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Le drame de mai 1940 (6) :


Gouderien

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Gouderien Membre 38 422 messages
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A Londres, entrevue Churchill-Reynaud. Ce dernier demande (vainement) au Premier britannique des renforts terrestres et aériens.

Réuni à l'ambassade de Belgique à Paris, le gouvernement belge rejette à l'unanimité la démission collective que Léopold III lui demande.

Au soir, le roi de Belgique adresse à Blanchard un message dans lequel il informe le commandement en chef des forces alliées de la situation critique de l'armée belge, et de son intention de combattre jusqu'au bout. Néanmoins, poursuit le message, les limites de la résistance belge sont bien près d'être atteintes... 

Dans la nuit du 26 au 27, la 4e DCR de de Gaulle (en cours de reconstitution après les durs combats de Montcornet) reçoit l'ordre d'attaquer la tête de pont allemande d'Abbeville.

Tandis que la 4e DCR gagne ses positions de départ, l'unique division blindée britannique sur le continent lance un premier assaut contre la tête de pont allemande (avec l'intention de percer les lignes nazies pour rejoindre le CEB). Les Britanniques, qui pensent balayer facilement l'ennemi, dispersent leurs forces en attaquant en trois points différents ; mais les canons antichars allemands de 37 mm font un massacre des chars anglais au blindage trop mince : 40 % des 165 tanks de la division sont détruits.

La division anglaise ne se remettra pas de ce désastre : ses débris retraiteront plus tard vers Brest et Cherbourg, et regagneront, pour l'essentiel, l'Angleterre. 

Les Allemands reprennent l'offensive au sud de Gravelines ; ils crèvent le front, et les Français doivent se replier. Cependant, c'est du côté de l'armée belge que la situation est la plus grave : les troupes de von Reichenau parviennent à faire trois percées dans le front belge en fin de matinée. Dès lors, la route de Bruges est ouverte à l'ennemi.

Très tôt le matin, le roi d'Angleterre a fait parvenir un message à Léopold III, lui demandant de quitter son pays et de gagner la Grande-Bretagne, afin, de là, de continuer à diriger la résistance belge. Le roi de Belgique refuse : sa mère et lui sont fermement décidés à rester sur le sol belge. A 12 h 30, Léopold envoie à lord Gort un message dans lequel il l'avertit qu'il va être « contraint de se rendre, de façon à éviter le pire » ; d'après lui, l'armée belge est hors d'état de résister, même un jour de plus.

A 17 heures, un parlementaire est envoyé dans les lignes allemandes. Il en revient avec la réponse d'Hitler : la Belgique doit capituler sans conditions. Pressé de conclure, Léopold III accepte : le cessez-le-feu entrera en vigueur le lendemain 28, à 4 heures du matin. Le roi de Belgique se constituera prisonnier pour partager le sort de ses troupes, ce qui embarrassera fort les Allemands.

Les premiers embarquements ont lieu à Dunkerque : 8.209 hommes sont évacués dans la journée. Depuis 7 heures du matin, les bombardiers allemands se succèdent au-dessus de la ville. L'évacuation se fait difficilement : les soldats abandonnent leurs abris le long des digues et se précipitent sur les embarcations qui viennent s'amarrer côte à côte. Mais, pour l'instant, il y a trop d'hommes et pas assez de bateaux. La tâche est immense, mais la volonté est là. Avec une solidarité magnifique, navires anglais et français rivalisent d'audace pour approcher le plus près possible des plages, où des milliers de combattants attendent le salut.

Averti par le capitaine de vaisseau Auphan du rembarquement du CEB, Weygand dissimule mal son mécontentement. Cependant, Churchill informe Paul Reynaud qu'il ne peut être question de maintenir une tête de pont autour de Dunkerque, et qu'il faut évacuer.

Le 28 mai à 4 heures du matin, l'armée belge dépose les armes.

A 8 h 30, dans un violent discours à la radio, Paul Reynaud stigmatise cette capitulation :

"C'est cette armée belge, qui vient brusquement de capituler sans conditions en rase campagne, sur l'ordre de son roi, sans prévenir ses camarades de combat français et anglais, ouvrant la route de Dunkerque aux divisions allemandes. Il y a dix-huit jours le même roi, qui, jusque-là, avait accepté d'attacher la même valeur à la parole de l'Allemagne et à celle des Alliés, avait crié au secours. A cet appel, nous avions répondu, suivant un plan arrêté depuis décembre dernier par les états-majors alliés. Or voici qu'en pleine bataille, sans prévenir le général Blanchard, sans un regard, sans un mot pour les soldats français et anglais qui, à son appel angoissé, étaient venus au secours de son pays, le roi Léopold III de Belgique a mis bas les armes."

