Aller au contenu

L' alide, petite nouvelle sans prétention.


azad2B

Messages recommandés

Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
Posté(e)

Le cosmonaute était en orbite. Lancement parfaitement réussi, mission purement scientifique, il s’ agissait d’ une étude sur la croissance d’un cristal en apesanteur et dans le vide. On escomptait obtenir une structure cristalline plus régulière que celle qu’ on obtenait sur terre. La mission devait durer 8 jours et à son terme le précieux cristal devait être ramené sur Terre avec le retour de la capsule et de son occupant. Rien donc de particulièrement sensationnel et l’opération aurait pu être ignorée de tous si quelque chose n’ avait dérapé.

Les trois premiers jours se déroulèrent normalement. L’enceinte contenant le matériel de l’ expérience avait été sortie de la capsule via le sas et le processus de croissance du cristal se déroulait selon le schéma établi.

C’est le matin du quatrième jour que les choses commencèrent à se gâter.

D’ abord, les échanges radio devinrent étranges. On appelait la capsule, son occupant ne répondait pas. Ou alors il répondait d’un ton désinvolte, alternativement badin, moqueur, semblant très peu intéressé par l’ expérience elle-même. les psychologues et médecins chargés de son soutien physique et psychique décelèrent un ralentissement notable de ses fonctions corporelles : baisse importante des rythmes cardiaques et respiratoires Le soir de ce quatrième jour, son coeur habituellement à 55 battements minutes était passé à 41 et un cycle total inspiration expiration prenait environ 25 secondes alors qu’il était normalement de 5 secondes. On commença à s’inquiéter.

Le cinquième jour ces mesures avaient encore diminué; un pouls de 28 par minute et à une inspiration par minute. On pris la décision de le ramener sur Terre et on l’ avisa que le processus serait piloté à partir de la Terre et qu’il n’ avait qu’ à se sangler dans son siège, se recouvrir de son casque et attendre la suite de la routine de récupération.

Il répondit sur un ton plaisantin qu’il allait se faire un dernier café, fumer une dernière cigarette et aussi peut-être un petit joint et qu’il aviserait quand il serait prêt.

La radio crépita :

- Quoi ? une cigarette ? Un joint ? Et quoi encore ?

- Ben oui, j’en avait caché un paquet dans mon slip avec des allumettes, avec en plus une chouette petite fiole de vieux Cognac. C’est défendu ?

- Bon prévenez quand vous serez dans votre siège, on va vous rapatrier

- Me rapatrier ! Mais je suis bien ici, je me sens presque comme chez-moi.

On coupa la communication et on lanca l’ordre au panneau des propulseurs d’ allumer les voyants de contrôle. Rien ne se passa, l’ordre envoyé ne fut suivi d’ aucune réponse venant de l’ ordinateur de la capsule.

- La radio annonça

- Avez vu les voyants dur panneau AK 47 s’ allumer ?

- Non, et c’est normal, hier j’ai dévisé le panneau et sorti tous les modules qu’il cachait.

- Quoi ? suffoqua la radio ? Mais on ne pourra pas allumer les moteurs de retour.

- J’espère bien, sinon pourquoi aurais-je fait cela ? Allons, soyez sérieux, j’ ai le droit de vivre ma vie comme je l’ entend, non ?

Ce cinquième jour tirait à sa fin. On avait fait venir à la base terrestre sa femme, ses enfants, son oncle Gaston et même sa maitresse que les services secrets avaient convoqués en dépit des conflits que cela pouvait générer

La radio débitait des appels désespérés émanants de toutes ces personnes et c’ était des : mon amour, mon Jojo, mon tcho coquin mon gros rochain ma écho poulain, qui maintenant jaillissaient des antennes de la base, où l’on semblait avoir perdu tout sens de la mesure, en direction de l’ espace.

Le Jojo en question semblait s’ en soucier comme de l’ an Quarante, il annonça qu’il allait se fumer une autre cigarette et s’ avaler un verre de ce vieux Cognac, puis il souhaita une bonne nuit à tout le monde, dit adieu à ceux qui l’ écoutaient et annonça qu’il allait se servir du cable de son micro pour attacher sa bouteille de Cognac près de lui. Ce fut la dernière fois qu’ on l’ entendit.

La caméra de contrôle qui fonctionnait toujours le montra en train de se dévêtir et une fois nu comme un ver, il s’ avachit dans son très confortable fauteuil taillé à ses mesures.

La radio, resta silencieuse. L’ impuissance ne rend pas bavard.

Le sixième jour, la caméra qui fonctionnait toujours le montra somnolant . Son pouls avait encore baissé, il était descendu à 6 pulsations minutes. Les observateurs jugèrent son aspect étrange, sa peau était devenue brillante, argentée avec des reflets métalliques surprenants, sa tête avait doublé de volume et ses yeux qui avaient grossis démesurément semblaient remplis d’ une vie nouvelle et leur aspect étrange laissait présager des propriétés inconnues et merveilleuses.

