J'ai été un extraterrestre ! (suite)

 MÉTÉOR

Une fois par mois, le jeudi, j'allais chez Monsieur Peyret, l'épicerie-tabac-journaux, m'acheter "MÉTÉOR".

C'est avec lui, avec ce "MÉTÉOR", une BD,  que j'ai appris l'espace. Ils étaient trois aventuriers du cosmos : Texas, Spade et Spencer. Texas, c'était le rigolo avec un petit nez pointu et retroussé plus des tâches de rousseur.  Spenser, c'était le vieux, le responsable qui savait prendre les bonnes décisions, avec ses tempes argentés et sa fine moustache noire. C'était le chef, c'était mon père ! Spade enfin, le beau et sérieux jeune homme, absolument sans la moindre personnalité... c'était moi ! Évidemment ! Leur ou plutôt notre fusée s'appelait Space Girl (à prononcer "Spâsse Jirl" tout comme moi j'étais "Spâde"!) En anglais, j'avais pas encore bien creusé !

Avec eux,  Texas, Spade et Spenser, j'ai visité tout la Galaxie ! NOUS en avons vu des trucs et des trucs bizarres, ça oui ! Des mondes habités par des tas de gens à la tête toute tordue, à la peau, verte, bleue, rouge, violette, des, comme des animaux, comme des pierres, du métal... j'en passe et des plus étranges...

Un jour, ils ont relooké MA Spâce Jirl et l'ont rebaptisée Space Girl 2. Je peux vous dire que j'en ai été particulièrement mécontent ! Ils l'ont faite pointue et fuselée, façon moderne. Déjà tout foutait le camp !... Mais que voulez-vous, c'était mon équipe et j'ai continué à visiter l'Univers avec eux...

Il arrivait que MÉTÉOR n'y soit pas à l'épicerie. Il n'était pas arrivé ou avait déjà été vendu. Alors, je me rabattais sur autre chose pour avoir ma dose d'espace. "ATOME KID" pas exemple. Mais c'était moins sérieux. C'était pas de l'espace officiel... Imaginez un type avec deux tout petits réacteurs dorsaux qui partirait d'ici, de la terre et irait d'un seul jet sur Vénus, par exemple !... Totalement invraisemblable ! Alors que ce voyage est si facilement réalisable avec une vraie fusée. L'espace, c'est sérieux, tout de même !

Une autre histoire m'a énormément marqué aussi... C'était un type un peu dans mon genre. Doué pour rien, très effacé... Et la "machine" qui était chargée de montrer à chacun le chemin de sa future profession lui avait rendu ce verdict terrible  : "vous, on ne peut rien vous dire, rien prévoir : vous êtes inclassable !" je le redis : c'était tout moi ! On se doute que le bonhomme en était resté assez désespéré. Mais voilà... il arrivait alors que la terre soit menacée de collision par un bolide énorme qui de sûr allait la détruire... Et notre petit gars, inventait et fabriquait de ses petites mains, un vaisseau spatial  spécial avec des griffes formidables au bout d'un immense filin qui lui permettaient de prendre la terre comme avec une pince à sucre géante ! Et il parvenait ainsi à la sauver, la planète, en la remorquant à l'écart de la trajectoire du bolide, juste quand celui-ci arrivait ! La conclusion de l'histoire allait de soi : Comment la machine à dire l'orientation professionnelle aurait-elle pu imaginer que ce pauvre type, tout-à-fait insignifiant, c'était lui et lui tout seul qui allait sauver la terre ?! Inclassable qu'il avait été ! C'était donc bien moi ! Genre "le plus grand héros de l'humanité" ! (En herbe !)

Une fois j'ai dû rester couché plusieurs jours et j'ai transformé la tablette pour manger dans le lit (que mon père avait fabriquée pour ma mère quand elle avait été opérée de "son hernie") et dont j'avais pour l'occasion, l'usage, en tableau de bord de vaisseau spatial...

C'est-y pas bien d'être malade ?! Enfin, j'allais pouvoir voler de mes propres ailes ! En solo ! Avec une boite à sucre je me suis construit mon "écran visuel de contrôle" en découpant sur le devant comme un écran, avec les angles arrondis, où je faisais défiler les images des planètes que j'avais dessinées sur une bande de papier enroulée sur deux bouchons cloués sur la tablette de ma mère. La Lune et surtout Saturne, bien sûr avec ses anneaux y étaient en bonne place. La vitesse de ma fusée, je la contrôlais avec un compas dont la pointe était aussi enfoncée dans la tablette et dont je déplaçais l'autre branche, celle avec la mine, vers moi ou à l'opposé, sur une réglette graduée, gravée à même la surface en bois de la tablette, et selon la vitesse désirée...

Car on ne peut pas rentrer dans une atmosphère de planète à pleine vitesse : il faut ralentir un peu, avant !

J'ai visité Pluton à bord de mon engin ! Et me souviens parfaitement d'une grande crevasse avec des monstres parfaitement hideux au fond. J'en avais rapporté de "belles photos". Je les revois encore...

Pour fêter mes dix ans, sur terre, ils ont envoyé le Spoutnik ! "Bébé Lune" qu'ils l'on appelé. Désormais, j'étais certain qu'une' fois adulte, j'irais passer mes week-ends sur Mars et sur Vénus. Je pourrais donc enfin me retrouver dans mon milieu naturel, l'espace et y vivre ma vraie vie...

Pourtant, mon véritable "coming out" d'extraterrestre, d'homme de l'espace, c'est pour le réveillon de l'an 2000 que je l'ai fait...

Je m'y suis dévoilé sous ma vraie nature : Super-Manu ! Enfin, j'étais moi-même ! Collant bleu, cape rouge, de grosses initiales SM sur le torse, rouges aussi ; bottes, gants et slip métalliques. (Le slip par dessus le collant bien sûr.) Et surtout, les "cheveux jaunes" ! Avec une grande et épaisse mèche jaune sur le front à la Trump. Un genre de "Super Atome Kid". (Qui tout compte fait me plaisait bien quand même.)

SM, c'est bien Super Manu, pas Sado Maso, hein ? On est d'accord !

Bien entendu, en médaillon, c'est moi : Spââde !

Il y a 3 heures, Blaquière a dit :

Bien entendu, en médaillon, c'est moi : Spââde !

Sur la "photo" je fais un peu mon bêcheur !

(Je pouvais pas la rater, celle-là !)