Duff Cooper, ministre britannique de l'Information, est quant à lui plus mesuré :

"L'armée belge ne peut plus poursuivre la lutte. Elle a combattu avec courage, elle a beaucoup souffert. Ce n'est pas l'heure de critiquer ou de récriminer. L'heure est trop solennelle et nous avons bien mieux à faire..."

En apprenant la capitulation de l'armée belge, Mussolini décide de "hâter les choses" afin de "se créer des titres pour pouvoir participer au partage des dépouilles".

A la suite de la capitulation de l'armée belge, le flanc nord des Alliés est complètement dégarni, ce qui oblige les forces franco-britanniques à poursuivre leur retraite. Les troupes alliées se replient dans la région de Dunkerque, qui a été constituée en camp retranché, sous les ordres de l'amiral Abrial. La "poche de Dunkerque" mesure 45 km de long entre Gravelines et Nieuport, et 15 km de profondeur.

Les opérations d'évacuation se poursuivent ; 17.804 hommes sont embarqués ce jour-là.

Le général Prioux, commandant la Ire armée, est fait prisonnier à Steenwerck. 4 divisions françaises, totalisant 40.000 hommes sous les ordres du général Jean-Baptiste Molinié, ont été prises au piège à Lille, et elles ne peuvent rejoindre le gros de l'armée ; cependant, elles continuent à résister.

La 4e division cuirassée de de Gaulle lance une contre-attaque contre la tête de pont allemande d'Abbeville, sur la rive gauche de la Somme. 

A l'aube, de Gaulle est sur le terrain. Il conçoit sa manœuvre sans consulter personne, pas même son prédécesseur britannique. Les Français imputent l'échec anglais de la veille à la médiocre qualité des blindés britanniques, qui ne sont d'après eux que des "boîtes à sardine".

Le chef d'état-major de la 4e DCR, le commandant Chomel, a prévu une attaque groupée, conforme aux théories de son chef. Mais en découvrant son projet, de Gaulle, sans s'expliquer, décide, comme les Anglais la veille, d'attaquer en trois faisceaux. Maître de son plan, maître de son heure, de Gaulle fixe le début de l'opération au soir-même, à 17 heures ; dans ses Mémoires, le Général justifie ainsi cet horaire étrange : "...les avions allemands ne cessent d'épier la division, et il n'y a de chance d'obtenir quelque effet de surprise qu'en hâtant le déclenchement." (Op. cit.)

La 4e DCR, qui est à cette date la plus puissante de toutes les grandes unités alliées, bénéficie en outre de l'appui du 22e régiment d'infanterie coloniale, et de l'artillerie de la 2e DLC : au total, 72 tubes et 190 blindés.

En face, l'infanterie de Guderian a été relevée au cours de la nuit par la 57e division d'infanterie bavaroise, arrivée d'Allemagne à pied, au terme d'une marche de 600 km. Sans aviation ni blindés, elle va supporter seule le choc.

Après une forte préparation d'artillerie, l'attaque commence à 17 heures. Résistant d'abord avec un étonnant courage, l'unité allemande fléchit, puis craque : quand la nuit tombe, la 4e DCR a enfoncé l'ennemi.

En Norvège, les forces anglo-franco-norvégiennes prennent Narvik aux Allemands du général Dietl. Cette victoire, qui aurait fait les gros titres de la presse à l'époque de la "drôle de guerre", passera pratiquement inaperçue. D'ailleurs, la prise de Narvik sera un succès sans lendemain, puisqu'elle servira de prélude à l'évacuation totale de la Norvège par les Alliés. 

Le mercredi 29 mai, les Allemands s'emparent d'Ostende et Ypres, dans les Flandres occidentales.

Le rembarquement se poursuit à Dunkerque, mais de très nombreux navires sont coulés par la Luftwaffe, entre autres les destroyers britanniques ""Grafton", "Grenade" et "Wakeful" ; six autres sont endommagés. Devant cette hécatombe, l'Amirauté anglaise décide de retirer tous les destroyers modernes de Dunkerque. Malgré tout, à la fin de la journée, 47.310 soldats ont été embarqués.

Ce même jour, Weygand décide enfin l'évacuation de l'armée française. Cette décision intervient avec trois jours de retard sur celle des Britanniques.

A Lille, le général Juin et le reste de ses hommes, épuisés, se rendent. Cependant, d'autres troupes françaises continuent à résister, immobilisant 6 à 7 divisions allemandes, et facilitant ainsi la défense du camp retranché de Dunkerque.

