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Les français de la belle époque #7 - fin -

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Exo7

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Membre, 101ans Posté(e)
Exo7 Membre 874 messages
Mentor‚ 101ans‚
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L'été 1914 était un été ordinaire. Les élites passaient leurs vacances dans leurs châteaux ou leurs résidences secondaires, à l'hôtel dans une station balnéaire ou à la mer, en voyage chez des parents ou des amis. 

Les paysans rentraient les moissons, se levant à l'aube pour se coucher après le soleil. Les ouvriers travaillaient dans les ateliers ou les usines, et les commerçants dans leurs boutiques. Les estaminets servaient en terrasse bière, absinthe et vin blanc.

Il y avait bien eu ce fait divers exotique, l'assassinat à Sarajevo d'un archiduc autrichien, mais cela s'était passé loin, dans ces pays slaves où venaient de se dérouler des guerres qui avaient peu concerné les Français.

Au demeurant, elles n'avaient pas dégénéré. Les diplomates se chargeraient de résoudre cette nouvelle crise comme les précédentes : n'avaient-ils pas réglé des conflits autrement vifs, comme celui créé trois ans plus tôt par l'incident d'Agadir avec l'Allemagne ? 

On s'intéressait bien davantage au procès de Mme Caillaux qui avait "révolvérisé" le directeur du Figaro.

 

Les Français qui lisaient le journal commencèrent à s'inquiéter dans la dernière semaine de juillet. La discussion sur les origines de la guerre sortirait de notre propos. Retenons les conclusions aujourd'hui largement admises : la responsabilité principale de la guerre incombe à l'Autriche et à l'Allemagne, mais la France n'a rien fait pour l'éviter. 

De toute façon, aucun dirigeant ne l'aurait sans doute acceptée s'il avait imaginé la catastrophe à venir. Tous pensaient que la guerre serait courte, les uns parce qu'ils croyaient encore à la bataille décisive, à la mode napoléonienne, les autres parce qu'au contraire, avertis des progrès de l'artillerie, ils estimaient qu'aucune économie ne supporterait longtemps un tel fardeau.

 

Les Français étaient persuadés que cette guerre leur était imposée, et Poincaré acheva de les en convaincre en ordonnant à Joffre de faire reculer les troupes à 10 kilomètres en deçà des frontières. 

La mobilisation générale s'effectua sans difficulté : les hommes ne s’y attendaient pas et, dans certains villages, ils crurent à un incendie en entendant sonner le tocsin. À suivre les préfets, les mobilisés montraient de la détermination, et l'espoir d'en finir rapidement balançait le souci de la maison, de l'atelier ou de la ferme précipitamment abandonnés. 

L'enthousiasme viendra plus tard, dans les trains conduisant au front. Un syndicaliste qui rejoignit son unité sans illusions, Georges Dumoulin, évoque ses camarades qui "allaient à Berlin et buvaient du pinard" dans des wagons couverts de slogans patriotiques.

En effet même antimilitaristes, les ouvriers n'ont pas hésité à défendre leur patrie, dès lors qu'elle était attaquée, comme l'avait affirmé Jaurès. Aussi le gouvernement n'eut-il pas besoin de faire arrêter les militants qui figuraient au "carnet B" pour s'être signalés par la véhémence de leurs dénonciations de l'armée, de la guerre et du capitalisme. L'union sacrée et l'entrée de socialistes dans le gouvernement achevèrent d'illustrer l'unité de la nation.

 

Puis ce fut l'invasion de la Belgique, la bataille des frontières, la mort de masse pour les fantassins en pantalon rouge affrontant pour la première fois les canons et mitrailleuses. En un seul jour, le 22 août, 21 000 soldats français furent tués. 

Les Allemands étaient à deux doigts de remporter la bataille décisive, mais leurs lignes de communication étaient trop longues et l'armée française s'était repliée sans se défaire. Ce fut la victoire de la Marne, du 6 au 11 septembre.

L'ennemi s'étant approché à 40 kilomètres de la capitale, le gouvernement s'était replié à Bordeaux. Le ministre de la Guerre, Alexandre Millerand, y convoqua les grands industriels du pays le 20 septembre pour une réunion capitale. Étaient là, à côté du ministre et du nouveau secrétaire d'Etat à l'Armenent, le socialiste Albert Thomas, Renault, Loucheur, de Wendel, les directeurs des plus grandes aciéries, Le Creusot et Saint-Chamond.

L'ordre du jour était simple, et Millerand l'introduisit sans périphrase : les stocks de munitions étaient épuisés, les arsenaux pouvaient sortir 13 000 obus de 75 par jour, il en réclamait 100 000 : il fallait s'organiser pour les produire. Au début de 1918, tous calibres réunis, on en produira 280 000 par jour.

On basculait de la guerre du XIXè siècle dans celle du XXè. La société française en sortira profondément transformée.

 

 

Antoine Prost (Les Français de la Belle Époque).

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Membre, Créateur de la marionnette, 79ans Posté(e)
Gepetto Membre 9 617 messages
Maitre des forums‚ 79ans‚ Créateur de la marionnette,
Posté(e)

C'est la der :clapping:

Tu nous en a appris des choses :rolle:

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Membre, Posté(e)
le merle Membre 21 523 messages
Maitre des forums‚
Posté(e)

Bonjour

Le système des alliances , qui semblait être une protection commune , se transformas en réaction en chaîne .

des dizaines de millions de mort pour la mort de deux personnalités d'importance , mais pas à ce prix la.

Depuis toujours , ou presque , des gens qui ont un grand pouvoir , qui seraient intelligents et qui ont des principes , ont envoyés à la mort prématurée , des hommes , des femmes et des enfants au court des siècles passés et aujourd'hui encore ?

Bonne journée

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