Le cours des choses

Mardi 18 février 2025

Hier Lancelot nous apprend que les deux petites Luna et Athena ont échangé leur place à l'école. Que personne ne s'en est rendu compte sauf leur mère quand elle les a récupérées et qu'elle a vu qu'elles ne sortaient pas de leur classe attitrée. Monica n'a pas compris tout de suite. Quand elle a compris elle a dramatisé et a téléphoné à Lancelot, elle lui a dit (en anglais) :  j'ai raté mon éducation. Lancelot s'est marré. Moi et jacqueline, non seulement nous nous sommes marrés mais en ce qui me concerne je suis carrément ébloui. Que les deux jumelles, qui viennent d'avoir 6 ans, se soient ainsi concertées pour décider de prendre l'une la place de l'autre, alors là, faut le faire. Ce matin j'imaginais, dans la cuisine, en discussion avec Jacqueline "Tu te rends compte bientôt les grands titres des journaux britanniques : le gang des jumelles sévit à Gillingham" Jacqueline me dit:  "Ils vont faire des recherches génétiques et tomber sur la kabbale juive" Moi : " Non, non ils vont remonter de mon côté et vont tomber sur mes origines RUSSES ! Dingue le souffle effrayant de la Russie en train de faire des vagues à Gillingham !"

Cela me ramène à Bethsabée, en Israël, qui pense que Poutine est le messie d'Israël. Je ne parviens pas à comprendre le cheminement intellectuel de Bethsabée, je ne comprends pas du tout même, mais voilà, selon elle c'est un fait Poutine va sauver Israël. Entre le gang des jumelles à Gillingham et le nouveau messie d'Israël, je voyage dans un imaginaire fantastique.

Bethsabée pourtant n'est pas russe, elle est marocaine. Son mari Baltazar est en principe russe mais je m'y perds car il serait aussi yéménite selon Jacqueline. C'est là que je vois que Jacqueline est d'essence kabbaliste, car, pour elle, il y a toujours superposition d'états, bien qu'elle ne connaisse rien à la physique quantique. Quelqu'un peut être, en même temps, yéménite et russe selon elle. Il semble tout de même que Balthazar est russe, que Bethsabée n'est pas russe, mais Bethsabée estime qu'elle est encore plus russe que son mari parce qu'elle est russe de cœur. Je trouve génial l'argument de Bethsabée, désormais quand Jacqueline me dira tu es un faux russe, vu que ton père n'était pas russe, je lui répondrai je suis encore plus russe que ma mère, qui était russe, parce que moi, je suis russe de cœur. Jacqueline écoute mon argumentaire et elle se marre. 

Une question en passant : pourquoi pas plutôt le blog pour ce genre de texte ?

Les deux petites, par leur comportement,  ont dénoué quelque chose chez moi. 

Du coup je me rappelle la vidéo d'Alain Connes et Hervé Zwirn, " L'homme a besoin d'écrire une histoire"  dans laquelle les deux savants avancent cette hypothèse : certaines choses du passé sont dénouées dans le futur et certaines choses du futur ont  été dénouées dans le passé.

Je pense qu'ils ont raison.

Et là c'est clair, quelque chose du présent dénoue quelque chose du passé. 

Je suis du coup dans un état d'ivresse assez avancé bien que je n'ai bu aucune goutte d'alcool.

19 février 2025

Il y a dans la série "Top of the Lake - China girl" diffusée sur Arte une réplique entre une adolescent âgée de 17 ans et sa mère qui a saisi mon attention. L'ado dit à sa mère : "Va rejoindre ton amie psychologue, tu vas pouvoir passer ton temps à parler avec elle des affaires du monde, tu vas te sentir importante"

Je m'attarde sur ce reproche d'une ado à une mère qui préfère s'occuper des affaires du monde par le biais du verbiage plutôt que de s'occuper de sa fille. 

Ils sont nombreux, sur les plateaux télé ou sur les réseaux sociaux à préférer s'occuper des affaires de ce monde de manière émotionnelle plutôt que des leurs  en raison du sentiment d'importance que cela leur donne de pouvoir déclarer publiquement en exprimant leurs émotions désordonnées, dépit, rage, ressentiment, etc : Trump a une cervelle de moineau, ou encore : Poutine est un nazi, c'est jouissif de pouvoir ainsi expectorer en toute liberté sur une scène publique quand nous sommes pourtant rien sur la scène nationale ou internationale. 

20 février 2025

Balthazar a quitté le domicile conjugal et s'est refugié dans une maison de repos pour militaires dans le Néguev. Bethsabée est en rage, jure qu'elle va le retrouver et qu'il va payer le prix fort. Elle dit que sa colère est aussi noire que peut être noir un Arménien ou encore que sa colère est aussi noire que le fond d'un puits.