A l'aube, la 4e DCR repart à l'assaut de la tête de pont d'Abbeville. Les chars français, qui débouchent maintenant dans la plaine, vont devoir affronter un ennemi redoutable : 12 canons de DCA de 88 mm, installés la veille et basculés à l'horizontale. Les obus de ces pièces peuvent percer 15 centimètres de blindage à 1.500 mètres de distance. Lorsqu'ils se démasquent, l'attaque ralentit, puis, dans l'après-midi, s'arrête.

Et pourtant, elle a réussi : l'infanterie allemande, prise de panique, s'est enfuie, abandonnant ses positions. Seuls les tirs d'artillerie ont masqué une situation dramatique. La victoire était à la portée des Français : 1.200 dragons attendaient, l'arme au pied, l'ordre d'avancer. Mais il ne vint pas, et cet incontestable succès resta inexploité. Pourquoi ? Comme l'écrit Henry de Wailly dans son article "La bataille d'Abbeville" (in "Vae Victis" n°7) : "Les Français n'avaient ni radio, ni téléphone. Ceux qui voyaient restaient muets et ceux qui décidaient ne voyaient pas."

Les Allemands, énergiquement repris en main par leurs chefs, réoccupent bientôt leurs positions, face aux Français immobiles.

A Cambrai, Hitler fait part aux commandants de groupes d'armées de sa décision de regrouper les forces blindées pour agir vers le sud, prendre Paris et en finir avec la France. Les dix Panzerdivisionen sont réorganisées en cinq Panzerkorps, dont trois sont confiés au général von Bock, commandant le groupe d'armées B, et deux à von Rundstedt, qui commande le groupe d'armées A. Von Bock déplace sur la Somme ses IVe, VIe et IXe armées, pour leur faire prendre position aux côtés des IIe, XIIe et XVIe armées de von Rundstedt, déjà installées sur l'Aisne et l'Ailette.

De son côté, le généralissime Weygand a l'intention de contre-attaquer précisément à partir du sud du couloir dans lequel se sont engagées les divisions blindées allemandes ; c'est dans cette région que se trouve concentré le gros des forces françaises. Weygand oppose aux formations allemandes les grandes unités françaises suivantes : sur la gauche de son dispositif, les Xe, VIIe et VIe armées ; au centre, les IVe et IIe armées ; enfin, sur la droite, les IIIe, Ve et VIIIe armées.

Sans illusions sur l'issue de la bataille future, Weygand fait connaître au gouvernement français qu'il pourrait venir "un moment à partir duquel la France se trouverait, malgré toute sa volonté, dans l'impossibilité de continuer une lutte militairement efficace pour protéger son sol".

A Rome, le comte Dino Grandi trouve Mussolini dans la célèbre salle de la Mappemonde du palais de Venise, contemplant une immense carte de France sur laquelle sont plantés de petits drapeaux indiquant la position des troupes allemandes et françaises. Le Duce est de méchante humeur. Il répète sur tous les tons : « Cet imbécile de Gamelin n’est pas f… de résister aux coups de Rundstedt ! Qu’est-ce qu’il a attendu ? Heureusement la désignation de Weygand pourra renverser la situation. Les Allemands, espérons-le, seront bousculés par une contre-attaque, comme ils l’ont été sur la Marne, en 1914… »

Le Duce, comme Paul Reynaud, attend le « miracle »… Il souhaite que l’Allemagne ne gagne pas trop rapidement, ni trop facilement, cette bataille de France. Il va devoir déchanter…

Mussolini convoque les maréchaux Pietro Badoglio, commandant en chef des forces armées, et Italo Balbo, chef de l'aviation et gouverneur de la Libye, dans la salle de la Mappemonde, et leur dit :

"Hier j'ai envoyé à Hitler une déclaration écrite pour lui faire savoir que je n'ai pas l'intention de me croiser les bras et qu'à dater du 5 juin, je serai prêt à déclarer la guerre à l'Angleterre."

Balbo réplique qu'il n'est pas prêt à un affrontement en Afrique du nord. Quant à Badoglio, il estime qu'une déclaration de guerre serait un suicide, en raison de l'impréparation militaire italienne. "Vous, maréchal, vous n'êtes pas assez calme pour juger de la situation, rétorque Mussolini. Je peux vous assurer que tout sera terminé en septembre. Il me suffit de quelques milliers de morts pour pouvoir m'asseoir à la conférence de la paix comme un homme dont les armées ont combattu."

