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De la vapeur à l'I.A. Travail, emploi et déversement


Easle

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Membre, 54ans Posté(e)
Easle Membre 4 138 messages
Maitre des forums‚ 54ans‚
Posté(e)

Dans La machine et le chômage, Alfred Sauvy exposait sa théorie du déversement ou reversement. Basée sur l’observation historique depuis deux siècles, il s’agissait moins d’une théorie que d’une constatation : La mécanisation de l’agriculture a multiplié les volumes de production tout en diminuant la quantité d’emploi agricole nécessaire. Cette forte croissance de productivité a permis une diminution des prix et les ménages ont pu se tourner vers d’autres dépenses, ce qui a impliqué l’embauche des bras en trop de l’agriculture dans l’industrie, soit un ‘déversement’ des emplois du secteur agricole vers le secteur industriel (du primaire vers le secondaire). La même augmentation de productivité s’est poursuivi avec l’automatisation et donc la réversion des salariés en trop, chômeurs, de l’industrie vers le tertiaire (particulièrement les femmes entre les deux guerres).

 

Mais à quel déversement peuvent prétendre les chômeurs du tertiaire ?

 

De fait, de nombreux économistes ou essayistes ont lu dans cette impasse et dans le tassement de l’économie, de la productivité à l’orée des années 2000 qui ont épousé le paradoxe de Solow indiquant que « les ordinateurs sont partout sauf dans les statistiques de productivité », et le développement du chômage structurel, une invalidité de ce qui finalement n’était peut-être alors qu’une théorie, fausse (oui, autant rester, comme toujours chez tant d’homo sapiens, même intellectuel, radical).

 

La baisse du chômage dans beaucoup de pays occidentaux depuis quelques années est-elle une poursuite du déversement ?

 

Ou le déversement n’a-t-il jamais été faux mais simplement conjoncturel, et alors pourquoi ?

 

 

Beaucoup de nouveaux emplois sont décrits et vécus comme précaires : uber, deliveroo, aide à domicile, auxiliaire de vie… Des petits boulots, mal payés avec des horaires variables, voire sans horaires, des shits jobs, massivement. Mais aussi des emplois qui n’en sont pas souvent et masque un flux frictionnel de travail à son compte : coaching, vente en ligne, testing, ‘influence’ et ‘marketing’ numérique, etc. autant de ‘jobs’ entre le bullshit et la précarité, vivant surtout d’espoir vendu par des réussites en nombre extrêmement rare.  Et tout cela sans compter le développement de l'arnaque pure et simple, entre produits frauduleux ou inutiles et fishing.

Et à côté de cela, nombre de vrais métiers (couvreurs, menuisier, plombier, chauffagiste, mécanicien, infirmier) offrent des emplois sans trouver preneur… Mais il faut aussi préciser que ne sont pas regardé finement les demandes des employeurs, souvent à prendre avec du recul. Il n’est pas rare que pour bénéficier d’une aide d’état, des tpe ou pmi fasse accroire à des annonces d’emplois sans postes réels à pourvoir. Il n’est pas rare non plus que les critères de recrutement soient bien trop élevés pour le poste, que la recherche soit en fait celle de la seule et unique « perle rare ».

Le discours des employeurs est très largement de manipulation et mensonger sur leurs besoins et leurs recherches. Avec le plus souvent beaucoup de surprise sur la flexibilité, des salaires variables, etc.

 

Les besoins réels de main d’œuvre paraissent donc en réalité toujours s’éloigner, sauf à ce que les êtres humains re-deviennent plus taillables et corvéables à merci que les machines.

