Le prince héritier saoudien reçu officiellement à l'Elysée, la catastrophe yéménite occultée

Bonjour,

Emmanuel Macron recevra le prince héritier d'Arabie saoudite mardi 10 mars, dans le cadre d'une visite officielle de trois jours. L'année dernière pourtant, le candidat à l'Elysée reconnaissait dans les médias l'implication de cet Etat dans le financement du terrorisme. Amnesty International dénonçait il y a quelques mois une inflation des exécutions. Malgré quelques mesures pour pondérer un intégrisme encore puissant, histoire de se rendre plus ou moins fréquentable par les porte-monnaies occidentaux, l'Arabie Saoudite s'est montrée agressive, bénéficiant de l'appui américain, dans la guerre civile au Yémen. Le prince Mohammed Ben Salmane devait en effet se servir de ce conflit pour se faire une légitimité aux yeux des autres princes.

C'est un fiasco, au point que l'on parle d'un Vietnam arabe, avec une situation pire qu'avant l'intervention de la coalition arabe justifiée par la lutte contre les houthistes et les terroristes d'Aqpa. Or, plutôt que le règlement politique, qui passe par l'accession des rebelles à une région avec accès à la mer, position qui trouve de plus en plus d'écho, non seulement au nord du pays fief de la rébellion, mais désormais dans le sud, l'Arabie saoudite tente d'imposer en vain une solution fédérale et Rabbo Mansour Hadi, favorable à ses intérêts. L'ONU dénonce depuis des mois de nombreuses bavures de la part de l'armée saoudienne, et une situation humanitaire au Yémen catastrophique qui s'est brutalement dégradée depuis début novembre à cause du blocus de la coalition arabe qui empêche l'acheminement de l'aide humanitaire. L'ONU considère que 75% de la population yéménite a besoin d'une assistance alimentaire, avec une famine imminente.

La France se retrouve pointée du doigt pour ses ventes d'armes à l'Arabie Saoudite sachant pertinemment qu'elle allait frapper, ce qui constitue une infraction aux règles internationales en la matière, mais aussi européennes. Interrogée à ce propos, notre ministre des armées Florence Parly a répondu benoîtement que ces armes "n’étaient pas censées être utilisées…". Sans doute les saoudiens achetaient-ils des canons français pour faire sécher leur linge. Je vous laisse apprécier le cynisme. 

Dans ce contexte, le prince est convié à casser la graine et signer quelques contrats avec son ami Emmanuel Macron, sans que ces questions humanitaires et de droits de l'homme soient manifestement à l'ordre du jour de la visite. Qu'aurait-on écrit s'il recevait Vladimir Poutine...

Emmanuel Macron demandait en décembre la levée du blocus, en vain. Or le rôle de la France n'est-il pas à minima de s'imposer en exigeant la fin de l'embargo afin que l'aide humanitaire parviennent aux civils avant tout autre accord ? Faire de la politique autrement, n'est-ce pas reconnaître que nous avons enfreint les droits de l'homme pour nous faire un billet ? Doit-on se résoudre à mettre au second plan les valeurs humanitaires françaises pour nous faire simples marchands ?

La preuve que certains savent mieux ce que les autres doivent faire mais ne savent pas gérer leur propre maison.

Une visite de courtoisie de trois jours, avec des relations un peu fraiches envers Macron, il préfère les Américains après sa visite de trois semaines chez Donald  Il a déjà visité le Royaume-Uni et vient de passer trois semaines aux États-Unis, où le prince a courtisé les chefs d'entreprises et signé une multitude d'accords pour favoriser les investissements dans son pays qu'il veut préparer à l'après-pétrole.

 .https://www.msn.com/fr-fr/actualite/france/le-puissant-prince-héritier-saoudien-mohammed-ben-salmane-arrive-en-france/ar-AAvCa7u?li=BBoJvSH&ocid=UP21DHP