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La Première d'"Hernani" (25 février 1830)


Exo7

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Membre, 103ans Posté(e)
Exo7 Membre 886 messages
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La Première d'"Hernani"

 

"On ne pouvait pas, quelque brave qu'il fût, laisser Hernani se débattre tout seul contre un parterre mal disposé et tumultueux, contre des loges plus calmes en apparence mais non moins dangereuses dans leur hostilité polie. La jeunesse romantique, pleine d'ardeur et fanatisée par la Préface de Cromwell, s'offrit au maître qui l'accepta. On s'enrégimenta par petites escouades dont chaque homme avait pour passe le carré de papier rouge timbré de la griffe Hierro. 

Dans une intention perfide et dans l'espoir sans doute de quelque tumulte qui nécessitât ou prétextât l'intervention de la police, on fit ouvrir les portes à deux heures de l'après-midi. Six ou sept heures d'attente dans l'obscurité ou tout du moins la pénombre d'une salle dont le lustre n'est pas allumé, c'est long, même lorsqu'au bout de cette nuit Hernani doit se lever comme un soleil radieux.

La faim commençait à se faire sentir. Les plus prudents avaient emporté du chocolat et des petits pains, quelques-uns - proh pudor ! - des cervelas, des classiques malveillants disent "à l'ail".

L'orchestre et le balcon étaient pavés de crânes académiques et classiques. Une rumeur d'orage grondait sourdement dans la salle, il était temps que la toile se levât : on en serait peut-être venu aux mains avant la pièce, tant l'animosité était grande de part et de l'autre. Enfin les trois coups retentirent. 

Il suffisait de jeter les yeux sur ce public pour se convaincre qu'il ne s'agissait pas là d'une représentation ordinaire; que deux systèmes, deux partis, deux armées, deux civilisations même - ce n'est pas trop dire - étaient en présence, se haïssaient cordialement, comme on se hait dans les haines littéraires, ne demandant que la bataille, et prêts à fondre l'un sur l'autre. L'attitude générale était hostile, les coudes se faisaient anguleux, la querelle n'attendait pour jaillir que le moindre contact."

Théophile Gautier, Histoire du romantisme.

Révélation

Hierro : signature romantique de V. Hugo. (mot espagnol qui signifie : fer).

C'est surtout à partir de la quatrième représentation que les passions s'exaspérèrent. Chaque soir une centaine de partisans de Hugo luttaient courageusement contre le reste de la salle : " Ils tenaient tête à cette multitude, raconte Mme Victor Hugo, défendaient les scènes vers à vers, ne lâchaient pas un hémistiche ; ils trépignaient, ils rugissaient, ils insultaient les siffleurs. M. Ernest de Saxe-Cobourg ne connaissait plus ni âge ni sexe. Une jeune femme riant aux éclats pendant la scène des portraits

"Madame, lui dit-il, vous avez tord de rire, vous montrez vos dents !"

 

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Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
Posté(e)

Et bien j'avais un vieux professeur, très bon et doté d'un humour très fin, mais très conservateur et qui n'aimant pas Hugo ( le poète maudit disait-il) qui avait trouvé un second titre à cette pièce de théâtre. Il disait : Hernani, ou la contrainte par cor.
Les connaisseurs apprécieront.

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