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Lettre aux invisibles, à ces oubliés de la République !


Gillet Guy

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Membre, 66ans Posté(e)
Gillet Guy Membre 143 messages
Baby Forumeur‚ 66ans‚
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Chers invisibles, vous les sacrifiés de cette société d'abondance, vous les oubliés, transis de froid au coin des rues ou si seuls et habitant des logements insalubres cachés derrière la façade défraichie de tant d'immeubles vétustes de France, je vous écris cette lettre tout d'abord pour vous exprimer mon admiration. Malgré le silence assourdissant de nos gouvernants et de tant d'instances depuis tellement d'années, vous tentez jour après jour de garder la tête hors de l'eau, vous vous battez avec un courage extraordinaire pour rester dignes face aux difficultés de tous ordres qui vous minent l'existence. Parfois, pour se donner bonne conscience, la société parle un peu de vous, surtout en hiver, lorsque certains de vos camarades d'infortune meurent de froid sur un banc ou allongés sous un proche avec comme unique matelas un simple carton pour tenter de dormir un peu.

Vous êtes ainsi près de 9 millions dans notre beau pays à affronter la pauvreté et la solitude en faisant preuve d'une dignité qui mériterait le plus grand respect. Même si jamais je n'aurai l'immense honneur de tous vous rencontrer, je pense symboliquement à chacun d'entre vous, non pas tant pour vous plaindre, mais avant tout pour vous demander pardon devant cette indifférence qui salit notre humanité. Oui, hélas, nous nous sommes habitués à votre souffrance journalière depuis près de 40 ans, votre pauvreté ne nous touche plus ou presque, elle fait partie intégrante du paysage comme un fait établi qui ne nous dérange même plus au fond. Mais qu'on ne s'y trompe pas, la misère, la vraie, n'est pas forcément de votre côté car une société, qui s'habitue sans bouger le petit doigt pour venir en aide à des personnes sans toit, à des familles si démunies, ne vaut pas grand chose et perd son âme dans des priorités si chimériques ne menant pas au bonheur.

Aujourd'hui, nous courons tous pour espérer plus de liberté, plus d'égalité sans pour autant trop savoir ce que nous en ferons et c'est ainsi que nous gâchons notre temps en oubliant de faire le bien. Notre idéal de vie, poussant à l'individualisme, se borne à vouloir paraître, à vouloir posséder et surtout à envier ce que nous propose notre société de consommation. Notre soif est insatiable et, au final, nous ne sommes jamais satisfaits, tellement il nous faut du sensationnel ce qui fait qu'on nous propose encore et toujours tant de gadgets inutiles et ceci jusqu'à l'indigestion. Mais notre République a aussi comme troisième pilier une valeur qui est si souvent laissée de côté, je parle de la fraternité et les invisibles, dont je parle, en ont tant besoin aujourd'hui encore. Alors, devant ce triste constat, c'est bien nous qui sommes à plaindre du fait de notre existence si pâle où le seul et triste mot d'ordre serait le suivant au fond : " Je consomme, donc je suis !!..."

Chers invisibles, les mots si dérisoires de ma pauvre lettre ne règleront en rien vos problèmes et surtout votre si grand sentiment d'abandon. Ils ne sècheront pas non plus vos larmes de rage devant ce déclassement social abject dont vous êtes victimes. Cependant si, en me lisant, certains dirigeants et hommes de pouvoir peuvent avoir envie de se bouger réellement pour venir à votre secours, je n'aurai pas écrit cette lettre pour rien. Plus que des lois ou de bonnes intentions si vite oubliées, je vous en conjure, vous les puissants, vous les élus, vous les instances financières à agir tout de suite pour faire de la lutte contre la pauvreté, la toute première des priorités. Il ne doit plus être possible de vivre de manière insouciante en sachant qu'à côté de chez soi, il peut y avoir des hommes ou des femmes à la rue, ou encore des enfants qui ne vivent pas avec le nécessaire vital. L'abbé Pierre ou Coluche, qui ont drainé derrière eux tant de bonnes volontés, doivent encore pleurer de désespoir là où ils se trouvent. Rendez-vous compte, bien des années après leur disparition, les invisibles n'ont jamais été aussi nombreux, je crois qu'ils ne nous félicitent pas devant un tel constat d'échec que l'on peut, si on le veut vraiment, transformer enfin en une belle espérance qui sauvera bien des invisibles, merci pour eux, c'est vraiment URGENT !

Guy GILLET

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