Ex-trader, il rénove des passoires thermiques avec l’argent des riches

Bonjour,

Jérémie Rouzaud utilise l’épargne des plus fortunés pour isoler des immeubles. À l’occasion de la Journée nationale de lutte contre la précarité énergétique, rencontre avec l’un des plus gros acteurs de la rénovation en France.

Ce monsieur préside une société de gestion immobilière -Kyaneos- : il rachète des bâtiments pour les mettre ensuite en location. Avec une singularité : il isole et restaure ses logements. Ceci à l'heure où la rénovation thermique patine à l'échelle nationale et où la plupart des propriétaires bailleurs se contentent de changer les fenêtres et de remettre un coup de peinture. Bref, rien que du maquillage.

Depuis cinq ans, Kyaneos a ainsi rénové 600 immeubles — soit quelque 1 000 appartements par an — à travers l’Hexagone, passés pour la plupart du statut glaçant de passoire à l’étiquette C du diagnostic de performance énergétique. Un résultat très correct pour des bâtiments anciens. Le tout sans aide publique.

Parce que la rénovation, tout le monde en parle et l’encense, mais personne ne la fait. Il se trouve aussi que l'on paye plus de taxe foncière sur un logement rénové que sur une passoire, et qu'il n'y pas en ce sens d’avantages fiscaux tel que le dispositif Pinel qui permet aux particuliers achetant des logements neufs destinés à la location de bénéficier d’une réduction d’impôt. Jérémie Rouzaud remarque de plus que les politiques ont confié la rénovation aux particuliers, cependant ce n’est pas leur métier, ils peuvent rapidement se faire avoir.

Jérémie était au départ trader à la City de Londres : « Je manipulais des dizaines de millions d’euros, dit-il, sauf que très vite, je n’y ai plus vu de sens. » De retour en France, son compte en banque bien garni, il décide d’investir dans la pierre, histoire de s’assurer une rente confortable et de s’installer dans le sud pour faire son potager.

C’est ainsi que survint un premier déclic. "J’ai visité des logements à acquérir, dont beaucoup étaient vraiment insalubres, et je me suis dit “ce n’est pas possible de louer ça”.

Peu à peu, une idée germa : utiliser l’épargne, en particulier celle des plus fortunés, pour rénover des logements, sachant que l’épargne immobilière représente 7 à 8 milliards d’euros par an. Si on flèche même une toute petite partie de cette somme vers des logements à isoler, on peut résoudre le problème des passoires. Simple sur le papier, son plan s’est pourtant rapidement transformé en parcours du combattant.

Avant de se lancer dans l’aventure, il a fallu décrocher le précieux sésame de société civile de gestion immobilière auprès de la tatillonne Autorité des marchés financiers. Deuxième défi, et non des moindres, convaincre des épargnants, si possible riches, de lui confier une partie de leur pécule. « Au début, personne n’y croyait, ça a été une descente aux enfers, raconte Jérémie Rouzaud. En 2019, j’étais au bord de la faillite personnelle. »

Difficile en effet de persuader les gros portefeuilles d’investir dans les immeubles délaissés de petites villes de province, tandis que d’autres sociétés leur font miroiter de juteux placements dans des tours à la Défense ou dans des commerces chics sur les Champs Élysées. 

Or, le malheur du monde faisant le bonheur de certains, le Covid a sauvé in extremis Kyaneos de la déconfiture, car les gens qui télétravaillaient, s'ils n’allaient plus dans les magasins, continuaient de se loger. Dès lors l'entreprise a enfin vu affluer des épargnants.

Désormais, la société collecte près de 100 millions d’euros par an qu’elle emploie à acheter et à rénover des logements. Les souscripteurs sont ensuite rémunérés grâce aux loyers perçus.

Des dividendes pour les épargnants et des logements bas-carbone et abordables pour les locataires, que demande le peuple ?

Article entier :

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Bonjour,

Le processus de dépossession des particuliers suit son cours : une loi vertueuse rendant exsangue la masse de petits propriétaires, et des philanthropes businessmans à la rescousse. Du capitalisme sauvage dans un emballage de vertu.

Il y a 1 heure, Totologik a dit :

Bonjour,

Le processus de dépossession des particuliers suit son cours : une loi vertueuse rendant exsangue la masse de petits propriétaires, et des philanthropes businessmans à la rescousse. Du capitalisme sauvage dans un emballage de vertu.

Des particuliers qui finissent par léguer leur bicoque à des héritiers qui préfèrent autant résider ailleurs, ou bien proposent cet "habitat" à la location, ce qui est plutôt honteux compte-tenu de l'état des lieux. Donc non, cet entrepreneur ne pratique pas du "capitalisme sauvage dans un emballage de vertu", il rénove des taudis pour en faire des logements agréables et bien isolés, il crée de l'emploi, il revalorise un patrimoine immobilier initialement voué à la démolition à la place desquels on aurait bétonné, encore, construisant je ne sais quoi : des immeubles sans caractère, un supermarché ou un parking. Le capitalisme sauvage, c'est quand on vire des propriétaires pour construire des autoroutes, des lignes de train grande vitesse, des zones commerciales... c'est plus courant qu'on ne le croit parce que les médias en parlent peu. Cela n'a rien à voir avec le fait de récupérer des gourbis pour en faire des maisons dignes de ce nom et qui ne défigureront pas le paysage urbain d'un village ou d'une petite ville pittoresque.