Becoming Karl Lagerfeld.

Début des années 70 : Jacques de Bascher, jeune dandy venu de Bretagne, débarque à Paris et rencontre Karl Lagerfeld, styliste allemand installé en France depuis 1950. Entre eux commence une étrange relation, platonique mais passionnée, bientôt troublée par l'intrusion d'un troisième personnage : Yves Saint-Laurent. La série est à la fois le récit de cette liaison, et aussi de l'irrésistible ascension dans le monde de la mode du créateur allemand. Elle se termine juste au moment où on lui propose de devenir le directeur artistique de Chanel.

Daniel Brühl, acteur germano-espagnol, est parfait dans le rôle de l'homme à l'éventail. Comme son modèle, il est polyglotte, et s'exprime sans problème en allemand, français, anglais, italien. Mieux même, il dessine, mais de la main gauche (Lagerfeld était droitier). Théodore Pellerin, jeune acteur québecois, incarne le trublion Jacques de Bascher, objet d'une véritable guerre entre Lagerfeld et Saint-Laurent (et surtout Pierre Bergé, joué par Axel Lutz : "Une main de fer sans gant de velours", ainsi que le dépeint Lagerfeld à son jeune protégé). Interviewé, Théodore Pellerin ne peut se départir de son accent canadien, mais dans la série ça ne s'entend pas du tout. Son personnage est un aventurier du sexe (il mourra du sida en 1989), mais aussi une sorte de chouan, qui porte écrit en gros sur le dos de son blouson de cuir : "Pour Dieu et le Roy".

"Je ne bois pas, je ne me drogue pas, mais j'aime observer les gens qui se défoncent", déclare Karl - qui est néanmoins un grand consommateur de Coca-Cola, cette cochonnerie pleine de sucre. La scène la plus drôle de la série - enfin pour moi qui suis hétéro, je pense qu'un gay la verrait d'un oeil différent : Karl a acheté un château dans le Morbihan, à Penhoët. Une ruine, en fait, mais qu'il entreprend de faire restaurer. Il y invite Jacques, son amant - toujours platonique. Un grand dîner, servi par des laquais en livrée, les attend. Après le repas, Jacques gagne sa chambre et demande à Karl de le rejoindre. Celui-ci s'exécute, mais après quelques étreintes et embrassades, il quitte la pièce. Le lendemain, Jacques est réveillé à 10 heures du matin par un domestique, qui lui annonce que le train pour Paris est à 11 heures, et que s'il veut gagner la gare - à pied -, il doit partir tout de suite. - Et la voiture? demande Jacques. - Monsieur est parti avec ce matin, répond le domestique.

Mention spéciale aux costumes - 40 différents rien que pour Daniel Brühl, qui apparaît vêtu différemment à chaque scène, et toujours avec recherche. Et la bande-son aussi est très bien. La série semble avoir un grand succès, aussi une saison 2 est probable. Il existe une grande curiosité envers ce personnage énigmatique mais fascinant, mort en février 2019. Une scène du 5e épisode livre une des clés de sa personnalité : en 1978, la mère de Karl, très âgée, vient de faire un AVC, aussi il l'emmène à Penhoët afin qu'elle se repose. Conscient que c'est peut-être la dernière fois qu'il la voit, il lui dit : "Il n'y a qu'avec toi que je peux être moi-même." "A quoi bon être soi-même de toute façon ?" réplique-t-elle.

Le monde de la mode, monde sain, profond et passionnant s'il en est... ou pas... Je passe mon tour.

Vu au moment de sa sortie sur Disney+.

J’ai beaucoup aimé, c’est super. C’est très bien joué. La vie de Karl Lagerfeld, est tout même sacrément intéressante.

Très bon jeu d'acteur de la part de Daniel Brühl!