Ce même jour, le Duce se nomme lui-même chef du haut commandement italien. 

Le 30 mai, l’opération "Dynamo" se poursuit. Devant les réclamations de l'amiral Wake-Walker, envoyé pour renforcer l'organisation navale de la tête de pont, six destroyers modernes sont renvoyés à Dunkerque. A la fin de la journée, 53.283 hommes ont regagné la Grande-Bretagne, portant ainsi le total des soldats évacués depuis le 27 mai à 126.606.

Suite et fin de la contre-attaque d'Abbeville. Après une réunion d'état-major, au cours de laquelle de Gaulle reste sourd à toute idée de manœuvre, la 4e DCR s'élance pour un nouvel assaut. Mais l'occasion favorable est passée : les forces françaises diminuent, et les chars s'épuisent dans des efforts répétitifs et meurtriers.

Au soir, les Allemands ont été repoussés de 14 kilomètres ; les Français ont capturé 500 prisonniers, ainsi qu'un important matériel. Mais, bien que réduite des trois-quarts, la tête de pont n'a pas été totalement reconquise, et l'importante position du mont de Caubert demeure aux mains des Bavarois. De Gaulle, qui voudrait poursuivre l'opération, reçoit de la Xe armée l'ordre de s'arrêter.

La 4e DCR, qui a perdu beaucoup d'hommes et d'engins, se retire. Elle est remplacée par une unité britannique d'infanterie motorisée, qui arrive de l'Est "toute gaillarde et pimpante" (selon le mot du Général) : la 51e division écossaise du général Fortune. Elle sera accompagnée par la dernière grande unité blindée plus ou moins intacte qui reste à la France : la 2e DCR du colonel Perré (reformée après les lourdes pertes que cette unité avait subies en tentant de s'opposer à la percée allemande sur la Meuse).

Arrivant devant Abbeville au moment où la 4e DCR se replie, Perré ne prend même pas la peine de rencontrer de Gaulle. Aucune liaison n'a lieu entre les deux divisions cuirassées.

Alors qu’une attaque allemande contre le secteur occidental du camp retranché de Dunkerque est repoussée, Lille résiste toujours.

Mussolini écrit à Hitler :

"J'ai retardé de plusieurs jours ma réponse, parce que je voulais vous annoncer ma décision d'entrer dans le conflit le 5 juin. Si, pour mieux coordonner mes mouvements avec les vôtres, vous jugez que je devrais retarder ce geste d'un jour ou deux, faites-le-moi savoir!"

Le Duce parle de 70 divisions italiennes prêtes à entrer en action, dont 12 outre-mer.

 

Le 31 mai, à Dunkerque, malgré les bombardements de la Luftwaffe et de l'artillerie allemande (qui, le périmètre du camp retranché s'étant rétréci, est maintenant à portée de tir), les embarquements continuent. Au total, 68.014 soldats embarquent ce jour-là. Mais le destroyer français "Sirocco" est coulé, et deux autres sont endommagés. La Royal Air Force, qui dispute avec acharnement la maîtrise de l'air à l'aviation allemande, perd de nombreux appareils.

Ce même jour, lord Gort s'embarque sur un "Au revoir la France !". La plus grande partie du corps expéditionnaire britannique a déjà regagné l'Angleterre. Il ne reste plus qu'une seule division britannique sur le continent : la 51e division écossaise. Le général Alexander prend le commandement des éléments du CEB demeurés en France.

A Lille, à 21 heures, le général Molinié, à court de munitions, capitule. Comme à Boulogne, les Allemands accordent aux Français les honneurs de la guerre. Le général Kurt Waeger, auteur de ce geste chevaleresque, sera limogé par Hitler quelques jours plus tard.

Réunion officieuse du Parlement belge à Limoges (143 membres présents sur un effectif légal de 369) ; vote à l'unanimité d'une motion constatant "l'impossibilité juridique et morale pour Léopold III de régner."

Washington : le président Roosevelt présente son programme de défense devant le Congrès, et demande 1.300 millions de dollars de crédits supplémentaires au titre des dépenses militaires. Dans un message au Congrès, le Président déclare :

« Les événements presque incroyables des deux dernières semaines (…) rendent indispensables un nouvel accroissement de notre programme militaire. Du moment qu’il existe un risque que tous les continents soient impliqués dans une guerre mondiale, la plus élémentaire prudence exige que la défense des États-Unis soit renforcée. »

(Ouf! Fini pour mai 40. Promis, je ferai plus court pour juin.:p)

Benito Mussolini 

Musso.jpg

L'évacuation de Dunkerque.

Dunkerque.jpg

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