballot mais en même temps nous avons oublié quelqu'un dans l'histoire non ? bah oui... LA principale intéressée : la science économique. Il apparait donc assez important de redéfinir le cadre général de la pensée économique concernant la croissance et puis accessoirement elle pourrait dire des trucs intéressants ...

Au début il y avait le ... commencement

Pour commencer, la croissance est avant tout
un agrégat macroéconomique
: la croissance est une mesure quantitative d'une valeur économique (agrégat) au niveau national (macroéconomique). Il ne s'agit pas d'émettre un jugement moral (si elle est juste ou injuste) comme on pourrait le faire en philosophie, en sociologie, ou même en économie du développement (avec ce procédé, on peut alors modéliser autour d'équations et d'hypothèses qui ne prennent évidemment pas en compte toutes les variables explicatives). En terme d'agrégats économiques, la croissance se traduit dans la mesure du
PIB
.

La première traduction de la croissance est la logique des cycles :
Un cycle consiste en une phase d'expansion simultanée de nombreux secteurs d'activité, suivie d'une phase de contraction similaire puis d'une reprise qui débouche sur la phase d'expansion du cycle suivant. Cette séquence est récurrente mais non périodique; les cycles d'activité ont une durée variant entre un et dix ou douze ans; ils ne sont pas divisibles en cycles plus courts de caractéristiques semblables et d'amplitude équivalente.

Un cycle est donc un découpage en plusieurs phases :

  1. expansion
  2. retournement
  3. récession
  4. reprise

En partant de cette citation et du principe qu'il y a une certaine régularité dans ces cycles, on peut alors déterminer plusieurs périodicités : Kitchin (3 ans), Juglar (10 ans), Kuznets (20 ans), Kondratiev (50 ans). Ces cycles ont des variables communes qui ont chacun une influence plus ou moins volatile sur l'économie et sur sa croissance comme la production industrielle, consommation, la
FBCF
, le chômage , la monnaie, les taux (nominaux et réels), les salaires réels, l'inflation, ect. L'analyse de Kaldor (1958) est un exemple bien connu de cette mise en relation des variables économiques pour mesurer la santé d'une économie (Voir le carrée magique de Kaldor).

Il faut préciser alors une distinction élémentaire des modèles concernant la croissance : on parle de modèle de croissance endogène ou exogène. Lorsqu'il est exogène c'est que des variable (notamment le progrès technique) n'est pas une variable expliqué par le modèle (Solow), à l’inverse lorsqu'il est endogène, le modèle précise les variables (Romer, Lucas, et Barro).

La croissance ou la recherche de la cause de la richesse des nations ?

Dans le contexte de la première révolution industrielle (et où
le
rendement agricole décroissant obligeant le maintien d'un état stationnaire
qui va conditionner la pensée classique), Adam Smith cherchait donc les causes de la richesse des nations. Ainsi c'est l'accumulation du capital qui permet la croissance économique grâce à la division du travail qui tend à une spécialisation (une division des taches) qui aura pour conséquence d'améliorer la productivité. Malgré tout la division du travail a une limite, celle de la taille du marché : la production à grande échelle est un préalable à la spécialisation.

Pour Ricardo, la qualité des terres cultivables
(facteur de rendement et de croissance)
n'est pas égale : la croissance oblige la mise en culture de nouvelles terres qui seront toujours d'une qualité inférieure aux précédentes (toujours du fait des rendements agricoles décroissant).

Conséquence : augmentation du prix du blé et des produits agricoles en corrélation avec la baisse de la fertilité des sols nécessaires à l’entretien de la force de travail dans l’industrie. La croissance nécessite donc de payer des salaires réels croissants. La rente dans le produit national augmente et la part des profits baisse puisque les salaires sont fixés à un minimum incompressible. Le profit étant le motif et la source de l’accumulation du capital, l’accumulation est inexorablement freinée et l’économie converge
vers un état stationnaire sans croissance
.

Sur le plan de la politique économique, la pensée de Ricardo désigne clairement la rente et les propriétaires fonciers comme des adversaires de la croissance industrielle : la classe des rentiers est désignée comme
« la classe stérile »
. Le libre-échange serait le moyen de desserrer cette contrainte en abaissant le prix du blé (1846 : abolition des « corn laws »). On retrouve l'idée d'
avantage comparatif
(domaine de l'économie politique internationale).

Un première approche intéressante : le modèle de Solow

Le modèle de Solow fonctionne avec l’hypothèse de base suivante : la quantité de travail est stable à long terme. Dans ce cas, seule une augmentation de capital peut faire varier la production or du fait de la loi des rendements décroissants, la productivité marginale tend vers zéro.

La productivité marginale :

«
[...] la productivité marginale tend vers zéro.
»
: avec cela vous êtes bien tient
:mouai:
. Alors dans le doute je me permets de faire quelques précisions.

Le concept de marginalité est une approche intéressante de l'analyse néoclassique (où appelé
«
révolution marginaliste
»
) de l'économie. Ici je l'applique à la production mais on découvre ce concept avec l'utilité qui est la mesure du bien-être retiré par la consommation
supplémentaire d'un bien
. Notez bien cet élément : la marginalité sous-tend une relation avec la variable antérieure.

On peut donc déduire la définition économique de la production marginale :

La productivité marginale représente la variation de la production engendrée soit par l'ajout d'un travailleur supplémentaire (productivité marginale du travail ou
PML
), soit par l'utilisation d'une unité de capital supplémentaire (productivité marginale du capital ou PMK).

Normalement avec cela vous avez compris la logique de la chose
:o°
.

Solow reprend alors la logique des classiques (Smith et Ricardo) : à terme l’économie parvient à un état stationnaire. La croissance ne peut alors être provoquée que par une augmentation de la quantité de travail, considéré comme un facteur exogène, et par le progrès technique, perçu comme « une manne tombée du ciel ».

Le dépassement du modèle de Solow

Le problème est donc posé : quid du progrès technique ? les économistes ne peuvent pas
ad vitam aeternam
éviter la question de l'origine du progrès technique : il faudra donc procéder ce que l'on nomme l'endogénéisation du progrès technique. Mais pas seulement ! la complexification de nos économies passant d'économie de subsistance à une économie industrielle et de consommation de masse obligera les économistes à
endogénéiser bien d'autres variables. Je vais m’arrêter là et vous laisser méditer sur cela, je poursuivrais cela dans un autre billet mais avant cela il va bien falloir étudier le progrès technique !

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