FITNA

"FITNA" est un terme arabe qui "signifie trouble, révolte, agitation, sédition". On peut le rapprocher de l'anglais "Mayhem" - "chaos".

"FITNA" est aussi un wargame de Pierre Razoux, historien français, professeur en géo-politique à Science-Po. Ce "jeu de guerre" porte sur la situation actuelle au Proche-Orient. Un wargame fait par un Français, sur un sujet aussi brûlant, ça mérite un Cocorico! Bon d'accord, le jeu est en anglais, mais on peut en trouver une traduction sur le site de l'auteur.

C'est quoi un "ouérguème"? demanderont certains. Disons que c'est un jeu de simulation historique, sur carte avec des pions, sur table avec des figurines, ou sur un écran d'ordinateur. Il en existe des centaines, sur tous les sujets possibles, depuis la conquête de la Gaule par Jules César jusqu'à une hypothétique IIIe Guerre mondiale. Le wargame actuellement le plus connu est "Advanced Squad Leader", qui simule au niveau tactique les opérations de la Seconde Guerre mondiale. 

"Fitna" vient combler un manque. Depuis le vénérable "Gulf Strike" de "Victory Games", sorti il y a bientôt 40 ans, il n'existait plus de jeu vraiment pointu sur les conflits du Moyen-Orient. "Gulf Strike", qui connut 3 éditions, était une sorte de monstre et un monument, avec d'immenses cartes et une foultitude de pions. Sorti au moment de la guerre Iran-Irak, et alors que l'URSS existait toujours, il envisageait une invasion iranienne des pays du Golfe - une obsession américaine depuis longtemps - avec intervention de l'Oncle Sam et possiblement aussi de la Russie, le tout débouchant évidemment sur un nouveau conflit mondial. "Gulf Strike", bien que complexe, était passionnant à jouer, avec ses myriades de parachutistes iraniens ou de Spetsnaz soviétiques sautant sur des objectifs importants, tandis que les renforts américains arrivaient très progressivement. Au moment de la 1re guerre du Golfe, Victory Games sortit une nouvelle édition du jeu, qu'il distribua massivement aux militaires américains qui attendaient le jour "J" pour déferler sur l'armée de Saddam. En France on a toujours eu un peu de mépris pour ce genre de choses : pour nos militaires, la guerre n'est pas un jeu! Si les journalistes français avaient possédé ce jeu en décembre 1990 et janvier 1991, ils auraient raconté moins de bêtises, car il suffisait de disposer les pions en respectant la situation exacte des armées - qui était bien connue -, pour se rendre compte que Saddam n'avait pas une chance.

"Fitna" est très différent, et a largement profité de l'évolution des jeux de stratégie depuis une vingtaine d'années. La carte, bien que de bonne taille, est néanmoins beaucoup plus maniable : on pourra y jouer ailleurs que dans son garage. Les pions, moins nombreux, sont grands et très beaux. La carte se concentre essentiellement sur le Proche-Orient. Le jeu utilise des cartes à jouer, par exemple pour simuler les événements politiques et aussi les opérations aériennes, dont la gestion, bien que passionnante, prenait beaucoup de temps dans "Gulf Strike". On est très loin de l'époque de la guerre froide, même si bien sûr Russes et Américains sont toujours dans le coin. Il doit exister au bas mot une bonne dizaine de milices différentes, en plus des pays de la région. Tout cela est bien sûr assez complexe. Autant qu'un jeu de guerre, "Fitna" est donc aussi un jeu de négociation. Il existe une dizaine de scénarios, mettant en scène tous les principaux belligérants du Proche-Orient. On peut donc se livrer au plaisir un peu pervers de refaire les guerres de DAESH, et de voir si l'État islamique aurait pu gagner. Seul petit défaut à mon avis, malgré son nom, le jeu ne rend peut-être pas assez compte de l'aspect chaotique d'une région du monde, où vraiment TOUT peut arriver.

Fitna s' entend comme l' action de forces de division oeuvrant à la destabilisation d' un fragile consensus théologique qui constitue l' essence même du concept la Oumma (communauté), couvrant ainsi le spectre d' écoles juridiques fragmentées.

Bon !  pour en revenir à quoi , là ?