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Los Ñetas, l’émancipation par le crime ?

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January

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January Modérateur 61 725 messages
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« Nous sommes un gang, mais pas comme tu l’imagines : nous sommes des révolutionnaires. » De quoi attiser la curiosité de l’anthropologue Martin Lamotte, qui a enquêté pendant quatre ans sur le gang international Los Ñetas, ses codes et ses métamorphoses, du crime à l’action politique.

 

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C’est une organisation dont la longévité est impressionnante puisqu’elle a été créée dans les années 1980 et existe encore. Ensuite, la trame historique et la transmission y ont une place très importante alors que d’habitude, ce type d’organisation a une durée de vie plus courte, traditionnellement de l’ordre d’une génération. Mais la particularité principale de ce gang c’est son ambiguïté car il a à la fois une composante criminelle et une composante politique : ses membres peuvent être partie prenante du marché de la drogue et des armes à feu et, en même temps, le groupe a un ancrage politique très fort.

[...]

Quelles dynamiques sociales et anthropologiques favorisent l’émergence de ce type d’organisations ? Sont-elles présentes dans toutes les sociétés capitalistes ?


M. L. L’anthropologue Dennis Rodgers a travaillé sur les gangs au Nicaragua et a établi des comparaisons entre ce type de groupes. Il explique ainsi que les gangs sont situés, c’est-à-dire qu’ils reflètent le contexte local dans lequel ils s’inscrivent. Ce sont également des structures dynamiques, qui se transforment dans le temps. Par exemple, les Ñetas ne sont pas le même groupe à New York en 1990 ou à Barcelone en 2011 ; et le rapport à l’État varie. Néanmoins, ce sont toujours des populations exclues du marché du travail, d’une forme de socialisation et souvent considérées comme étrangères. Les Ñetas sont racisés à Barcelone et à New York, où ils comptent parmi les populations les plus précaires.

C’est un phénomène assez classique des sociétés capitalistes. Le terreau social est là mais attention, on ne trouve pas forcément des gangs et des gangsters dans tous les ghettos pauvres. D’ailleurs, dans les travaux du sociologue Frederic Trasher (1892-1962, Ndlr) qui a écrit dans les années 1920 aux États-Unis, les gangs n’étaient pas définis uniquement par la criminalité. C’est à partir des années 1970 et de la guerre contre la drogue déclarée par l’administration Nixon qu’ils ont été perçus sous l’angle criminel uniquement.

 

Justement, si l’une des figures majeures des Ñetas reconnaît que « la Asociación est un mouvement de prisonniers, donc les membres ont commis des crimes », ces derniers luttent aussi contre les violences et trafics, rejoignant alors la politique de « pacification » étatique. Pourquoi les études, le discours politique et médiatique se focalisent-ils exclusivement sur les violences qu’ils exercent ?


M. L. Aux États-Unis, la criminologie punitive est née dans le contexte très répressif des années 1970 puis 1980-1990 : après avoir été considérés comme la conséquence des conditions de vie des ghettos durant la guerre contre la pauvreté, les gangs en ont été présentés comme la cause, donc comme l’ennemi. D’un point de vue politique, Rudy Giuliani n’aurait eu aucun intérêt à reconnaître que des gangs ne sont pas seulement criminels et qu’ils participent à la pacification des quartiers populaires, car il voulait imposer une politique répressive.

En revanche, la Mairie de Barcelone et l’État de Catalogne ont invité Bebo et des membres du gang des Latin Kings pour leur faire signer des traités de paix. Les reconnaître permettait de stopper les guerres de gangs, de les contrôler et aussi de leur faire confiance. Il valait mieux travailler avec eux que lutter contre eux.

Les Ñetas parlent souvent de justice, un dirigeant vous a dit : « Être Ñeta, c’est avant tout lutter contre l’abus sous toutes ses formes, s’entraider et progresser aussi bien individuellement que collectivement afin de vivre en paix. » S’agit-il de leur idéologie ?


M. L. Oui, l’un des slogans des Ñetas est Progresar y vivir en paz (« S’améliorer et vivre en paix », Ndlr). Il est inscrit sur la page principale du livre Liderato, ce qui montre son importance. À l’origine, il s’agissait de lutter contre les abus de l’administration carcérale puis cela a été étendu à tous les abus.

 

Article complet : https://lejournal.cnrs.fr/articles/los-netas-lemancipation-par-le-crime

 

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