 

D’autant que dans le tertiaire se multiplie les bullshit jobs, diplômés : recruteur, conseil, analyste, gestionnaire de portefeuille, assistant-e, communiquant-e, indexeur, superviseur, happy/time manager, évaluatrice, coordinatrice de planning, etc, etc. pour permettre à des diplômés de justifier d’un revenu, souvent médian, mais surtout à même de se constituer des affidés, des alliés, parfois venant des mêmes 'promotions', des poins utiles à un moment ou un autre, dans une stratégie de réseau, et avec au contraire de la productivité attendue normalement d’une entreprise pour faire baisser ses coûts et donc ses prix, une élévation des coûts et des prix par entente entre des entreprises qui utilisent bien d’autres mécanismes que ceux de marché pour faire plier ou casser la concurrence. Un mécanisme qui confine à la reproduction d’un outil bureaucratique destiné à mailler, tricoter du pouvoir, de la capacité d’action par influence, manipulation, espionnage, lobbying, compétition de normes ou de valeur, d’attraction,etc. Rien de nouveau sur le fond mais se démultipliant depuis plusieurs décennies sur les formes.

 

Le déversement peut alors se penser dans sa continuité, comme celui des travailleurs se reversant dans le maintien d’une fiction du travail. De plus en plus d’inutilité fonctionnelle mais, en l’absence de capacité à penser un humain sans revenus dépendant d’un travail (de soi ou des autres), une roue de hamster géante dans laquelle tout le monde doit courir, au moins de temps à autre, pour … ?   et bien simplement pour éviter d’avoir à penser à ce qu’implique un autre rapport à l’activité humaine.

 

 

L’I.A. générative promet d’aller vers de nouveaux territoires de ‘déconstruction’ des activités 'proprement humaine'…

Et de gauche à droite, le petit homo sapiens s’emporte, s’empourpre, s’inquiète, se désoriente.

Les ‘progressistes’ usent de toute les ‘bonnes’ arguties pour distinguer soigneusement le bon progrès du mauvais progrès… Tel le bon et le mauvais chasseur ;)

En partie d’ailleurs car ce sont beaucoup de ces métiers soit disant ‘créatifs’, qui se voient et se glorifient d’être supérieurs, progressistes à la différence d’une certaine populace bas-de-plafond, qui se retrouvent devant des remplaçants potentiel à leur brillante supériorité.

L’I.A. générative ne va en réalité pas tous les remplacer si vite dans les faits, mais elle dégrade déjà, conséquemment la soit-disante supériorité de la plupart de ces ‘créateurs’ à la petit semaine qui vivent plus de subventions et de discours de vendeurs pédant que d’une réelle originalité productive. L’I.A. ne va pas concurrencer si facilement les réelles imaginations humaines puissantes. Mais elle va possiblement, si elle n’est pas entravée par un conservatisme étroit mais densément réseauté, créer un marécage de création facile dans lequel se noieront les médiocres et même les moyens…

 

De cela, peut-on vraiment se plaindre ou s’inquiéter ?

 

Mais quelles autres avantages voyez-vous aux I.A. et à une robotisation accrue ?

 

 

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Membre, 46ans Posté(e)
moi et pas moi Membre 1 679 messages
Forumeur vétéran‚ 46ans‚
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Ben dans l'agriculture on peut déjà (pas moi, personnellement), le culte de la performance. C'est sûr que les canicules, les restrictions d'eau, etc..

Eh ben déjà les créatifs, faut qu'ils "vendent" ces I.A.

Et puis bon, sinon, je crois avoir lu des trucs... On cultive des choses sur la S.S.I après j'en sais plus que ça.

Non, une autre planète, à terme. Je veux dire, si l'homme veut vraiment se distinguer de l'animal, c'est clair que c'est ça qu'il faut faire. Quand j'étais gamin, un prof m'avait dit que la différence entre l'homme et l'animal résidait dans le fait que le premier modifiait son environnement, pas vraiment le second. Pas exactement comme ça, hein, je veux dire la question était large, l'autre a répondu comme il pouvait (à l'époque avais pas les moyens de vérifier pour qui il votait).

Sinon, la planète est pas insauvable, comme savoir ? 

En tout cas, pas grâce à Black Swan (cf : le roman intitulé "les somnambules" que j'ai lu) ni Skynet, etc. Le truc, c'est que ces intelligences artificielles sont des nouvelles -nées. Des créatures de l'homme, peut-être à traiter de la même façon que les autres ?

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