Le septième jour, on ne le vit plus. Le fauteuil était maintenant occupé par une étrange forme couleur vif-argent, cylindrique et sur laquelle on devinait parfois des pulsations courir comme des ondelettes de lumière qui éclairaient la capsule d ‘une vive luminosité.

Les trois jours suivants il ne se passa rien de visible.

Sur Terre on songeait à un voyage de sauvetage, sans trop y croire, on cherchait à comprendre, à expliquer, mais nul ne trouvait rien de satisfaisant. Le mystère restait entier. Son épouse restait là, dans la salle de contrôle avec son plus jeune fils agé de 4 ans. Tous avaient les yeux fixés sur le cylindre brillant dans son fauteuil et qui semblait devoir rester là pour l’ éternité. Le capteur d’ activité pulmonaire n’ indiquait plus aucune activité, seul celui dévolu au rythme cardiaque détectait une très lente pulsation qui n’avait plus rien de comparable avec un battement de coeur. Cela ressemblait au bruit qu’ aurait fait un liquide enfermé dans une bouteille mal remplie et qu’on remuerait très lentement. L’enfant présent devant l’ écran regardait fasciné, il s’ écria soudain

- On dirait une alide !

Sa mère ne réagit pas, pas plus que les techniciens, médecins et scientifiques présents. Que peut bien valoir l’impression que ressent un enfant de quatre ans qui se trouverait dans un temple dédié à la Science et à la Technique au milieu de tous ces savants qui eux ne comprenaient rien ?

C’est le douzième jour que la chose arriva. On n’ espérait plus rien quand soudain on vit le cylindre se craqueler, se fendre en laissant tomber des plaques de son métal brillant, une créature fragile en émergea. Elle rejeta les fragments de sa carapace, sembla hésiter une seconde, se leva, ouvrit le sas donnant dans le vide de l’ espace et s’ élanca dans le vide . Là la caméra heureusement braquée dans la direction du sas la vit déployer des ailes immenses comme faite de feuilles d’ or et d’ argent, les ailes se gonflèrent sous l’ effet du vent solaire et Jojo devenu petit point brillant s’ éloigna à une vitesse vertigineuse et disparu à jamais en direction de la nébuleuse d' Andromède.

Le gamin s’ écria

- Je vous l’ avais dit, que c’ était une alide, comme tonton Gaston me l’ a montré un jour avec la chenille qui était devenue un joli papillon dans sa grosse boîte d’ allumettes.

Depuis ce jour là, on n’envoya plus dans l’ espace aucun vol habité. On préféra continuer la conquête spatiale avec des robots dont on n’ avait pas à craindre qu’un jour il leur prendrait l’ idée farfelue de se transformer en chrysalide et nous faire perdre beaucoup d’ argent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Annonces
Maintenant
Invité riad**
Invités, Posté(e)
Invité riad**
Invité riad** Invités 0 message
Posté(e)
Citation

Depuis ce jour là, on n’envoya plus dans l’ espace aucun vol habité. On préféra continuer la conquête spatiale avec des robots dont on n’ avait pas à craindre qu’un jour il leur prendrait l’ idée farfelue de se transformer en chrysalide et nous faire perdre beaucoup d’ argent.

Je dirai plutôt qu'un nouveau commerce très rentable verra le jour, SpaceX, Virgin Galactic, Blue Origin, et d'autres sociétés de tourisme spacial vendront des tickets pour le paradis en faisant de la chrysalide un hameçon pour les riches rêveurs de l'au-delà.
 

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Membre, Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé, Posté(e)
azad2B Membre 5 932 messages
Le prendre au sérieux, nuit gravement à la santé,
Posté(e)

L' idée m'est venue en songeant à la fascination que l' espace exerce sur l' homme. Peut-être ne sommes nous que la forme larvaire d'une espèce supérieure destinée à voguer en liberté dans l' infini de l' univers. La Terre ne serait ainsi que le terreau dans lequel la larve se développe avant sa transformation ultime faisant d' elle un individu solitaire, libre et destiné à peupler l' Univers 

La pauvre fleur disait au papillon céleste :
- Ne fuis pas !
Vois comme nos destins sont différents. Je reste,
Tu t'en vas !

Pourtant nous nous aimons, nous vivons sans les hommes
Et loin d'eux,
Et nous nous ressemblons, et l'on dit que nous sommes
Fleurs tous deux !

Mais, hélas ! l'air t'emporte et la terre m'enchaîne.
Sort cruel !
Je voudrais embaumer ton vol de mon haleine
Dans le ciel !

Comme disait V. Hugo.

Lien à poster
Partager sur d’autres sites

Archivé

Ce sujet est désormais archivé et ne peut plus recevoir de nouvelles réponses.

×