Tout le monde se marre en Israël et lui laisse entendre que le Rav quelle a payé pour qu'il fasse une prière en faveur de Poutine pendant l'office a peut être fait une prière non pour Poutine mais pour Balthazar afin qu'il la quitte.

Ca lui met le doute dans son esprit et ca la rend encore plus rageuse. Elle s'en prend à Jacqueline qui la lit mais ne lui répond plus. Elle dit à Jacqueline qu'elle est bien la petite fille de Rahma, la princesse de Settat qui tenait la dragée haute au juge rabbinique qui vivait en face de chez elle, de l'autre côté du trottoir : tu es bien la descendante d'une kabbaliste. D'ailleurs tu as divorcé alors que tous t'avaient pressée de ne pas le faire, et tu t'es remariée sans nous inviter. Tu t'es remariée avec ton amant avec lequel tu vivais depuis plus de vingt ans et à peine as-tu passé l'anneau au doigt tu es tombée enceinte. 

Je réalise que c'est de moi que Bethsabée parle et j'apprends donc que je fus l'amant de ma femme vingt ans pourtant avant que je ne la rencontre. Etonnant. Je ne pensais pas que je faisais partie de la saga juive, là bas, en Israël. J'essaye de savoir si pour la communauté je suis juif ou pas, apparemment tout le monde s'en fout, l'important c'est que je sois russe. Manifestement les Russes ont un statut spécial en Israël, d'ailleurs je viens de m'en rendre compte en visionnant la série McMafia sur Arte. Qu'un russe soit juif ou pas c'est secondaire, d'ailleurs les Russes là bas en Israël, qu'ils soient juifs ou pas, mangent tous du porc. Bethsabée aussi, bien que descendante d'un juge rabbinique quand même, mais elle est russe de cœur, donc qu'on ne l'emmerde pas avec Dieu, les commandements et la bouffe. Elle  dit à Jacqueline ça ne m'étonne pas que tu te sois mariée avec un Russe, t'est moins conne que ta sœur qui s'est mariée avec un Français. Pour elle Français = chiffe molle.

Je me dis : j'ai peut être l'aura d'un mafieux russe pour elle, ça ne me déplait pas. Je fantasme un peu : je vais aller en Israël et je vais séduire Bethsabée en lui apparaissant avec deux flingues accrochés à mes hanches. Bethsabée est un trop beau prénom pour que je m'interdise de la draguer un peu. Jacqueline me met en garde : garde toi de la séduire elle est bâtie comme un cheval, exactement comme ta sœur ainée. Je pense à ma sœur, qui a la carrure d'une russe de campagne comme on en voit dans les documentaires français, ça me refroidit direct.

21 février 2025

Jacqueline me parle de ses ascendants kabbalistes. Je pense que je vais devenir pour elle un écrivain biographe. 

Son grand père kabbaliste, sidi Youssef, avait l'habitude de partir le matin vêtu d'un saroual noir, d'un turban noir avec trois ou quatre rangées de sequins dorés et argentés tout autour, qui produisaient un son métallique quand il se mouvait. Il portait des babouches noires décorées de pierres, il montait sur son cheval, noir lui aussi, et Jacqueline restait fascinée par le sabre, à son côté, dont le manche était serti de pierres précieuses, dont une verte, se rappelle t elle.

Il était appelé à Settat le chevalier noir, il partait soit vendre des chevaux soit relever le miel de ses ruches dans la montagne.

Sa femme lala Rahma parlait l'anglais, le français, l'espagnol, l'arabe et l'hébreu. De telles connaissances en font sans doute une descendante sépharade de quelque famille aisée d'Espagne.

Il se raconte qu'elle avait été sollicitée par le pacha de Mogador pour traduire un texte écrit en anglais. Le pacha avait demandé à son personnel d'aller la chercher chez elle et de la ramener dans une calèche. Il lui avait donné pour remerciement 10 mètres de tissu de qualité.

Mais ces deux kabbalistes n'ont pas laissé d'enseignement écrit, ce sont surtout des comportements qu'ils ont transmis, et une distance énorme avec le judaïsme rabbinique qu'ils ne cessaient de moquer. Apparemment ils riaient de la croyance en Dieu du rabbin, l'autre grand père, ils riaient de sa croyance en la vie après la mort...Mais en quoi croyaient ils ? Ils n'ont pas laissé de mots, juste ont ils enseigné à Jacqueline qu'il existait...quelque chose que nul ne pouvait nommer.

Le rabbin et toute la famille (nombreuse) de ce dernier les regardaient comme des diables. Ils soupçonnaient le chevalier noir de leur jeter des sorts . Lorsque leur champ fut dévoré par les sauterelles il devint évident pour eux que Youssef pactisait avec les démons.